mercredi 14 août 2013

Dangereuse Mansada de Dolores Aguirre

Ils n'avaient au comportement, aucune, même lointaine, ressemblance avec leurs frères de Saint Martin de Crau si ce n'est le fer sur le jambon : aussi fuyards et distraits que les cravenques étaient encastés et rivés fixement au combat. Pourtant, chacun d'eux, même le plus mauvais, présentait plus d'intérêt que le meilleur (moins pire...) des Fuente Ymbro de la veille. 

La différence c'est la présence d'un cerveau fut-il futile, de bovin. Entre un demeuré invalide et un couard vicelard qui n'en fait qu'à sa tête, il y a, justement, un cerveau et quelques idées qui l'animent ce qui donne une présence en piste, une lidia à développer, ce qui n'était pas le cas la veille. C'est pourquoi je me trouve si loin du ressenti de ceux qui ont pu trouver leur compte au solo de Fandiño. Comment des tauromaches avisés venus voir un torero du cacho, réputé sans concessions, tordeur de morrillo et dominateur dans l'âme, peuvent-ils avoir été séduits par un tel simulacre de combat ? Comment peuvent-ils se satisfaire d'un toreo de pico et de perfil et le qualifier de "bon" alors qu'il n'était tout au plus que malencontreusement "adapté" aux invalides qui sortaient pour qu'ils ne s'écroulent point ? Comment peut-on être friand de la vérité de ce torero et du combat, et trouver justifié cette stratégie continue de compensation ? A aimer la vérité, autant l'aimer jusqu'à l'os. On ne peut pas l'aimer "juste un peu" pour s'arranger avec elle. Ou ce n'est plus elle, mais l'idée subjective que l'on s'en fait. On bascule alors dans un autre monde. A aimer la vérité, autant abréger le simulacre de combat de ces invalides, tenter de leur donner les dix passes qu'ils avaient dans le ventre puis abréger, se confronter à la vérité de leur peu de force, quitte à créer le scandale qu'ils méritent, vider l'arène en une heure et quart, en tentant de sortir la tête haute, de six grands coups d'épées et basta. Sans doute ne suis-je pas assez fin pour éradiquer cet interrupteur qui switche malgré moi tout intérêt à la chose quand les toros font pitié. Mais la vérité a un préalable, armé et puissant, il se nomme toro. Sinon, le vide, aucune perspective, aucun sens, rien. D'ailleurs si Fandiño est vraiment le torero de vérité que l'on dit, s'il se vit tel que, peut-il sortir indemne de cette gentille adaptation théâtrale ? Quelle image de lui peut bien lui renvoyer son miroir ? 
Pourriez-vous les yeux dans les yeux dire à cette femme magnifique, ahuri devant sa plastique irréprochable qui vous mua en loup de Tex Avery dès que vous l'aperçûtes, que vous l'aimez alors que vous la trouvez inculte, idiote et vulgaire ? Oui ? Salaud ! Elle vous fait bander, un point c'est tout.

Bon, voyez, je l'ai faite ma resena du 10/08, finalement...

Pour le 11/08 Castaño finit en sucette au descabello, muant la nuque de son malheureux second adversaire en steack haché sanguinolent ce qui contrairement à ce que croient les antis déplait fortement au public qui le lui fit savoir bruyamment. Bronca Atlantique force 8.
Aguilar toujours petit et court de bras, - c'est sûr il ne grandira plus - n'en finit pas de se grandir devant les deux adversaires les plus hauts de la course comme de bien entendu. J'adhère au toreo de ce petit titan émouvant plein de pundonor.
Escribano pour sa présentation ici, voulut marquer les esprits et développa surtout à son second qui le permettait, tout son éventail pour y parvenir. Deux porta gayolas, banderilles au quiebro en plein centre, au quiebro al violin contre les planches, passes de cambio, gaoneras, manoletinas, etc... mais parfois désarmé et bousculé et finissant par une belle épée en place. Une oreille octroyée par le public suivie d'une autre, injustifiée, tardive, octroyée par une présidence hésitante sous la pression insistante du public, laissant donc par là, la détestable impression qu'elle ne lui appartenait pas.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Formidable les toros qu'ils arrivent à produire maintenant : ce jabonero à trois pattes dont une arrière médiane a été changé... tu m'étonnes, Bayonne...

Ludovic Pautier a dit…

la photo de cabacera qui illustre ton blog en ce moment, extra m'sieur Delon !( et ton bouquin -"pourquoi gnagnagna"- c'est bien, c'est reposant, un vrai livre pour mettre du sable en marque-pages).

ludo

Marc Delon a dit…

Aïe, un livre de plage... comme une arène de plage ?

Anonyme a dit…

Aïe,entre les tongs et la glacière ?
Entre le sauciflard et la Vache qui Rit ? Plein de taches de sardine à l'huile ?
C'est du Debout à Palavas-les-Flots !!!!
JLB


Marc Delon a dit…

Demain je rentre du pays basque et vous entretiendrai (peut-être) de Bilbao...
Pour l'instant vais essayer de digérer la chuleta de buey especial seleccion que la sidreria vient de me braiser...