samedi 9 mai 2009

Je l'aimais



Un film de Zabou Breitman d'après le roman éponyme d' Anna Gavalda
Synopsis : En une nuit, Pierre va partager avec sa belle-fille Chloé ce grand secret qui le hante depuis vingt ans, celui qui le mit face à lui-même, à ses contradictions et à ses choix, à son rôle d'homme et à ses manques. Le secret de son amour pour Mathilde, pour lequel il n'a pas tout abandonné choisissant une route plus sûre et connue. En une nuit, nous saurons la vie d'un homme qui n'osa pas.
(source : PREMIERE)

Un homme qui n'osa pas sauter le pas séparant une vie de couple à l'étuvée, d'un grand Amour dont le danger et la beauté claquaient au vent de la liberté, incarné par Mathilde (Marie-Josée Croze). Un grand amour qui s'abattit soudain sur les abattis de Pierre (Daniel Auteuil) pas préparé à vibrer de la sorte. Zabou Breitman surprend agréablement par le traitement de cette histoire pour une fois plus décevante dans les pages parfois un peu niaises du roman que sur la pellicule.
En se confiant à sa belle-fille fraîchement plaquée par son fils, cet homme va petit à petit révéler les bonnes questions qui se heurtent toujours à la pression sociale, à la lumière de son vécu :
A-t-on le droit de se tromper ?
Etait-elle si sûre d'être aimée si bien ?
N'est-ce pas plutôt une chance pour elle d'être libérée d'un homme qui ne l'aimait pas ?
Cela n'ouvre-t-il pas au contraire la possibilité du grand Amour ?
Se dévoilant au fur et à mesure de sa narration, le héros va aller au bout de l'amertume d'un constat sans concessions :
''J'ai laissé partir l'amour de ma vie et abîmé irrémédiablement une femme''
''Ah certes, j'ai gardé la maison au bord de la mer, j'ai gardé le bel appartement parisien, j'ai gardé les enfants autour de moi, j'ai tout gardé, même la bonne viande du boucher du quartier, mais j'ai perdu Mathilde, mon Amour''.
Et c'est devenu la cause du désespoir d'une vie, d'un désarroi chronique, d'une tristesse inconsolable au corps et au coeur, d'un dégoût de soi-même presque, de ce non-choix médiocre préservant la médiocre sécurité bourgeoise d'une vie ordinaire. Avec un Daniel Auteuil surjouant parfois, il est facile de tomber amoureux de Mathilde si naturellement belle et simple, si féminine dans sa robe rouge quand il la contemple slalommant entre les tables d'un restaurant, jouissant de sa belle allure, heureux de se dire ''elle est à moi'' quand de mâles regards s'appesantissent sur sa silhouette.
Seulement voilà, il vient toujours un temps où l'homme ne se déterminant pas, la femme est déçue, où les ''je t'aime'' et les ''tu es la plus belle'' ne suffisent plus à l'oiselle en phase de nidification avancée...
Alors, puisque telle est la prédisposition génétique, elles se mettent en tête de se reproduire avec leur amoureux, ou, éventuellement avec un autre, pourvu que naisse leur bébé à elles...On ne peut pas vraiment les blâmer.
C'est ainsi qu'au chagrin de l'avoir perdue, se rajoute un jour l'impossibilité d'aimer cette jolie petite tête blonde de cinq ans dont la lumineuse Mathilde aperçue au hasard d'une rue, se trouve flanquée. A cet instant le sexe fort est bien plus fragile et désemparé que celui qu'il qualifia de faible pour se rassurer. Il n'a plus alors qu'à observer le déhanchement magique d'une Mathilde s'éloignant dans l'allée arborée et réaliser la perte de ce bonheur promis noyé dans les larmes de Pierre auxquelles se joindrait volontiers la solidarité des nôtres, s'il ne restait en suspens la ''question qui tue'', celle qui ne peut manquer de venir à l'esprit de l'homme sensé :
La relation avec toutes les "Mathilde'' du monde, épisodique et passionnelle, érotique et fusionnelle n'est-elle pas forcément idéalisée pour n'avoir jamais été confrontée à la redoutable érosion de la routine journalière ?
Une question essentielle à laquelle ni Anna Gavalda ni Zabou Breitman n'ont voulu se frotter et à laquelle cependant, tous les couples se piquent...
Il reste que, dans l'amour comme dans la corrida, de l'importance des enjeux, naît l'intensité des émotions. Alors que choisir ? C'est toute la question à laquelle Pierre, Paul et Jacques, tout un chacun, sera vraisemblablement confronté un jour. Suerte a todos !

