mercredi 20 avril 2011

Corraleros


J'ai pu aujourd'hui aller "espincher" du côté des corrales d'Arles. Faudrait que j'arrête avec ces mots du quartier de la Placette à Nîmes, car j'ai consulté Statcounter qui m'a appris que je suis désormais plus lu à Paris qu'à Nîmes... Mais j'hésite : je suis pas sûr d'en être fier.
Bon ben especially for you les taciturnes du métro, "espincher", c'est jeter un petit coup d'oeil, avec une idée de voir sans être vu, comme ça en passant, surveiller du coin de l'oeil, passer le regard dans une petite ouverture..., glisser un oeil avec espièglerie... ou une oeillade de courte durée, tout ça... donc "espincher"... c'est plus court, voyez... Vu ?


Tiens par exemple, vous là, qui travaillez dans une tour de la Défense, la petite secrétaire de la société amie, oui, celle qui récepti
onne vos plis que vous tenez à lui amener personnellement... bref celle qui vous plait tant, avec ses lèvres charnues et ses yeux rieurs - ah non c'est vrai, personne ne rit à Paris, faut pas déconner, on n'est pas des niais de province - et ben vous l'espinchez chaque fois, voilàààà ça y est, c'est compris, maintenant.

Qu'est-ce que j'ai remarqué là-bas ? J'ai vu deux groupes de toros apeurés, serrés les uns contre les autres... mais pour autant pas réceptifs... je ne donnerais pas cher de leurs combats... en tout cas pas le montant d'une place de corrida. Non, je ne dis pas lesquels, ça vous apprendra...

Cornes exceptées, les Miuras sont des Miuras : hauts, longs, ultra-réceptifs. Un cameraman est apparu sur une passerelle en bordure de leur enclos, ils ont tous bondi et jailli de l'autre côté pour lui faire face. Sinon, todos cornicortos, j'avais oublié que c'était une caractéristique de l'élevage... je vous mets une chtite photo pour que vous vous rendiez compte, v
ous jugerez par vous-même s'il s'agit des Miuras de vos cauchemars. Sûr, rien que le nom est terrifiant : Miuuuurrrrras brrrrr... Le risque de se faire embrocher n'existe plus, en tout cas, vu ce qui dépasse du frontal... De bonnes petites têtes bien de leur époque. Principe de précaution ? Progrès sociétal ? Evocation subtile ? Référentiel ? Kératine c'est ma copine ? Armement subliminal ? Foutage de gueule ? No se, mais je me doute !

Les plus faits, les plus armés, sont sans conteste les Fuente Ymbro de dimanche. Enfin, je vous passerai une sorte de diaporama (très) lent pour illustrer tout ça. Plus loin, des fenêtres étaient occultées par des panneaux de bois sous lesquels j'ai passé ma tête, pensez... mais c'était pas pratique pour photographier. C'était l'enclos des sobreros. Z'avaient tous l'air bien armés... Trop pour être vus et faire regretter le choix des lots officiels ? Tsssss... le jour où je n'aurai plus l'esprit mal tourné, moi... j'irai habiter Paris, tiens.

7 commentaires:

Ludovic Pautier a dit…

bon, je vais faire le chieur de service, mais l'esprit mal tourné tu l'as dit, tu aimes :
" Le risque de se faire embrocher n'existe plus, en tout cas, vu ce qui dépasse du frontal..." versus :
" Que el toro brocho y cornicorto, al que se le ve la punta de los pitones, es mucho más certero al herir que el corniveleto que tanto les impresiona y gusta a estos periodistas." (Sanchez-Fabres il y a quelques jours dans une conférence sur l'encaste coquilla, quant aux journalistes il se réfère à Marivi Romero et Moles qui imposèrent les critères de "fachada descomunal" de Madrid qui ont tué, c'est sûr , les encastes minoritaires autant que la jean-pierre macdomecquisation de la fiesta ).
et quant aux toros grégairement craintifs et comme apeurés dans les corrales...ça me rappelle l'histoire de ce cuatreño qui était passé à la casserole matin midi et soir par ses congénères pendant les 48 h qui précédèrent sa sortie. seul, isolé, comme honteux dans un coin...el mas bravo de todos une fois dans le rond. comme quoi.
abrazo.

