lundi 7 septembre 2015

SANS TITRE




Je n’ai eu que quatre maîtresse depuis que j’ai l’âge de virilité ; c’est peu en regard des innombrables garçons avec lesquels j’ai fait l’amour, et, pour dire vrai, je le regrette. Je sens constamment tout ce qui me manque à vivre sans femmes, et qu’une connaissance extrême, corporelle, de l’humanité ne s’acquiert qu’auprès d’elles. J’ai mesuré la vanité d’une chair qui ne se perpétue pas dans la chair ; et dans l’orage qui parfois m’entourait de toutes parts, les éclairs illuminaient ces cavernes désertes et glacées où se promène le Solitaire ; qu’une main de femme m’eût été douce au front, que j’aurais aimé la voix d’une femme qui dit « mon ami » et qui veut dire « mon amant », ce vouvoiement qui tutoie ; que j’ai souhaité de rencontrer ces dévouements absolus et concrets qu’on ne rencontre que chez les femmes, cette soumission de l’esprit qui est une sorte d’esclavage librement consenti, ces attachements fervents et durables qui font qu’une femme marche, trente ans, appuyée au même bras. Ce besoin qu’à tout homme d’être le Dieu de quelqu’un et qu’exauce une femme en laquelle brûle le besoin complémentaire de veiller en vestale au temple de l’amour, ce besoin d’être aimé, admiré, approuvé à coup sûr, que toutes les femmes n’assouvissent pas sans exception, mais qu’une femme seule peut assouvir, je l’ai vivement éprouvé. 

                                                                                           Maurice SACHS

1 commentaire:

el Chulo a dit…

Quand même, je ne connais pas ce Maurice sachs, mais je me demande qui est ce "solitaire" dans les "cavernes désertes et glacées"!Brrrrrrrrrrrr!!!!