Selon Barthes, le rapport entre l’“écrivant” et le
langage est un rapport essentiellement transitif: à travers sa parole,
“l’écrivant” entend agir dans le monde. Pour lui, le langage n’est qu’un
instrument de communication, qu’un médium grâce auquel il exprime,
extériorise sa pensée. L’“écrivain”, par contre, conçoit le langage comme
une structure autonome et “souveraine”; loin de le réduire à un simple
instrument de communication, il le considère comme “un lieu dialectique où les
choses se font et se défont, où il immerge sa propre subjectivité.” Contrairement donc à l’“écrivant”, l’“écrivain” ne
transcende pas le langage. Il en résulte que l’écriture de l’écrivain ne
saurait être transitive: la structure du monde tout comme celle du sujet
énonciateur sont absorbées entièrement par la structure du langage. Au lieu
d’utiliser le langage à des desseins représentationnels, l’écrivain travaille
sa parole et s’absorbe entièrement dans le langage qu’il énonce. Ou encore,
l’action de l’écrivain n’excède jamais le langage mais reste immanente à
celui-ci: “elle s’exerce paradoxalement sur son propre instrument.” Sa relation au monde n’est jamais qu’indirecte,
médiatisée par la structure du langage. Aussi est-il inutile d’exiger de la
part de l’“écrivain” une œuvre engagée; celle-ci ne nous raconte ni le comment
ni le pourquoi du monde, mais uniquement sa lutte avec le langage. Cela dit, la
fondamentale non-extériorité de l’écrivain par rapport au langage n’annule pas
la question, toute aussi essentielle, de la responsabilité. En effet, celui qui
interroge le langage, interroge forcément le monde.
mercredi 26 novembre 2014
La Pensée du Jour
Un appareil photo n’a jamais fait de grandes images, pas
plus qu’une machine à écrire n’a écrit un grand roman
Peter Adams
mardi 25 novembre 2014
B - A, BA : Lecture
Je
vais encore vous parler de moi… Et vas-y qu’il est narcissique, l’égotique de
service, etc, etc… que ne va-t-il pas encore se chuchoter… En même temps, un web log, un blog ou
« journal en ligne » n’est rien d’autre qu’un ‘’journal intime
diffusé’’, faudrait assumer un jour…
Mais il y a tellement de choses difficiles à assumer… Tiens, quand un type qui écrit, entend le mot
« écrivain » par exemple… crois-tu,
lecteur, qu’il bombe le torse et se promène
content de lui, en raclant la face dorsale de ses orteils comme Adam jouant
les macs sur le goudron ? (… ? … pour le Macadam… ça y est… ? non… ?
laisse tomber…) Bon, s’il est idiot, oui… mais sinon ? Sinon, s’il en tient
forcément un peu, mais pas trotrop, il ne le réalise pas, ne le prend pas pour
lui, n’imagine pas endosser sérieusement le statut. D’ailleurs, penses-tu
vraiment que dans la phrase : « Mais il y a tellement de choses
difficiles à assumer » un écrivain aurait écrit
« choses » ? Alors, tu me diras, lecteur perspicace : mais
s’il n’y croit pas lui-même… ?
Et
puis bon, qui est vraiment ce type ???
Est-ce
l’auteur sensible qui sut dépeindre avec délicatesse les amours improbables
d’un vilain nain torero rabougri avec une beauté altière et déliée ou le
chroniqueur insatiable capable de t’entretenir du dernier plug anal géant qu’Anus
et Uranus aient jamais vu s’ériger Place Vendôme au fil des siècles ? Cela
dépend dans quel esprit et cadre il écrit, on rappellera une autre fois la
dichotomie barthésienne, mais en gros, à l’écrivant, le blog, à l’écrivain la
nouvelle.
