jeudi 28 février 2013

Scandale Bourgeois : du bourrin dans le pétrin


Aaaah… je viens de me ventrer une moussaka Findus, je vous dis pas… je me suis régalé. Très bonne marque, Findus ! Je me demandais confusément, aussi… : mais où sont passées les boucheries chevalines de mon enfance ? Il y en avait une dont la façade de faïence rouge et blanche s'ornait d'un grand fer à cheval, ex porte-bonheur s’il en fut. L'on y faisait la queue pour s'offrir les bienfaits de la protéine équine. Quand un type était en pleine forme, entreprenant, dynamique, on lui demandait s’il n’avait pas mangé du cheval tellement il pétait le feu... Bref, rien que des connotations avantageuses à propos de ce distingué animal de boucherie que personne ne rechignait à consommer. Ma mère me préparait aussi du foie de veau qu’elle poêlait à feu vif et accompagnait de son écrasée de pommes de terres au beurre, un concept assez éloigné de la purée Mousseline ; elle dorait aussi des tranches de pain rassis sur lequel elle disposait une cervelle d'agneau saisie sur tous les lobes, cuit le centre de la docilité mimétique, cuit le centre du bêlement monocorde, cuite la circonvolution de la fuite programmée et de la victimisation au loup… et avalés, tous, après les avoir généreusement arrosés de citron de sel et de poivre et saupoudrés de persil haché.… Du boudin sanguinolent, aux pommes, aux oignons ou aux piments, de la tête de veau, qui ravigotait ou pas, que sais-je, moi, tous les petits oiseaux que je mangeais, dont les délicieuses grives au feu de bois tirées à la passée, planqués derrière les cades du mazet d'André après une après-midi de galéjade pagnolesque à se défier à la pétanque. Et la rarissime et si fine bécasse, mets des rois et des chasseurs. Des barbares, quoi…

Et puis soudain, toutes les petites filles ont voulu devenir vétérinaires, se sont mises à coiffer leurs nounours, ont voulu caresser des lapins ‘’qu'espeillait’’ autrefois lou papé dans la cuisine, sur une table déjà en formica recouverte de papier journal qui s'imbibait des humeurs de garenne, après qu'il ait traversé le séjour avec panpan suspendu par les oreilles, et ce bruit sourd dont on se doutait qu'il avait compromis la santé du lapin familial. Panpan finissait écorché, dans le four, tartiné de moutarde et c'était aussi un peu à lui, au plaisir convivial et gustatif dont il était le centre, qu'on levait le verre de Côtes du Rhône qui désaltérait le bonheur d'être ensemble. On s'en régalait avec les parents.

L'autre jour, une des cousines de Louise séjournait chez nous. Douze ans, maigre comme un clou, refusant de manger toute forme de viande sous quelque forme que ce soit. Troisième fracture du poignet par carence de protéines, elle triait dans son assiette les morceaux de cadavres d'animaux dont elle déblatérait par d'approximatives démonstrations qu'on pouvait s'en passer, d'autant qu'elle consommait du poisson.

-          Sauvage le poisson ?

Que j'ai demandé incidemment...

-          Oui, sur le marché de Mende on a une poissonnière qui vient de Sète chaque semaine…

Eh bien tu as tout faux, alors

-          Comment ça ?

-          Ben oui, tu t'interdis de manger de la viande soit ce qui est facilement reproductible, issue d'animaux qu'on élève facilement et de l'autre côté tu contribues à épuiser la ressource naturelle dont la vie est un combat si difficile en milieu sauvage.

ça lui a filé un coup à la pré-pubère écolo babacool anorexique d'inspiration ardécho-lozérienne post Woodstockienne... dans la foulée on a récupéré sa part dans l'assiette et on se léchait ostensiblement les doigts après avoir saucé les miasmes affreux des reliefs du petit cadavre élevé pour notre plaisir.

La radio m'indique à l'instant que dans les raviolis Panzani, de l'a dada aussi ! Au cas où des gros naïfs pensaient qu'on laissait pourrir sur place 400 kilos de barbaque au lieu de les vendre... bon, sûr que le fait de ne pas le dire, c'est pas cool, d'autant que tout le monde appréciait ces produits finalement, et donc ce scandale ne va-t-il pas devenir une formidable opération de promotion de viande chevaline au final ? J'en hennis de plaisir, de la contradiction humaine, les ventes des boucheries chevalines parisiennes montent en flèche : ah ben tiens, maintenant qu'on sait qu'on en bouffait à tout berzingue du canasson, voyons un peu quel goût ça a tel que, en steack, d'autant que mamie toujours insistait en remarquant le teint de porcelaine de sa citadine de petite fille et préconisait un bon filet d'haridelle à l'ancienne pour lui redonner du rouge aux joues !

