mercredi 30 janvier 2013
dimanche 27 janvier 2013
Vieille Recette

La
voisine, une femme ''seule'' avec quatre enfants, de quatre pères
différents avec option ''mariage pour chacun'' à la queue leu leu.
Je l'ai croisée tantôt, c'est une femme vulgaire au physique bien
dessiné. Saluée à deux reprises, m'a déjà offert d'aller boire
le café chez elle. Hospitalière, non ? Ses yeux disaient déjà que d'autres mignardises pouvaient
le rendre moins amer. Non merci. Ses maris ? Tous fainéants,
parait-il. Au lit jusqu'à midi. Quand y'a un tocard, il est pour
moi, qu'elle dit, je les ramasse tous, paresseux, menteurs, lâches,
c'est pour moi !
Tous les matins,
au prétexte d'aérer sa chatte qu'elle surveille vaguement, elle
guette mon arrivée, fumant sa clope sur le gazon devant l'immeuble et
ne manque jamais de me sourire. Vieille recette. Un travailleur, pensez, ça la
changerait. Felis silvestris catus, sa chatte, hein. A une
dent en métal gris. À l'implacable lumière du matin, elle est
super ridée, la quadragénaire, avec un teint de tabago-alcoolo, plutôt gris, avec des plaques rouges et les veines du cou saillantes. Elle
me lance des vannes de mec bourré, idiotes ou salaces, censées
établir une complicité avec moi. Tout ce que je déteste. Parce que ça, je peux le faire mieux qu'elle, moi, or c'est la différence qui m'attire. Homophobe que ça s'appelle, il paraît. Son rire
est sarcastique et contraint, grossier. Elle est mal habillée, sexy
de supermarché. Je crains le pire : qu'elle se pointe à mon
cabinet avec une prescription pour se faire masser le bas du dos en
gémissant...
La
mamie, le lundi, me demande toujours qu'est-ce que j'ai fait de bon à
manger. Elle sait que j'aime cuisiner et comme je n'y connais rien en
broderie... Je veux bien qu'elle soit d'un milieu très modeste mais
ce qu'elle me dit m'étonne : je croyais la Bourgogne région
gastronomique. Si ? Alors elle est sûrement d'un milieu très
très modeste. Depuis qu'elle est à Nîmes, elle n'en revient pas de
tous ces beaux légumes colorés, ces aromates odoriférants, ces
beaux poissons. N'avait jamais vu ça, la mamie.... Ah bon... Elle ne
connaît du poisson que les filets congelés de l'Atlantique
Nord-Est. Elle s'étonne que je les connaisse si mal :
-
Ah ben non, moi je vais chez Carmen, aux halles, acheter des vrais
poissons, entiers, sauvages, du poisson, quoi. Je pêche parfois,
vous savez, alors les pêcheurs, ils n'achètent pas des trucs carrés
sous vide ou avec l'oeil enfoncé et triste... ils mangent du
poisson... Mais je sais, ça devient un luxe...
-
Oh oui, qu'elle renchérit, l'autre jour j'ai acheté de belles
daurades grises, d'élevage, elles sont bonnes, et...
- Non... elle ne sont pas bonnes... bouffent des granulés... peux pas acheter ça, moi....
- Ah oui mais moi vous comprenez je ne peux pas me déplacer facilement et...
- Oui, oui je comprends mais si on parle en ''valeur absolue'' là, comme si par exemple j'allais aux halles et que je vous ramène du poisson, quoi... je ne vous ramènerai pas du surimi, mais un joli poisson...
- Ah oui mais c'est cher !
- Pas forcément... tenez, le marbré par exemple, est beaucoup moins cher que la dorade royale et bien supérieur en goût et moins sec aussi, mais a plus d'arêtes alors les gens l'achètent moins... et puis mieux vaut en manger moins et bon, non ?
- Ben, non, on peut pas toujours...
- Ok, pas toujours mais de temps en temps une belle sole ou un loup tout fringant, une lotte, mmm...
- Ah ben chai pas... j'ai jamais mangé ces poissons-là moi... connais pas - - Quoi ? De toute votre vie, vous n'avez jamais mangé un loup ou un turbot, une lotte ???
- Nooon, connais pas...
- Mais qu'est-ce que vous achetiez en Bourgogne alors ?
- Ben... du colin à bouillir, c'est tout...
- Ouais d'accord, mais à part ça ? Vous n'avez jamais mangé une bourride de beaudroie, un loup en croûte de sel ou flambé au pastis, un turbot au beurre blanc, chai pas, moi...
- Connais pas qu'je vous dis...!
- Ben mince alors... (or elle est obèse...)
- Quand
vous partirez, je vous montrerai ce que je suis en train de faire...
ma grand-mère le faisait déjà...
- D'accord...
- Mais c'est du travail hein...
- Pas grave, ce qui m'ennuierait le plus en cuisine ce serait de réchauffer un plat Picard au four... moi c'est le jeu de construction d'une recette, que j'aime
- Vous êtes comme moi, dorrrrteur...
- Monsieur...
- Si vous voulez... alors vous mettez au fond d'un faitout en fonte, des bardes de lard
- ça commence bien, j'ai justement acheté des bardes de lard gras de la vallée d'Ostriconi...
- C'est quoi ?
- En Corse, du bon cochon quoi...
- Si vous voulez.... vous recouvrez d'une première couche – oh, lecteur, sors ton stylo c'est le moment pour la recette – de fines tranches de pommes de terre, puis d'oignon en rondelle avec du persil ciselé, sel, poivre, gruyère râpé
- Ah bon ?
- Oui... et puis en fait vous recommencez jusqu'en haut du faitout, puis vous mettez à très petit feu, couvert, longtemps, longtemps... c'est tout...