Eh
bien dans le cas d’un gus qui a du mal à endosser une veste estampillée ''écrivain'',
parfois certains y croient pour lui, et essayent sincèrement de le lui
faire admettre. Les Avocats du Diable
sont de cet acabit. On les croit mondains, ils sont passionnés. Ils te font
sentir qu’ils t’aiment. Ils ont compris quelle sorte de fragiles nous sommes,
malgré ce qu’on joue, de la moquerie à l’indifférence. Ils te mettent en lumière jusqu’à la gêne. Ce
n’est pas confortable mais, il en reste des particules nécessaires à ta
composition. (si t’as pas lu Houellebecq laisse tomber…) Ils te font croire à
toi-même. A chaque lecture publique d’un de tes textes, se dépose la même
pellicule de réalité sur ton propre cœur, que celle chaque fois déposée par la
mort d’un toro pour te faire admettre la tienne qui s’approche, inexorable. (lecteur,
lectrice, jouis de ta vie, viiiiite, j’te jure… fuis cet
écran et éclates-toi !) Sauf que là, c’est une pellicule de confiance,
pleine de vie, un voile subliminal léger, une cristallisation bénéfique. Sur le
moment, tu ne l’identifies pas vraiment mais tu en ressors plus motivé. En
repartant, tu te rends compte, mais trop tard, que par pudeur, tu n’es pas
assez allé au devant des gens.
Il
y a cette jolie et distinguée Sétoise qui trouve « intéressant »
d’être au contact des auteurs (‘di diou,…vite, qu’est-ce que je pourrais dire « d’intéressant »
qu’elle ne soit pas venue pour rien) il y a cette femme venue au buffet te décocher
dans le buffet de ton ego un encouragement piquant, cette autre sur le balcon
qui t’adresse un chaleureux : « et continuez surtout, hein… » comme
si c’était important pour elles, comme si elles avaient identifié que c’était
important pour toi. Sachez mesdames les diablesses, (les messieurs eux, s’abstiennent, ils
sont en compétition…) que malgré les maladresses polies bredouillées à ce
moment-là, ces petites phrases sont tout sauf anodines, qu’il est très émouvant
d’entendre résonner en vous l’écho de ce qui s’écrivit dans la solitude. Ca fait plaisir, on n'a finalement qu'un petit cœur tout mou, vous savez... Alors merci.
Eh donc, comme ça, tu serais un ''écrivain'', marcus ? C’est quoi cette consonance
qui tue à la fin du mot… vain… comme s’il était illusoire de le croire, de
l’imaginer. Tu as commencé tellement tard, que de temps perdu… Je me souviens
de cette libraire qui me complimentait : crois-le ou pas – je te tutoie lecteur, maintenant que nous sommes
intimes - j’ai longtemps été persuadé qu’elle se foutait de moi. Je me souviens
de cet article de Durand qui citait d’un ton badin « l’écrivain nimois marc
Delon… » (il déconne ou quoi… ???) j’étais un peu resté à l’arrêt sur
sa ligne, comme ''Iron'' mon chien, sur une place chaude désertée par la
bécasse, essayant de découvrir où était l’embrouille…
Parce que, si tu veux,
tant que je passe plus d’heures à masser qu’à écrire, j’aurais un peu de mal à
le croire. Dans ma conso perso à l’année, y’a des hectolitres d’huile à l’arnica
et quelques décilitres d’encre… vouais, mon rendement kinésithérapique est
autrement plus élevé : je pratique plus de douleurs que de métaphores,
plus de… ok vous avez compris pas la peine de s’étendre, sauf tout nu sur une
de mes tables, ah,ahaaa… on bouffonne moins, là , hein… ?
Bref,
si tu crois que je viens dans ces petites sauteries en me la ''pétant GRANTECRIVAIN
grave'', tu te vautres le paragraphe dans le dictionnaire jusqu’à l’explication
de texte. Surtout quand le lecteur a la bonne idée de t’appeler dans l’après-midi
pour te demander de lire la fin avec lui. Toi qui pensais jouir de ton texte
bien à l’abri. Puis quand Béranger démarre, pulse de la syllabe de sa grosse voix,
emplit le volume de la pièce de tes mots, sature l’espace de tes trouvailles,
fait craquer les moulures de tes cagades et fait se décoller les faux plafonds
en stuc de tes invraisemblances, tu te dis qu’au comble du ridicule tu vas
sembler un eunuque au parloir, toi…quand il va s’agir d’articuler…
Le
Béranger, il est redoutable, il te le gobe, ton texte, te l’ingère, te le
digère et te le ''turborétropulse'' si bien, que tu découvres un truc inédit avec
des surprises. Il interprète, quoi. Je pense d’ailleurs qu’à 95% le crépitement
des applaudissements lui sont attribués ! (il est bon le salopard…non
seulement tu chopes les suées froides dans la triste solitude nocturne
pour inventer des lignes immortelles – quasi
- mais sur le fil, et même pas en loucedé, un fort en gueule vient t’en
souffler les honneurs !)
