lundi 11 avril 2011

Mora éloquent silencieux


Dans la plaine de la Crau, tumulus de pierres et nichées d’Outardes Canepetière. Dans les arènes de Saint-Martin, jeunes feuilles vert tendre aux platanes, ciel d’Azur et trente degrés à l’ombre. Désolé. Cebada Gago sur qui plonge un déluge d’acier piquero à faire pâlir un bunker Africain: c’est ballot Gbagbo. Pour Lopes Chavez le vaillant, Serrano le cantaor et Mora le beau mec.


Disons-le tout net, ce n’est pas aujourd’hui que nous jetterons un voile pudique à la face de notre enthousiasme citoyen : hier, une corrida, enfin, a soutenu notre intérêt. La raison en est simple et l’équation n’est pas une trouvaille de ce dernier printemps : il y avait du toro. Oh… attendez… rien de transcendantal non plus, mais des toros, solides et fiers, d’une colère racée, qui prenaient leurs trois piques – presque systématiquement carioquées – sans en concevoir de susceptibilité particulière alors qu’une seule d’entre elles aurait envoyé ad patres la majorité des « grands toros » indultés ces dernières années. Dix-sept piques données avec le modèle ''Bonijol'' au fait. Ceci expliquant cela ? Qui a l'air de fonctionner en tout cas : ça saigne ! Concernant la vuelta al ruedo, si elle est donnée individuellement à ce toro, elle n’est pas justifiée. Un bon toro, un toro sérieux, n’est pas pour autant un toro d’exception. Si elle est donnée ''à l’ancienne'', pour l’ensemble du lot, non plus… Pour les mêmes raisons. Ah ben oui, mais ce n’est que moi qui parle, et je suis assez vieux pour avoir dans une vie de souvenirs, d’autres références à côté desquelles le lot d’hier ne pèse pas si lourd. Ceci dit, quand je serais mort, vous lirez un peu ce que vous voudrez, notamment Oui-Oui aficionado…



Susceptible, le public aurait pu l’être, à propos de celui qui finit avec des ''pointes'' à bouts tellement carrés, qu’il est légitime de suspecter une ''cornucure'' chez un frénétique de la prothèse ongulaire qui n’aurait aucun sens de l’angle aigu. Mais non, il n’a pas moufté le public, devenu si vieux, si ignorant, ci...vilisé. Enfin, des toros avec de l’allant, de la charge, de la caste et non ces coups de freins à mi-passe, cette réserve observée après la pique chez les locaux confondus – Yonnet-Tardieu – et si vous recroisiez un peu avec des camarguais pour redonner un peu d’allegria à leurs courses ? Quel chagrin d’avoir dans la région des toros camarguais de pure souche aux qualités de spontanéité reconnues, de magnifiques coursiers et de ne pas infuser ! Des quarterons, non ? J’ai entendu Hubert Yonnet le regretter lui-même il y a quelques années… mais l’a-t-il tenté depuis ? Non ? Même pas un petit essai ? Aaaah bien sûr, de temps en temps sortirait un gros ''baou'', un fada, qui filerai des coups de barrière à tous les banderilleros, sauterait dans le callejon à tout bout de champ… poursuivrait d'un amour vache des Javier Conde désemparés jusqu’aux burladeros, mais serait-ce si grave ? On s’emmerde tant dans 90% des courses ! Et les callejons sont si surchargés…



Donc, c’est Mora alias David-le-gominé, et non Juan ou Eugenio, qui foula pour notre bonheur le sable de la Crau pour combattre le sixième et dernier. Avant, Lopes Chavez, vaillant, bousculé et malheureux à l’acier, puis Serrano qui continue à confondre l’arène avec un studio d'enregistrement en plein doublage de film gore, réussit finalement à terrasser la foule de ces vociférations exaspérantes, incessantes, lassantes. Mora fit son entrée, calme et déterminé, maître de lui-même comme il allait l’être de l’animal ''cornufâché''.



Sa faena fut courte. Silencieuse. Structurée. Bilatérale. Entre les passes, des respirations ; entre les séries, des pauses ; Entre les pauses réfléchies, de belles poses, SILENCIEUSES et profondes, laissant le spectateur se constituer lui-même son cri intérieur, intime, qui montait inexorablement des tripes, avant de se confier à nouveau, engagé, et avec une maîtrise jamais prise en défaut. De plus, bien que misogyne dépourvu de clitoris et homophobe convaincu, et ajoutant cela aux qualités déjà évoquées, de racistoïde anti arabo-nippon, je reconnais à ce type, une belle gueule dont je comprends qu’elle puisse ajouter pour la partie sexuelle dite faible du respectable aux fesses déjà surchauffées par le béton cravenque, une note d’intérêt supplémentaire. Merci pour elles, Mora, c’était le pied.