- Combien de temps ?
- Jusqu'à ce que ce soit cuit !
- Ben, oui ! Chui bête... et c'est ancien ça ?
- Oui... j'ai quatre-vingt ans et ma grand-mère me le faisait, alors... ça fait comme un gâteau...
- Bon, ok, j'essaierais...
Comment ça s'appelle, lecteur ? J'ai oublié... mais je la revois demain... si c'est bon ? Ben, ça cuit là...
Libellés :
Bourgogne ; gâteau de pommes de terre,
Marc Delon,
sexy
samedi 26 janvier 2013
Info : Dossier Charlie-Hebdo sur la corrida
<< Dans ma famille, on adore enculer les chèvres. Aussi loin
que je me souvienne, je revois mon grand-père dans le jardin le
dimanche en train de gamahucher Marie-Françoise. La brave biquette
essayait bien de se soustraire aux assauts de papy, mais le vieux
faisait bien son quintal et ma grand-mère maintenait fermement
Marie-Françoise par les cornes.>>
La suite ici :
mercredi 23 janvier 2013
Qu'est-ce que la corrida ? Mmm ?
Alors ? Art ? Rite ? Sport ? Barbarie ? Théâtre cathartique ? Défouloir ? Cirque ? Addiction malsaine et morbide ? Snobisme avéré ? Sexe pour impuissant ? Pornographie de la mort ? Prétexte à joute verbale ? Verbieuse ? Révélateur d'ego ? Branlette aristotélicienne ? Alors ? Hein ? Wolff ? Quoi ? A voir ici :
Entretien parisien sur la corrida...
Entretien parisien sur la corrida...
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corrida,
Enthoven,
Francis Wolff,
Marc Delon (je m'excuse...)
dimanche 20 janvier 2013
Marc et des fleurs pour les femmes
Voilà, le flamenco c'est fini. Ce matin, la douche ne m'a pas réveillé. Louise m'a porté mon café au lit. J'en profite, ça l'amuse encore : elle met plein de trucs inutiles comme des biscuits, des petits chocolats emballés, des papillotes qui restent de Noël... elle décore le plateau et n'oublie pas LE bédicabent. Elle est souvent enrhumée. Dehors, la terrasse est mouillée, des flaques luisent dans le soleil revenu. Mon fils aîné m'envoie une photo de sa fenêtre légendée "Rueil en Savoie" où tout est blanc. La cheminée du voisin fume. Lundi prochain on me livre cinq stères de charme. Il parait que ça brûle bien le charme. Sans fumée. Pourtant il y en a une qui m'a déjà expliqué le contraire, que tout le charme pouvait soudain partir en fumée. La vie n'est qu'une farce temporaire où valsent d'éternels egos. Il faudra ranger cinq stères de charme, corvée de plusieurs heures, le long du mur d'enceinte, face à l'entrée, puis faire des allers-retours salissants, froids, venteux, humides, pour nourrir l'âtre. Des stations quadrupédiques pour l'allumer, l'attiser, des discussions inconciliables car, face au feu, chacun a sa technique, et n'est pas incendié par la même allumette, surtout si une ex-Akela te prend encore pour un louveteau... Etonnant qu'elle puisse ensuite s'étonner de ta fascination pour une danseuse gitane sensuelle dont Maja Lola t'explique ci-dessous l'actuacion, en une resena simple, claire et exhaustive ce qui me conforte dans la flemme d'entreprendre la mienne... je te laisse donc avec elle, lecteur, en criant comme elle : Vive la flamme ! Euh... non, vive les femmes ! Ou bien la flamme pour une femme, je ne sais plus... Enfin bon, y'a un tri à faire, quand même... "Marc les Fleurs'', lui, en avait huit qui le boostaient hier soir, tu m'étonnes qu'il dansait bien !
Flores, Flores …. queremos Flores !
Heureuse, comblée et émerveillée par le spectacle de cette soirée … la dernière du festival pour moi mais un des meilleurs moments de qualité, maîtrise chorégraphique et émotion.
Marco Flores danse avec sensibilité et puissance. Sa technique est irréprochable et son corps svelte et nerveux est en osmose totale avec la musique … ce corps si musicalement expressif qu’il donne souvent l’impression d’être la baguette conductrice de la pièce musicale.
Tous les artistes de ce soir étaient exceptionnels … et je pèse mes mots.
Le danseur a rendu là un bien bel hommage à LA femme. Mercedes Cortés et Fabiola Pérez au chant, deux guitaristes féminines, Antonia Jiménez et Bettina Flater et trois talentueuses danseuses, Guadalupe Torres, Carmen Coy et Lidón Patiño, constituent cet extraordinaire cuadro que nous avons eu le privilège d’admirer ce soir. Tientos, tangos, soleá et une très belle nana dansés par trois femmes aux morphologies très différentes mais qui s’accordent parfaitement, chacune a su manera.
La mise en valeur de ces artistes par le maestro, le sourire complice, chaleureux, épanoui de ce dernier et la virtuosité de son art restent un point culminant de ce cru 2013.
Vive les femmes ! Vive Marco Flores !
Une ovation appuyée et bruyante et un jaleo final digne des meilleurs tablaos, et nous voilà déjà dans la frustration de l’attente d’une future prestation de ces artistes talentueux.
samedi 19 janvier 2013
Tomasito...
Une idée - incomplète - du farfelu ici, ça commence en 1986... :
Celui que les cameramens ont du mal à cadrer
Celui que les cameramens ont du mal à cadrer
Litote Popote Bobote
Fiesta y ….
Fiesta . Le linge coloré sèche sur un fil. La « famille »
au complet assise et serrée peut commencer la juerga
flamenca.
