lundi 24 février 2014

Poésie



Tu t'assiéras, l'été, bien loin, dans la campagne, 
En robe claire, au bord de l'eau. 
Qu'il est bon d'emporter sa nouvelle compagne
Tout seul dans un pays nouveau ! 

Et dire que ma vie est cependant déserte, 
Que mon bonheur peut aujourd'hui 
Passer tout près de moi dans la foule entr'ouverte 
Qui se refermera sur lui, 

 Et que déjà peut-être elle m'est apparue, 
 Et j'ai dit : ! La jolie enfant ! » 
 Peut-être suivons-nous toujours la même rue, 
 Elle derrière et moi devant. 

Nous pourrons nous croiser en un point de l'espace, 
Sans nous sourire, bien longtemps, 
Puisqu'on n'oserait dire à la vierge qui passe :
Ô Vous êtes celle que j'attends. » 

Un jour, mais je sais trop ce que l'épreuve en coûte,
J'ai cru la voir sur mon chemin, 
Et j'ai dit : « C'est bien vous. »
Je me trompais sans doute, 

Car elle a retiré sa main. 
Depuis lors, je me tais ; mon âme solitaire 
Confie au Dieu qui sait unir 
Par les souffles du ciel les plantes sur la terre 
Notre union dans l'avenir. 


 René François Sully Prud’homme

9 commentaires:

Marc Delon a dit…

Lo siento pour la mise en forme... quand je poste du travail j'ai un problème... que je corrigerai esta noche

Maja Lola a dit…

Joli poème à une "fiancée" .... Tu as eu raison d'en censurer la (triste) fin.

Marc Delon a dit…

il n'est pas complet ?
je l'ai découvert tel que...

Maja Lola a dit…

"A moins que, me privant de la jamais connaître
La mort déjà ait emporté
Ma femme encore enfant, toi qui naissais pour l'être,
Et ne l'auras jamais été"


Et quelques premières strophes pour introduire ton extrait ....

Marc Delon a dit…

Ah tiens... qué tristesse, oui... là où je l'ai trouvé ils ne précisaient pas "extrait" les cuistres...

gina a dit…

C’est d’autant plus beau que c’est intemporel et que chacun peut ressusciter des morceaux de sa vie à travers la musique des vers, quand au futur des rêves vient se heurter la réalité et que tout s’achève dans les regrets.

Anonyme a dit…

Ce poème, par l'expression des regrets, la célébration de la femme, le temps qui passe, renvoie, je pense, à G. de Nerval dans Une Allée du Luxembourg :

"Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau
...............

C'est peut-être la seule au monde
Dont le coeur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait !"

Anonyme a dit…

Quelle poésie soudaine dans le blog ... et la pluie qui martèle les carreaux ... ! Ne manquent plus que les violons à la nostalgie larmoyante ! Sniff ....

La fiancée du pirate

gina a dit…

Cette poésie, quelle éclaircie dans un ciel charbonneux !