dimanche 4 mars 2012

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Divers (Divins) Alexandrins …

Jean-Philippe Combe


Il est des conjonctions étranges, des hasards heureux ….

Quel bonheur que les quiproquos, palabres delonnienes, railleries et pirouettes bloggesques aient permis la chance de me voir attribuer la douce « mission » de faire la reseña de ce livre de poèmes de Jean-Philippe Combe (alias El Jipe) : « Divers Alexandrins et Hélène ».

Parlons tout d’abord de « Divers Alexandrins » …

Ce recueil est un paysage mouvant. Il nous offre des instantanés inspirés où le poète nous prend par la main et nous accompagne avec délicatesse dans son parcours intemporel où le vivant, l’au-delà, l’onirique, le minéral, le végétal, l’animal, les éléments naturels, le diabolique, le divin, le bucolique, dans une conjonction harmonieusement composée et articulée se fondent, se confondent, s’affrontent, se désirent, se tuent …

Si le romantisme d’un Hugo, d’un Lamartine teintent en filigrane ces poèmes, c’est Baudelaire, non pas dans la malédiction de son empreinte mais dans une inspiration toute en petites touches évocatrices qui s’est présenté à ma lecture. Le culte voué au poète maudit et l’espoir futur de le rejoindre apparaît d’ailleurs dans un poème (L’enterrement de Charles Baudelaire).

Mais là où Baudelaire attirait doucement et langoureusement vers un ailleurs, JPC nous y entraîne par la musique des vers qui tanguent et nous tirent plutôt vers les profondeurs océanes (Le voyage sublime), par le piège obscur et toxique du cœur de la femme aimée (Ton cœur), le parfum capiteux des cheveux aimés et leur toucher sensuel (Le Monde).

Le romantisme qui se dégage de la nostalgie des lieux et du souvenir des instants passés (L’Effet Contraire), de l’envolée lyrique et amoureuse d’un idéaliste et la chute-couperet de l’amante (Une conversation), de l’onirisme autour de l’absence, de la mort, de la souffrance et de la séparation (Supplique pour retrouver l’être aimé), des vers enfouis, rêvés, imaginés en des rêves sombres (L’énigme), de la vibrante déclaration d’amour à la mer (La Mer), ramène à un Hugo, à un Lamartine.

Plus sombre … une quête lugubre et frissonnante (Quête funèbre) entraîne vers les obscurs romantiques, image d’abîmes infinis ….

Mais si les grands poètes sont forcément et de façon subliminale des inspirateurs, JPC écrit avec son émotion, et sa plume est bien singulière et personnelle.

Dans le « voyage » de ses poèmes, il aborde des thèmes qui lui sont certainement chers … Il nous livre ainsi des évocations sur les beautés de la nature mais souvent liées une communion empreinte de symbolisme : fusion entre vivants et éléments naturels, élans du cœur et souffrance (Le malaise du sol), retour dans la maison rurale des ancêtres (Sourire du Cantou), l’alpage accueillant et rassurant (L’Alpage) – « Le lavoir cherche un port sous les platanes » (Le Lavoir), les lieux pour échapper jadis aux tristesses enfantines (C’est par là que j’allais).

Des beautés de la nature, de sa sensibilité à la perception des lieux qui parlent, évoquent, aiment dans une fusion de l’espace en harmonie avec le cœur, l’esprit et l’émotion, la Foi n’est pas absente … une prière d’ascension pour un Serviteur divin (Tout a été souffrance) , les dérives d’une église dogmatique (Schisme, Possession), la fraîcheur candide et émerveillée d’un bambin qui décore l’arbre (Noël), la naissance divine universelle (Sois le Bienvenu), le choix de la foi et l’esprit contre le matériel (Apparition), la résistance à l’appel de la mort (Le Ciel me sauve).

Mais si le poète est inspiré par l’élévation, il est terrien et jouisseur et n’hésite pas à se laisser séduire par les étreintes torrides andalouses (Scène lointaine), par la passion bachique … « J’aime le vin plus que ma vie ! - Quand à minuit ma coupe est pleine – Et que mon œil semble ravi, - Ce fruit doré calme ma peine » (L’autre Fête), par une ode au café, compagnon indéfectible (Le Café), par l’évocation d’heures complices et amoureuses (Heures).

Puis les instants magiques que peuvent être l’aube et la nuit sont sublimés. La crainte du jour qui vient (Sous l’aube de velours), l’exaltation de la nuit et son évocation de rêves secrets (La nuit d’un rêveur), l’apparition de femmes vierges, pécheresses, femmes éternelles (La visite d’un fantôme).

Et l’aficionado se dévoile. La mort d’un torero, le mépris du toro envers lui et le refus d’un indulto, donnent des saynètes savoureuses.

Deux toreros ont les honneurs du poète : Lescarret et Nimeño II. Le premier pour un instant de grâce pendant une faena, le second salué par un vibrant hommage plein d’émotion … « Tu nous as salués en te levant vers Dieu – Et Nîmes t’a porté comme on quitte un héros – Nimeño, je connais ton dogme radieux ; - Naci Torero, moriré Torero ».

Enfin, j’ai volontairement évité d’être diserte sur la seconde partie du recueil intitulée : « Hélène ».

Ces poèmes écrits à la femme aimée sont tellement beaux et émouvants qu’il m’a semblé presque sacrilège de les évoquer ou en faire une reseña …. Ils sont comme des bijoux intimes et précieux que l’heureuse Hélène, objet de tant d’amour, devrait être seule à lire jalousement …. Quelle femme ne rêverait d’un tel hommage amoureux ?


« J’ai compté sur mes doigts chacune de tes Larmes » est le tribut vibrant du poète à l’alexandrin (L’Alexandre) qu’il aborde également par les angoisses existentielles du poète … « Alors je continue sur mon chemin de ronces – Poète affreux aux grands yeux tristes » …


Continuez, cher poète. Cheminez, rêvez, écrivez …. Nous ne sommes qu’attente.

Maja Lola


4 commentaires:

Anonyme a dit…

L’analyse rapide, vivante et précise nous communique son enthousiasme. On lira JIPE.

Et le hasard, auquel on ne croit pas, Lola, s’est avéré particulièrement clairvoyant, heureux et prometteur.

Gina

El Jipe a dit…

Que puis-je dire au-delà de merci. Je trouve déjà tellement surréaliste qu'on puisse consacrer du temps à mon travail qu'en avoir en plus des échos si élogieux me fait mettre un genoux à terre. Alors merci. Simplement.

Maja Lola a dit…

Ces poèmes m'ont enchantée. Je me suis d'ailleurs fait le plaisir, pour certains, de les lire à voix haute, pour le plaisir du rythme, la musique des mots et l'écoute des "larmes" qui scandaient leurs pieds .... car, je l'avoue, j'aime l'alexandrin. Je ne rajoute rien ... tout est dit dans la reseña. Si ! Levez ce genou à terre, jeune homme.

Anonyme a dit…

Ah, parce que c'est un jeune homme ?