Pas de
fioritures créatives, ni d’académisme conventionnel … du
rustique, de la gouaille, de l’éraillement, de la démesure dans
la frénésie d’un groupe de vrais gitans.
Bobote,
costume en taffetas orangé, palmero
exceptionnel, nous offre un concert de palmas à 12 mains à la
rythmique sans faille. Un ruedo de bastoneros
en parfaite harmonie et voilà le spectacle en marche pour le voyage
bobotero.
Le maestro
règle son spectacle en chef de clan et l’on a vite compris que ce
dernier est essentiellement masculin … Seule la solide Mari
Vizarraga donne de la voix et invective l’audience avec une voix
puissante qui ne souffre aucune contrariété.
Là nous
sommes dans le pur jus de la rue, du quartier de Triana, de ce
flamenco callejero
tourné vers la fiesta et la patá.
Populaire sans mépris. D’ailleurs, le titre du spectacle « De
Triana a las Tres Mil » est explicite :
las Tres Mil viviendas …. Cette cité dangereuse et infréquentable,
construite dans les années soixante, qui pose d’énormes problèmes
d’insécurité. Refuge de gitans fuyant les bidonvilles et repère
de tous les dangers.
Que
deviennent ces Martinetes, Soleás, Tangos et Alegrías dans ces
cités ?
Bobote
démontre que tout est encore vivant et nous a fait passer une
soirée festive, gaie et sans complexe.
Sans
complexe en effet lorsqu’un « after » à l’Atria
fait découvrir un Bobote en casquette colorée, sweet gris informe
et tennis délavés … Au placard, le costume orangé !
Sous a
verrière du patio, le spectacle était éloquent : un cercle
d’environ 50 personnes (et pas une seule femme), prémisses d’une
série d’espontaneos
de cante par un jeune
garçon d’environ 11 ans qui fait plus que promettre … c’est
déjà un cantaor !
« Ils
viennent tous de Marseille, ai-je entendu »
Le garçon
est talentueux, a de l’avenir, et Bobote lui promet de l’aide …
il sera son parrain là-bas, plus au sud, à Séville, dit-il en le
serrant dans ses bras et le faisant assoir sur sa propre chaise.
Tel un
jeune champion en devenir, toute la famille entoure et le protège
l’enfant prodige.
Curieuse
famille dont certains font littéralement barrage autour du trésor
gitan au point de masquer la vue à l’assistance qui souhaite voir
le spectacle. : bêtise grossière et crasse de la part d’un
quidam, cro-magnon qui se reconnaîtrait dans ses lignes s’il
savait lire et dont le comportement m’a laissée sur une touche
désagréable en fin de soirée …. bien loin de la réunion
flamenca qui se pratique dans les lieux où le partage généreux de
la fête a encore un sens.
Dommage ….
Les boboterías du
spectacle m’avaient enchantée.
Maja Lola
Pour
nombre de parisiens s'enchaîne au quotidien le fameux
métro-boulot-dodo tandis que pour certains festivaliers ce serait
plutôt litote-popote-bobote. Sur fond de linge suspendu dont le drap
sert d'écran à la projection d'un petit film de présentation où
Bobote muy pequeno révèle déjà son talent de danseur, se
réunissent dix lascars élevés au J and B et à la clope, autour
d'une maîtresse femme dont la présence se révélera au fil de la
soirée comme la seule et nécessaire concession à la construction
de ce monde de machos. La photo d'illustration sera donc pour elle ! A cet éclairage on comprendra mieux son
tempérament quand elle va se lever et fâchée, apostropher la
planète entière. Une matrone, il fallait bien ça pour se faire une
place au milieu d'eux, avec sa voix qui sort avec une facilité
déconcertante, puissante et véloce. Une matrone du genre à ne pas
traîner en route si elle t'envoie aux courses, au Corte Ingles du
coin acheter son Agua de Sévilla à la fleur d'oranger.
Après,
que du lourd, du très lourd, tant dans le cante que dans le baile.
Des personnalités marquées, peut-être, allez savoir, plus ou moins
bandits, mais habillés comme des beaux messieurs, avec des cravates
faisant comme un cerclage de tonneau sur leur ventre épanoui, des
qui n'ont plus besoin de faire, mais juste d'évoquer, pour que la
suggestion opère tant ils le transpirent ce Flamenco distillé au
goutte à goutte de l'alambic de leur âme. Des types différents,
décalés, inclassables, qui sont ailleurs mais toujours de là-bas,
dont les raisonnements à coucher dehors vous feraient frémir, ne
feraient certainement pas avancer le monde, la vie en société, la
tolérance, le progrès. Mais là est leur richesse, dans ce décalage
même, même si on aurait préféré de la colonie exclusivement
masculine – les femmes c'est bien connu doivent rester à la maison
- de Marseille et des environs qui rejoignit le jaleo de l'Atria,
qu'elle teinte de gitanité les quartiers nords plutôt qu'elle se
dilue dans ces uniformes de supportes de l'OM aux blousons Adidas et
casquettes maintenant les idées courtes ''près du bonnet''.
Du
lourd comme ce danseur grizzly croisé Demis Roussos dont la danse
agressive faisait craindre pour l'intégrité du théâtre (s'il
avait pu le démonter et que l'année prochaine on soit à l'Odéon...
trop top ! ) du très lourd, avec un autre à lunettes, plus
âgé, embounigue à l'air, dont le zapateo rappelait Berlin sous le
déluge bombardier des B52... C'est beau aussi la puissance. Avec
Bobote, crevette instigatrice, singe savant ou parrain de la troupe
c'est du lourd de jockey, agile et astucieux qui n'agit que par
piqûre de rappel, touches légères de quintescence, on quitte
l'Agua de Sévilla pour l'essence de Triana, et alors une seule
goutte suffit à embaumer.
