Supposez qu’enfin vous révéliez un talent réel, que les portes s’ouvrent, les réussites s’enchaînent et que votre personnalité s’épanouisse, plébiscitée comme jamais. Vous pensez vraiment que cela va déclencher une joie sans borne chez votre conjoint et votre meilleure amie ? Ce serait mal connaître l’épaisseur et la complexité des sentiments humains.
Rappelez-vous
les dernières remarques de vos collègues de travail, juste encaissées parce que
vous aviez enfilée une jolie robe ou des talons hauts… Alors imaginez maintenant qu’un succès
important vous hisse très au-dessus de la gangue de médiocrité où baigne la
plupart, où l’on vous trouvait si sympathique parce que si ressemblante au
groupe…
Alors
quand Léa, douce, belle, discrète, subtilement interprétée par la féminine,
douce, belle, somptueuse (oui je suis amoureux) Bérénice Bejo décroche un
contrat dans une maison d’édition prestigieuse, son technico-commercial de mari
(V.Cassel) spécialiste de l’aluminium pour qui l’objet livre est un mystère,
panique et perds pied : << Tu
te prends pour Victor-Hugo ou quoi ? Tu veux te faire draguer par des
intellos ? >> Comme si par cet acte, elle avait quitté son monde et
son cœur.
La
‘’meilleure’’ amie, elle, surjouée par la caricaturale Foresti (ouais, non, pas
amoureux…) d’abord incrédule puis moqueuse et enfin verte de jalousie et grise
d’amertume, pousse le ridicule jusqu’à vouloir l’imiter, un peu comme ces gens
qui pensent que photographier ne consiste qu’à appuyer sur un bouton.
Son
mari (F. Damiens) s’avèrera le plus sain et le plus bienveillant des trois, malgré
l’injonction qui lui est faite en permanence d’approuver sa jalouse.
Un
autre succès, des hauts revenus, des dîners prestigieux, la fréquentation de
gens intéressants, trop ce sera trop, Léa gagnera une vie plus riche que son
précédent état de vendeuse, de la notoriété, mais perdra ses proches,
décidément trop petits, trop étroits, trop mesquins, trop largués
Ce
n’est donc pas quand ça va mal qu’on distingue ses vrais amis trop heureux de vous
consoler, ce qui est rassurant sur leur propre sort, mais plutôt quand ça va
très très bien…
Tel
est je crois le message de Daniel Cohen par ce film.
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