Bon, nous autres aficionados, on savait, hein, que la sensibilité des gens avait changé. On voyait bien que les salauds d'afiocs applaudissaient à s'en filer des ampoules quand on tuait un vilain toro tout noir, que les parisiennes se pâmaient de frissons clitoridiens devant le courage viril des Hidalgos en pantalon moule-bite et que les mondanités reprenaient en tendido, mais alors, si jamais un cruel batacazo retentissait, qu'un pauvre petit cheval empêtré dans ses culottes tardait à être redressé, quelle bronca des indignés humanistes associés !!! Le mega-scandale affreux !!! Savez quoi ? Y'a des ruades qui se perdent et des écolos par nécessité et non par conscience civique du côté de la Roumanie, à qui on a interdit de rouler dans leurs charrettes de pauvres... la Dacia pour tous, c'est maintenant... alors tu parles, déjà le type il a pas de quoi becqueter pour lui, pourquoi entretiendrait-il un cheval qui ne lui sert plus à rien ? Il l'a donc libéré d'un coup entre les deux yeux, à l'abattoir, qui, pas bégueule, a ceinturé ses installations d'une haute muraille pour ne pas heurter la sensibilité de  tous les gentils ressortissants de la CEE sur la corrida cachée de ses matadors pneumatiques et gratifié le gentil propriétaire soudain dépourvu d'affection pour son dada, de quelques euros salvateurs. La boucle est bouclée. Et où c'est-y donc qu'il serait approprié de fourguer le muscle équin haché menu sans faire avaler aux enfants des bobos parigots que le gentil Vidourle du poney-club a des chances de finir dans son petit ventrou ? 
Bolo, ravio, cannello, lasagno, moussako, boulo, ectero et si ça se trouve momo, fais gaffe, t'ont mis du porc dans ta Kefta.

18 commentaires:

el Chulo a dit…

si senor! du bon delon!

Anonyme a dit…

EXCELLENT !!! Si "Vidourle" se reconnait y doit bien se tenir, sinon ? : Findus !!!

Maja Lola a dit…

Du Delon grand teint ... succulent et savoureux.

Qui se souviendra encore, pour les générations futures, de ces fameux morceaux appelés communément "abats" et qu'une mamie nous a fait découvrir et aimer ... la petite cervelle saisie à la poêle et citronnée m'a donné l'eau à la bouche !

Anonyme a dit…

Wunderbar !

Anonyme a dit…

Tu aurais du appeler Patax pour foutre une fessée à la petite lozérienne qui n'osait rien.
Mais dis donc, c'est qu'il est très bien ton article et tu sais, tu pourrais presque remplacer le défunt Super-Indigné. Tu imagines tout ce monde à la Puerta del Sol réclamant le lapin au saupiquet et la bécasse au Roi Chambertin ?
Au fait c'est quand qu'on mange au mazet ?
JLB

Anonyme a dit…

Les Anglo-Saxons ne consomment ni nos lapins ni nos grenouilles mais ceux d'Amérique apprécient le serpent à sonnette ; nous ne voudrions pas du chien ou du rat. Les Japonais ont déjà fabriqué une protéine pour coller entre eux des morceaux de viande qui se rassemblent en un joli bloc pour tranche à griller! Et bientôt on apprendra peut-être que les farines ou chapelures contiennent des insectes broyés !
Le texte nous remplit de nostalgie mais après tout à chacun sa culture et ses bobos. Le pire ce sont tous ces mensonges de par le monde, insipides, inodores, sans saveur qu'on avale longuement sans avoir à mastiquer.
Gina

Anonyme a dit…

Eh oui, Gina, nous en avalons des couleuvres depuis des siècles !
En ce moment j'aimerais être chinois pour pouvoir bouffer du Taubira, le plus nuisible des serpents à sornettes.
JLB