Et
puis, après une halte en calories, changement de cap pour Tomasito à
Paloma, vers un autre monde où une fille hurle au moment ou je
rentre dans cette salle : tienne una calcetina muy sexy !
Du coup le sympathique chanteur encouragé tombe sa chemise déjà
entrouverte pour révéler son physique de collégien anorexique pour
mieux nous donner son curieux mélange de flamenco-rock improbable
mâtiné de quelques fantaisies zapateotesques avant de quitter sa
ceinture puis son pantalon épanouissant enfin la curiosité de sa
groupie avec sa calcetina comme on n'en trouve vraisemblablement
qu'en andalousie, très ''dalmatien'' rehaussé de filets rouges. Le
type est très sympathique, clown almodovarien et chanteur passionné
qui finira à quatre pattes zapateant comme un fou avec ces
chaussures blanches aux mains : tordant ! Et musique pas mal du
tout, relativement inclassable, je crois bien que je vais rechercher
son CD...
Enfin,
retour à l'Atria où se fera ''LA'' rencontre de la nuit, non pas le
bourrin de service au regard moins éveillé que le bovin après le
coup de matador au frontal, à qui Maja Lola faillit filer un coup de
boule ou me faire tuer par la colonie c'est selon... mais la race
d'un enfant, ma première expérience de voix flamenca avant la mue,
toute la grâce d'un don céleste qui terrassa gentiment en
comparaison immédiate les ténors bobotiens quasi aphones,
inaudibles alors qu'on était à un mètre d'eux, plus rien sans
sono, timbre évanoui, alors que pulsait clair et émouvant le filet
pur de ce gisement non encore exploité, des pépites plein la gorge.
Son nom ? Ben, c'est là qu'on voit qu'on n'est que des
journalistes amateurs : abasourdis par la révélation nous
n'avons pas eu le réflexe de le lui demander ! Devant lui sur
la table, cinq cadavres de J and B et un épais brouillard de fumée,
destinée tracée vers laquelle il se dirigera sans doute
précocement tout droit, à la poursuite mimétique de glorieux
aînés, seigneurs des tablaos qu'on continuera d'aimer
irrationnellement en espérant qu'ils ne soient pas aussi décérébrés
que certains membres de leur tribu. Ce qui écornerait salement le mythe et l'énorme crédit de bienveillance qu'on avait pour eux.
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vendredi 18 janvier 2013
Batucada de Javier Baron

C'est tonique, impétueux, viril, carré. Ça ne rigole plus, ça assure. Au service de quoi ? Rien... c'est ça le problème... rigueur ok, technique ok, mais pour... ? Pas assez grand pour être élégant, pas assez petit pour être explosif, chez Baron tout est moyen, sauf la technique, la sensibilité, la précision, l'élégance, dixit le cartelito de présentation chargé de t'influencer et sponsorisé par la MAIF. La prestation avec le gilet et le foulard ? Très moyenne et peu spectaculaire. ça se comprend d'ailleurs : on ne peut pas être au taquet tout le temps, spectateur avachi dans ton fauteuil de théâtre en velours fines côtes, rouge !
Sinon, comment que je me suis fait queni ce soir ? Vous voulez que je vous raconte ? Ah, je me suis bien fait queni ! Vous me connaissez, la moitié de la population me prend pour un fou et l'autre n'a pas confiance en moi... et donc ce soir, je n'ai trouvé personne au débotté pour m'accompagner après que celle qui devait se dévouer m'ait posé un lagomorphe. J'ai donc essayé de revendre ma place... vingt au lieu de vingt-neuf, sympa non ? Impossible et la sonnerie du théâtre qui retentissait... voyant tout à coup entrer une charmante jeune femme, je lui demande si elle vient acheter une place : oui-da ! Qu'elle me précise en somme... N'en faites rien chère amie, je vous l'offre, je ne veux pas la laisser perdre et vous en fait volontiers profiter ! Encore plus sympa, non ? Seul ''ennui'' lui précisè-je dans la foulée, vous serez assise à côté de moi... lui sussurre-je dans un sourire carnassier que 007 himself n'aurait pas renié dans les moments les plus ''hot''. Non, non, c'est très bien, me rétorque la belle enfant polie dans un gentil sourire entendu... (Saaaaalope!) et je tourne les talons comme si de sa présence peu me cherrait... (fuit l'amour il te suit, fuit l'amour il te suit... c'est la base...) je m'installe dans mon fauteuil contemplant celui de gauche, vide, avec une satisfaction certaine en pensant au joli minois qui allait le garnir et bientôt me donner de doux coups d'olécrane.
Et puis de loin, j'ai aperçu une rombière qui regardait dans ma direction, louchant sur ce fauteuil... Non, elle ne m'a quand même pas... eh bien si ! Lecteur compulsif jubilant de ma mésaventure ! Elle avait refilé ma place à la vieille ! Et s'il le faut la lui a vendu même !!! Doublement queni ! La vieille rombière obèse comme il se doit sentait fort, respirait fort et applaudissait fort, mais à part ça, rien qui puisse constituer une croustillante anecdote dont vous êtes si friands que vous préférez dès potron-jacquet courir allumer votre PC plutôt que d'aller faire un café à votre moitié qui certes, ne le mérite plus depuis longtemps. mais bon, vous vous gaussiez quand on vous disait : si vous vous aimez, ne vous mariez pas ! Eh bien maintenant c'est café à part, ordi à part et chambre à part !
Le spectacle ? Quelques remplissages en forme de solo de cajon ou guitare pour que souffle javier, un fameux baron de la danse pour la danse.
Hombre !
Barón ou … Varón ? On ne se pose pas la question longtemps tant la virilité de la « faena » dépouillée, sobre et dense de Javier Barón a pris possession, dès l’entrée, de la scène du théâtre.