Il n'y avait alors plus de hurlements vulgaires en piste, ni de cris bouffons, plus de "musique fainéants !" ou de ''cruza-te !'', enfin fondues les bouches disparates aux cris singuliers, plus qu'une voix chorale surgie synchrone de milliers de bouches, à la milliseconde près, par le mystère de cette naturelle soudain tombée du ciel directement dans nos estomacs : OLé ! Soit la locution généralement employée en pareil cas.



Dévoilons, pour boucler la boucle, cette interview récurrente sur les ondes, d’une porteuse de Burqa qui dit attendre expressément d’être verbalisée et traînée devant un juge pour imposer en France la loi Européenne. Si ce n’est pas là, une volonté manifeste d’intégration par contribution législative locale, que le cul me pèle. Niqab ni soumise. Quel rapport avec les toros ? Aucun, si ce n’est que pas plus que Mora n’est un salaud de tortionnaire même s'il a coupé deux oreilles, il n’y a à se sentir raciste de ne pas vouloir que l’islam en nous, pousse un peu plus sa corne. Pas plus que le type qui a écrit ce qui suit sur un de ces blogs militants dont la France a le secret, est un ''humaniste visionnaire'' :


Quel est le dommage – ou le préjudice – réel créé par la présence de femmes en burqa dans l’espace public ? S’agit-il d’un préjudice sonore ? Cela se comprendrait si la burqa était en bronze, mais tel n’est pas le cas… S’agit-il d’un préjudice visuel ? Les femmes en burqa dissimulent-elles les panneaux de signalisation routière ou les feux tricolores ? Pas que l’on sache. S’agit-il d’un préjudice olfactif ? Les femmes en burqa dégagent-elles des effluves d’hydrogène sulfuré ou de putois ? Pas davantage. Quels sont les troubles de jouissance causés par la présence de femmes en burqa dans l’espace public ? Suscitent-elles des difficultés de la digestion ? Des constipations chroniques ? Des insomnies à répétition ? Des difficultés d’érection ? Des tendances à l’éjaculation précoce ou à la frigidité ? Aucune enquête épidémiologique n’a permis de mettre ces diverses pathologies en relation avec l’existence de burqas dans l’espace public… Autrement dit, et sous réserve d’enquêtes plus approfondies, l’existence de la burqa se révèle strictement inoffensive pour la santé publique…


Bon, on va lui dire : la Burqa c'est pas sexy man, et ça empêche de bien voir les toros. De plus, ça réfléchit pas, la Burqa, ça absorbe... Tu imagines dans les pays chauds ? Je ne sais pas quel est l'Afghan de mes deux qui a inventé ça, mais ça ne devait pas être une lumière, le type, plutôt un obscurantiste ! Et pis tu vois pas à qui tu causes ! L'autre jour j'ai déjà été obligé de manger face à une Espagnole qui ne voulait pas enlever ses lunettes de soleil, je ne savais pas où regarder ! Elle a évacué le problème d'un ton léger, cette extrémiste :
- ça ne te dérange pas au moins que je garde mes lunettes ?


- Non, non, pas du tout... que tu t'empresses de répondre poliment...


Moi, j'imposerais le port de la Burqa noire en laine Mohair de chèvres Angora, en juillet-Août. Sans déconner, ça, ce serait progressiste. Et puis c'est pas érotique, hein... le mec..., sa femme..., ben personne ne la désire sous la burqa ! Tandis que toi, quand tu te promènes au bras de ta belle, observant le regard avide des autres hommes à son endroit, ben c'est déjà jouissif, non, d'imaginer que c'est dans ton lit qu'elle va dormir, ce soir ! Enfin, il me semble. Ou je suis un pervers sophistiqué ? Bon, enfin, on va s'arrêter là, hein, 'voudrais pas trop choquer les bien élevés.


N’empêche putain, je viens d’inventer la ''resena sociétale'' et vous y avez assisté : émouvant, non ?


PS : Merci à la Unica de n'être pas raciste anti-moi et de m'avoir permis l'accès au callejon, merci à Cédric, merci à la guichetière pour sa gentillesse.

