Sopo et soso en el ruedo... Soso tombe, allo ? Que reste-t-il ? Comment ! Oserais-je émettre des réserves sur la maxima figura qui triomphe partout depuis plus de quinze ans ?!? Mais qui suis-je, moi, revistero de pacotille pour contester par ces lignes, publiques qui plus est, le triomphe absolu vécu par l'immense majorité d'un public transporté d'allégresse, quasi vertigineux devant l'arc-en-ciel de suavité déployé par "el rey del ligazon" , "el campeon del temple", "l'Hidalgo des ayudas por alto" ? Soporifique le toreo de Ponce ? Une faena bi-pavillonaire ici constestée par un cuistre se voulant plus connaisseur que l'unanimité ? Fichtre ! Diantre ! Vertubleu ! C'est un éclair de lucidité d'André Viard rapporté par el chulo dans un commentaire sur Camposyruedos, qui me donne la matière et me lance à l'assaut de cette idée toujours éprouvée en observant Ponce toréer. Il disait à peu près :
"Si lidiar est l'art de réduire et d'amener un toro à la mort, le toreo moderne de Ponce est l'art de faire durer"
Faire durer ... un toro faible...? C'est bien ça ? Aaaah.... je comprends mieux.... ça m'étonnait aussi, ce virtuose qui me laissait toujours froid. En fait, c'est un confrère de ruedo. Eh oui, il est dans le ruedo le Kinesiologo que je suis dans la vie. Il gère au mieux l'état du souffreteux qu'on lui confie, règle sa déambulation, atténue ses mouvements parasites, régule sa respiration, dose ses efforts. On a souvent qualifié son toreo "d'infirmier", je le vois plutôt rééducateur. Chaque passe du masajista est un onguent réparateur, voire une psychothérapie visant à la récupération de la confiance du toro en son statut de "fauve".
Allez, viens, je ne te ferai pas de mal, tu verras. Je te soignerais même, en bon fisioterapista (je ne suis pas sûr de la traduction de "Kiné" alors j'utilise tout ce que j'ai trouvé...) Ne pas brusquer, surtout ne pas peser, ne pas contraindre, toujours aider, par le haut, toujours profilé, toujours du pico pour que la muleta n'oblige pas trop... Toujours privilégier l'illusion et la posture. Sait-il arrêter de péguer des passes pour toréer vraiment ? Evidemment qu'il sait. On l'a vu à Madrid ou a Bilbao se comporter autrement plus crânement face à de redoutables cornus. D'où la sensation de gâchis . C'est le plus désolant des contre-sens tauromachiques que ce privilège des plus doués à affronter des toros mous. Là, c'est du théâtre, du festival, de la démonstration, on vient toucher les dividendes d'une longue carrière dans ces arènes d'une catégorie disons pas très catégorique. Il doit souvent toréer avec Conde, non ? On a reconnu des similitudes, la flexion d'un poignet au bout d'un bras nonchalant, une attitude efféminée par-ci une préciosité par-là, une noble posture plus loin...
Et ce regard désarmant du gentil toro sortant du pecho... Avez-vous vu cet air doux et naïf de toro décasté incapable d'être en colère ? Une bonne tête de nounours, avouez. Ce type est une manne pour les empresas, un filon pour le superlatif journalistique, un trésor pour le public venu se distraire, une mine pour le photographe. Ce type sert tout, tout le monde et partout, de l'imaginaire populaire aux économies locales en passant par le refoulement des peurs, la résolution des angoisses et la réalisation des fantasmes. Vous ne voudriez quand même pas, qu'en plus, il plaise à l'aficionado ?
5 commentaires:
Je ne suis pas toujours d'accord avec vos écrits mais là....merci !!!
de nada... je cherche assidûment pourtant, quelqu'un qui serait toujours d'accord avec moi, je ne trouve pas...
as tu essayé devant la glace?
el chulo
Bien sûr... et là c'est pire ! Le conflit total... je me dégoûte !
ah! richesse de la nature humaine!
el chulo
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