Masculin jusqu’à bout de ses tacones qu’il martyrise tantôt en leur infligeant des vitesses de zapateo proches de MACH2, tantôt par des effleurements nerveux, secs et rapides du bois de scène, donnant parfois l’impression de glisser et de produire à l’oreille comme un roulement de grosses billes jetées brusquement au sol. De fulgurants talons-pointes permettent à peine à l’œil de les distinguer.
Torero via des passes évoquées par d’amples torsions cambrées, muleta imaginaire tenue au bout du bras, postures castizas, bras déployées en corbeille dessinant ainsi, en ombre chinoise sur le cercle de lumière central, les cornes d’un bicho (le balcon donne parfois des angles de vue intéressants …)
Bailaor ayant toute la maîtrise d’un zapateo inventif scandant, tel un quatrième instrument, la guitare de Juan Campello, le chant d’El Galli et les percussions de José Carrasco.
Jaleo spontané à la fin …. chaleureux, souriant, festif. Tous ont fait leur patá, sauf le timide et longiligne percussionniste.
Maja Lola
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mercredi 16 janvier 2013
Une Vedette peut en cacher une autre...

Bon enfin, madame Linares a dit au revoir puis est revenue avec la brunette qui dansait et là, oui, là, enfin, il s'est passé quelque chose : la brunette a tout donné et disant cela je n'exclus pas son joli corsage tout fripé qui balconnait si bien. Et là, alors, oui, après le Clang ! final du dernier coup de talon, les applaudissements crépitaient beaucoup moins mollement et on pouvait aller se coucher, exténués, pour tenter de rattraper le déficit de sommeil qui nous accable. Enfin... quand je dis ''nous'' je parle de moi... car pour avoir la resena de Lola faudra attendre, hein... parce que pour elle, la soirée commençait à peine et elle se cherchait un restaurant pour commencer sa nuit à se sustenter... Demain huit heures, elle sera au boulot fraîche comme un gardon... resena écrite... tandis que mon visage se creuse et que je ressemble à Lendl au tie-break du cinquième set, question cernes...
Mais elle, c'est une Espagnole, on peut pas comprendre... En plus, s'il le faut, allez savoir, elle chante ?!?
Carmen Linares et le talent salvateur
Carmen Linares est certes un monument. La expectación était au programme mais la decepción en a été le remate.
Dès le premier chant, « La Luz que a mí me alumbraba », sa voix paraît voilée, en souffrance technique (et non émotionnelle) étouffée littéralement par des instruments trop nombreux et hauts en sonorité … deux guitares, un cajón et un piano.
Vient aussitôt l’idée d’un hypothétique problème vocal. Puis, au fil des chansons, il apparaît qu’avec un accompagnement instrumental plus modeste, sa voix se pose mieux sur le registre chanté, recouvre sa limpidité et sa maîtrise.
« Mis hojos sin tus ojos », de Miguel Hernandez qui m’ont émue aux larmes, « Moguer », de Juan Ramón Jiménez , les « Bulerías lorquianas », de Garcia Lorca et le « Se equivocó la paloma » de Rafael Alberti, restent les moments exceptionnels de ce récital.
Hélas, tout le spectacle de Carmen Linares n’a été qu’une suite inégale de prestation de voix.
Non, il ne suffit pas de chanter des poèmes d’Alberti, Hernandez, Garcia Lorca. Encore faut-il que l’interprétation les porte et les magnifie … cela n’a pas été le cas ce soir. Même le « Anda Jaleo » final de GL manquait de nervosité et d’allant et s’approchait plus de la sage comptine que du fougueux chant de mort de la paloma.
Tout le respect envers cette grande dame reste cependant intact … fière et droite appuyée au piano, elle a su malgré tout nous laisser entrevoir des instants fugaces de poésie et d’émotion.
Mais ce soir, le spectacle a été « sauvé » par un bel instrument singulier et exceptionnel …. la bailaora Belén Maya.
Un maniement sans faute de bata de cola et une ventilation au mantón plus loin, la danseuse a été exceptionnelle d’inventivité gestuelle, de technique, de grâce, de sourire, de générosité.
Du pur bonheur de voir ces deux femmes d’âges si opposés et de qualités artistiques si différentes, former une pareja émouvante en se démontrant, devant le public ravi, une affection presque filiale.
Maja Lola
Mais elle, c'est une Espagnole, on peut pas comprendre... En plus, s'il le faut, allez savoir, elle chante ?!?
Carmen Linares et le talent salvateur
Carmen Linares est certes un monument. La expectación était au programme mais la decepción en a été le remate.
Dès le premier chant, « La Luz que a mí me alumbraba », sa voix paraît voilée, en souffrance technique (et non émotionnelle) étouffée littéralement par des instruments trop nombreux et hauts en sonorité … deux guitares, un cajón et un piano.
Vient aussitôt l’idée d’un hypothétique problème vocal. Puis, au fil des chansons, il apparaît qu’avec un accompagnement instrumental plus modeste, sa voix se pose mieux sur le registre chanté, recouvre sa limpidité et sa maîtrise.
« Mis hojos sin tus ojos », de Miguel Hernandez qui m’ont émue aux larmes, « Moguer », de Juan Ramón Jiménez , les « Bulerías lorquianas », de Garcia Lorca et le « Se equivocó la paloma » de Rafael Alberti, restent les moments exceptionnels de ce récital.
Hélas, tout le spectacle de Carmen Linares n’a été qu’une suite inégale de prestation de voix.
Non, il ne suffit pas de chanter des poèmes d’Alberti, Hernandez, Garcia Lorca. Encore faut-il que l’interprétation les porte et les magnifie … cela n’a pas été le cas ce soir. Même le « Anda Jaleo » final de GL manquait de nervosité et d’allant et s’approchait plus de la sage comptine que du fougueux chant de mort de la paloma.
