vendredi 22 mai 2009

Sang, sueur, passion, larmes, rires et danse : la vie


Ce post est impudique. Ce reportage ne concerne que les "Amis de Pablo Romero" et cette famille à laquelle ils se sont adressés. C'est une belle aventure humaine autour d'une histoire finalement triste qui ne vivra plus que de souvenirs. Les toros ne sont plus ce qu'ils étaient, la famille a perdu l'élevage, à tous les sens du terme la fortune a changé de main. Seulement voilà, parce que ces toros sont parmi les plus beaux de la planète, parce que cet élevage restera quoi qu'il advienne y compris éventuel complet étiolement assumé, une primordiale contribution à l'histoire de la tauromachie, il nous a semblé important de porter au plus haut de nos forces la mise en valeur de ce patrimoine. Et c'est à nous et à notre passion manifestée que cette famille a confié le fond concernant toute l'histoire de la ganaderia. Si les toros s'appellent maintenant "Partido de Resina" du nom de la finca où ils naissent, c'est qu'ils n'ont pas voulu vendre leur nom avec leurs biens, un patronyme qu'ils ont jugé digne de nous confier. Je sais, c'est un peu grandiloquent mais personne n'est obligé de pleurer avec nous. Car on en a vu des yeux rouges, des rictus d'émotion, des face à face intenses, des têtes qui se détournaient au creux d'hospitalières épaules quand mon objectif voyeur s'approchait. Chez cette famille espagnole tout d'abord, découvrant avec quel soin on exposait son histoire et puis le fait d'avoir baptisé cette salle du nom d'Hervé Gabourdès, cet ami qu'un avion ne voulut pas nous rendre, disparu avec sa femme et ses enfants. Alors avant, assis sur les bars ou les chaises pliantes vertes qui pincent les culs, on a écouté l'assemblée générale d'une oreille impatiente puis on a montré et découvert notre petit musée personnel. Et pendant ce temps, par une fenêtre, je voyais les enfants s'approprier l'estrade abandonnée par les adultes. Je voyais ce garçon tout de jaune vêtu (blasphème, sacrilège et mauvail oeil tauromachique, le jaune...!) jouer sans vergogne avec le toro "empaillé" que partout ailleurs il serait interdit de toucher. Nous on rafistolera si besoin. Et puis on est redescendu, on a bu et on a mangé et bu encore et on a ri et on a dansé des choses légères, des Sévillanes, parce qu'on ne peut pas être profond tout le temps, parce qu'il faut bien évacuer les tensions, on a parlé toro encore et encore jusqu'à s'essouffler, on a projeté des images, écouté de la musique, parce que l'âme espagnole est grave et festive et répond à cet écho confusément vibrant en nos poitrines, se sentir vivant, être heureux que la mort nous laisse un répit, on parlait tellement qu'il fallait bien boire de temps en temps et puis trinquer avec les amis et se remettre à danser où assurer les palmas pour s'enivrer de l'ivresse des autres, pour capter les étincelles des regards, toutes les forces de vie disponibles, les pousser, les soutenir, les porter si bien que soudain une toute petite fille est sortie du rang pour lever les mains aux cieux et cueillir le fruit comme elle l'avait vu faire par les femmes et alors quand on a vu s'avancer Jaime pour danser avec elle, on a su qu'on avait peut-être pas fait tout ça pour rien, qu'on avait réussi le passage du témoin, que longtemps encore on entendrait parler des Pablo Romero, aussi un peu, grâce à nous.























































































































3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous en avez fait des travaux depuis ma visite...
isa du moun

Ludovic Pautier a dit…

l'endroit semble magnifique. j'y ai mis les pieds il y a longtemps, au début à une feria de carnaval. je ne savais pas que c'est une ancienne synagogue . tu peux nous en dire plus...?
abrazo.

ludo

Marc Delon a dit…

Dans ce lieu il y avait des ateliers, des garages, une boulangerie et son four, une cour intérieure, et une synagogue, le tout appartenant à la famille Benguigui qui nous l'a vendu à un prix sympathique et avec des délais et même un prêt personnel trés amical. Bartolotti notaire directeur de TOROS nous a offert sa prestation, des entrepreneurs nous ont réalisé toujours par aficion des travaux à prix coûtant, etc, bref ça commençait bien... Et on a utilisé les compétences professionnelles des membres : un soudeur nous a fait les portails, l'archi les plans, le pépiniériste à planté l'endroit etc : une belle aventure
Au tout début tout le monde a mis sa salopette, détruit les garages et ateliers, tout vidé et évacué, rotation de camions et de bagnoles perso pourries à cause des gravats... et l'espace enfin vidé on a commencé à réaliser qu'on avait pu acquérir un super endroit ! Pour remercier la famille Benguigui de ces facilités de paiement, on les a assurés que nous conserverions l'étoile de David et que nous affecterions ce lieu à un destin noble. Parole tenue.