Atmosphère lourde et inquiétante, couleurs sombres, lieux étranges et singuliers, jardins vénéneux, la caméra pénètre, inspecte, viole la nuit à travers des frondaisons touffues, au cours d’une soirée aux personnages sophistiqués jusqu’à la caricature.
Le film semble s’articuler autour d’un huis clos dans un manoir au décor kitch où des portes à la disposition en géométrie circulaire laissent l’imaginaire agir, telles les portes de barbe-bleue qui suggèrent des découvertes effrayantes. L’immensité du lieu, la richesse picturale des murs (grands tableaux d’odalisques), un escalier monumental, de longs couloirs déserts, plantent une atmosphère oppressante qui ne nous quitte pas, comme un air poisseux et étouffant.
Puis de multiples caméras nous dévoilent le mystère du lieu, celui du personnage, de la « chose » en mutation qu’un chirurgien à la beauté tout à la fois virile et inquiétante (Antonio Banderas, ténébreux et étrange à souhait) sculpte de son scalpel : la femme, une femme (?), un être à priori asexué mais qui réserve bien des surprises.
Arrêtons là le décor sommaire du film. Ce n’est que l’enveloppe, la portée musicale de cet opus majeur qui va au-delà des apparences.
Almodovar, magicien de l’onirique, exhausteur de sexe, truculent et inventif dans les rapports humains, amoureux de la Femme, de la Mère, de la Sœur, de toutes les femmes, comme savent l’être les homosexuels avec leur sensibilité incomparable, nous dédie ce film.
Par des allers-retours dans l’espace temps, des touches à la symbolique écrasante de vérité, des scènes à la limite du soutenable où nos chairs féminines « tressaillent » de douleur, il nous livre une parabole universelle sur fond de fatalité, de folie et de vengeance.
Loin de la truculence picaresque, bruyante et colorée de ses films précédents, Almodovar nous plonge dans le côté le plus sombre et mystérieux de l’intime. Avec, toujours, les rebondissements inattendus dont il est le maître.
Un film à voir, qui s’inscrit dans une réalité actuelle …. brûlante.
Maja Lola y Olé !
21 commentaires:
Lola, ce commentaire a l'élégance « lola » mais aussi le mystère, l'inédit d'Almodovar. Tu sembles tout imprégnée de ce que tu as vu et ressenti. On se demande si on doit aller voir au risque de se perdre dans les fantaisies de l'imaginaire... Je n'ai pas décidé. "Réalité actuelle", pourquoi?
Gina
En écrivant cette reseña je suis, bien sûr, restée sur des ressentis très personnels ... me laissant imprégner, comme tu dis, par l'atmosphère d'Almodovar.
Oui. Il faut aller voir le film car sur un scénario qui s'avère, in fine, bien structuré, il y a de multiples entrées et lectures possibles, selon nos vécus et nos sensibilités.
Un évènement actuel très médiatisé s'intégrerait parfaitement à un des messages du film.
Lola, tu pourrais faire de la politique...
Je ne sais pas à quel degré prendre cette suggestion.
Venant de toi, pas sûr que cela soit très flatteur.
En tout cas, pas intéressée par la chose.
Tu m'expliqueras ... "off"
au degré Strauss-Khanien bien sûr !
Bon, sinon, moi qui ai vu le film je peux dire que cette resena est très adroite, fine et clairvoyante car touchant à l'essence du thème sans rien dévoiler : bravo. Je savais que tu ferais mieux que moi, c'est pour ça que j'ai demandé...
Et que tu as été servi ....
Surprise de fin de tarde : j'ai salué mon mystérieux Noureev. Identifié, salué et "bisé" .... peut-être en tutu à la prochaine rencontre ?
on oublie souvent de le sig naler mais cette "piel" est tirée d'un extraordinaire roman assez court de thierry Jonquet "Mygale", petit chef d'oeuvre du noir français le plus abouti. Jonquet est malheureusement passé à trépas il y a maintenant deux ans. dans sa bio, à ne pas manquer non plus :
"les orpaileurs" et "moloch" tous en série noire (mais j'ai pas tout lu ).
rt, c'est vrai, malgré Lorenzo et ses lumières qui dardent encore, on aurait presque envie d'aller au cinéma au bras de Maja. nus les bras, bien sûr , pour sentir la piel que habita ella.
Ludo
ole maja!
merci Ludo de préciser utilement cette resena finalement très incomplète !
mais dis donc toi aussi t'es "chaud-bouillant" en ce moment... 'reusement que vous n'habitez pas dans la même ville... (ou malheureusement...)
Le danseur de sévillane en tutu a été identifié ? Ouaouh ! Il a toujours en projet de faire le timidou et de ne jamais nous gratifier de ses commentaires ?
Finalement Maja Lola, je ne sais si c'est une chance de t'avoir, si c'est pour inhiber la foule...
Exact Ludo. Surtout que le générique d'intro le précise en bonne place.
Emportée par le film à la "facture" Almodovar, on oublie vite le roman dont il est tiré.
En tout cas bras-dessus, bras-dessous pour aller voir un film de cette atmosphère avec un érudit et passionné de flamenco tel que vous aurait été certainement un plaisir.
Je vais réfléchir à la question que tu te poses, Marcos. Même si j'espère que notre danseur (pas si timide que ça) se décidera à contribuer ... Sinon je devrai peut-être prendre des mesures plus radicales ... des "vacances" par exemple ?
sacré ludo, va!
Ah ouais Ludo fais gaffe, chulo va être ver de jalousie.... !
hé les mecs, Ouhou... Lola qu'est maja vient de m'inviter au restau... ( vouèèè je suis mal élevé je me laisse inviter par les femmes ) je lèverais le premier verre à votre santé !
enfin ver... vert quoi...
Quel cabot tu fais, Marc ...
Je ne crois pas que Chulo verdisse de jalousie (on se comprend, n'est-ce pas, Chulo ?)
Quant à boire un coup à la santé de Chulo et Ludo, il faudra que M. MacDo (chez qui réservé la meilleure table) nous fournisse des verres à pied pour notre coca millésimé ...
Plus sérieusement, un jour un repas de l'équipe bloggesque ... est-ce une utopie ? Ce serait sympa ...
c qui l'équipe bloggesque ? ;-)
Ludo peut t'emmener à Nîmes au flamenco il vient parfois...
Les contributeurs qui se commettent chez toi ... les sus-nommés plus Gina, les Zizas, JLB, la ci-devant qui écrit, et autres fidèles ou occasionnels (j'en oublie certainement) ....
ouais... c'est un apéro géant quoi et ça s'appelle la feria... Non, je ne veux pas les voir moi tout ces gens, je préfère continuer à les idéaliser... j'ai déjà Lola et Gina à gérer, c'est presque un boulot à mi-temps... mais je ne suis pas forcément nécessaire, je reste loup solitaire.
Boulot à mi-temps non déclaré .... ça va chercher loin tout ça !
D'ici à ce qu'on se rebelle avec Gina en prenant un bon avocat ...
s'il vous plait, évitez de trinquer à ma santé et j'en suis sûr celle de ludo avec du coca! me cago!
Premier degré Chulo, premier degré ... Tu te doutes bien que je ne trinquerai jamais au Coca cola. Et que si je trinque à votre santé ce sera avec un breuvage digne de vous ...
gracias, digna persona!
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