Anonyme a dit…

Celui-là serait impossible à chasser. Trop coriace pour la consommation, on n'espère même pas en récolter le venin. Fatigué et mourant, il se redresse!
Gina

Anonyme a dit…

C'est pas moi qui l'ai écrit !!!! Je vous le jure !
JLB

Prière des seniors

Notre kiné qui êtes osseux,
Que nos articulations soient certifiées,
Que notre squelette tienne,
Que nos os emboités soient fermes
Sur la terre comme ossuaire.
Donnez-nous aujourd'hui nos massages quotidiens.
Pardonnez nous nos souffrances
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont chiropractés.
Ne nous laissez pas succomber à la décalcification,
Mais délivrez-nous du mal de dos,
Maintenant et Alzheimer de notre mort.
Abdomen.

Marc Delon a dit…

je changerais juste
"Mais délivrez-nous du mal de dos" en
"Mais délivrez-nous du cal"
excellent !

el Chulo a dit…

Tu refumes JLB? C'est pas des marlborro ça!
excellent!

Anonyme a dit…

C'est en faisant les poubelles comme a mon habitude que je suis tombé sur votre article d'une déconcertante stupidité.
Un article dont le seul et unique but est de taper sur le végétarisme comme d'autres s'abaissent a comparerles animalistes aux nazis.
Un article aucunement documenté puisque tout a fait partial et malhonnête du fait qu'il ne relate aucunement les aspects positifs du végétarisme ce qui aurait pu lui conférer une certaine crédibilité.
Bref un tissu de railleries pueriles et gnaises a l'image de son auteur.
Flaco.

Marc Delon a dit…

Cher Flaco rigolo, et comment s'appelle un type qui fouillant dans les poubelles espère trouver des pépites ? Un gné ? gney ? gnié ou gnais ? Il est temps d'être déniaisé : effectivement le plus souvent je ne me documente que dans mon cerveau : penser, ça s'appelle. Je n'ai certes pas grande Connaissance ou Culture (je mets des majuscules, je respecte...) mais je note que chez Klein qui en a, ça ne vous plait pas non plus. Heureusement, vous plaire n'est pas le but même si on est pas contre le végétarisme (sauf si vous voulez me faire manger des endives de force)surtout qu'on est pour la corrida ! Puéril et niais, c'est ce que je suis, soit ! Pensez-le, pourquoi pas...

Anonyme a dit…

Monsieur et Madame Flaco ont un fils. Plus tard il sera maçon. Pourquoi ? Pour que Flaco plâtre.
JLB du lundi

Marc Delon a dit…

Non c'est moi qui emplâtre ! J'ai passé la journée à reboucher les trous dans les murs de la chambre de ma fille : elle avait à peu près tout essayé pour démolir la maison. Refaire la déco à coups de marteau, cogner le lit contre le mur en sautant dessus à plusieurs copines ou cousines végétariennes, coller des stickers indécollables même en recrutant la chimie moderne, j'enduis je ponce, j'enduis je Ponce, j'enduis j'enrique Ponce, j'enduis por el bayo, con ayuda, en trinchera avec mépris et demain, je peins en sifflotant maintenant que je sais déplaire à un type aussi triste qu'El Flaco. "Vacances" parait-il que ça s'appelle ( oh trois jours ouvrables hein, pas plus) pendant que d'autres bouffent des steacks de caballos comac en restau d'altitude... Mon cabinet est plein de patientes de 7 à 77 ans qui m'adorent et me racontent la tristesse de leurs flacos sous contrat...

el Chulo a dit…

Qu'importe le Flaco, pourvu qu'on ait l'ivresse.
Le v'la quu'il fouille dans les poubelles. C'est pourtant pas un Flacochère.
Me fait bien marrer celui là tiens!

Pedroplan a dit…

Et pourquoi on n'irait pas manifester devant les restaurants végéariens ? Avec porte-voix, sifflets, insultes et tout le tremblement ? D'abord, c'est très -tendance d'aller emmerder ceux qui ne pensent pas comme nous. Et puis qu'est-ce qu'elles leur ont fait les petites plantes,pour qu'ils les brouttent comme ça ? C'est que ça a sa sensibilité, l'endive. Dailleurs même Marc n'en veut pas.

Anonyme a dit…

Heureusement que les niais-pas-idiots existent, qui disenr des vérités sans prêcher et sans moraliser à tout va. Ils nous amusent, pour changer!
Gina