lundi 13 mai 2013

Pour un Printemps des Cinq Herbes

Il fut un temps, à la suite de nombreux abus et autres ''libertés'' de la société de spectacle envers ses clients, où l’on modifia le règlement : désormais les toros tués en corrida formelle devraient avoir quatre ans minimum. En deçà ils seraient novillos.



J’ai pensé au lot imposant de Dolores Aguirre lidié à Saint Martin de Crau. Si aucun grand toro n’a émergé individuellement au point de s’imprimer indélébile sur la rétine du souvenir de premier plan, il y avait bien là un lot de señors toros d’une rare homogénéité dans la force et la caste. Six toros sérieux. Bien sûr, je suis persuadé que comme pour Céret, la taille de l’arène influe beaucoup sur l’apparente explosivité du bétail. Il reste en effet constamment soumis à la sollicitation sans nulle plage où allonger un galop qui l’épuiserait plus vite.



Mais ce qui était frappant à l’observation de ces toros, était leur évidente maturité, soit le plus dangereux des critères, plus difficile à négocier que le poids ou la longueur des cornes. Autrement dit, ce qui oblige à penser à la lidia adéquate. Dotés de leur cinq ans et cinq mois, ils distillaient un comportement adulte en pleine conscience du combat à mener, avec réflexion et fixité sur l’objectif, très loin des courses souvent naïves des toros aux quatre ans à peine révolus que l’on trompe encore facilement. Ils étaient à peu près tous âgés de cinq ans et cinq mois et cela s’est vu. Une présence en piste d’une grande consistance, des regards insistants et avisés… qu’il doit être impressionnant d’aguanter la charge d’un toro fait !



Evidemment, ce n’est pas à la portée de tous les toreros mais on serait tenté de dire, tant mieux. Serait-ce un mal de recentrer un peu cette débauche de spectacles, de toritos et de toreritos ? Si l’on tient compte de plusieurs facteurs modernes comme la désaffection du public dans nombre de spectacles, du nombre trop important de ces mêmes spectacles, si l’on avoue que l’aficionado s’emmerde profond dans à peu près 90% des courses, où il ravale avec un stoïcisme quasi héroique les pseudos triomphes qu’on cherche à lui vendre, ne serait-ce pas le moment judicieux pour hausser encore d'un cran la réglementation ? Hausser la noblesse et la profondeur du combat ?



Dire à nouveau que ''la vérité c’est maintenant'' et que désormais les toros lidiés en corridas formelles auront cinq ans révolus ? Avec une carcasse apte à porter un poids qui ne serait pas le résultat d’une gonflette artificielle rapide mais d’une force naturelle ?

Bon, ben, écoutez, je passais par là, j’en ai profité pour poser une question certainement pas nouvelle mais qu’il faut proposer de temps en temps. Il me semble que ça collerait bien à l’époque et redonnerait de la majesté et du crédit au noble combat. Se démarquer de Fadjen, quoi.

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