ludo

Marc Delon a dit…

Non mais je t'en prie, c'est intéressant...

mais Herir, herida, c'est blesser, ce n'est pas tuer. Il y a je crois effectivement beaucoup moins de chance d'être pénétré par une corne afeitée avec la combinaison qu'ils ont maintenant, qu'avec les pointes de ces Fuente Ymbro. Par contre je crois qu'une corne afeitée si elle arrive quand même à rentrer (donc très peu probable) fait plus de dégâts qu'une fine lame acérée dont la blessure est plus nette. Sinon pourquoi afeiter ? Donner un confort moral au torero ? Le débat est lancé, peut-être qu'un chirurgien passera par là ?

Anonyme a dit…

Belle photo. Ils émeuvent ces taureaux déjà parqués derrière un mur et couchés sur la terre. Arborer de belles cornes, s'ignorer l'un l'autre, être en paix, c'est du bonheur par défaut.
Ils font penser, malgré la couleur leur pelage, à ces beaux vers de Leconte de Lisle :
"Non loin quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais".
Gina

Marc Delon a dit…

Ouais ben leconte n'est pas bon, nous ce sont les taureaux qu'on aime ! Elle est trop cette Gina !

C.Crépin a dit…

Les "bonnes petites têtes" des Miura d'Arles... L'armement n'est pas hélas simplement subliminal, et n'est donc pas une évocation subtile. Pas, non plus, un progrès sociétal, du moins pour l'aficionado. Je crains qu'il ne soit un principe de précaution, devenant le référentiel. C'est donc du foutage de gueule, et dans ce cas, Kératine n'est plus ma copine... J'irai pas les voir !

el chulo a dit…

il est de très célébres ou non toreros ou matadors morts dans l'arène par des toros afeités, peut être parce que la majorité le sont ou l'étaient.
je ne veux en rien justifier l'afeitado, évidemment, qui est une infamie.
il est vrai aussi que les encastes de peu de de tête et cornigordos, ont été "transformés". de plus j'ai entendu dire dans le campo, que par exemple les toros bizcos ou cornicortos ou avec les cornes rentrantes savaient particulièrement bien s'en servir.
le problème global me semble bien plus complexe: pourquoi les toreros préférent t'ils voire exigent t'ils des toros afeités, s'ils n'en retirent pas un certain confort. au moment de l'estocade portée loyalement, cela paraît (trop?) évident.est ce que le toros sont "marqués" dans leur comportement par cette humiliante et douloureuse épreuve ce qui l'inciterait à moins utilkiser cette arme? est ce psychologique du coté du matador? ou vraiment ceci dérègle t'il le toro qui souffrirait chaque fois que la corne "touche"? la corne est t'elle réellement moins meurtière? il me semble que la vérité est un mélange de tous ces points.
quant au comportement dans le corral, je suis encore tout à fait d'accord avec ludo, et les professionnels eux mêmes avouent souvent se tromper.

Marc Delon a dit…

oui mais ce que décrit Ludo en l'occurence, c'est le mystère de la bravoure qui n'est pas révélé par le comportement social hiérarchique entre les individus, soit.
J'ai cru remarquer qu'il y a des lots dans lequel chaque individu vaque à ses occupations et d'autres lots où l'on a vraiment l'impression que rester collé les uns aux autres est vital (où d'instinct l'union fait la force...) où le troupeau est nécessaire pour pallier à sa peur, parce que soi-même on n'est rien d'autre qu'une daube pré-machée.

Je me rappelle d'une resena de Bruschet qui avait titré ''6 daubes 6'' et bien si vous aviez vu le comportement de ces toros dans les corrales....

Certes mon point de vue peut être influencé par les élevages dont on connait les caractéristiques générales pour favoriser le succès...

Pour les Miuras, je suis allé voir des videos du campo sur You Tube et je n'ai vu que des cornalons impressionnants...