Tout le respect envers cette grande dame reste cependant intact … fière et droite appuyée au piano, elle a su malgré tout nous laisser entrevoir des instants fugaces de poésie et d’émotion.
Mais ce soir, le spectacle a été « sauvé » par un bel instrument singulier et exceptionnel …. la bailaora Belén Maya.
Un maniement sans faute de bata de cola et une ventilation au mantón plus loin, la danseuse a été exceptionnelle d’inventivité gestuelle, de technique, de grâce, de sourire, de générosité.
Du pur bonheur de voir ces deux femmes d’âges si opposés et de qualités artistiques si différentes, former une pareja émouvante en se démontrant, devant le public ravi, une affection presque filiale.
Maja Lola
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Carmen Linares,
Marc Delon,
Nîmes Flamenco Festival 2013
Danse avec les fauves
Au
théâtre, enfin, à ce noun di diou de théâtre guindé empêcheur
de flamenquer en rond, déjà qu'on a du mal à admettre comme
beaucoup que le flamenco soit un spectacle, c'était relâche, hier.
Et donc nous nous déplaçâmes jusqu'à la salle de l'Atria où se
donnaient deux films, l'un de Jacques Maigne sur le parcours
d'Antonio Moya et son expérience avec les Bacan, les lieux
historiques d'où naquit la chose, tous en andalousie comme chacun ne
le sait peut-être pas, un balayage des espoirs tocaores ou autres
exilés Jerezanos parce que c'est là qu'il faut être pour respirer
ça, ainsi que le toujours astucieux Diego Carrasco qui renvoyait
l'ascenseur en essayant de nous persuader que Nîmes était une place
importante sur la planète flamenca ce qui donnait un petit relent de
promo à ce film. Casas nous avait déjà fait le coup de la « Madrid
Française » et voilà-t-y pas qu'on sentait s'approcher la
Jerez gallo-romaine... On serait pas un peu prétentieux dans le
coin ? Bref, très sympa le témoignage sur les personnages du
mundillo à Port de Bouc, pour finir. Ça donnait envie d'aller y
traîner pour une série photographique. C'est là que Louise m'a
demandé si on allait voir « El Caramelo » cet affreux
petit bonhomme qui ressemble à Claude François en ''moins deux
jours avant électrocution...''
Là,
y'a que ceuss qui regardent ''La France a un incroyable talent'' qui
peuvent suivre...
À
l'hygiéniste lozérienne écolo-infirmière diplômée d'état qui
pour une fois s'était fendue d'un accompagnement compassionnel pour
assister incrédule à une de ces manifestations inutiles (l'Art...)
dans lesquels je la précipite parfois, l'y commettant de force pour
tenter de corroder l'inébranlable pragmatisme qu'elle a en commun
avec toutes les personnes de première nécessité incapables de se
perdre en conjectures esthétiques vaseuses et abstraites, j'ai posé
ensuite cette question :
- Alors, ces flamencos, comment tu les as trouvés ?
Espérant
pouvoir partager quelques considérations superfétatoires certes,
mais néanmoins pittoresques, elle ne m'a lâché qu'un implacable,
objectif et laconique :
Oh
putain... en voilà une qui n'est pas prête à capter grand chose de
l'âme espagnole... pour la punir, je l'y emmène en mai prochain, à
Jerez, tiens, ça lui apprendra ! Au passage, j'ai frémis à
l'idée que pouvait avoir sa famille – et même elle...- de
moi... ! Et pourtant je ne suis qu'un bon père de famille
incapable de plaquer le moindre accord de ''guitarramanuel'' ou
d'étrangler la moindre syllabe en convoquant le vibrato intrinsèque
de mes cordes vocales, un qui fait rien qu'à bosser comme un con
alors qu'il y aurait tant de choses fantastiques à faire sur
Terre.... comme traîner dans les ruelles de Jerez entre deux
écuelles de gambitas al ajillo et surprendre parfois un chant
profond éructé d'une fenêtre (qui vient avec moi?) Et Dieu sait
pourtant, si j'en aurais des douleurs à chanter. M'enfin, bon, tu
comprends lecteur, le week-end dernier, là où je faisais le
revistero flamenco avec ma cop's Lola, elle faisait la toilette
mortuaire d'un de ses patients dont elle avait accompagné les
derniers instants... c'est pas le même monde, t'sais... Quoique...
j'ai pas eu l'énergie et le génie de lui expliquer qu'en ce bas
monde tout se tenait et qu'il y avait de nombreux liens entre les
deux, pour sûr ! Mais le problème, c'est qu'elle s'en fout,
comme de son premier pansement compressif, si tu veux mon avis...
Elle n'a pas le temps de douter, elle... elle se doit d'être
efficace...
S'ensuivit
– je reviens au pestacle - une présentation inutile et longuissime
d'un distingué monsieur qui entreprit de nous brieffer sur les
séquences extraites d'une émission tv des seventies qu'il réalisa,
si j'ai bien compris, avec de magnifiques passages de gens
exceptionnels. Le seul témoignage chanté de Anna Cruz (de mémoire,
hein...) la mère de Camaron, des juergas familiales ou des
prestations intimes comme ce vieux monsieur qui pleurait en entendant
sa femme aveugle chanter ''oscuritas'' (bon... de mémoire
hein...) ou encore cet extraordinaire et beau guitariste qu'est Paco
de Lucia.
Il
y a parait-il, 115 émissions de cet acabit et si on ne nous en
montre qu'une par an, je vous le prédis, on ne les verra pas toutes !
Mais allez, puisque c'est vous, on vous donnera un lien pour vous y
attacher.