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Très beau film grâce au jeu des acteurs. Finalement la situation des personnages, on l'a tous plus ou moins vécue. On ne bouleverse pas toujours sa vie parce qu'on est amoureux. On souffre de renoncer, c'est sûr, on n'oublie rarement, on garde les souvenirs, on en vit.
Et dans un couple pourquoi toujours parler d' usure, jamais de plénitude?
Gina

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec Gina!
On peut très bien renoncer à quelqu'un dont on est amoureux et ce, quand on entrevoit avec beaucoup de lucidité qu'on n'aura jamais une vie de couple épanouissante avec cette personne. Cela ne rend pas malheureux,cela permet juste de savoir ce qu'on veut et ce qu'on ne veut pas.Beaucoup croient que l'amour au sein d'un couple est la persistance de l'état amoureux ,c'est une erreur qui mène à la rupture inévitablement.Or c'est une des transformations possibles de cet état amoureux qui est viable dans le temps et qui mène à la plénitude dont parle Gina et pas à l'usure dont parle Marc.Se marier quand on est amoureux est donc très mauvais pour la survie d'un couple ,puisqu'on ne sait pas ou on ne veut pas savoir ce que sera la transformation de cet état .
isa de l'aude

Anonyme a dit…

Le film est bien.
Mais aller chercher un texte d'Anna Gavalda! Faut être tordue.
Xavier

Anonyme a dit…

Je ne pense pas qu'il ait fait ce choix pour conserver maison, boucher... mais pour PRESERVER sa famille, par respect (mais si, ce mot existe encore du moins je l'espère) pour sa femme, pour conserver un couple parental à ses enfants, parce que nous savons tous que l'amour passion ne dure que très rarement! Le seul "reproche" qu'on peut lui faire c'est de ne pas avoir vraiment assumé son choix et d'avoir trainé une image de bonheur qui n'aurait peut-être jamais existé, au lieu d'aller de l'avant et de vivre à fond son couple et sa famille. Il est resté sans être là et, du coup, il a tout perdu : et son couple, et ses enfants, et son amour ... Quand on fait un choix aussi crucial, il faut le faire vraiment et l'ASSUMER. Autrement il n'est que déchirement pour soi et pour les autres.

Anonyme a dit…

je le lui ai toujours dit d'ailleurs : chérie, je t'aime trop pour t'épouser !

Marc Delon a dit…

Ah bon ? J'ai parlé d'usure, moi ? je n'use que si l'on se sert (de moi...)
plénitude du couple, plénitude du couple... celui constitué avec mathilde ou celui avec sa légitime ?
Et qui définit quoi comme critère permettant d'accéder à la plénitude ?
Est-ce vivre d'intenses émotions érotico-affectives qui sont le sel de la vie ou est-ce atteindre si parfaitement la sagesse que l'on n'y soit plus soumis ? (régime sans sel...)

isa... je ne commenterai pas ton commentaire mais... comme je te connais un peu, y'aurait des choses à dire !!!

Anonyme a dit…

Je ne dirais pas qu'on se marie ou qu'on vit longtemps en couple (pas grande différence!) sans avoir été amoureux au départ. Ce qui est sûr c'est qu'on reste quand même toute sa vie -je crois- des amoureux en puissance...Usure, sagesse, qu'est-ce que ça vient faire ?
Le désir dure comme la vie, même si une passion ne dévore plus au point de tomber dans les excès cinématographiques ou autres (ce qui d'après les spécialistes qui voudraient mettre l'essence humaine en équation, ne dure qu'une soixantaine de jours). Faut-il absolument se jeter en furie amoureuse sur son partenaire pour vivre un amour ?
Gina

Anonyme a dit…

Plénitude : qui se répète, s'engendre de lui-même dans la confiance, l'abandon, le naturel,le plaisir, au fil du temps et n'importe quand...
Dans le film, atteinte finalement avec personne.

Marc Delon a dit…

Et si la plénitude de l'un n'est pas la plénitude de l'autre ? Si l'un se réalise en allant immuablement passer l'été au camping de l'Espiguette pêcher la dorade, griller des merguez et faire la pétanque avec les voisins et que l'autre veut parcourir le monde, visiter les musées d'art contemporain, faire des expériences nouvelles ?
Ou si on n'avance pas à la même vitesse ni pour les mêmes centres d'intérêt ?
Si l'un a besoin qu'on lui foute la paix et que l'autre est demandeur des émotions intenses qui forgèrent ses premiers émois ?
Si... y'en aurait des pages, n'est-ce pas ?
Au fait la pratique sexuelle est-elle nécessaire et indispensable à l'union d'un homme et d'une femme pour que celle -ci puisse être qualifiée de ''couple'' ? Le couple en est-il un quand le désir et l'amour physique sont absents ? Parce qu'il y a sur la toile des sites qui regroupent des "asexués" trés fiers de l'être... certains projettent même de vivre ensemble et de s'épanouir sans se toucher jamais : chouette programme ?
Paradis authentique ou bonheur artificiel ?
C'est le printemps, non ?

Anonyme a dit…

Plénitude c'est un grand mot, je dirais une espèce d'équilibre qui convient aux deux, l'un respectant tous les « si » de l'autre qui n'a pas envie d'étouffer, et les deux se réservant de vrais moments à partager, des projets communs à échafauder. Il doit en rester chez tous les couples et peut-être sans sexualité, mais avec de la tendresse, beaucoup de tolérance ou simplement de l'amitié puisqu'il faut de tout pour faire un monde.
Gina

Anonyme a dit…

En tous cas et si je peuis me permettre malgré mes propres penchants hédonistes, Gina me semble dans ce débat incarner la sagesse évoquée plus haut. Avec beaucoup d'humanité tout simplement
Benjamin

Anonyme a dit…

Ce film est trop long à démarrer!
Sinon dans la vie, y'a son conjoint, et puis des tas de tentations perpétuelles qui volètent autour...
L'éternelle question est "y goûter, ou pas?"
isa, l'autre, du Moun.