vendredi 18 septembre 2009

El Juli, Castella, Perez pour six Garcigrande



La photo choisie ici concerne la corrida de Yonnet d'hier. Aujourd'hui, je n'avais pas prévu de voir cette course, je ne m'abritais donc pas derrière mon petit oiseau. Cliquez dessus quand même, ça vaut le coup d'oeil le combat d'un diable noir avec un cyclone en rotation, au microscope.
Première constatation, une fois n'est pas coutume, des toros à la présentation irréprochable - tiens, tiens, y aurait-il une délégation de service public à renouveler ? - Des cornes fines, longues, intactes, qui n'explosaient pas en pinceau dans les planches : su-per !!!
Non, vraiment il faut s'en féliciter dans la mesure où bien souvent le contrat stipulé au dos du billet et pas respecté, - des toros limpios - nous ne le dénonçons pas. On paye s'en broncher, on ne crie jamais, on ne déploie plus de banderolles, on revient toujours et pas bégueule on applaudit même parfois... Des spectateurs modèles, quoi. Faut dire que le spectacle a changé de destination : de la purgation cathartique des passions d'un populo à défouler, on est passé, prix des places aidant, à l'entre-soi mondain apte à applaudir les chèvres et à reprocher aux toros la vulgarité de leur sauvagerie. A la buvette des arènes relookée, les bulles champenoises ont supplanté sur les chemises Ralph Lauren du tout-Paris médiatico-culturel, les taches de Sangria des pantalons des ouvriers du textile. Mais je m'écarte comme un Landais.
Roman Perez est un tout jeune torero qu'il faudrait encourager puisqu'il est tout jeune... et que bien souvent le parcours d'un artiste est long à se dessiner. Sauf que pour le devenir, la méthode semble avoir changé : là ou le "mort de faim" prenait le risque de la sincérité en exposant son corps et en livrant son âme pour frapper les esprits d'un large public venu voir les figuras du cartel, on se contente maintenant de reproduire au mieux ce qu'on leur a vu faire et du plus loin que le permet l'allonge du bras. Mon voisin lui proposait sa canne de Surf-Casting - 4m50 de fibre de carbone - pour y suspendre sa muleta... Perez a toréé depuis Cuges-les-pins en un désengagé festival de profilage. Etonnant, non ? C'est bien normal après tout, ce doit être un garçon intelligent dont le sens commun lui a soufflé : pourquoi s'exposer plus puisque tombent déjà les oreilles ?
Castella "bénéficia" du plus mauvais lot, sans grandes forces, dont un exemplaire se coucha même deux fois. On le reverra après-demain matin, moins désabusé on l'espère, en mano à mano avec Morante. Selon la formule consacrée des revisteros de "TOROS", on peut dire qu'il est passé "sans peine ni gloire".
El Juli montra deux visages. Celui d'un tremendisme vulgaire et pueblerino indigne de lui et de sa science à son second toro. Celui-ci, galopeur invétéré, avait eu le temps de perdre une corne dans le triangle de Scarpa d'un peon qui s'en fut en courant à l'infirmerie en offrant aux élégantes des premières déjà mouillées par la pluie, la vision dantesque d'un sexe - petit oiseau sanguinolent - batifolant à l'air libre. Cui-Cui. C'est la vie. A son premier par contre, débordant d'autorité et de maîtrise, El Juli exprima toute sa puissance et son pouvoir par des séries où sa muleta semblait trancher l'espace autour d'elle et distribuer les terrains du toro sans améliorer le sien d'un pouce. Megarifique, époustiflatant, renversitatoire, Juliesque !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

On paye "sans" broncher?
Oups, je m'écarte aussi, mais moi c'est normal!
isa du moun