mardi 8 mars 2011

Milonga Triste



Une lectrice qui ne dit pas son nom, m'adresse aujourd'hui, journée de la femme, ce texte. Comment ne pas lui offrir "mon public" ? Comment ne pas offrir à mon public cette saeta ? Alors j'ai cherché sur le net une photo pour illustrer... Le choix est vaste, des robes fendues, des cuisses entrouvertes et des mollets grimpants... des smokings et des queues de cheval de jais qui virevoltent, mais celle-là va, comment dire, au-delà du cliché, n'est-ce pas ? Elle est de "National Géographic".

Bandonéon qui déchire langoureusement le silence. Voix chaude mais sans le sirop du « crooner » (« Garganta con arena » dit la chanson éponyme) …. Evocatrice plutôt d’une nostalgie où se mêle une plainte profonde à la fois triste et sensuelle mâtinée de canaille.
L’écoute d’un tango « porteño » invite à une émotion intérieure, profonde, vraie. Cette plainte, ce « quejío » sort des profondeurs sombres, tristes, troubles, inavouables …
Nîmes. Place du Chapitre. Un soir d’été léger où la promenade vespérale insouciante et sans but tend à en remémorer d’autres, plus lointaines, plus « al sur », plus odorantes dans les excès du jasmin.
Le « quejío » est là. Le cœur s’arrête. Les yeux découvrent captivés, hypnotisés, ces couples qui glissent en effleurant le sol, corps confondus, épousés, yeux fermés. Contact harmonieux, sensualité magique d’une totale osmose entre musique et danse.
Et puis la magie opère, l’envie vous saisit. Cette musique obsessionnelle et belle vous invite à vous y soumettre, vous y abandonner. Les « tangueros » présents vous en parlent tout en échangeant sur ces airs si ancrés dans votre mémoire, souvenir des chansons de « Carlitos » que grand’mère et maman vous ont tant chantées et que vous vous surprenez à fredonner, les couplets réapparaissant si facilement, comme ces comptines inoubliables.
« Si vous ressentez et vibrez sur cette musique, venez danser, venez la découvrir …. ». Lieux de cours, horaires faciles, téléphones échangés ….
Temps de réflexion. L’aventure me tente, le temps me manque ( ?), plutôt la disponibilité ( ?)
C’est un dîner qui me fait revoir un couple de mes connaissances perdu de vue depuis longtemps. Ils seront la clé qui m’ouvrira la porte que je ne me décidais pas à franchir.
Armée d’une motivation extraordinaire, je découvre bien vite que les choses sont bien plus « complexes » que je ne l’imaginais. Certaines améliorables, d’autres insurmontables.
Parmi les améliorables, la nécessité de s’abandonner à l’homme qui mène, dirige, oriente : c’est lui, le « jefe ». Bon, là j’avoue le plaisir de l’abandon …. Un « lâcher prise » très agréable d’ailleurs.
Parmi les insurmontables, une, et de taille : découvrir des partenaires inconnus car si tu n’arrives pas avec tout le matériel (chaussures à talons –très hauts- et le cavalier qui va avec) les choses se compliquent. Le tango argentin nécessite une proximité physique condition sine qua non à l’évolution des danseurs (perception, ressenti, intuition, yeux fermés, joue contre joue) de ce que ton cavalier veut te faire exécuter, tout inspiré qu’il est par la musique.
Bon, là, on va commencer à aborder le divan du psy (très nombreux d’ailleurs en Argentine). Et de l’éducation judéo-chrétienne, et des inhibitions, et tralala, et tralalère …
J’ai donc rangé mes jolies chaussures à talons hauts et à brides (hechas en Buenos Aires, si señor) dans leur sac spécial à cordon coulissant. Je les garde précieusement, comme une relique, symbole d’un rêve inatteignable ….. mais ce sont ceux-là les plus beaux.

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Enfin voilà une façon superbe et inédite de parler de la femme. Elle n’est plus l’avenir de l’homme : elle est son présent le plus immédiat, dans ce qu’il existe de plus vrai, de plus féerique, de plus gracieux,l'accord accord parfait dans le tango.

el chulo a dit…

Très beau texte, et j'ai mon idée sur l'auteu(se)?

et si je me trompe, ce qui est fort possible, c'est qu'il reste plus de "vraies" femmes que ce que l'on croit généralement.

enhorabuena à l'inconnue et ses frolements du rève.

Anonyme a dit…

@ Chulo:

non non, ce n'est pas Conchita!

Anonyme a dit…

J'avais vu un reportage télé sur des gens fous de tango qui allaient en Argentine, juste pour se faire confectionner des chaussures "à tango". Incroyable !
En tout cas, au desssus de toutes les banalités débitées depuis ce matin sur "la journée de la femme", ce texte est vivifiant.
Bravo !
Moi je suis tango tango
Je ne connais que des rimes en O.
JLB

Anonyme a dit…

On sent bien l'abandon de la dame sur la photo : comme elle se confie bien...

Moi, je n'ai jamais pu danser : trop frustrant ! Tu respires le parfum d'une femme, tu lui tournes autour, ses cheveux te chatouillent le visage, son parfum t'ennivre, tu enlaces son corps... et trois minutes après elle s'échappe en te gratifiant d'un anodin : merci !
N'importe quoi !!! bonjour l'état dans lequel elle t'a mis !!!
C'est n'importe quoi, la danse !!! Préfère boire un coup !

libidoc

Anonyme a dit…

Qu'est-ce qu'un vraie femme ?

