Je
vais encore vous parler de moi… Et vas-y qu’il est narcissique, l’égotique de
service, etc, etc… que ne va-t-il pas encore se chuchoter… En même temps, un web log, un blog ou
« journal en ligne » n’est rien d’autre qu’un ‘’journal intime
diffusé’’, faudrait assumer un jour…
Mais il y a tellement de choses difficiles à assumer… Tiens, quand un type qui écrit, entend le mot
« écrivain » par exemple… crois-tu,
lecteur, qu’il bombe le torse et se promène
content de lui, en raclant la face dorsale de ses orteils comme Adam jouant
les macs sur le goudron ? (… ? … pour le Macadam… ça y est… ? non… ?
laisse tomber…) Bon, s’il est idiot, oui… mais sinon ? Sinon, s’il en tient
forcément un peu, mais pas trotrop, il ne le réalise pas, ne le prend pas pour
lui, n’imagine pas endosser sérieusement le statut. D’ailleurs, penses-tu
vraiment que dans la phrase : « Mais il y a tellement de choses
difficiles à assumer » un écrivain aurait écrit
« choses » ? Alors, tu me diras, lecteur perspicace : mais
s’il n’y croit pas lui-même… ?
Et
puis bon, qui est vraiment ce type ???
Est-ce
l’auteur sensible qui sut dépeindre avec délicatesse les amours improbables
d’un vilain nain torero rabougri avec une beauté altière et déliée ou le
chroniqueur insatiable capable de t’entretenir du dernier plug anal géant qu’Anus
et Uranus aient jamais vu s’ériger Place Vendôme au fil des siècles ? Cela
dépend dans quel esprit et cadre il écrit, on rappellera une autre fois la
dichotomie barthésienne, mais en gros, à l’écrivant, le blog, à l’écrivain la
nouvelle.
Eh
bien dans le cas d’un gus qui a du mal à endosser une veste estampillée ''écrivain'',
parfois certains y croient pour lui, et essayent sincèrement de le lui
faire admettre. Les Avocats du Diable
sont de cet acabit. On les croit mondains, ils sont passionnés. Ils te font
sentir qu’ils t’aiment. Ils ont compris quelle sorte de fragiles nous sommes,
malgré ce qu’on joue, de la moquerie à l’indifférence. Ils te mettent en lumière jusqu’à la gêne. Ce
n’est pas confortable mais, il en reste des particules nécessaires à ta
composition. (si t’as pas lu Houellebecq laisse tomber…) Ils te font croire à
toi-même. A chaque lecture publique d’un de tes textes, se dépose la même
pellicule de réalité sur ton propre cœur, que celle chaque fois déposée par la
mort d’un toro pour te faire admettre la tienne qui s’approche, inexorable. (lecteur,
lectrice, jouis de ta vie, viiiiite, j’te jure… fuis cet
écran et éclates-toi !) Sauf que là, c’est une pellicule de confiance,
pleine de vie, un voile subliminal léger, une cristallisation bénéfique. Sur le
moment, tu ne l’identifies pas vraiment mais tu en ressors plus motivé. En
repartant, tu te rends compte, mais trop tard, que par pudeur, tu n’es pas
assez allé au devant des gens.
Il
y a cette jolie et distinguée Sétoise qui trouve « intéressant »
d’être au contact des auteurs (‘di diou,…vite, qu’est-ce que je pourrais dire « d’intéressant »
qu’elle ne soit pas venue pour rien) il y a cette femme venue au buffet te décocher
dans le buffet de ton ego un encouragement piquant, cette autre sur le balcon
qui t’adresse un chaleureux : « et continuez surtout, hein… » comme
si c’était important pour elles, comme si elles avaient identifié que c’était
important pour toi. Sachez mesdames les diablesses, (les messieurs eux, s’abstiennent, ils
sont en compétition…) que malgré les maladresses polies bredouillées à ce
moment-là, ces petites phrases sont tout sauf anodines, qu’il est très émouvant
d’entendre résonner en vous l’écho de ce qui s’écrivit dans la solitude. Ca fait plaisir, on n'a finalement qu'un petit cœur tout mou, vous savez... Alors merci.
Eh donc, comme ça, tu serais un ''écrivain'', marcus ? C’est quoi cette consonance
qui tue à la fin du mot… vain… comme s’il était illusoire de le croire, de
l’imaginer. Tu as commencé tellement tard, que de temps perdu… Je me souviens
de cette libraire qui me complimentait : crois-le ou pas – je te tutoie lecteur, maintenant que nous sommes
intimes - j’ai longtemps été persuadé qu’elle se foutait de moi. Je me souviens
de cet article de Durand qui citait d’un ton badin « l’écrivain nimois marc
Delon… » (il déconne ou quoi… ???) j’étais un peu resté à l’arrêt sur
sa ligne, comme ''Iron'' mon chien, sur une place chaude désertée par la
bécasse, essayant de découvrir où était l’embrouille…
Parce que, si tu veux,
tant que je passe plus d’heures à masser qu’à écrire, j’aurais un peu de mal à
le croire. Dans ma conso perso à l’année, y’a des hectolitres d’huile à l’arnica
et quelques décilitres d’encre… vouais, mon rendement kinésithérapique est
autrement plus élevé : je pratique plus de douleurs que de métaphores,
plus de… ok vous avez compris pas la peine de s’étendre, sauf tout nu sur une
de mes tables, ah,ahaaa… on bouffonne moins, là , hein… ?