Rosa
Metal Ceniza
Il est
parfois déroutant de découvrir la création chorégraphique autour
du flamenco, et les puristes s’en irritent ou s’en détournent.
Le spectacle
de ce soir a dû faire consensus tant la virtuosité de la danse qui
investissait la scène tenait le spectateur captif, du début à la
fin.
La formation
de danse classique d’Olga Pericet transparaît bien mais la
réussite de son art sur scène est de lier jusqu’à la créativité
flamenca toute la gestuelle des deux approches chorégraphiques.
La Rose,
le Métal et la Cendre en fil conducteur du
déroulement des tableaux dévoile d’autres symboliques que chaque
spectateur a liberté de percevoir.
Une poupée
volanté crème chantilly posée dans une posture désarticulée sur
une chaise se laisse réveiller par un lugubre danseur en noir qui
l’anime et l’entraîne jusqu’à la faire exécuter une danse
dont la contemporanéité se transforme, au final, par des sauts
évoquant les boleras.
Fraîcheur de l’enfance.
La
« période » Rose donne ensuite à la danseuse une autre
dimension. Robe moulante fuschia, mantón de
manila aux broderies chargées et peineta
art déco plantée dans des cheveux d’ébène, ses attitudes
(plantes sur scène
appuyés) rappellent souvent les femmes des tableaux de Julio Romero
de Torres. Premier moment fort, tant ce petit bout de femme gracile
donne avec force, maîtrise et virtuosité une danse époustouflante
d’esthétisme et d’émotion. Son jeu de châle est une merveille
visuelle.
Pour rester
dans les « périodes », le tableau suivant nous la livre
Femme, fougue et douleur. Robe flammée, courte et fendue, tout son
art explose. Séduction, trahison, séparation donnent des instants
de danse (pas de deux avec l’homme en noir) d’un esthétisme
incroyable ….. jusqu’à la scène finale où un
homme-ouragan fuse de l’obscurité et l’arrache littéralement
des bras de l’aimé, l’emportant vers les ténèbres
(extraordinaire jeu de scène et bravo à la virtuosité de
l’éclairagiste !)
Au final, la
danseuse paraît moulée dans une bata de cola
noire et brillante. Un travail de bata
avec l’homme en noir revêtu d’une longue redingote donne une
solennité élégante qui n’est pas sans rappeler une fin
(d’amour ? de vie ?) … Zapateos
maîtrisés, déplacements et braceos
…. Les enroulements de corps des danseurs rappellent parfois ceux
de la poupée désarticulée du début du spectacle.
Chants,
guitares, palmas … tout était en harmonie et en fusion avec ce
beau spectacle de danse dont il serait impossible de taire le solo de
danse de Jesús Fernandez qui a littéralement tétanisé et subjugué
la salle !
Belle mise
en scène, beaux effets spéciaux (« respiration-souffle »
de la forge –allusion au métal-, lumière du « rapt »
…) beau vestuario de
la danseuse, un moment fort de ce festival. Bravo.
Maja Lola
Libellés :
Flamenco à Nîmes,
le guépard,
Marc Delon,
Olga Pericet,
Serengueti
lundi 14 janvier 2013
Flamenco de Bellota
Hélas,
à peine aviez-vous repris goût aux resenas en double aveugle de
votre pareja chroniqueuse flamenca préférée, que celle-ci avait
fait l'impasse, et sans s'être concertée, sur la cousinade
organisée par le nîmois Antonio Moya d'Utrera... qui pour ce qu'on
en a rencontré, généra des appréciations aussi diverses que
variées. Unetelle déclara que « voilà, le flamenco que
j'aime c'est ça, sans chichi, simple et authentique, comme il est
pratiqué entre eux quand il n'y a pas de public » tandis qu'un
autre nous déclara « qu'à part Moya et un autre, le reste de
la troupe ne motivait pas le déplacement » débrouillez-vous
avec ça et vos canaux informatifs payants habituels dûment
corrompus par le système.
Ce
soir, nous avons fait le déplacement. En se concertant. Avec la
parfaite, la distinguée, la fine, la délicate, l'incomparable Maja
qu'est Lola. Alors qui ai-je vu ? Ah oui, le territorio flamenco
de l'Extremadure, avec tout d'abord l'entrée tonitruante d'une
immense silhouette, tranchante comme une lame et sèche comme une trique, mixte entre Averel Dalton et un ténor de la NBA
pour un baile de grande amplitude : tu m'étonnes, avec ses 2m08
au bas mot, victime de son morphotype, qu'il était. Et encore quand
on dit bas... Un physique à tourner dans le ''Django Unchained'' du
dernier Tarantino que je vais m'empresser d'aller voir because i love
westerns movies y Tarantino tambiem. Bref, sous le grill des
sunlights, aucun mosquito dans l'espace aérien personnel du cow-boy
qui défouraillait d'impressionnants moulinets dans le vent, à tout
va, sans recharger. Une sorte de Don Quichotte de la plancha, quoi...
(pas mécontent de ma trouvaille... ben si, les moulinets sous le
grill... non ? Laisse tomber...) Suivit une jeune fille -dix
huit ans parait-il- strictement vêtue comme une anabaptiste Amish,
chanteuse déjà bien talentueuse qui saura nous émouvoir dès
qu'elle aura perdu deux ou trois êtres chers, vécu des amours
malheureuses et se sera colletée à une misère encore plus noire
que celle, commune, de l'Extremadure abandonnée, son austère
patrie.
