jeudi 18 juin 2009

CARNETS DE RUEDOS



VAYA TORERITO !



Les toreros, cuadrillas sur les talons, quittent la piste sous les huées ou les vivas de la foule selon leur fortune du jour. Celui qui a triomphé ralentissant sa déambulation pour jouir des acclamations, celui qui a échoué pressant le pas, sous couvert du succès de l’autre, pour raccourcir la bronca qui écorche un orgueil à ravaler par les oreilles, tympans saturés de la stridence des sifflets. Déjà, les valets d’arènes se sont remis au travail, ratissant la piste. La clique range ses cuivres. Des sept mille spectateurs des arènes de Vic, il reste quatre ou cinq cents retardataires qui ont un peu de mal à se convaincre que voilà, pour cette année, c’est bien fini. C’est alors que profitant des portes entrebaîllées il apparaît : un petit bonhomme d’un mètre, six ans au plus, foule le sable de la plaza, montera vissée sur le crâne, engoncé dans un habit de lumière, le menton fier. Un murmure d’amusement parcourt les gradins. Après avoir défilé et salué une présidence virtuelle comme il se doit, il se plante au centre du ruedo muleta pliée au coude gauche et montera levée de la dextre, pour brinder à la ‘’foule’’ son toro en un parfait pivotement sur lui-même à l’issue duquel il la jette négligemment par dessus son épaule. Elle retombe malencontreusement offerte au ciel. D’un geste de briscard que le sort ne peut contrarier, il la retourne avec métier, de la pointe de son épée. L’étonnement sur les visages succède à l’amusement. C’est que ce matador-là, devient crédible. Sa gestuelle est précise, ses attitudes exactes. Si crédible, que la clique de l’arène a ressorti les cuivres des étuis quand elle a vu la faena commencer par la droite, jambe avancée, muleta planchada et main basse. A chaque passe, résonnent maintenant d’enthousiastes « Olé ! » peut-être les plus sincères de l’après-midi. En bas, dans le terrain du toro brave, au centre de l’arène, un tout petit homme a abandonné son corps qu’il ploie sous la contrainte de la trajectoire idéale. Le menton est tombé, la lèvre tordue, le rythme adéquat, le replacement sûr. C’est bien simple : le toro, on le voit. Le paso doble soufflé avec entrain des poumons de rougeauds et paternalistes paysans gersois, peine à couvrir la détermination du torero. Car d’en bas, synchrone du toque de la muleta, s’élève à chaque passe, d’une voix claire de filet d’eau de source, la force torrentielle d’une passion. « Hey Toro…, Toro Hey ! » Changement de main par derrière, naturelle enchaînée main courue, pecho toreando profond rematant la série. Oreilles, queue, vuelta et sortie à hombros : Véridique, 36°, touffeur tropicale, 1/14ème d’arène le foie en crise, flics hilares, flaques d’averses et Flocs à venir.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Attendrissant, ce petit bout d'homme si concentré sur sa tâche. Mais qu'ont-ils donc à vouloir tant imiter les adultes ?

Gina