mercredi 5 octobre 2011

Soins à Domicile II

Asuncion y Francisco



J'ai croisé Asuncion dans le hall de l'immeuble :

- Ah ! mésié Délon, como estas, guapo ?

- euh... blblbl... bieeeeeen, biiiiiieeeeeeen... como uno viejo dé oun medio-sieclo !
Zé né sé por que ma dé que zé parle con Asuncion zé pren cet aczent... que soy tonto !

- Allé, allé... sa zuffi dé fèr lé coqué ! Si bou boulez on sanze nozâges, et on verra kicéké viejo ! Zé bou donne les clés et sourtout bou lé dites ki les zoubli pas dans la cérrure qué zé mé démande sil fé pa espré dé mé fèr poiroté, qué zé pé pa abrir... zé tambouriné si for et longtemps qué zé pé plou tricoté ! A cause dé loui ! La munequa me duele !

- Si, si ! Entiendes ! Zé loui di !

- Aaah mésié Délon que bou zêtes un hombre, bou, au moins...

- ... ? Hasta luego !

Après avoir croisé dans les escaliers deux ménagères "professionnelles" toujours aussi sexy dans leur petite blouse de travail au camaïeu de fleurs mauves et roses, j'entre dans l'appartement. Salon-séjour vide, cuisine vide, chambres vides... Sous la porte de la salle de bains un rai de lumière, je la pousse doucement : Francisco sursaute, il est en train de pisser dans la baignoire...


C'est vrai que c'est bien la salle de bains comme WC... c'est spacieux, confortable, bien éclairé et surtout interdit par Asuncion ce qui décuple le plaisir du soulagement... il me décoche un regard éperdu puis souriant en constatant qu'il n'est pas pris en flagrant délit de miction impossible, par sa femme. Quand on dit qu'il pisse dans la baignoire, on exagère... il a dû y faire trois gouttes puis donner le reste au pantalon. Evidemment, il ne prend pas la peine de rincer la baignoire avec la douchette.


- Tou è oun bon Kiné !


C'est devenu rituel, il me sert l'affirmation en début de chaque séance. Il doit se dire que c'est un bon investissement pas trop cassant sur la séance à venir et que, flatté, je ne vais pas trop tirer sur son épaule, que je l'aurais à la bonne et resterais "infra-douloureux". Son autre technique de diversion consiste à me parler sans arrêt. Car, lorsqu'il parle, son tonus musculaire augmente et moi qui ai besoin qu'il se relâche complètement pour le mobiliser, je dois attendre ou le faire taire. Ma qué cé né séré pa tré poli...


- Tou té mari con la duchessa ? C'est toi ?


- Ah oui, j'ai vu ça... quatre vingt-cinq ans... elle épouse un petit jeune de soixante... la Duchesse d'Albe...


- Si ! la Cayetana digo qué sé pa pour son argent... ké rire ! Y sé por qué alors ? su dentier ?


- Boâh... pourquoi ne pas envisager qu'il puisse y avoir de....


- Hi, Hi, Hi, hihihihih... Hi, Hi, arrête tou mé fé tro rire !


La porte d'entrée s'ouvre brusquement, Asuncion revient plou to qué prévou. Francisco se raidit imperceptiblement et me fait une moue rapide au regard tournant indiquant à peu près : Gaffe ! Le général est dans les murs ! D'ailleurs, Asuncion se fend d'un tonique : Allé, allé ! Travaille oun pe ! Fé bien cé kil té di lé kiné ! de principe, avant d'investir son fauteuil et de réentreprendre une adorable petite couverture rose avec comme des pompons en relief.


- Oh qué sé zoli..., que je lui fais avec cette parfaite intonation hispanique d'immigré des années soixante...


- N'est-ce pas mésié Délon...? Qué si bou fète un bébé zé vous en féré oune !


- ... Rien qué por la coubrerture, zézite !


- Ayyyy qué bou mé fète rire mésié délon ! Tou a dé la zance d'avoir oun bon kiné, toi !


- Si, si ! Claro que si !


Surenchérit Francisco trop heureux de ne pas rater l'occasion d'avoir enfin un consensus franc avec sa moitié.


- Poui cé pa cher... ça mé revient à diez euros la coubrerdure...


- Ah oui mais oh, bou né compté pa vo zheures....!


- ça mé fé blaisir ! cé bour ma petit' nièze... y'a qué sa soeur ki n'arrive pas à touver oun hombre ! elle est guapa portant... ma elle mé di qué maintenant y'a qué dé tapettes à Madrid ! Zaque fois qu'elle parle à oun zoli garçon il loui di au bout d'un moment que son copain va arriver et qu'il è trè zalou qu'il vaudrait mieux kil zarète de discouter ! Que pena ! il loui fodré oun hombre como bou, mésié délon...


Francisco tente une sortie :


- Si, claro oun masajista por una mujer es...


- Mé té toi, toi... keske tou di ? Tou raconte n'importe quoi... Tou avé ka men fèr des mazages au lieu dé mé pourrir la vida !


Francisco prend une mimique de martyr en me regardant dans les yeux. Les siens disent :


- Tu as vou como elle me traite ? Zé toujours tort... et après elle s'étonne ké zé né parle plou... elle a ka allé parlé aux tapettes de madrizzz si elle préfèr... Zé soui sûr qu'avec la Duchesse d'Albe au moins, on pe discouter...


Je m'en vais, Asuncion me rejoint d'un bond et m'accompagne jusqu'à l'interrupteur du couloir de l'immeuble.


- Ne bou dérangé pa, zé conné lé camino...


- Z'aime bou voir partir mésié délon quand bou gambadé dans l'escalié...


- .....


