J’ai perdu la resena écrite pour la corrida de dimanche à Barcelona avec Morante de la Puebla, Aparicio et Tomas. Elle était le fruit de l’émotion et de la nuit, d’une prose féconde encore sous le choc de l’actuacion. Pas celle d’une réflexion reposée et vous l’auriez trouvée naïve voire ridiculo-lyrique. Il faut dire que je m’enthousiasme tellement peu dans l’arène que lorsque cela arrive… Alors il y avait des phrases comme :
« De quelle lave se tisse la muleta de Tomas pour ébouillanter ainsi la foule à l’instant où il la trempe dans le creuset de la monumental réalisant le précipité instantané des forces obscures et magiques de la tauromachie éternelle ? »
Ou bien encore :
« D’où vient cette vibration aussi abstraite qu’universelle ? Cette onde quasi biblique, originelle, primale. De quel arc si tendu se décoche la flèche de cette âme grave et profonde ? Comment rester insensible à la vérité d’une posture qui convoque les enjeux absolus ? »
Enfin voyez, des trucs pour plaire aux filles, qui comme chacun sait « bandent avec les oreilles » Ah bon… vous ne saviez pas ? Toujours la même sensualité du pouvoir de suggestion, de la puissance de l’évocation, de la vibration de l’incantation : quoi de plus évident chez Tomas que ce taraud-là vrillé par son abnégation, de ses tripes aux nôtres ? Mais aujourd’hui, les commentaires des amis lecteurs me permettent de réaliser qu’il est impossible de rendre compte dans l’objectivité espérée. Des faenas de Tomas on pourra toujours ratiociner sur leur facture technique, mais ce serait passer à côté – et quel gouffre ! – de l’universalité des sentiments qu’il recrute. Or, peut-on vraiment à ce niveau d’interprétation se contenter de rendre compte comme on pourrait le faire du travail d’un compagnon du devoir pour les proportions idéales de son escalier ? L’exaltation des foules ne salue-t-elle vraiment que la belle ouvrage du geste technique ou est-il temps qu’elle fasse sa dissertation sur le thème imposé :
« Pourquoi allez-vous voir la corrida ? » parce que tournent en elle de sourdes interrogations ?
Preuve de l’universalité de la corrida, cet article sur la sensualité qui se terminait ainsi n’aurait-il pas pu traiter du toreo de José Tomas ? :
« … elle est toujours socialement ritualisée, implique des codes sociaux, corporels, vestimentaires et autres. Mieux : elle ajoute un supplément de style et de charme qui témoigne d’une ouverture au monde et aux autres, non pour se donner, mais pour imprimer le style d’une présence…
Nous seuls, humains, avons le pouvoir de cultiver notre sensualité dans le but de procurer du plaisir, à nous-mêmes ou aux autres, nous seuls pouvons rechercher ce qui nous plaît, créer nos plaisirs, les imaginer, les mémoriser, les partager. C’est toute la différence entre la recherche instinctive de la jouissance de l’art, qu’il soit pictural, culinaire, érotique ou art de vivre… La sensualité un antidote à la dépression, à la morosité de l’époque et au tragique de la vie ? »
Les psy décryptent et posent les questions. Tomas, lui, en nous donnant du plaisir, répond. Et encore vous ai-je épargné les métaphores clitorido-etc...car se profilait le danger de la pente onaniquo-littér... bref...
Preuve de l’universalité de la corrida, cet article sur la sensualité qui se terminait ainsi n’aurait-il pas pu traiter du toreo de José Tomas ? :
« … elle est toujours socialement ritualisée, implique des codes sociaux, corporels, vestimentaires et autres. Mieux : elle ajoute un supplément de style et de charme qui témoigne d’une ouverture au monde et aux autres, non pour se donner, mais pour imprimer le style d’une présence…
Nous seuls, humains, avons le pouvoir de cultiver notre sensualité dans le but de procurer du plaisir, à nous-mêmes ou aux autres, nous seuls pouvons rechercher ce qui nous plaît, créer nos plaisirs, les imaginer, les mémoriser, les partager. C’est toute la différence entre la recherche instinctive de la jouissance de l’art, qu’il soit pictural, culinaire, érotique ou art de vivre… La sensualité un antidote à la dépression, à la morosité de l’époque et au tragique de la vie ? »
Les psy décryptent et posent les questions. Tomas, lui, en nous donnant du plaisir, répond. Et encore vous ai-je épargné les métaphores clitorido-etc...car se profilait le danger de la pente onaniquo-littér... bref...
11 commentaires:
mouais mouais!!
la magie de barcelone aussi non?
la "magie" de Barcelona sera donnée à voir dans d'autres séries photographiques.
j'espere bien j'attends des nouvelles de la sagrada familia et des ramblas
Que le chulo et tous les "pas convaincus" aillent lire sur camposyruedos les resenas des journalistes espagnols.
Maiiis bien sûr que moi aussi j'aurais préféré des toros plus âgés, là comme à toutes les courses !
miracle, pour vous faire plaisir,je suis convaincu!
pardonne ce moment de lèse majesté.
ceci dit, en lisant entre les lignes, c'est plus mitigé que celà ne paraît mais le mundillo a ses règles, non?
je cherche ne cherche pas à convaincre tout le monde à ma vision, hein...
Oui on peut toujours mitiger mais bon, rester de glace en disséquant des détails ou être enfin emporté par l'allégresse vu l'importance de l'engagement et de l'art qui dégouline en piste, j'ai choisi !
euh...la sagrada et les ramblas c'est les deux seuls trucs que je n'ai pas photographié !
moi j'aime bien, maintenant que ni le chino ni le gotico ne sont plus ceux qu'ils étaient, je parle dans leur tumultueuse majesté! si tu vois ce que je veux dire!
Marc,
Eh bien nous y voilà: "être emporté par l'allégresse"! C'est donc bien - in fine - une question de poils dressés, de gorge nouée, et d'yeux embués - en communion! (Nietzsche ne parlait-il pas, à propos de la musique de Wagner, "d'extase somnambulique"!?)... Puis-je alors dire ici que ces extases-là je ne les ai, quant à moi, jamais ressenties qu'à l'occasion de vuelta accordées à de grands Toros!?...
Et, comme j'ai lu (enfin, à peu près compris) sur camposyruedos les reseñas des journalistes espagnols, mais que (moi aussi) je préfère les toros plus âgés, je m'en tiens à eux - quitte à me passer de JT. En quelque sorte, j'ai aussi choisi...
Sur ce, je retourne à l'hospice! Eh, Chulo, ramène-toi!
Suerte malgré tout - Bernard
Barcelone nous vaut une belle page, une belle citation, d'éloquentes photos. Quant à la resena perdue. Mystère! ne cherchons pas trop pourquoi...
Donc le chulo y el Bernardo seraient restés assis à ne rien ressentir devant un tel spectacle ? Mmm... j'en jurerais pas...
En tous cas avec isa la pharmacienne pour les ajustements biochimiques, moi le kiné pour vieillir en forme et xavier le pédagogue pour vous raconter toujours de belles histoires, et you tube pour la video, votre hospice commence à ressembler à quelque chose de sympa...
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