David Lodge, La Vie en Sourdine chez Roman rivages.
Le protagoniste et narrateur, Desmond, ex-professeur de linguistique, a soixante ans. Son âge le situe ainsi à la charnière de plusieurs générations de personnages gravitant autour de lui : sa deuxième femme de quarante-cinq ans, leurs cinq enfants, un petit-fils, une belle-mère, un vieux père habitant à trois heures de train de chez lui, dans la banlieue de Londres ; une de ses élèves de presque trente ans, Alex, venue des USA préparer une thèse sur les particularités des lettres laissées par les suicidés ; elle tentera de le séduire. Un temps flatté, comme un adolescent, il ment par omission et réussit de justesse à déjouer le piège tendu par la belle, quand il se rend compte qu’il n’est pas seul sur la liste des
''vieux profs à utiliser'' et qu’elle est à l’occasion, menteuse et voleuse. Généreuse aussi, puisqu’elle lui "offrira" sa petite culotte, puis l’occasion érotique de lui administrer une fessée…
La vie de Desmond sera d’autant plus "en sourdine" qu’il est en préretraite forcée avec seulement quelques activités universitaires qu’on lui concède et qui lui rapporteront quelques escapades utiles à la progression du roman.
En plus sa nouvelle femme veut travailler, ouvre un magasin de décoration, et se soumet aux obligations de son nouveau statut social en consacrant du temps à tous les soins d’usage, coiffure, manucure, maquillages, toilettes, régimes, gymnastique. Le narrateur devient de plus en plus l’homme au foyer, puis l’infirmier de son père qui, replié sur ses économies, ses titres, ses bons qu’il oublie de négocier, les dépenses qu’il s’interdit ("je garde pour plus tard, sait-on jamais"), fait honte avec ses problèmes de prostate et de sphincters, qu’il étale à tous, invités compris, un soir de Noël. Difficile aussi de voyager avec lui et de lui faire admettre une maison de retraite ruineuse quand sa mémoire s’en va.
Donc Desmond sans collègues, sans élèves, soumis aux corvées domestiques, et au diktat conjugal souffre de cette existence ratatinée. Et le comble, qui complète la signification du titre du roman, c’est que le narrateur est sourd. Sourd depuis longtemps et de plus en plus. Dans "Thérapie" on savait tout sur le PIG, voir http://photosmotstoros.blogspot.com/2009/01/david-lodge-is-not-pig.html
La vie de Desmond sera d’autant plus "en sourdine" qu’il est en préretraite forcée avec seulement quelques activités universitaires qu’on lui concède et qui lui rapporteront quelques escapades utiles à la progression du roman.
En plus sa nouvelle femme veut travailler, ouvre un magasin de décoration, et se soumet aux obligations de son nouveau statut social en consacrant du temps à tous les soins d’usage, coiffure, manucure, maquillages, toilettes, régimes, gymnastique. Le narrateur devient de plus en plus l’homme au foyer, puis l’infirmier de son père qui, replié sur ses économies, ses titres, ses bons qu’il oublie de négocier, les dépenses qu’il s’interdit ("je garde pour plus tard, sait-on jamais"), fait honte avec ses problèmes de prostate et de sphincters, qu’il étale à tous, invités compris, un soir de Noël. Difficile aussi de voyager avec lui et de lui faire admettre une maison de retraite ruineuse quand sa mémoire s’en va.
Donc Desmond sans collègues, sans élèves, soumis aux corvées domestiques, et au diktat conjugal souffre de cette existence ratatinée. Et le comble, qui complète la signification du titre du roman, c’est que le narrateur est sourd. Sourd depuis longtemps et de plus en plus. Dans "Thérapie" on savait tout sur le PIG, voir http://photosmotstoros.blogspot.com/2009/01/david-lodge-is-not-pig.html
Ici, David Lodge nous enseigne tout sur la surdité, l’appareillage, ses avantages, ses inconvénients, les conséquences amusantes (il s’échappe : il a un cours de lecture labiale et parfois "mieux vaut être sourd… ") ou désastreuses qui tissent la trame des chapitres. Handicap d’autant plus invalidant qu’il n’attire jamais la compassion, mais de plus en plus l’irritation, l’infantilisation, les humiliations.
Finalement, David Lodge, sous l’œil observateur et délicieusement critique et plein d’humour de ce narrateur qui dit "je" (un je autobiographique ?) dans ce qu’il prétend être "son journal de bord", voire journal intime, ou qui dit aussi "il", en tant que linguiste qui se rappelle que l’usage du changement de pronom était un excellent exercice pour ses étudiants, produit un roman extrêmement vivant, original, mené de main de grand maître. Et cet espace britannique est semblable au nôtre avec ses problèmes d’urbanisme, de supermarché, de voitures et de routes encombrées, de trains en panne, en retard, - là aussi -, de graffiti, de portables qui dérangent et ses problèmes humains, Noël à célébrer, un week-end dans un parc d’attraction, les couples qui se mélangent, un vieillard qui meurt, une jeune femme qui se suicide… et ce retraité sourd qui se cramponne à des activités pour ne pas vivre en sourdine.