Je jette un coup d'oeil vers l'appartement. Francisco s'est levé, son pantalon est trempe, il va devoir donner une explication au général, il s'accroche à la table et tremble sur ses jambes à la recherche de son équilibre.

19 commentaires:

el Chulo a dit…

zepèr qué la maja, elle séra pas coumé sa!

isa a dit…

Moi je les aime bien ,ces tranches de vie de kiné.
Une autre ! une autre!une autre!

Marc Delon a dit…

si tou ve zaza z& té prend en stage una semana y qué zé di que tou è ma remplaçante foutoure y tou fé la tournée conmigo ! y despues zé plou bézoin dé técrir dé text !

hay miedo qué maja Lola era tou igual qué Asuncion por qué el mismo sangre coula en su piel...

el Chulo a dit…

ceci dit, quoique le sachant un peu ou beaucoup, pour le fun comme dit mathilde, j'aimerais voir comment les espagnols imitent les franchutes, gabachos qui s'esgassent à se persuader qu'ils parlent l'espagnol, mais surtout, tragiquement, à en persuader les espagnols, avec 23 mots de vocabulaire mal employés, et zéro compétence grammaticale, et en sont persuadés,ce qui est infiniment plus grave, par proximité ou "contagion", et merci Napoleon, produisent un sabir sûrement très intéressant et délicieusement nul.car le français du sud, non spécialement du sud est, est assez enclin à penser qu'il parle espagnol. gabacho!!!!!!!!!!!!!!
j'aimerais que maja m'éclaire sur ce sujet troublant. d'autant que j'ai toujours remarqué que les espagnols évitaient de prétendre parler français, même lorsque qu'ils le maîtrisaient au moins aussi " bien" ou pas plus mal, que le vaillant explorateur des terres lointaines, préférant laisser l'iconoclaste dans ses délires verbeux et aproximatifs. c'est assez chiant et génant, où d'ailleurs en général il se noie, l'espagnol étant une langue latine et terriblement subtile. ole! en tous cas, beaucoup plus subtile que javier conde. me cago!

Anonyme a dit…

Moi aussi j'adore les visites du kiné dans les immeubles de son quartier, un stage ? Bonne idée !!
Victorina

el Chulo a dit…

j'aime aussi, isa!
ceci dit l'espagnol est une langue très difficile!

Marc Delon a dit…

Le cas atypique c'est vraiment moi, Chulo concernant cette langue. Ayant fait Allemand Anglais Portuguais, je n'ai aucune honte à la massacrer... Je veux dire que je crois avoir remarqué que soit on la parle couramment soit on est tellement inhibé par la conscience de faire des fautes (en tout cas dans le sud-est...;-) qu'on s'abstient. Moi je m'en fous, tout bout de phrase compris par l'autre est un exploit personnel dont je suis très fier !

Marc Delon a dit…

Ouais mais oh ! Pour faire un stage dans le quartier faut pas avor peur de l'étranger, hein, parce que là on n'est plus dans l'idéologie, on est au contact : on draine de la lymphe Arabe, du mucco-purulent Djiboutien, de la morve Hindoue, de la pisse ibère, on doit écarter les groupes de jeunes des halls d'immeubles pour accéder aux étages, etc là ce n'est plus la théorie facile de la toile... et ton racisme ambiant ou non a des réponses directo-directes : ben moi je suis toujours en vie...

el Chulo a dit…

non marc, j'aimerais seulement que mja nous imite un "franchute" massacrant la langue de cervantes!

Marc Delon a dit…

rassure moi chulo tu ne crois quand même pas que dans ce texte j'ai essayé de "bien parler l'Espagnol ?!?"

Marc Delon a dit…

maja Lola pour le moment est indisponible : elle fait la grève du commentaire tant que le bailador au tutu ne se manifestera pas : il porte donc toute la responsabilité de la privation...
On l'aura lola, on l'aura...

Anonyme a dit…

putain mais il est affreux ce Conde que toutes les femmes trouvent beau ! Quelle tronche de grenouille !!!

Piputo

Anonyme a dit…

T'as rien compris Piputo. Faut suivre le fil (rose) des posts deloniens.
Le Javi il est en pleine extase parce que le jeune arapède est en train de le turluter.
C'est une version andalo-nimoise du "Bal du Conde de Orgasmo".
Berk.
JLB

el Chulo a dit…

exact piputo et un torero "fatal"

Anonyme a dit…

Plusieurs personnes pensent comme Isa.
En plus, côtoyer des vieux un peu diminués semble être un élixir de jouvence.
Je ne pense pas que "la maja" dont parle Chulo ait quelque lien avec notre Maja Lola.
Gina

Marc Delon a dit…

C'est un bon titre, ça "Torero Fatal"


Bon alors JLB, le prochain texte il arrive quand ?

Anonyme a dit…

Hé bé figures toi que j'avais commencé ce matin même à gribouiller quelquechose. Ca va venir, ca va venir. C'est vrai que j'ai rarement vu autant de toros que pendant la temporada 2011 et j'avais mauvaise conscience de garder tous ces souvenirs rien que pour moi. Tu vois...
C'est quand même pas de bol: c'est au moment où je dispose de beaucoup de temps libre, où je suis encore en cannes et en bonne santé, que mes chances de voir de belles et vraies corridas diminuent. Faut faire avec.
Tout est "fatal" aujourd'hui.
JLB

el Chulo a dit…

ben si, gina! elle fait greve maja lola?

Anonyme a dit…

Ah Bon ! Jeme demandais quel sens donner à "Maja". Je en connais que la "desnuda" !
Que notre M. Lola fasse grève, m'étonnerait ou alors la grève par excès de zèle.

Gina