samedi 12 septembre 2009

L' INCOGNITO RELATIF D'UN SENOR TORO






Où étaient-ils les fins connoîsseurs du mundillo aligné, harangueurs patentés de callejon, avec leurs grosses cordes vocales d'ordinaire si tonitruantes pour demander la grâce de caniches épointés aussi niais que des bisounours lobotomisés ? Hein ? Où ? Pas une demande en ce sens pour Clavel-Blanco de Maria Luisa Perez de Varguas n'a fusé ! Et pourtant messieurs-dames, s'il y eut un senor-toro en cette corrida concours du onze septembre arlésien, ce fut bien lui ! Cinq piques en brave, parce qu'on s'arrêta à cinq, mais il y serait retourné volontiers, deux batacazos et des frissons partout...




A son entrée, une attitude caractéristique de corralero, freineur circonspect et dangereux qu'il fallut contenir mains basses et selon un tracé de course de côte Corse, puis cette façon quasi féline d'aviser la présence du cheval, de se ramasser, tétanisé du morillo avant de s'avancer au ralenti comme une panthère en vue de sa proie et puis soudain libérer toute la force brute, comme indigné de cet affront hippomonté qui s'érigeait en travers de sa route, déquillant le groupe avec une rapidité déconcertante. Et ses toutes premières charges à la muleta augurant du filon offert : longues comme un mascaret, profondes comme un tunnel, vibrantes comme une procession. Et gâchées par un Lopez-Chavez débordé qui rata la vague et le tunnel, étouffant sa propre foi, le miracle de ce toro et l'hommage de cette procession. Mais la classe et le poder de ce cinq herbes de plus de six cent kilos étaient visibles à l'oeil nu ! Assez de critères étaient remplis et de quelle façon pour que la déficience du second couteau - qui remporta le prix du meilleur torero! - n'entache pas la révélation de cet exemplaire ni la légitime envie qu'on caressait de découvrir un jour sa descendance. Le malentendu perdure donc, qui n'accorderait la grâce qu'à la condition expresse du triomphe associé du maestro. Ce qui accrédite au moins deux raisonnements désolants : le fait que cet indulto soit vu comme un trophée supplémentaire, remplaçant peut-être cette patte que la sensibilité ambiante ne souffrirait plus de voir couper. Et aussi que l'on réfute la notion de combat en refusant de reconnaître le toro valeureux si par son agressivité et sa sauvagerie il n'a pas permis "l'accord suave" si exigé par les foules ignorantes et les empresas cupides.
Au vu de l'ensemble de ce lot, il est une confirmation évidente, c'est qu'un toro n'est "fait" (oui, comme un camenbert) au moral comme au physique, qu'à l'âge de cinq ans, son combat en devenant alors très intéressant. Certes, en terme de confirmation évidente, l'organisation têtue de corridas d'à peine quatre ans en est une autre...!




Seule exception, le Partido de Resina au morphotype hésitant entre le cochon gavé et la barrique de bière fermentée fournit une prestation conforme à ce que son apparence inspirait. On n'aligne pas d'obèse en finale du 100 mètres, si ?

j'ai oublié de signaler un détail émouvant et révélateur : Clavel-Blanco prés de la barricade et l'épée dans le corps, luttant pour ne pas s'effondrer, se lassa soudain du chasse-mouche orchestré devant son mufle par le péonage et rejoignit le centre exact de l'arène pour y mourir en brave qu'il était : Zou maï pellizco... (affreuse périphrase provenço-ibérique signifiant encore une fois un frisson...)









6 commentaires:

Anonyme a dit…

Enhorabuena !
Bravo et merci Marc pour cette éloquente resena (j'ai pas la tilde sur ce clavier...). C'est étrange et tu étais là-bas aussi, mais la question très pertinente que tu poses sur l'indulto s'était déjà posé un 14 juillet (2008) avec le 5e exemplaire d'Escolar Gil "lidié" à Céret...
Abrazo
Benjamin

Ludovic Pautier a dit…

cher marc , tes deux remarques sont, je m'incline, parfaites et posent le débat en bonne et due forme, à un endroit - on dira la boca de riego de notre aficion - où les lagorce ( ce pauvre monsieur se voit catapulté figure allégorique du taurin mou et fat, tant pis por lui ) n'iront jamais. ils resteront à dax (rien contre la sympathique sous-préfecture mais là aussi je dis dax comme on dit à l'ouest ).
un salut.


ludo

ali lodelpiton a dit…

le MLDPV , il devait remater par le haut en fin de passe, cherchant à fouailler son adversaire de sa corne brave et noble et ça c'est interdit dans le manuel de l'indultite.il faut des ronds et des ronds zencore. et pis c'est tout.
allez les oeillets blancs nom d'un mithra.

ali lodelpiton

Ludovic Pautier a dit…

un lagorce, allégorie ou antonomase ?
je crois que finalement c'est la seconde figure de style qui devrait l'emporter.

ludo

Marc Delon a dit…

anastomose sûr que non, un musclé comme moi le saurait... antonomase euh... je cours chercher le dico et je reviens pour en faire profiter tout le monde (à moins que je sois le seul ignorant...)parce que les poètes ils ont de ces mots...

Alors voilà, antonomase :

n.f. RHET. Substitution à un nom commun d'un nom propre ou d'une périphrase énonçant sa qualité essentielle ou réciproquement. Exemple : c'est un Harpagon, pour c'est un avare.

capito ? entiendes ? Donc sur proposition pertinente et impertinente de Ludo qui doit le respect à Mr Lagorce, un toro qu'on aurait injustement grâcié deviendra plutôt (chez les aficionados de verdad) un toro "lagorcé" voire un "lagorce" plutôt qu'un toro grâcié...

j'en ai d'autres : certains pourraient appeler les imposteurs des "Conde" par exemple ou bien des jamais contents des "Starozynski" (alliance anti-corrida) non parce qu'on la connait nous, à Nimes... elle est contre tout, pas seulement contre la corrida, non, non...

Aaaaah quoi d'autre... oui... un mec génial, plein d'humour, gentil comme tout, à multiples facettes séduisantes, bien de sa personne, permissif, sécurisant, tolérant, on pourrait l'appeler un "Delon" ! Bonne idée, non ?
Bôoôaaah ça va, ho... si on ne peut plus déconner...

Bernard a dit…

Marc,

Je te suis - en accord avec tes mots - sur Clavel blanco (Maria Luisa). Mais pourrais-je ajouter cet autre grand frisson aux charges allègres (alegria!) et rectilignes et si longues d'Aguantadero (Prieto) - si longues que si cet (...) de Garzielli ne l'avait pas arrêté à la 4e, je crois qu'il aurait chargé de derrière les vénérables arcades romaines des arènes!... Et puis, quels impacts-tampons! (on pourrait désormais dire des "camaritos" - antonomase ludienne?)...
Et, bien sûr, la démonstration du "fini" des "5 herbes"! (je ne sais pas assez d'espagnol mais je crois que Joselito le grand disait à peu près "Pour le toro, 5 ans. Pour le torero, 25 ans")... J'ajoute qu'étant allé voir les toros aux coralles la veille - et tous les toros de la concours ayant "5 herbes", on avait comme l'impression visuellement - passant de ces coralles à ceux voisins de Valdefresno acochinados puis de menus Jandilla - de changer de monde (de "mundillo"?)...

Bien à toi - Bernard