Finalement, David Lodge, sous l’œil observateur et délicieusement critique et plein d’humour de ce narrateur qui dit "je" (un je autobiographique ?) dans ce qu’il prétend être "son journal de bord", voire journal intime, ou qui dit aussi "il", en tant que linguiste qui se rappelle que l’usage du changement de pronom était un excellent exercice pour ses étudiants, produit un roman extrêmement vivant, original, mené de main de grand maître. Et cet espace britannique est semblable au nôtre avec ses problèmes d’urbanisme, de supermarché, de voitures et de routes encombrées, de trains en panne, en retard, - là aussi -, de graffiti, de portables qui dérangent et ses problèmes humains, Noël à célébrer, un week-end dans un parc d’attraction, les couples qui se mélangent, un vieillard qui meurt, une jeune femme qui se suicide… et ce retraité sourd qui se cramponne à des activités pour ne pas vivre en sourdine.
GINA
Pour que cette inclination vers Dieu que l’on appelle la foi puisse me paraître crédible j’aurai besoin qu’elle s’impose à moi et non que je sois obligé de tendre vers elle en faisant justement "acte de foi", acte forcément aveugle, soumis et merveilleux puisque rien d’objectif n’y peut conduire. Après tout, n’est-elle pas décrite comme devant être suscitée par une entité nous dépassant par sa grandeur et sa toute-puissance ? Comment admettre alors qu’elle ne s’impose pas tout naturellement dans le cœur des hommes ? C'est même devenu proverbial : "La foi est plus belle que Dieu" Aussi quand j’ai lu la page cent treize de cette "Vie en sourdine" présentée ici par Gina où le narrateur étudie le comportement de sa femme se rendant à la messe, je peux dire que j’étais vraiment en pleine communion avec David Lodge :
J’envie la foi des croyants en même temps que je m’en méfie. Certaines études ont montré qu’ils ont de bien meilleures chances d’être heureux que ceux dont les systèmes de croyances sont totalement séculiers -et on comprend pourquoi. La vie de chacun d’entre nous contient sa part de tristesse, de souffrance et de déception, et tout cela est plus aisé à supporter si l’on croit qu’il y a une autre vie à venir dans laquelle les imperfections et les injustices de celle-ci seront compensées ; et cela rend aussi la perspective de la mort beaucoup moins déprimante. C’est la raison pour laquelle j’envie les croyants. Il n’existe bien sûr aucun fondement plausible à leur foi, mais vous n’avez pas le droit de le faire remarquer sous peine de paraître grossier, agressif ou peu respectueux – sous peine d’avoir l’air en fait de vous en prendre à leur droit d’être heureux. C’est pour cela que je n’aime pas les croyances religieuses, même chez les personnes qui me sont les plus proches et les plus chères –surtout en fait chez les personnes qui me sont les plus proches et les plus chères, car c’est avec elles que l’impossibilité de discuter de religion sans parti pris est la plus flagrante.
J’envie la foi des croyants en même temps que je m’en méfie. Certaines études ont montré qu’ils ont de bien meilleures chances d’être heureux que ceux dont les systèmes de croyances sont totalement séculiers -et on comprend pourquoi. La vie de chacun d’entre nous contient sa part de tristesse, de souffrance et de déception, et tout cela est plus aisé à supporter si l’on croit qu’il y a une autre vie à venir dans laquelle les imperfections et les injustices de celle-ci seront compensées ; et cela rend aussi la perspective de la mort beaucoup moins déprimante. C’est la raison pour laquelle j’envie les croyants. Il n’existe bien sûr aucun fondement plausible à leur foi, mais vous n’avez pas le droit de le faire remarquer sous peine de paraître grossier, agressif ou peu respectueux – sous peine d’avoir l’air en fait de vous en prendre à leur droit d’être heureux. C’est pour cela que je n’aime pas les croyances religieuses, même chez les personnes qui me sont les plus proches et les plus chères –surtout en fait chez les personnes qui me sont les plus proches et les plus chères, car c’est avec elles que l’impossibilité de discuter de religion sans parti pris est la plus flagrante.
(ça c'était un rajout de marc-le-mécréant)
3 commentaires:
Ces remarques disent la richesse de ce roman – probablement très autobiographique- , qui part dans des digressions toujours nombreuses mais rapides et profondes, jamais lassantes, et ne nuisant jamais à l’unité de l’histoire. Encore une raison de le recommander.
Gina
On sait bien ici que ta religion est la tauromachie... Les saints, Les martyres, les demi-dieux, les vierges, les lieux sacrés… kif kif toro/catho...
isa du moun
Et je serais peut-être plus admiratif des vierges que des seins, oups... Saints, pardon.
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