20 commentaires:

Ludovic Pautier a dit…

D'après la photo, La Crau c'était le pied.
sinon ,je vois qu'après une poussée de zemmourisme carabinée tu es en train de choper la kenzadriderite, sorte de fièvre jaune médiatique assez difficile à éradiquer, il est vrai. Tous mes voeux de bon rétablissement.


ludo

Marc Delon a dit…

Merci pour tes voeux Ludo mais quitte à te décevoir j'assume lors de ces poussées, me trouver en pleine santé mentale clairvoyante. A cet égard le face à face robert Ménard- Edwy Plenel d'hier soir dans "Mots croisés" m'a édifié un peu plus encore, surtout quand Ménard a demandé pourquoi dès qu'on parlait de ces sujets, le bon français pétri d'humanité quittait tout de suite l'analyse politique pour rejoindre l'indignation morale.
Mais bon... on va pas recommencer, si ?

Anonyme a dit…

L'histoire entre le Maghreb musulman et la France est une histoire d'amour qui a mal tourné.Je dis musulman parce qu'avec le Maghreb juif séfarade ,il n'y a aucun problème vu que tous les algériens juifs ont été naturalisés français par décret en 1870.Les musulmans sont restés les indigènes de la colonie française ( à part ceux qui étaient déjà devenus français sous Napoléon III),si tu ne sais pas ça tu ne peux comprendre la suite.Le germe de l'indépendance de l'Algérie est là,d'autant plus que tous les européens non français qui le voulaient ont pu être naturalisés aussi .Les années de famine , les épidémies, la crainte de Dieu, la misère a fait le reste.Le déguisement en fantôme est un acte politique sur fond d'islamisme.Et je suis d'accord avec toi, celles qui veulent le porter , ce sera en laine noire bien épaisse ou pas du tout...été comme hiver.Figure toi qu'en descendant du lac d'Oo en aout j'ai croisé un couple: lui était en short et débardeur,elle en fantôme de laine noire avec le sac à dos! il faisait 40°,tous les randonneurs se retournaient sur eux.Je suis sure qu'elle aurait dit qu'elle portait le costume parce que c'était son choix si on le lui avait demandé.
L'administration française ne fait que continuer dans le prolongement des erreurs du passé en commettant de nouvelles erreurs, par méconnaissance du monde arabe et par parisianisme .
isa

Maja Lola a dit…

La Crau n'est donc pas que le pays des moutons et du foin A.O.C. ?
Dommage que j'ai raté le pâmoisons féminines à la vue de Mora. Le pied sur ta photo c'est pour imager la "prise de pied" de mes congénères ?
En tout cas reseña colorée et printanière.
Moins rigolo le discours de "l'humaniste" qui peut avoir l'audace, l'hypocrisie, le cynisme d'asséner cette affirmation "l'existence de la burqa se révèle inoffensive pour la santé publique". Tristesse, honte, rage, de voir à quel point le discours peut justifier la négation de la femme, son maintien dans la soumission et l'inexistance ... fantômes lugubres qui se meuvent silencieux et "absents". Néants incolores et inodores. Bêtes de somme serviles, reproductrices et sans visage. Tous les ingrédients sont réunis pour éveiller le féminisme le plus radical. Tant de combats de femmes, d'énergie, de courage, de luttes, pour arriver à ..... ça !!!
Alors Marc, promène-toi avec ta belle. Assène à ces obscurantistes avec "hombria y casta" la fierté et le respect que tu voues à ta femme, à LA femme. Ni pervers ni sophistiqué : un homme, un vrai !

Anonyme a dit…

Marc avait mis les voiles ? - Non. Pour notre plaisir ou notre réflexion, il est là, il a pris son pied aux arènes et nous en dévoile ses heureuses surprises, puis il soulève les épaisses draperies de l’actualité, comme d'habitude.
Gina

Marc Delon a dit…

Oh, le fan-club, du calme ! C'est le printemps ou quoi ? 'Reusement que je n'ai pas publié ce portrait de Mora...

Finalement, la tauromachie ça n'intéresse personne ici... ?!?

Anonyme a dit…

Et moi, en me baladant à Carcasonne j'ai vu ça :

http://www.ladepeche.fr/article/2011/04/09/1055368-Carcassonne-Amende-de-10-euros-avec-sursis-pour-celle-qui-tenait-son-amant-en-laisse-par-le-sexe.html

Tant de guerres de Troie, d'Horaces , de Curiaces et de blagues de Philippe Bouvard pour en arriver à...çà !!!