Bref,
nonobstant l’incessant rappel préliminaire de tes nombreuses places de
finalistes du PH qui ne sont que la confirmation douloureuse de la constance de
ton plantage permanent au truc – lol - tu remercies le staff – merci – tu dis
aux gens à bientôt j’espère – à bientôt j’espère – et tu ne peux que bêtement ''psychoter''
quand plusieurs personnes te font remarquer qu’à l’applaudimètre… ce qu’il faut
d’urgence relativiser ceci pouvant être dû à l’ordre de passage, à la position
de la lune par rapport aux auditeurs, à la phase en cours de leur digestion, sans
compter que Sheila vendait plus de disques que Léo Ferré, Mouloudji et Reggiani
réunis, ce qui est quand même un critère qui, s’il ne nous rajeunit pas, nous
édifie.
Bises brandade et tapenade.
Libellés :
Hôtel impérator,
lecture de nouvelles,
Marc Delon,
Philippe Béranger,
Prix Hemingway
vendredi 21 novembre 2014
La Pensée du Jour
Une femme intelligente est une femme avec laquelle on peut être aussi bête que l'on veut.
P.Valéry
jeudi 20 novembre 2014
FUCKING CHRISTMAS
La France, cet ex-pays de la liberté, de la provocation, de l’humour,
de la transgression, de l’innovation, de la sexualité, de l’art avant-gardiste,
la France catholique, réductrice, conventionnelle et nœud-noeud l’a
décidé : ''The Tree'' de Mc Carthy, un sapin de Noël détourné, ne doit pas
ériger fièrement ses 24 mètres verdoyants et gonflés dans le ciel de la place
Vendôme. Du coup c’est elle qui devient gonflante… cette France-là, bornée,
bourgeoise et provinciale qui s’offusque au lieu de se cultiver. Se cultiver en
regardant un sextoy ? Non, en essayant de comprendre l’idée qui préside à
son érection. Certes, elle avait déjà du mal à comprendre sa propre idée
présidant à l’élection du plug hollandien pour lequel elle s’était
auto-lubrifiée avec tant de joie. Dans le TûT pour cinq ans, un avatar
autrement plus piquant et préjudiciable qu’un épicéa de toile. Vous me haïssez,
je sais. Z’avez qu’à pas lire...
Donc, comme l’a fait remarquer Ruquier un soir où l’on n’était pas
couché, les cathos sont super calés, question sextoys. Ben oui, ils ont reconnu
qu’il s’agissait d’un plug anal dont l’utilisation est quand même, comment
dire, confidentielle et pointue. Rat-porc au sens
unique déclenché par toute intromission depuis l'entrée des artistes (la peur du sens unique bis…) la tendance est fâcheuse de ne voyager que vers le
tréfonds de l’intimité comme chacun sait ou le devrait, ce plug présente une
base large qui empêche son utilisateur de se retrouver aux urgences à fuir le
regard de praticiens rigolards...
Heureusement pour vos illusions, je suis tenu au secret médical…
Si vous saviez ce qu’une infirmière qui l’était aussi, m’a raconté (elle doit
penser qu’entre pro de santé elle ne viole rien…) de ce qu’elle avait vu passer
dans son service. C’est du propre ! Enfin, façon de parler hein… on en
retrouve des trucs dans l’ TûT de ceux qui ignorent tout de la loi du sens
unique… et chez du beau monde en plus… de ceuss qui se présentent garants de la morale
… si les voies du Seigneur sont impénétrables… il n’en est pas de même de
celles de certains ecclé… Quoi ? Non j’ai rien dit… Ouais ok, du 4-16-4mm
en PVC blanc, bon… Non c’est Nico, le métreur de Delta-Bois qui me demande… ‘’j’effervesce’’
en ce moment, un trois-en-un à moi tout seul : je fais le kiné – mal –
mais au prix où on me paye j’ai même plus honte, l’éditorialiste – mal – mais vous
payez pas pour lire, moindre mal… et le maître d’œuvre… mais c’est le proprio
qui paye…il me le présente lubrifié dans le style mielleux qui le caractérise, (« un
jour de travaux » mais en fait, quatre…) comme une attention gentille qu’il
me fait... mais moi je sais bien que ça va lui faire du crédit d’impôt… Il n’y
a pas pensé au mois de septembre quand il faisait bon et maintenant on va
devoir fermer une semaine pour installer son crédit d’impôt sinon les patients
seront congelés… je l’adore…

Et dire que jusqu’à mon entrée en sixième et la découverte ô
combien traumatisante de la gent féminine ce sont les frères en soutane de Saint-Jean
Baptiste de la Salle qui ont assuré mon éducation ! Je le leur rends mal,
je le reconnais… mais va, merci pour la jouissance car s’ils ne m’avaient pas
hérissé tant de barrières, quel plaisir éprouverais-je à les
transgresser ?
