dimanche 17 avril 2011

Facile, pas cher et dur à digérer.

Mettons, suite à votre désir d'intégration, vous avez fait cuire des merguez sur votre barbecue, des merguez achetées chez Ali, en bravant votre peur de franchouillard pétrifié par l'étranger, qui fait rien qu'à les embêter. Coup de bol, vous n'avez pas été le malheureux élu des agressions quotidiennes qui émaillent votre quartier chaud-bouillant et vos saucisses assez pimentées pour vous faire oublier de quoi elles se composent, arrivent intactes à la voiture autour de laquelle rôdent trois patibulaires que vous saluez avec un humanisme non dissimulé, feignant de les prendre pour des admirateurs de la marque aux chevrons entrelacés. Eh bien lorsque le grill en est débarrassé - des merguez, eh oh ! - préparez l'air de rien le repas suivant : Je veux dire le repas suivant celui que vous êtes en train de manger ! Mettez des poivrons à ''braises mortes'', retournez-les deux fois ce qui s'avère judicieux pour les cuire sur leurs trois côtés - calculez, vous verrez - et puis même, debout sur leur base, côté pédoncule. Au cas où il s'en trouverait d'assez tartes pour essayer de l'autre côté... Dessert du repas actuel absorbé, un crumble aux pommes, mais cela importe peu, pelez-les, avec la pointe du petit couteau qui vous sert à pleurer. Quand vous pelez les oignons avec icelui. Débarrassez-les de leurs graines, oui-oui, faut tout dire, dans une ''recette'', même les évidences et donc, souvenez-vous, les oignons n'ont pas de graines. Découpez-les en lamelles looooooongues que vous déposez dans une jolie assiette creuse en terre cuite vernissée, du Var, avant de les inonder - j'ai jamais dit que vous alliez mincir - d'huile d'Olive. Là, faut marquer un stop. Stop. Pas de l'huile à trois francs six sous achetée dans n'importe quel mauvais rayon de supermarket ! De l'huile du moulin, de la vraie, de la bonne, que des pros se sont "estrassés" à fabriquer comme il faut. Parfumée. Eh oui, faut mettre le prix... mais la vie est courte... faut savoir ce qu'on veut... rien à foutre de votre pouvoir d'achat en berne... Faut de la bonne huile et pis c'est tout ! Arrosez... encore... je sais, votre femme est en train de vous dire que vous en mettez trop... ignorez-la... arrosez toujours... elle continue ? Une rasade de plus ! Jusqu'à ce qu'elle ne rouspète plus. Faut les dresser, les infirmières raisonnables, les détouner du principe de précaution, leur apprendre le plaisir, que diable ! Parce que si vous commencez à renoncer là, à la rasade d'huile, je ne vous donne que très peu d'années pour que ce soit vous, qui soyez mangé ! Escagassez-moi sept ou huit gousses d'ail dégermées au presse ail dûment raclé avec la lame du petit couteau pleureur. C'est fini. Si c'est pour vous, ça suffit comme ça. Si vous recevez, rajoutez de la couleur : noir d'olives, jaune et blanc d'oeuf, brun et argent d'anchois de Collioure, beige pois-chiches, vert et nacre de cébette et encore un filet d'or par dessus. Digestion pénible et haleine de fennec assurées, mais faut savoir ce qu'on veut. De rien. Quant à ceux qui n'aiment pas le poivron, qu'est-ce qu'il foutent encore là, à lire cette ligne ?

4 commentaires:

Maja Lola a dit…

Té, Vé ! ça m'a embaumé l'ordi, tes grillades orientales et tes poivrons en bain d'olive pur moulin ...
Et tu nous bois quoi, avec ça ?
Parce qu'à mon avis, il faut un peu l'arroser, l'incendie ....

Marc Delon a dit…

Un rouge qui ne se laisse pas impressionner ou pour ceux qui aiment un rosé du Var bien chimique.
Pour moi ce sera agua sin gas de l'ayuntamiento...

Maja Lola a dit…

Bravo ! Quelle hygiène de vie certainement salutaire ...
Quoique, el agua del ayuntamiento sin gas n'est pas un peu "sosa" comme boisson pour de tels arômes ?

Anonyme a dit…

Les poivrons en rang d'oignons, passons, mais les saucisses à on ne sait pas quoi, bien grasses, bien pimentées et arrosées d'huile, le tout accompagné d'un crumble et d'un pinard recommandé par Maja lola.., et de la sieste qui s'impose, voilà qui immunise contre « la perte d'autonomie » du grand âge inaccessible !
Gina