Allez, Madame Delon, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Jean-Sébastien Baratapas

Anonyme a dit…

Mon amie Sylvie (tu te rappelles peut-être) a passé des semaines au Liban et en Syrie. Là bas les touristes féminines se photographiaient entres elles et à tour de rôle devant les monuments...
Mais, comme elle dit Sylvie: "à quoi elles se reconnaissent sur les photos? Tu fais une seule photo, et hop c'est bon!"

isa du moun

Marc Delon a dit…

Tu m'enlèves la surprise ça allait être un post ! Plus envie maintenant, na...
A cette occasion on peut se demander quelle aurait été la réaction d'un tribunal de la Raie publique qui ici s'est bidonné tout du long en pleine complicité avec les prévenus, s'il y avait eu à juger un bon musulman qui aurait promené en laisse une femme enchaînée par les grandes lèvres...
Que n'aurait-on pas hurlé au scandale ! Faut reconnaître...
Le copain de ludo, là, ce Zemmour a encore raison : la société s'est matriarcalisée, la femme est le premier sexe ! Y'a qu'à voir la pub, le pauvre type est toujours le gros benêt qui se fait berner par sa femme ou comprends avec un temps de retard...

Marc Delon a dit…

ouais mais bon, Isa, ta copine là, ce n'est qu'une villageoise landaise, on ne peut pas non plus lui demander de tout comprendre ;-)

Anonyme a dit…

10 euros avec sursis pour une chaine qui sert de laisse et qui sort de la braguette
150 euros pour le déguisement de fantôme dans un lieu public
choisis ton camp camarade
isa

Marc Delon a dit…

Ah non, pardon... la chaîne ne sortait pas de la braguette, le monsieur déambulait tout nu dans les rues, menottes aux poignets et testicules enchaînées... Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour plaire à sa partenaire.

Anonyme a dit…

le monsieur de 40 ans était tenu en laisse pas nu en laisse!

"L'audience a été marquée par «les éclats de rire», mais la justice a fait son travail. Le couple dont l'homme, un Roumain de 40 ans, avait été surpris à Carcassonne la braguette ouverte, une chaînette fixée à ses testicules. Il a écopé de dix euros d'amende avec sursis, rapporte ce vendredi le Midi Libre.

C'est avec cette même chaînette que la compagne de l'homme, une retraitée de 63 ans, le tenait dans la rue après un défi lancé par celui-ci. Las, ils ont été surpris par une policière municipale le 9 février dernier qui les a interpellés et placés en garde à vue «pour attentat à la pudeur».

Lors de l'audience, la retraitée a tout de même tenté de se défendre, expliquant que «la chaîne était fixée à un bouton du pantalon et non au pénis de son ami». Le procureur de la République a terminé son jugement en conseillant au couple de «réserver leurs jeux à l'intimité de leur domicile», ajoutant que «réaliser un fantasme diminue la libido»."

Tu vois bien qu'il n'était pas tout nu.
Parce que je vais te dire, un 9 février rue de la gare à Carcassonne tu fais pas 10 mètres à poil tellement il fait froid, ou alors en courant vite.
isa

Anonyme a dit…

Suite à un pari?
Ah ils sont farceurs en maison de retraite!!!

Anonyme a dit…

J'ai piqué un de ces roupillons !
Puis j'ai cru entendre du bruit dans l'appart à côté : p..... les voisins sont revenus et m'empêchent de dormir avec leurs toros, leurs burqas et leurs nanas.
Le mieux est de se joindre à leur teuf. Bonjour tout le monde ! De toute façon, dans quatre jours je pars là bas, au fin fond de mon Espagne.
Marc, tu as laissé passer l'autre fait divers de Carcassonne, où un couple, sur l'aire d'une station service, est sorti complètement à poil d'une voiture , a fait le plein d'essence en se tripotant, a provoqué un embouteillage et est reparti. Je crois qu'un comparse filmait. La Commission Torride de Carcassonne est très hard et ça vote plutôt Le Penis chez les Cathares !
JLB

Anonyme a dit…

Gina, elles sont sombres les draperies et noires même.

Olive

Anonyme a dit…

Très belle peau burinée du mayoral. Belle photo.
Cantinera de Cuba

Benjamin a dit…

Hou ce regard... Lumière retaillant ce visage qui en a vu bien d'autres. Fini le bache pour les Cebada ¡ojalá!
Enhorabuana Marc

Anonyme a dit…

Merci pour toutes ces belles photos, si chargées de sens.
Gina

Anonyme a dit…

C'est nouveau, ça vient de sortir.
Marc invente le concept du texte à illustration à tiroirs. Feuilleton photographique qui dévoile une surprise par étapes.
Finalement on ne sait laquelle on préfère : le pied suspendu, le mayoral vieux renard, Sainte Gema en extase ou Mora latin lover ...
Allez, les jeux sont ouverts.
Lidia de la Muleta