Video à visionner après lecture du texte !
Merci l'ami, vraiment, de m'avoir cédé ta place pour aller hier soir au théâtre écouter Tigran Hamasyan et Chucho Valdes. Tu l'as fait sans hésiter, heureux de profiter de ton rendez-vous galant inopiné maaaaaaaaiiiis il n'est pas sûr que tu aies eu autant de plaisir que moi, oh non...
J'étais allé voir les deux virtuoses du clavier annoncés par l'affiche. Pourtant, la facilité et l'évidence c'était d'intituler ce post : "Youssef m'a tuer..." tellement Dhafer Youssef s'est avéré être une importante révélation. J'étais tranquillement assis quand soudain, juste après les premières notes de Tigran, ce type s'est mis à... on ne peut pas vraiment appeler ça chanter... c'était une plainte, une longue complainte, un ténor - celui qui tient la note - d'un nouveau genre, voyage direct de ses tripes aux nôtres. Ca tenait du cantaor flamenco mais sans la révolte et la véhémence, ça tenait du Muezzin mais sans l'injonction impérieuse. Un chant doux et lancinant qui dégorgeait toutes les subtilités de l'Orient des lumières, toute la profondeur de l'âme et le sublime de la beauté et de l'amour réunis. La salle était en apesanteur, suspendue à sa gorge qui n'en finissait plus de vomir ce miel qui fracturait en nous toutes les résistances. Insoutenable. J'ai frissonné. La voisine a sorti son paquet de mouchoirs en papier. Au piano, Tigran était divin aussi, pur, clair, modulé. Le choc émotionnel total. Trois minutes après le frisson j'ai piqué un Kleenex à la voisine. Des larmes plein les yeux elle aussi, elle m'a souri. Son mari, non. Standing ovation, entracte, les gens bouleversés erraient dans les couloirs se demandant mutuellement s'ils avaient bien entendu ce qu'ils venaient d'entendre. Grandiose prestation. Je réunis tous les superlatifs disponibles, les réunis en bouquet et les dépose aux pieds de Dhafer Youssef. Merci.
Chucho Valdes lui, c'est le monstre sacré, la parangon de la musique jazz latino. Mais aussi un sacré monstre : un double mètre, dans les cent vingt kilos, le béret du Che vissé sur le crâne, des mains comme des battoirs, plus larges que le clavier dont on craint qu'il ne soit démantibulé sous le choc de l'occupation frénétique. Dans la configuration afro-jazz messengers c'est une machine de guerre qui avalanche du décibel de virtuose à outrance. Un mur de sons qui avance, implacable et tonitruant. Pas vraiment le temps d'apprécier une ligne de portée, à toute allure écrasée par la suivante. Monstrueux, dévastateur, immarcescible, absolutoire, démoniaque. Puis entre une grosse dame noire dans une robe africaine de camouflage "lande brûlée tachetée de neige" qui calme le jeu avec du Blues puis nous donne son "Besame mucho" qui nous ennuie un peu jusqu'à ce qu'elle le scate avec un talent rare. Magnifique. C'est là-dessus qu'elle quitte la salle sous l'ovation avant que Chucho-Le-Puissant ne reprenne son mesclum de notes plus assénées que données, toujours à un rythme infernal. Seules ses mains supersoniques s'agitent hors de sa carcasse parfaitement immobile. Ebouriffant, tellurique et... assourdissant !
Mais vous l'avez compris, c'est Dhafer Youssef dont on se souviendra avec le plus d'émotion, lui qui a prouvé que la voix est le plus déchirant des instruments de musique que l'homme puisse transcender. Si vous avez quinze minutes et treize secondes, cliquez sur la video et mettez-là plein écran.