Pour les universitaires que ma fantaisie ne serait pas arrivée à
convaincre, cet extrait :
Dans ce paradigme de l’art contemporain, le beau n’est plus une
valeur de référence (là encore, il faudrait statuer sur Tristan Tzara et les
modernes), ni l’élévation spirituelle (paradigme classique), on y cultive
plutôt le décept, relativement au spectateur, le hasard relativement aux
matériaux, souvent aussi la transgression à l’égard des valeurs propres au
monde qui gouvernent l’art moderne. En un mot, l’art contemporain se construit à
partir d’un faisceau de distances : avec le matériau, les règles de la vie en
société, le bon goût, les critères de l’art, etc. .
Pour les universitaires consciencieux, ça vient de là :
Libellés :
Art Contemporain,
Marc Delon,
mc Carthy,
plug anal,
Sextoy
mercredi 19 novembre 2014
CERET 2015
En trois notes :
Dolores Aguirre Ybarra
Juan Luis Fraile y Martin
Adolfo Martin Andres
Plus de détails ici :
céret de toros
mardi 18 novembre 2014
La Pensée du jour
Tous les arts sont comme des miroirs où l'homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même qu'il ignorait.
Alain
lundi 17 novembre 2014
La Peur du Sens Unique

Madame
C qui avait rendez-vous entre madame A et madame R, n’étant pas venue, je me
lance :
Clergue
est parti. C’en est fini pour lui de l’écriture de la lumière. Peut-être a-t-il
vu cet ultime noir et blanc dont parlent ceux qui sont revenus d’une expérience
de mort imminente ? Ce tunnel noir profond avec au bout, libérateur, ce
blanc pur, soit le contraste que recherchent souvent les photographes ? Sa vie, son œuvre,
vous les trouverez partout. Je vais plutôt vous entretenir de cette petite anecdote.
Ce
jour-là, j’avais osé. Dans cette rue piétonne d’Arles il arrivait en face de
moi, petite chose courbée et solitaire. Il s’arrêtait tous les dix mètres,
essoufflé, s’appuyait aux rebords des fenêtres, attendant que la tempête de sa
poitrine se calme, puis repartait d’un pas précautionneux. C’est peut-être pour
ça que j’ai osé, parce qu’il était faible et ‘’à la merci’’… Ayant vu quelques
temps auparavant, un documentaire sur sa vie, je savais qu’à dix-huit ans il
avait eu l’aplomb de présenter ses photographies à Picasso au sortir d’une
corrida. Et c’est de là que tout était parti. Picasso lui avait dit «
reviens l’année prochaine m’en montrer plus » Il l’avait fait. On connaît
la suite. Dans mes heures de rêverie où je cherche à m’évader du handicap et
des maladies, des douleurs en tout genre, dans les moments où je rêve d’une
autre vie, plus intéressante, différente en tout cas, je me l’étais déjà dit :
t’es vraiment con, t’as Clergue à quarante kilomètres et t’es même pas capable
de lui mettre tes photos sous le nez … Un peu comme tu fais lire tes
premiers jets à quelqu’un qui a l’habitude et la culture de lire. Avoir enfin
un avis constructif, qui sorte des « c’est nul » des jaloux et des « c’est
génial » des flatteurs, des amis bienveillants (parce que les ‘’amis’’
malveillants, ça existe aussi…) et de ceux qui n’ont pas lu mais se
débarrassent.

Seulement
voilà, cela fait bien longtemps que le culot et l’inconscience des dix-huit ans
m’ont quitté… d’autant plus que tu n’as plus faim et exerce ton métier. Il n’y
a pas d’urgence. Rien que l’ego, que tu arrives à maîtriser le plus souvent,
grâce à ta gentille éducation.
