mardi 17 juillet 2012

Little Big Man

Ils avaient pour nom, Calerito, Caralegre, Chumbero, Cocinero, Artillero et Caloroso, ils étaient beaux, armés et batailleurs mais, malgré tous leurs atouts ne purent mettre Robleno hors de combat. Il restait Dinamitero le sobrero dans les corrales dont on aurait bien voulu savoir pourquoi il avait inspiré ce nom-là à son éleveur mais il n'est pas sorti. La sortie des toros... justement, fut déjà un spectacle réjouissant. A quoi se référer pour les évoquer ? Pour les plus festifs d'entre vous, habitués des cocktails, à six bouchons de Champagne de bouteilles précédemment secouées par un barman farceur, sauf que les bouchons avaient quatre ans et sept mois pour le plus niais et cinq ans et quatre mois pour l'aîné, qu'ils étaient armés de dagues respectables, elles-même propulsées par cinq ou six quintaux et qu'il n'y pas beaucoup de mondains disponibles pour aguanter ça. Plus viril serait de comparer leur entrée en piste à des missiles sol-sol à tendance frappe chirurgicale charpentière tant ils eurent de propension à tenter une restructuration méthodique du ruedo. De belles sorties... à refiler l'envie à tout torero normalement constitué de rentrer chez lui, prétextant par exemple qu'il aurait oublié d'éteindre sa gazinière. Mais « Papoose couillu » comme les indiens auraient pu le nommer, n'est pas de cette sorte. Il est un des plus testostéroné du circuit, on le savait, et il l'a démontré encore. Une grande course qui éclipse les deux autres dont les Moreno de Silva que j'attendais sans doute trop, et qui termine en beauté le Céret 2012. On peut parler d'un réel exploit de lidiador qui conçut parfois d'émouvantes séries très liées et souvent passées très près de la ceinture, sans douter et en contraignant. Cela s'appelle toréer et n'est pas si souvent vu que cela ces derniers temps. Bien sûr, il y eût un fada pour gueuler et gueuler encore assénant toute sa science de phrases toutes faites telles que « à chaque toro sa lidia » ce qu'était précisément en train d'exposer Little big man sous ses yeux qui ne le voyaient pas. « Et a chaque arène son andouille » aurait-on pu rétorquer à ce patient psy en mal de reconnaissance qui voulait être héros à la place du héros en peinant publiquement à connecter ses deux neurones.

Pour revenir à l'essentiel, et même si deux courses ne se comparent pas vraiment, j'avoue avoir éprouvé par rapport à l'enthousiasme général un léger bémol tant j'avais encore dans la rétine la prestation de Castaño face aux Miuras, à mon sens plus importante par le surcroît de répertoire, moins court que celui de Robleno dont le changement de main dans le dos moult fois répété semble être l'acmé de son toreo. Et aussi, détail qui tue, la présence parmi les Miuras, d'un très grand toro. Pour filer une métaphore judicieuse - merci Fabien – si Robleno a écrit talentueusement six fois la même nouvelle, un Castaño de plus de vocabulaire a évoqué une dimension supérieure, celle du roman, du récit épique dont les toros étaient les chapitres et son toreo l'énigme flamboyante.

Il n'empêche, une grande tarde de toros pour Céret et un convaincant ''Little Big Man'' qui inspira à l'arène une authentique reconnaissance.

5 commentaires:

Marc Delon a dit…

C'est mieux en inversant je crois :

dont son toreo était les chapitres et les toros l'énigme....

Non ?

Si !

Joséphine Douet a dit…

Petee de rire!!! J'avais écrit un truc dans le genre ya un an et demi sur mon vieux blog. Meme titre...

http://talooky.blogspot.com.es/2011/03/little-big-man.html

Marc Delon a dit…

comment ça ? Toujours à propos de Robleno ? parce que le lien est mort...
la bise à la belle, vive, talentueuse, plantureuse (ben quoi ?) féminine et redoutable (non, je ne développe pas...)Joséphine, cette française plus madrilène que les madrilènes. Et une poignée de main virile à Ugo son mari généreux qui m'alimente en puro de Cuba quand je suis en panne... abrazos

Anonyme a dit…

Deux courses ne se comparent pas vraiment en effet.Et deux arènes encore moins.Qu'auraient donné les Miuras dans le ruedo cérétan et les Escolar dans l'amphithéâtre ?Moins bien que ce qu'on a vu ? Mieux ?
On ne le saura jamais .
manolo

Beñat a dit…

Immense Robleño! Les quelques grincheux présents à Ceret n'ont rien à faire sur des gradins; ce sont d'éternels insatisfaits qui ne savent pas voler à la vie quelques instants de bonheur. Seul peut-être de temps en temps un billet pour un voyage en coke...
Mais ce qu'a fait Robleño le dimanche suivant à Mont-de-Marsan est indescriptible à tel point que notre seul moyen d'expression furent les larmes. 1 énorme oreille malgré 10 descabellos!!
Fernando fait partie de cette race à part, il va plus loin que loin, seul au milieu des bombes à Verdun.
J'espère que robert Margé, présent dans le callejon, a bien regardé, lui qui a honteusement écarté et Castella et Robleño pour infliger à la place Thomas DUFAU et Mehdi SAVALLI.Au jeu des 7 erreurs entre ces quatre-là, ce n'est pas 7 mais 70 que l'on va en trouver!
Comment faire pour que Casas le regarde avec moins de condescendance? Sa belle blonde de Marie SARA saura t-elle et voudra t-elle le convaincre?
Il est en train, avec deux autres et leurs cuadrillas respectives, de redonner tout son sens à la corrida et peut-être de la sauver.
Eh Juli, regarde bien l'épée de Robleño au 5° Escolar de Mont-de-Marsan; il est peut-être encore temps de faire ta crise d'adolescence...
Beñat