samedi 7 mars 2009

Jean Paul Journot : Adieu Petit Nono





Je peux dire que Jean Paul Journot et moi nous nous connaissions "de vue". C'est vraiment le terme adéquat. Même si je n'ai pas grand loisir de me promener dans Nîmes, je le croisais à l'occasion, un peu partout. A croire que nous avions les mêmes circuits et nous supposions donc tacitement avoir des goûts en commun. A l'entour des arènes de la région principalement, puis dans notre ville, aux halles, au marché aux puces, à la brocante, sur les boulevards de l'écusson. A force de se croiser, on a échangé un sourire de connivence au début et puis on s'est salué normalement et un jour, aux puces, d'où je repartais avec cette photo ronde, il arriva en face de moi en pointant un doigt dans sa direction. Je la lui montrai : vous avez-vu ce que j'ai trouvé ? Un beau derechazo de Christian avec une dédicace d'Alain qui remercie un toubib d'avoir soigné son frère... Jean paul Journot la jaugea une seconde et puis je pus me rendre compte de l'aficion qui l'animait. A moi, qui ne retiens bien souvent d'une course qu'une vague impression, une émotion, un détail, il précisa de quelle blessure, de quelle course, de quel cartel, de quels toros, de quelles circonstances, de quelles lésions, de quel chirurgien il s'était agi. J'étais stupéfait, un vrai savoir encyclopédique ! Tout juste s'il ne m'indiqua pas la couleur des cheveux de l'infirmière.


Ces jours-ci, j'avais lu qu'il donnait un spectacle, "Petit Nono" que je comptais aller voir. Je regrette de n'en avoir pas eu le temps. Il n'en aura donné que trois représentations : un matin, le journal nous apprenait qu'il avait tiré sa révérence. Je constatais alors que cette nouvelle m'attristait comme s'il avait été un de mes copains parti trop vite, dont je ne croiserai plus la tête familière dans le paysage nimois. Aussi ai-je voulu vous en parler. On ne devrait jamais reporter au lendemain ce que l'on veut dire ou faire. C'est de ce laconique pessimisme que je ne voulais pas ternir ma phrase du message "C'est le Printemps" d'il y a peu ; quoi de plus triste que de mourir au printemps où tout renait ; aujourd'hui, je la termine :


Quand les crépuscules de la maestranza seront bleu marine et emporteront dans le même maelström les parfums des femmes et les volutes des havanes, chaque faena, chaque émotion, passe après passe, estocade après estocade, nous fera petit à petit admettre que bientôt la mort viendra nous prendre.


C'est ce que je voulais écrire.


Je joins l'article de Roland Massabuau paru dans Midi-Libre (ainsi que la photo) qui retrace son parcours :

Jeudi soir, il avait donné, au Télémac, devant une salle pleine et secouée de rires une nouvelle fois, la troisième représentation de son spectacle Petit Nono, one man show humoristique et truculent inspiré de la vie nîmoise et de ses habitants, et ses sketches, toujours liés à l'actualité, avaient encore confirmé toute l'imagination, la verve et les intarissables ressources de son imagination. Quelques heures plus tard, Jean-Paul Journot décédait, victime d'une crise cardiaque.Très attaché à sa ville et à ses racines, le comédien, aficionado dès son plus jeune âge et doté d'une infaillible mémoire relative aux innombrables corridas auxquelles il avait assisté, était un homme de culture et de spectacles.Brocanteur et collectionneur d'oeuvres d'art, féru de littérature, Jean-Paul Journot avait eu, dès son enfance, une fascination pour la scène. Plus tard, sur les plateaux de théâtre ou devant les caméras, il eut maintes occasions de vivre sa passion.Participant à une vingtaine de productions musicales, tournant dans des films réalisés par Claude Lelouch (La belle histoire) ou Jean-Paul Rappeneau ( Le hussard sur le toit) et des productions télévisées, le comédien nîmois avait également joué dans de nombreuses pièces et adaptations théâtrales, sous la direction d'Antoine Bourseiller notamment.Personnage nîmois, il avait, l'été dernier, au musée du vieux-Nîmes, proposé un spectacle intitulé Anecdotes nîmoises, avant-goût de ce Petit Nono qui vient de le voir, avec drôlerie, émotion et sensibilité, dire adieu à sa ville.

1 commentaire:

sophie a dit…

Je suis très triste; je le voyais très souvent puisqu'il venait d'ouvrir une galerie d'art à 20 m de chez moi; nous avons encore blagué ensemble la semaine dernière.
Il me restera de lui toute sa jovialité.......
Adieu Jean-Paul

sophie