Entra
ensuite un cantaor distingué vêtu comme Franck Sinatra en récital
au Carnegie Hall qui dilata illico la pupille de Lola qu'est Maja,
éminente recruteuse à qui on ne l'a fait pas question repérage
instinctif de représentant avantagé du genre masculin : la
preuve, elle était assise à côté de moi... (Oaah ça va... on
peut déconner, non ?) L'élégant, qui doit aller sur Madrid acheter
ses costumes ajustés – ouais parce que je les ai faites les
vitrines de Caceres et Trujillo, moi...- tient bien la note, est un
virtuose de l'expiration forcée, vibrée, modulée, jusqu'à
s'étouffer, mais todo perfecto. A séduit mes deux oreilles que
j'aurais pu lui attribuer en trophée si je n'étais pas si attaché
à tous mes appendices, quels qu'ils soient.
Puis,
« Django déchained'' revint, redistribuant des beignes
imaginaires à de virtuels adversaires qui inspirèrent peut-être à
ma voisine de droite les coups de coudes qu'elle me refila dans le
flanc, le corps agité de soubresauts que seul Peterhansel connut
dans les dunes du désert d'Atacama. Vérification faite, elle
réprimait à grand peine de puissants éternuements puis cherchait
des kleenex récupérateurs d'humeurs dans toutes les poches
impraticables de son blue jean slim destroy.
Al
final, la troupe s'emballa, tous ensemble tous, pour un final à la
Coppé, décomplexé, lâchant enfin cette retenue à la Fillon pour
faire de la scène une sympathique auberge espagnole enfin flamenca,
dans ce putain de théâtre qui s'y prête si peu, où les
spectateurs bien rangés sur leurs tendidos auraient la fâcheuse
tendance bien franchouillarde à vivre le moindre « Olé ! »
fusant dans l'obscurité comme une incongruité.
Mon
errance solitaire pendant l'entracte alors que Lola cédait à ses
nombreuses obligations mondaines, me conduisit devant une table où
l'Extremadure pas bégueule et opportuniste faisait découvrir son
jamon de bellota qu'un trancheur professionnel en livrée n'avait pas
le temps de découper devant une rangée de poules que leur ligne
aurait pourtant dû préoccuper, qui le picoraient frénétiquement
sans laisser à l'assiette le loisir de s'emplir. N'écoutant alors
que ma mauvaise éducation, je réussissais dans la mêlée à
m'emparer d'un retaillon dudit jamon, audace que je ne devais pas
regretter tant la viande était fondante et le gras exhausteur de ce
fameux goût inimitable de ''beurre rance de noisetier'', le rang
serré des poules picoreuses se reconstituant immédiatement en
décochant ses regards réprobateurs oblitérant toute chance de
récidive. Buenas noches.
EXTREMADURA,
TERRITORIO FLAMENCO
Belle
surprise que cette soirée de flamenco puro
et dépouillé grâce à ces artistes extremeños
talentueux et généreux …
Du haut de
ses 18 printemps, Celia Romero, entourée d’un cuadro dont la
jeunesse ne nuit à la maîtrise de leur art, nous ont servi une
première partie toute en sobriété dans un crescendo rythmique des
palos que la jeune
chanteuse annonçait avec fraîcheur et (presque) timidité.
Soleá,
Alegría, Malagueña, Tango et Bulería.
Oui, ces jeunes prometteurs et talentueux sont une pépinière de
futurs grands triomphateurs de tablaos.
Deux palmeros, Pilar
Garcia et Félix Romero, Francis Pinto à la guitare et la voix pure
de Celia Romero qui, dans une Alegría,
prenait des timbres rappelant Mayte Martín … et voilà une mise en
bouche qui nous conduit vers l’intensité de la seconde partie …
(D’aucuns
m’ont avoué avoir dégusté un délicieux « pata negra »
d’Extremadura servi à l’entracte : je ne puis, hélas, vous
dire si la bellota l’avait suffisamment parfumé …. !)
Pedro
Cintas, élégant et racé de mise, nous affranchit bien vite :
le ramage est encore plus brillant que le plumage. Sa voix est forte,
sans voile, bien posée et capable de sortir toutes les nuances
(matices) de quejíos
longs, profonds, douloureux, qui captent
l’écoute et l’émotion.
Tango
et Bulería offrent au
danseur Jesús Ortega champ libre pour exprimer tout son art. Coiffé
d’un moño à la
Joaquin Cortés, il se lance dans des zapateos
puissants et secs, au compás maîtrisé,
et des glissements latéraux rapides des pieds qui paraissent peu
habituels, dans un braceo
tout en hauteur (il doit mesurer 2 m !).
Généreusement,
le final en groupe de tous les artistes, classique dans le genre
jaleo, offrent une
patá à digne des
bons tablaos … mais tout en sobriété, moins bruyants …
différents des autres régions flamencas plus agitanás
mais pas moins méritants : une autre forme d’art, plus en
harmonie avec la région rurale, rude et secrète qu’est
l’Extremadura.
Belle soirée
…. n’étaient les « ouais …. » ….. « vas-y
…. » d’un quidam qui hurlait deux rangs derrière, persuadé
qu’il était de suivre un match de foot au Stade des Costières !
Maja Lola
Libellés :
celia Romero,
extremadura territorio flamenco,
Flamenco Nîmes,
Marc Delon
dimanche 13 janvier 2013
La Pensée du jour :
Echangerais volontiers Brigitte Bardot en fourrure contre trois Pussy Riots à poil.
Marc DELON
Libellés :
Brigitte Bardot,
Depardieu,
éléphantes tuberculeuses,
femen,
Poutine,
Pussy Riot
samedi 12 janvier 2013
TERRE ! Cria la Yerbabuena...

Que
façonne-t-elle au tour de potier ? Une urne funéraire pour les
cendres des morts, un vase pour les fleurs des champs putrides
jonchés de cadavres ou une jatte pour garder le riz nourricier pour
éviter une deuxième mort aux rescapés ? