Les Bisons de Broken Heart.
(Dan O'Brien)
C'est un roman qu'on se devait de présenter dans ce blog pour diverses raisons :
l'auteur a participé au concours du prix Hemingway et s'est trouvé finaliste donc publié dans le recueil analysé dans ce blog. La nouvelle de O' Brien traitait de la surprise d'un Américain en découvrant la Camargue et la corrida.
Ensuite ce roman est édité par Marion Mazauric au Diable Vauvert sous la traduction « Les Bisons du coeur brisé » avec une couverture très attrayante et colorée, très évocatrice, par ses lignes horizontales des Grandes Plaines du Nord-Ouest américain où se situe l'histoire.
C'est un roman écologiste qui exprime, loin des vérités rebattues, trop rebattues, à tort et à travers, l'amour et le souci de la planète, de la nature, de la Terre, des animaux et des gens. Il nous apprend que depuis des décennies, le protagoniste - qui n'est rien moins que l'auteur-narrateur lui- même -, aidait à la protection et à la réintroduction des faucons-pèlerins en voie de disparition. On connaît maintenant ses efforts pour réhabiliter des terres usées par les vaches et par la chimie de l'humaine cupidité. Pour cela il veut réintroduire des bisons dans son ranch, se soucie de leur survie et de leur bonheur jusque dans l'assiette des consommateurs, après avoir même réfléchi à la façon naturelle, - indienne -, de les abattre.
Autour du héros gravitent des personnages de ranchers, voisins plus ou moins attachés à leurs traditionnelles méthodes, curieux des siennes, favorables ou non à leur introduction. Une grande solidarité les unit, une forte sympathie, de la tendresse même. Alors le narrateur dit leurs difficultés, la solitude (les femmes ne supportent plus l'isolement « sans les femmes, pas de culture »), les dettes inhérentes à tous les budgets agricoles, la peur de l'échec, tout en s'enthousiasmant pour les beautés d'un ciel orageux, d'un soleil couchant, d'un paysage de neige, d'une campagne nimbée de brouillard. On croit lire du « Jim Harrison » dans Dalva, ou Légendes d'automne, l'alcoolisation et les grandes bouffes en moins. Comme chez Harrison, les allusions historiques sont nombreuses, explicatives parfois, émouvantes toujours.
Cela reste une belle histoire à suspense ! Ecrivain et professeur de lettres à ses heures pour subvenir aux dettes de son élevage, le héros-narrateur nous fait partager ses doutes, ses souffrances et ses échecs, même quand il dresse une clôture ruineuse, et jusqu'à la fin, on s'interroge sur sa réussite. Car les bisons ne sont pas des vaches ! et les petits, « les treize petits tas de fourrure » ne sont pas des veaux ! On assiste à l'adaptation de ces animaux au froid, à une nourriture de plantes qui, peu à peu, après avoir été éliminées, vont renaître et se développer jusqu'à ce que les terres retrouvent leur fertilité. On vit dans ces Grandes Plaines, on y traverse les saisons, la rigueur des hivers, la sècheresse, la chaleur des étés ; on connaît les particularités de la faune, de la flore et on ne s'ennuie pas plus que les personnages du roman.
Initiatique jamais didactique, il est passionnant, plein de tendresse. La réflexion s'élève sur le sens de la vie, la destruction du vivant, sa conservation, sa résurrection : l'optimisme l'emporte.
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C'est une incitation à se rendre du côté du « Diable Vauvert ».
Gina
6 commentaires:
vive le diable vauvert, gina!
mais, gina chérie, bien sûr!
serait t'on dans du marketing?
entre autres faits d'armes, mais vauvert a d'autres choses bien plus intéressantes, l'informe taches encre et de je ne sais plus quoi de l'insomniaque simon, dieu de nimes et futur dieu de l'espagne neo fanquiste via l'ABC.
même un éditeur ou un lecteur peut se tromper.
Pas de marketing, une simple curiosité, voir à quoi ressemblait l'écrivain américain O'Brien qui avait participé au concours du "prix Hemingway" et s'était retrouvé parmi les finalistes en 2008...J'avais apprécié haut point sa nouvelle.
Gina
Ce livre aurait plu à Jean Ferrat!
Olivier
Chère Gina,
Je rebondis sur l'intervention d'Olivier. Oui, je pense que ce livre (que je n'ai pas lu mais que vous présentez si bien) aurait plu à Jean Ferrat.
Toutes mes premières émotions adoscentes ont été bercées par ses chansons dont la poésie pure, simple, dépouillée et émouvante nous allait au coeur.
Je parle du poète qui, avec la force de ses mots, sa tendresse et l'amour qu'il savait si bien exprimer et communiquer, me laisse au coeur une douceur éternelle et apaisante.
Merci Jean, tu étais un géant.
Maja Lola
Merci pour cet hommage. Vous avez raison d'insister et, mois de la femme, n'oublions pas qu'il nous célébrait, en plus des montagnes, de la nature et de la vie.
Gina
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