J'étais allé voir les deux virtuoses du clavier annoncés par l'affiche. Pourtant, la facilité et l'évidence c'était d'intituler ce post : "Youssef m'a tuer..." tellement Dhafer Youssef s'est avéré être une importante révélation. J'étais tranquillement assis quand soudain, juste après les premières notes de Tigran, ce type s'est mis à... on ne peut pas vraiment appeler ça chanter... c'était une plainte, une longue complainte, un ténor - celui qui tient la note - d'un nouveau genre, voyage direct de ses tripes aux nôtres. Ca tenait du cantaor flamenco mais sans la révolte et la véhémence, ça tenait du Muezzin mais sans l'injonction impérieuse. Un chant doux et lancinant qui dégorgeait toutes les subtilités de l'Orient des lumières, toute la profondeur de l'âme et le sublime de la beauté et de l'amour réunis. La salle était en apesanteur, suspendue à sa gorge qui n'en finissait plus de vomir ce miel qui fracturait en nous toutes les résistances. Insoutenable. J'ai frissonné. La voisine a sorti son paquet de mouchoirs en papier. Au piano, Tigran était divin aussi, pur, clair, modulé. Le choc émotionnel total. Trois minutes après le frisson j'ai piqué un Kleenex à la voisine. Des larmes plein les yeux elle aussi, elle m'a souri. Son mari, non. Standing ovation, entracte, les gens bouleversés erraient dans les couloirs se demandant mutuellement s'ils avaient bien entendu ce qu'ils venaient d'entendre. Grandiose prestation. Je réunis tous les superlatifs disponibles, les réunis en bouquet et les dépose aux pieds de Dhafer Youssef. Merci.
Chucho Valdes lui, c'est le monstre sacré, la parangon de la musique jazz latino. Mais aussi un sacré monstre : un double mètre, dans les cent vingt kilos, le béret du Che vissé sur le crâne, des mains comme des battoirs, plus larges que le clavier dont on craint qu'il ne soit démantibulé sous le choc de l'occupation frénétique. Dans la configuration afro-jazz messengers c'est une machine de guerre qui avalanche du décibel de virtuose à outrance. Un mur de sons qui avance, implacable et tonitruant. Pas vraiment le temps d'apprécier une ligne de portée, à toute allure écrasée par la suivante. Monstrueux, dévastateur, immarcescible, absolutoire, démoniaque. Puis entre une grosse dame noire dans une robe africaine de camouflage "lande brûlée tachetée de neige" qui calme le jeu avec du Blues puis nous donne son "Besame mucho" qui nous ennuie un peu jusqu'à ce qu'elle le scate avec un talent rare. Magnifique. C'est là-dessus qu'elle quitte la salle sous l'ovation avant que Chucho-Le-Puissant ne reprenne son mesclum de notes plus assénées que données, toujours à un rythme infernal. Seules ses mains supersoniques s'agitent hors de sa carcasse parfaitement immobile. Ebouriffant, tellurique et... assourdissant !
Mais vous l'avez compris, c'est Dhafer Youssef dont on se souviendra avec le plus d'émotion, lui qui a prouvé que la voix est le plus déchirant des instruments de musique que l'homme puisse transcender. Si vous avez quinze minutes et treize secondes, cliquez sur la video et mettez-là plein écran.
5 commentaires:
C'est ce qui s'appelle un partage généreux, Marc. A te lire, on a l'impression d'y être et de vivre le concert.
Belle reseña toute empreinte d'émotion (il faut toujours avoir un Kleenex dans sa poche, amigo).
Merci.
Voilà tout simplement comment après une semaine de vacances je me remets devant l’écran le mug à la main et que ma journée débute avec cette merveille offerte !!
Merci Marc
Victorina
hein, n'est-ce pas que c'est beau ? Allez, je trempe le kleenex de maja lola dans ton mug et j'essuie mes yeux...
Tiens, personne n'est allé pisser ou vomir sur scène, aux pieds de Chucho Valdes ? Que fait le FLV ?
Ils sont moins amusants que tu le prétends...
JLB
ben si : il est bien écrit que Youssef vomissait quand même dans ce texte !
Si Gina, votre live box marche très bien...
Enregistrer un commentaire