jeudi 30 septembre 2010

Montcouquiol, chronique.


Voici la deuxième chronique promise pour cet auteur (pour ceux qui suivent...) parue il y a quelques années dans le Midi-Libre.
GRAN CORRIDA
Enorme bronca dans les arènes de Medellin en Colombie. Le matador ne cherche même plus à dissimuler sa peur. Chaque fois que le toro charge, il s’écarte à grandes enjambées sous les huées du public qui lance sur la piste des bouteilles, des coussins, des épluchures, des fruits…

A la première occasion le matador lève l’épée et l’enfonce à bout de bras dans le cou de l’animal, qui tourne deux fois sur lui-même avant de s’écrouler les pattes raides, mortellement blessé.

Le vacarme est assourdissant, et des gradins fuse maintenant une pluie de projectiles brillants : ce sont des pièces de monnaie que les spectateurs lancent avec acharnement et maladresse en direction du burladero où le matador s’est réfugié.

Dans le callejon, chacun se protège, les mains au-dessus de la tête et s’éloigne rapidement de la cible immobile et résignée…
Déjà au premier rang, des spectateurs touchés par des pièces se retournent pour insulter les lanceurs.

Le président de la corrida pensant calmer les choses, ordonne à l’orchestre de jouer… ce qui a pour effet de décupler la colère du public. Un transistor explose au pied d’un burladero, puis un autre…

Finalement il faudra beaucoup de temps pour nettoyer, ratisser la piste. Lorsque les areneros leur long travail achevé, regagnent leurs abris, l’un d’eux, hilare, désignant les poches de son pantalon gonflé de monnaie, lève les bras tel un torero triomphant et s’adresse au public qui se calme progressivement pour le regarder et l’écouter. L’homme mime avec drôlerie sa satisfaction puis crie à pleine voix :
« Gran corrida señores ! Grande et très bonne corrida ! »
Amusé, le public éclate en une longue et joyeuse ovation.
Alain Montcouquiol

5 commentaires:

el chulo a dit…

si senor!

Bernard a dit…

Marc,

Est-ce qu'Alain MONTCOUQUIOL n'aurait pas, à travers cette anecdote si savoureuse, révélé là métaphoriquement la devise de ce bon M. CASAS - poches gonflées y compris: "Gran corrida! Grande et très bonne corrida"?...

Ce qui ne donnerait que plus de sel à ton choix de photo (les "areneros" cérétans!) - qui ne serait pas du tout le fruit du hasard...

Bien à toi - Bernard

Marc Delon a dit…

serait-il alors possible que j'arrive à être génial malgré moi, par... inadvertance ? ;-)

el chulo a dit…

le v'la qui nous fait sa chochotte!
dis moi marcos, as tu dompté la bête informatique?

Marc Delon a dit…

Non et j'ai pas reçu d'email de ta part d'ailleurs...