Mais
ce jour-là, il arrivait – très lentement – droit sur moi, et sous le bras j’avais
mon livre de photographies fraîchement imprimé, ‘’FIGURAS’’… Alors j’ai osé…
- Je peux vous aider M. Clergue, je vous
vois en difficulté... ?
- Ça va merci, je vais chez mon Kiné là,
juste à côté…

Il
m’encourageait, me disait que j’avais trouvé un angle neuf : la grimace de
patio de caballo ! Que je devais jeter
tout le reste, tout ce qui ressemblait aux photos des autres, aux portraits
posés, à ceux qui n’exprimaient que le contrôle ou l’introspection plate, que
je devais devenir le spécialiste du rictus, de la grimace, de l’attitude, de l’émotion,
du tic et de la manie... resserrer mon travail sur cette idée, l’assumer, et
que le monton des autres photographes devaient en faire une comme ça de temps
en temps par mégarde et s’empresser de la jeter…
Evidemment,
me connaissant un peu, vous vous doutez que j’ai préféré ne pas le croire,
histoire de me préserver d’être con et fier d’être benoîtement flatté… C’est là
que j’ai été con... (lobectomie du poumon pour l’un et du cerveau pour l’autre ?)
je lui ai répondu limite agressif que de toute façon, ça rimait à rien de
demander ça à un vieux monsieur très courtois que sa mansuétude naturelle
dirigeait tout droit vers la tolérance et l’encouragement…
Te
rends-tu compte lecteur à quel point je peux être c… ? Je lui demande son
avis avant de lui dire que je pense qu’il ne vaut rien… mais quel c… ! Il aurait pu couper court, se dire : ce
mec est trop com…pliqué ! Non, il m’a encore répondu très gentiment, me
dévoilant d’autres raisonnements qui m’ont ouvert un peu le… diaphragme ; je sais, vous auriez précieusement gardé cet
échange d’emails… tellement je suis c.., je me suis gardé de me gargariser dans
ce travers. Poubelle. Comme un c... Car il me disait, il me disait… enfin je
sais que c’était très intéressant et que j’aimerais bien les relire aujourd’hui
car… j’ai jeté et oublié ce que j’avais jeté, par gêne ou pas pudeur, je sais
pas – y-a-t-il un psy devant son écran ?- Ce dont je me souviens par contre, c’est de sa
gentillesse, de son esprit ouvert, tolérant, loin de ceux qui n’ont que des
certitudes, de sa façon attentive de vous écouter alors que vous n’êtes rien…
Je sais qu’avec peu de mots, il m’a donné une couche de confiance à laquelle je
peux me référer si besoin. Et le besoin est permanent !

Un
exemple, lecteur : tu crois que je n’aimerais pas boire un café avec
Montcouquiol de temps en temps ? Tu crois que je n’aimerais pas parler
toro ou écriture avec lui ? Ben si, j’adorerais... mais ce mec par son
vécu, je le trouve inaccessible, qu’est-ce que je pourrais bien lui dire qui l’intéresse,
moi ? Rien… Que la sténose canalaire de madame G me gonfle ? Enfin surtout son caractère de
Yorkshire castré… ? Je ne crois pas que je le passionnerais… que j’aille l’apostropher
lors d’une de ces rares heures où je fais une course en ville et où je le vois par
hasard dans un café en train d’écrire… ? Coucou c’est moi, le counas qui
interrompt ta prose… non mais puis quoi ? Tu rigoles ou quoi ??? C’est
pas vraiment le genre de gars sur l’épaule de qui tu vas taper familièrement quand
tu l’aperçois, immobile, hiératique, absorbé, devant son café à 7h30 du matin
au zinc des Halles, chez Arlette. Non… tu l’aperçois mais tu n’y vas pas… Si t’es
dans un jour d’audace maximum tu t’asseois trois places plus loin en te
plongeant dans la lecture du Midi-Libre sans moufter, pas plus… Tu sais quoi
lecteur ? Si ça se trouve il s’emmerde… et ça lui ferait vraiment plaisir d’entendre
des choses simples comme cette température qui a sacrément baissé, ou cette
putain de petite mouche asiatique qui s’est attaquée à la châtaigne, et à cause
de qui on aura moins de crème de marrons à mettre dans son yaourt nature. Mais
bon, c’est de sa faute aussi… quand on a écrit des choses si profondes comment
veux-tu que le premier quidam venu, t’entretienne de la survie de la châtaigne
sur les pentes cévenoles ? C’est risqué, non ?
