Fabrice Lucchini horripilant coiffeur de banlieue reconverti en passeur de mots ébouriffant de cabotinage, campe dans ce film, enfin sobrement, un rôle de directeur de cabinet conseil en gestion de patrimoine. Sa vie parisienne est bien réglée selon les conventions bourgeoises du début de ces années soixante où les concierges sont encore des matrones régnant sur le petit peuple des bonnes, leur interdisant par exemple l’usage d’un ascenseur réservé aux propriétaires, pour regagner leurs chambrettes mansardées. A ce sixième étage, se développe un autre monde. Celui des misérables dont personne ne se préoccupe, qui ont fui les malheurs de la guerre fratricide. Des femmes seules, venues en France gagner leur dignité par le travail. Entre elles, malgré leurs conditions de vie spartiates, voire épouvantables, sanitaires bouchés, absence d’eau courante ou chaude, circule la joie, la solidarité, l’aficion à la vie propre à leur peuple.
Peu à peu, le financier parisien que l’on aurait pu penser un tantinet étriqué, se révèle être un esprit ouvert et attentif à ces femmes dont l’exotisme joyeux l’intrigue et l’émerveille : ne sont-elles pas au boulot depuis l’aube jusqu’au soir sans jamais se plaindre ni revendiquer ?
L’arrivée de la belle Maria qui m’a étrangement rappelé ‘’ma’’ serveuse d’Extremadure dans ses manières, humbles et décidées à la fois, l’incite à leur porter une attention encore plus aiguë. Aussi, lorsque sa bourgeoise justement interprétée par Sandrine Kimberlain, ne cessant de se plaindre de ses « épuisantes journées » passées à boire le thé, jouer au Bridge et médire des autres, lui interdira le domicile conjugal au prétexte angoissé d’une maîtresse imaginaire, c’est avec bonheur qu’il ira s’installer dans une des chambres de bonne vacante, de l’immeuble Haussmanien où il jouira désormais de la chaleur humaine des Espagnoles, chants et paellas compris. Il se fera un plaisir d’améliorer leurs conditions de vie, avant que son regard toujours plus captivé par la grâce de ''Maja Maria'' fasse de ce sixième étage l’ultime palier avant le 7è ciel tout de gratitude qu’elle lui offrira dans son petit lit d’exilé où il dira ne s’être jamais senti aussi libre. Comme on le comprend.
Alors, qu’est-ce qui triomphera pour ce conseiller financier ? La rentable et sécuritaire culpabilité judéo-chrétienne ou le ruineux amour du risque amoureux et son grisant dividende libidineux ?
On se gardera de répondre à la question pour que vous fassiez un effort dans le même sens que le sien, et rejoigniez la toile la plus proche de chez vous. En somme, celui de l’action plutôt que de l’obligation… Krach boursier en vue.
5 commentaires:
Bizarre, l’angoisse d’une maîtresse chez l’épouse, précipite le mari chez une maîtresse. C’est de la psychologie de haut-étage.
Et la sensation de liberté va durer jusqu’à quand, là-haut sous les toits ? jusqu’à l’envolée…ou la chute ?
Gina
jusqu'à l'Espagne... un film à recommander à tout financier parisien...
...et pour le coup, l'épouse n'est plus angoissée.
Le jeu sobre de Lucchini tranche avec le tourbillon gai et spontané des femmes. Grande solidarité entre elles. Fous rires vont de pair avec émotion mais sans pathos.
Dès qu'il atteint son 6ème, ce n'est plus le même homme !
Ben oui, Gina, à force de soupçons appuyés et pesants (même non fondés) on finit parfois par donner des idées aux hommes ... même si dans le film ce sont d'autres raisons.
un film gentillet sur la profondeur des sentiments, le don de soi,le sens qu'on donne à sa vie.
isa
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