mardi 20 mars 2012

La Pensée du Jour

"Le gouvernement de la Catalogne, pour d'obscures raisons politiques habillées en déclarations "humanitaires", vient d'interdire la corrida sur son territoire. A l'époque des infanticides et des néonaticides intensifs, c'est une bonne mesure, il faut sauver les taureaux. Il faut aussi interdire, par la même occasion, des centaines de toiles de Picasso, et aussi les courses de taureaux de Manet, son torero mort, son matador saluant, sa charmante Victorine "à l'espada", tout le travail trouble des choses. Des travelos déguisés en femmes, oui, des femmes raffinées en habits d'hommes, non. Les fleurs du mal n'ont plus rien à proposer à l'amateur. Proust, habile, a caché son jeu. Plus de corridas ? Mais bien sûr, et c'est normal. Un moine bouddhiste français, en robe safran, approuve cette sanction sensible.



Mais que serais-je, moi, minuscule peintre amateur, sans les grandes séances de 17 heures, autrefois, à la Monumental de Barcelone ? Sans les capes, les picadors, les banderilleros, les lentes et mortelles valses des muletas ? Sans le souvenir de Dominguin, royal, offrant, quand la nuit tombe, un taureau à la foule ? Sans l'excitation obscène des femmes au moment de la mise à mort ? "Ahora bien, chico, vamos a ver si sabes matar !" - "Nous allons voir si tu sais tuer !" -Des mères, des filles, des soeurs .... A quand l'interdiction de Guernica, ce tableau pénible ? Salut, Lola* !"


*Soeur de Picasso

Philppe Solers

2 commentaires:

Maja Lola a dit…

J'aime beaucoup cette expression ... "le travail trouble des choses".

Tout cela évoque le regard noir, profond, troublant, pénétrant, brûlant, "mataor" de Picasso ... si proche de l'oeil luisant de nuit ("ojos de mucha noche") du toro bravo.

Tiens, on ne parlait pas d'yeux ici, il y a peu ?

Anonyme a dit…

Peut être des yeux dans le bouillon de culture ?
JLB