Monsieur
M dont je quitte le dos meurtri, vient de m’apprendre que Lucien Clergue est
mort à la clinique des Franciscaines, à cinq cents mètres de chez moi. Ça n’a
aucune importance, sauf que quatre fois par jour, insouciant, je suis passé
devant ses derniers instants tannés. Ceux qui avaient sa peau.
Libellés :
arles,
Lucien Clergue,
Marc Delon,
photographie
Irréductibles : Nouvellix et Aperotix
Soirée “Prix Hemingway 2014”
Jeudi 20 Novembre, à 20 heures à l'Hôtel Imperator
Lecture des nouvelles extraites du recueil
" LATIFA et autres nouvelles du Prix Hemingway 2014"
(éditions Au diable vauvert)
Philippe Béranger lit
LATIFA d'Étienne Cuenant
et ÊTRE DE TAILLE de Marc Delon
Aude Béziat et Olivier Jalaguier, auteur de la nouvelle, lisent
LA PROMESSE DE LA CHENILLE
Un apéritif offert par notre partenaire l'Union des Clubs Taurins Paul Ricard prolongera ce moment de convivialité.
Entrée gratuite mais places limitées
Réservation obligatoire dans la limite des places disponibles à : residence@audiable.com
Impatients de vous retrouver très prochainement,
Amicalement,
Les Avocats du Diable
Jeudi 20 Novembre, à 20 heures à l'Hôtel Imperator
Lecture des nouvelles extraites du recueil
" LATIFA et autres nouvelles du Prix Hemingway 2014"
(éditions Au diable vauvert)
Philippe Béranger lit
LATIFA d'Étienne Cuenant
et ÊTRE DE TAILLE de Marc Delon
Aude Béziat et Olivier Jalaguier, auteur de la nouvelle, lisent
LA PROMESSE DE LA CHENILLE
Un apéritif offert par notre partenaire l'Union des Clubs Taurins Paul Ricard prolongera ce moment de convivialité.
Entrée gratuite mais places limitées
Réservation obligatoire dans la limite des places disponibles à : residence@audiable.com
Impatients de vous retrouver très prochainement,
Amicalement,
Les Avocats du Diable
samedi 15 novembre 2014
Fandiño seul contre lui
Comme
l'annonce le site torobravo.fr, Ivan Fandino se produira à Las Ventas ''seul
contre lui'' face à des élevages réputés peu urbains.
Oui,
''seul contre lui'' c'est ainsi que je nomme désormais les ''seul
contre six'' tant il m'apparaît évident que le premier des
adversaires d'un tel défi, c'est soi-même. Ses propres limites,
tous domaines confondus, artistiques, techniques, mentales...
Pour
filer une métaphore laborantine, sous la lumière rouge de la
passion, dans la cuvette houleuse d'un public où tout a déjà
baigné, six toros comme autant de révélateurs de vos grains
d'argent ou d'une mauvaise composition, d'un angle sans perspective,
avec des noirs opaques, bouchés, que vous avez beau revendiquer, le
spectateur n'est pas dupe. C'est très périlleux et pas uniquement
pour la santé, aussi pour la profondeur de champ du souvenir que
vous comptiez imprimer.
En
début de saison, l'enjeu est grand : plan shooting dans toutes
les autres arènes du circuit ou virage sépia de votre toreo vers
les oubliettes. Triompher à Las Ventas c'est un peu s'imposer
nécessaire à tous, on vous tire, vous encadre et vous affiche au
mur. Mais Yvan-le-sombre a-t-il les moyens d'étinceler au long
cours, de se transcender à répétition ou son art est-il plutôt
d'extraire quelques pépites fugaces et hermétiques à beaucoup ?
Perso, un mano à mano avec Alberto Aguilar m'aurait beaucoup plus
intéressé. Koi, Keskya ? Il pense ce qu'il veut le gato
negro...