Bref,
si tu crois que je viens dans ces petites sauteries en me la ''pétant GRANTECRIVAIN
grave'', tu te vautres le paragraphe dans le dictionnaire jusqu’à l’explication
de texte. Surtout quand le lecteur a la bonne idée de t’appeler dans l’après-midi
pour te demander de lire la fin avec lui. Toi qui pensais jouir de ton texte
bien à l’abri. Puis quand Béranger démarre, pulse de la syllabe de sa grosse voix,
emplit le volume de la pièce de tes mots, sature l’espace de tes trouvailles,
fait craquer les moulures de tes cagades et fait se décoller les faux plafonds
en stuc de tes invraisemblances, tu te dis qu’au comble du ridicule tu vas
sembler un eunuque au parloir, toi…quand il va s’agir d’articuler…
Le
Béranger, il est redoutable, il te le gobe, ton texte, te l’ingère, te le
digère et te le ''turborétropulse'' si bien, que tu découvres un truc inédit avec
des surprises. Il interprète, quoi. Je pense d’ailleurs qu’à 95% le crépitement
des applaudissements lui sont attribués ! (il est bon le salopard…non
seulement tu chopes les suées froides dans la triste solitude nocturne
pour inventer des lignes immortelles – quasi
- mais sur le fil, et même pas en loucedé, un fort en gueule vient t’en
souffler les honneurs !)
Bref,
nonobstant l’incessant rappel préliminaire de tes nombreuses places de
finalistes du PH qui ne sont que la confirmation douloureuse de la constance de
ton plantage permanent au truc – lol - tu remercies le staff – merci – tu dis
aux gens à bientôt j’espère – à bientôt j’espère – et tu ne peux que bêtement ''psychoter''
quand plusieurs personnes te font remarquer qu’à l’applaudimètre… ce qu’il faut
d’urgence relativiser ceci pouvant être dû à l’ordre de passage, à la position
de la lune par rapport aux auditeurs, à la phase en cours de leur digestion, sans
compter que Sheila vendait plus de disques que Léo Ferré, Mouloudji et Reggiani
réunis, ce qui est quand même un critère qui, s’il ne nous rajeunit pas, nous
édifie.
Bises brandade et tapenade.
7 commentaires:
Marc il ne te manque plus qu'à ouvrir La Bodega de l'Ecrivain pour les prochaines ferias...
Un très bon plan en réalité : abandonner la maladie, le handicap, la mort, faire un maximum d'argent sur un minimum de temps tout en dansant et écrire le reste de l'année...
Seulement voilà, je n'ai jamais été doué pour faire de l'argent...
Pour le local, tu prends la librairie Teissier (ou Goyard si tu es plus ambitieux), tu mets Modiano, Echenoz et Le Clézio à la plonge, Sollers en cuisines avec un joli petit tablier, et le petit père d'Ormesson derrière le bar : je le vois bien servir le pastis au kilomètre, celui-là. Et le tour est joué, te voilà riche. Reste à trouver quelqu'un de confiance pour le tiroir-caisse.
Que l'auteur soit intimidé, inquiet, quand devant lui s'étale ce qu'il a conçu dans sa solitude, on le comprend.
Mais la soirée-lectures lui permet de rencontrer ses lecteurs, de ressentir leurs émotions et par là même, de mieux apprécier et juger son texte.
Lu, le texte permet aux lecteurs, en tendant l'oreille de se laisser porter par un beau timbre de voix - dont Marc signale ici toute l'importance -, de se laisser surprendre par des nuances qui, à la simple lecture auraient pu échapper.
Après, on sait mieux si on poursuivra ou reprendra la lecture ou si l'aventure va s'arrêter.
Quand il y a, comme au cours de cette soirée, plusieurs lectures, toute comparaison est permise et s'ouvre vers d'autres découvertes.
De plus,comme le dit très bien Marc qui a repéré les belles femmes de l'assemblée, dans une atmosphère arrosée et ludique, l'auteur entend des appréciations, trouve des occasions de parler, de s'expliquer, de discuter.
Finalement auteur et lecteurs sont également sortis de leur solitude.
Gina
Pour le tiroir-caisse je verrais bien un humaniste de gauche pour qu'il pique dans la caisse avec de bons sentiments tout en expliquant que le profit et la propriété c'est caca
Quel dommage, terminer par un tiroir-caisse !
Gina
Oui, la chute est un peu caca. La fatigue je pense!
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