Gina

Marc Delon a dit…

Non Chulo, tu ne connais pas toutes les hispanisantes de France et de Navarre...

Anonyme a dit…

Mon Dieu ! je n’avons pas étugué comme vous,
Et je parlons tout droit comme on parle cheux nous.
Molière - Les femmes savantes
Acte II Scène 6

Anonyme a dit…

C'est à Chulo que je demandais ce qu'est une vraie femme. Mais ai-je la définition dans cet extrait de Molière ?
Gina qui a oublié de signer son commentaire (ce qui lui a peut-être valu d'éviter la censure !)

Marc Delon a dit…

C'est ça.... faites moi passer pour un as censeur...

Pour Chulo, ça a l'air évident : une vraie femme est une femme qui se laisse mener et enfin s'abandonne... car il en a toréé des qui lâchaient pas prise !

Anonyme a dit…

Et bien moi je n'ai jamais pu boire : trop grupstrant... Hip ! Tu respires le parfum d'un alcooool, tu tournes autour de la boutanche, ses effluves te chatouillent la truffe, ses fragrances t'ennivrent, tu enlaces son cor (le soir au fond des boîtes)... et trois heures après la boutanche t'échappe en t'écclaboussant comme un âne de vin : merfi ! N'importe quoi !!! Bonjour les tas sur lesquels elle t'as mis !!! C'est n'importe quoi l'alcooool !!! Préfère la danse !
Jota B Seben Oup

Anonyme a dit…

Que c'est joli ça, un as, censeur et qu'en ce qui me concerne, ça vous va bien.
On pardonne, c'est ça une vraie femme, une "chiffe molle".
Je m'étonnerais que Chulo fût d'accord avec ça ; même Molière n'y avait pas pensé.
Gina

el chulo a dit…

Je me souviens plus!

Maja Lola a dit…

Comme cette photo est en accord et harmonie avec le texte.
Quelle intempérance Libidoc alors que vos sens sont si réceptifs et en éveil ... quieto, respirez ...
Vous avez raison. Vous avez touché le point sensible qui frustre en effet le danseur qui termine son "voyage" au bout de quelques minutes.
Et quelle danse plus que le tango argentin peut faire surgir cette "souffrance" ? Après une intimité verticale sublimée par cette musique ?
Mais certains transports, même douloureux, restent des instants de grâce..... Ne les négligeons pas.

Anonyme a dit…

meuuuuuh noooooon ksé pas grupstrant cause que tu t'en souvin pu piske tabu !
tandi qune fem putainggg, elle simprim, elle seinscrit, collatapo,elle te prisonne dans ta chair imbibitionnée...!

Anonyme a dit…

Mêm kon dirait Homer des Simpson ki koz !!! Meuuuuuh noooooon c lui ! Salut Homer ke ta foutu du vin partout que sa collatapo et ke Marg ce soir elle va avoir la migraine !!! Tu la prisonneras pas ! Acré Homer !
Mojito de Adada torero

Maja Lola a dit…

Non Gina. Une vraie femme n'est pas une "chiffe molle" parce qu'elle s'abandonne (de quel abandon parlons-nous ?) Et elle a bien d'autres façons d'affirmer sa force et son caractère sans pour autant renoncer à ces bonheurs si naturels et beaux à partager ...
Mais peut-être n'ai-je pas tout suivi ? Avec Marc qui "boulègue" sans arrêt l'ordre des commentaires, j'ai dû perdre le fil ...
Notre anonyme m'inquiète : il a dépassé depuis longtemps le stade du Citrate de Bétaïne.

Anonyme a dit…

Citrate de Bétaïne selon Ouiskipédiatre = philosophe grec.
A complèter SVP sous contrôle du patron.
La dame elle parle de stade. Citrate aurait été athlète ? C'est loin Bétaïne d'Olympie ? Ouiki est muet à ce sujet. A renseigner aussi SVP.
Simon de Bélugue

Anonyme a dit…

Exact Simon de Bélugue. Ouiskipédiatre est une bonne source (qui arrose d'ailleurs copieusement). Citrate de Bétaïne était une collègue d'un certain Dionysos (un connaisseur en vins, je crois). Ils avaient pour habitude de vider moult cratères qu'ils finissaient par se répandre partout, surtout en fin d'orgies (nombreuses et salutaires). A vrai dire, Citrate n'était pas tout à fait athlète mais elle faisait ses courses entre Marathon et Athènes. Ce qui avait pour effet de l'essouffler un maximum. D'où les jeux olympiques .... (qu'est-ce qu'on n'a pas besoin d'inventer pour justifier les déplacements shopping de ces dames) Voilà, voilà ... c'est fou ce qu'on apprend tous les jours sur ce blog. Domitille de la Badiane

Marc Delon a dit…

Ouh-làààà... ça devient par trop puissant pour moi. M'est avis que Mirmon de la telline et Myrtille de l'anisette têtent trop d'absinthe

Maja Lola a dit…

Et quand la Fée Verte paraît .... le cerveau s'enhardit !
Satyre A Larigot
(Poste restante, Olympie)