Enfin...
si vous vous demandiez comment échapper au repas dominical des
Rameaux chez belle-maman, vous avez un alibi maintenant. Assumez,
vous l'avez toujours su confusément que vous n'étiez pas le gendre
idéal, capable de rester assis des heures durant à complimenter les
plats et écouter les névroses avariées, les obsessions politiques
assénées et les projets de vacances de chacun. Non, vous, il vous
faut du sang de choix, de la sueur et des anchois, du poulpe et du
jambon, des cigares et de l'émotion, une vie ouverte, où tout n'est
pas écrit dans le marbre comme du Sanscrit.
Que
vive l'impondérable, l'aléatoire, le sel de la vie (mince, j'ai
oublié de vous parler du « Sel de la Terre » de Wim
Wenders sur l'oeuvre de Salgado. Courez-y vite s'il passe encore) et
que meurent les toros en livrant leurs secrets magnifiques.
De
quoi on parlait déjà ? Yes, Fandiño seul contre lui, ben
voilà, pas plus.
Photo piquée à Signes du toro
Photo piquée à Signes du toro
jeudi 13 novembre 2014
mardi 11 novembre 2014
Vu hier soir

J'avoue préférer le cadre des contorsions de la société
New-Yorkaise branchée, dont j'ignore tout, qu'il nous traduit
parfois, plutôt que cette version surannée des nantis de la Côte
d'Azur des années vingt, d'autant qu'elle se dilue à la sauce jazzy
New-Orleans, une musique qui aurait facilement tendance à me faire
''choper les arcanettes'' comme on dit intra-rempardos du côté
d'Aigues-Mortes... Encore que les gens bien se seraient contentés
d'intra-muros, sauf qu'on les emmerde.
Enfin,
là n'est pas le plus important et il a bien le droit lui aussi, de
se dépayser un peu...
Woody
Allen n'est pas un cinéaste qui peut faire l'unanimité et selon son
ADN propre, on peut facilement vivre ces quatre-vingt-dix-huit
minutes de babillage mutin comme un pensum désuet dont on prévoit
le ressort principal : le coup du type qui s'éprendra d'une
femme dont tout le sépare et qu'il était venu démasquer,
confondre, haïr.
Soit.
Seulement voilà, le talent n'est pas donné à tout le monde et
Woody Woodpecker, lui, en a. C'est intelligent, poétique et même,
même, romantique, puisque par la mystérieuse magie qui arrive à
unir deux êtres au-delà de toutes leurs différences, on va
assister à la destruction progressive mais implacable de
l'incrédulité, du rigorisme, du pragmatisme, du cynisme et du
pessimisme ennuyeux. Autant d'avatars qui barrent la route du bonheur
à ceux dont la principale préoccupation n'est pas de vivre
intensément ou de laisser entrer la félicité dans leur cœur, mais
de ne pas apparaître faibles d'esprit et d'observer que les autres
leur ressemblent afin que ne s'écroule pas leur monde médiocre.
Ceux-là sont déjà morts mais ne le savent pas encore. Allen lui,
est bien vivant et qui n'aurait pas intérêt à être entraîné
dans un sillage épanouissant ? Tout, par exemple l'Amour ou Morante de la Puebla, ne peut s'expliquer ra-tio-nne-lle-ment !
A
recommander à tous les critiques, sceptiques, cyniques,
ratiocineurs, empêcheurs de convoler en noces justes ou injustes
mais choisies, oiseaux de mauvais augures, les jaloux, les
susceptibles, les agressifs, les intolérants, les frustrés, les
cœurs secs, penseurs convenus, juges auliques, méchants,
embryonnaires, salaces, spécieux, austères et autres butors
malveillants. On n'oubliera pas les cons non plus. A regarder trois
fois pas jour, un quart d'heure avant les repas. Et que grand bien
leur fasse, quoiqu'on puisse en douter. Mais là, justement on
retombe dans l'incrédulité pathologique et ce n'est pas bien... !
Libellés :
magic in the moonlight,
Marc Delon,
Woody Allen
Sur le style : Baudelaire par Théophile Gauthier
… il
commença cette vie de travail interrompu et repris sans cesse,
d'études disparates et de paresse féconde, qui est celle de tout
homme de lettres cherchant sa voie ; Baudelaire l'eut bientôt
trouvée. Il avisa, non pas en deça, mais au-delà du romantisme,
une terre inexplorée, une sorte de Kamchatka hérissé et farouche,
et c'est à la pointe la plus extrême qu'il se bâtit, comme dit
Sainte-Beuve qui l'appréciait, un kiosque, ou plutôt une yourte
d'une architecture bizarre.
