lundi 26 janvier 2015

Bosque Ardora dixit Maja Lola

Z'avez vu ? Ca a pas traîné... L'Espagnole savante a embisté aussi sec... Le remugle bestial... la sexualité sylvestre... l'enchevêtrement corporel... les petits cris du marécage... elle est sortie du bois des fantasmes chaude-bouillante la Lola... ;-)   
 
Il faut déjà accepter que le flamenco puisse être multiforme (divers « palos », influence d’autres musicalités et expression d’autres régions et terroirs du sud et du levant) et il faut surtout admettre qu’il est « vivant » et donc évolutif et surprenant dans son enrichissement progressif et, espérons-le, sans fin ….

Ce festival nous a d’ailleurs donné une belle démonstration de ce métissage. Sonorités arabo-andalouses (oud et canun) accompagnant El Lebrijano, cuivres, piano et violon avec le fougueux El Grilo …)

De même, dans le domaine de la danse, si tu comptes réduire le Flamenco aux volants froufroutants à pois et aux zapateos, je ne m’étonne pas que tu te vautres  avec ironie dans les descriptions ridiculisant les sourcils Frida Kahlo de Rocío et les olfactions bestiales de l’animal traqué.

Et tu n’as retenu que ça, vil coyote ?

Et sa gestuelle ? Et ses enchevêtrements sophistiqués et étourdissants des corps ? Et la rythmique du mouvement en totale communion avec la musique et les cris et bruitages de la mystérieuse forêt ? …. L’illusion d’odeur de cet humus sylvestre se répandait presque dans la salle.

Oui. J’ai adoré. J’ai aimé dès le début la mise en scène originale par la projection plein écran des étendues d’eau clapotant, du galop sauvage de la cavalière et d’une forêt mystérieuse et embrumée se faisant écho de cris d’animaux.

J’ai trouvé beau le décor scénique dévoilé ensuite dans des teintes et frondaisons automnales (et oui, même l’arbre à l’envers, m’a semblé singulier par ses racines curieusement aériennes) donnant ainsi la profondeur et la dramaturgie à la chasse onirique qui allait se dérouler sous nos yeux.

Bien sûr, j’aime aussi le flamenco que tu décris. Le classique, celui qui se danse après un apprentissage et une passation et transmission dans les tablaos et les corrales, celui qui naît d’une impulsion quasi-génétique, spontanée et naturelle, qui sort des tripes ….. mais devant l’énergie créatrice de ce petit bout de femme, la virtuosité de chaque mouvement de son corps et, surtout, la gestuelle tellement surprenante, novatrice et époustouflante, j’ai effectivement été séduite et emportée par ce phénomène incandescent et animal.

Je parie que cet animal monstrueux et fascinant ne doit pas être encore répertorié en zoologie … qui sait, peut-être une mutante. Mais pourvu que de telles mutantes peuplent encore les forêts.

6 commentaires:

el Chulo a dit…

N'empêche que la française d'origine espagnole,, de religion catholique t'en a mis un vieux coup dans le carafon.

Je me garderai bien de porter un jugement, ne connaissant rien au flamenco, et le regrettant, mais pour moi et jusqu'alors, le flamenco, bien loin des robes à frou frou était une expression du sud de l'espagne ou rayana avec de fortes incidences mores.

Mais, me semble t'il, cet art très hermétique qui ne peut parler qu'à l'âme des initiés ou des génétiquement prédisposés, a de fortes relations avec les toros et une vision spéciale de la corrida, peut être la seule défendable.

Un ami que je ne citerai pas, me disait parlant d'un autre sujet que Nimes aimait les espagnolades plus que l'hispanisme.

Ce qui expliquerait certaines exagérations.

Maja écrit merveilleusement bien, et, qui plus est, formidablement intelligemment ce n'est pas nouveau, et vous retourne les mots comme des crêpes, comme ma carmen, qui j'en suis sûr croit aux mutantes.

Au risque de décevoir Maja, et sans connaître le sujet je le répète, je me demande si le flamenco n'est pas seulement le dénuement, les voix "noires" de garcia lorca, ou la argentina que sanchez mejias finançait.

Tout simplement et dans son infinie complexité, l'expression favorite du duende, donc, forcément rarissime, exigeante, fière dans le sens de "sauvage" et possession exclusive des "moros", au sens espagnol.

Plus curieusement, Maja n'est pas gitane , enfin je ne crois pas. Elle est de la terre de Miguel Hernandez, peut être le plus grand poète espagnol.

Carmen dit que "muchos espanoles son moros".

Bravo ma lola pour ce magnifique écrit. Mais bon, l'universalité du flamenco me paraît un concept difficile à soutenir.

gina a dit…

Lola a revécu son spectacle en martelant avec passion son clavier, pour notre plus grand plaisir.

Marc Delon a dit…

Mais moi les vieux coups dans le carafon je les publie quand même car je suis POUR la liberté d'expression... mieux, je la sollicite, la preuve.
Ce qui est loin d'être le cas de tous les blogs !!!

quant aux espagnoleries ce n'est qu'une interprétation car on peut être pur et profond t fondamentalement hispanique au contraire

el Chulo a dit…

Le vieux coup sur le carafon c'était une boutade, de dijon ou autre. De plus, s'agissant de censure il ne peut s'agir de moi, je dors tranquille.
Le flamenco, ou ce qu'on appelle flamenco m'est toujours apparu comme une terre inconnue, et je le regrette.
je regrette en tous cas si je t'ai blessé.

Marc Delon a dit…

Noooon.... no pasa nada chulo...

Marc Delon a dit…

Ma petite Lola flamenquita comme je t'aime quand tu me recadres... tu es mon complément parfait, en terme de resena s'entend, que Mr ne s'inquiété pas, tes arguments éclairés me donnent encore plus envie de déraper dans mes délires.
Faudrait que je trouve ton ''pendant-corrida'' et ce blog serait -presque- parfait...!