Plusieurs
des pièces qui figurent dans les fleurs du mal étaient déjà
composées. Baudelaire, comme tous les poètes-nés, dès le début
posséda sa forme et fut maître de son style, qu'il accentua et
polit plus tard, mais dans le même sens. On a souvent accusé
Baudelaire de bizarrerie concertée, d'originalité voulue et obtenue
à tout prix, et surtout de maniérisme.
C'est
un point auquel il sied de s'arrêter avant d'aller plus loin. Il y a
des gens qui sont naturellement maniérés. La simplicité serait
chez eux une affectation pure et comme une sorte de maniérisme
inverse. Il leur faudrait chercher longtemps et travailler beaucoup
pour être simple. Les circonvolutions de leur cerveau se replient de
façon que les idées s'y tordent, s'y enchevêtrent et s'enroulent
en spirale au lieu de suivre la ligne droite. Les pensées les plus
compliquées, les plus subtiles, les plus intenses, sont celles qui
se présentent à eux les premières. Ils voient les choses sous un
angle singulier qui en modifie l'aspect et la perspective. De toutes
les images, les plus bizarres, les plus insolites, les plus
fantasquement lointaines du sujet traité, les frappent
principalement, et ils savent les rattacher à leur trame par un fil
mystérieux démêlé tout de suite.
Baudelaire
avait un esprit ainsi fait, et, là où la critique a voulu voir le
travail, l'effort, l'outrance et le paroxysme du parti pris, il n'y
avait que le libre et facile épanouissement d'une individualité.
Ces
pièces de vers, d'une saveur si exquisement étrange, renfermées
dans des flacons si bien ciselés, ne lui coûtaient pas plus qu'à
d'autres un lieu commun mal rimé.
Baudelaire,
tout en ayant pour les grands maîtres du passé l'admiration qu'ils
méritent historiquement, ne pensait pas qu'on dût les prendre pour
modèles : ils avaient eu ce bonheur d'arriver dans la jeunesse
du monde, à l'aube, pour ansi dire, de l'humanité, lorsque rien
n'avait été exprimé encore et que toute forme, toute image, tout
sentiment avait un charme de nouveauté virginale.
Les
grands lieux communs qui composent le fonds de la pensée humaine
étaient alors dans toute leur fleur et ils suffisaient à des génies
simples parlant à un peuple enfantin.
Mais
à force de redites, ces thèmes généraux de poésie s'étaient
usés comme des monnaies qui, à trop circuler, perdent leur
empreinte ; et, d'ailleurs, la vie demeure plus complexe,
chargée de plus de notions et d'idées, n'était plus representée
par ces compositions artificielles faites dans l'esprit d'un autre
âge. Autant la vraie innocence est charmante, autant la rouerie qui
fait semblant de ne pas savoir vous agace et vous déplait.
La
qualité du XIX e siècle n'est pas précisément la naïveté, et il
a besoin, pour rendre sa pensée, ses rêves et ses postulations,
d'un idiome un peu plu composite que la langue dite classique.
La
littérature est comme la journée : elle a un matin, un midi,
un soir et une nuit. Sans disserter vraiment pour savoir si l'on doit
préférer l'aurore ou le crépuscule, il faut peindre à l'heure où
l'on se trouve et avec une palette chargée des couleurs nécessaires
pour rendre les effets que cette heure amena...
… le
poète des fleurs du mal aimait ce qu'on appelle improprement le
style de la décadence, et qui n'est autre chose que l'art arrivé à
ce point de maturité extrême que déterminent à leur soleil
oblique, les civilisations qui vieillissent : style ingénieux,
compliqué, savant, plein de nuances et de recherches, reculant
toujours les bornes de la langue, empruntant à tous les vocabulaires
techniques, prenant des couleurs à toutes les palettes, des notes à
tous les claviers, s'efforçant à rendre la pensée dans ce qu'elle
a de plus ineffable et la forme en ses contours les plus vagues et
les plus fuyants, écoutant pour les traduire les confidences
subtiles de la névrose, les aveux de la passion vieillissante qui se
déprave et les hallucinations bizarres de l'idée fixe tournant à
la folie.
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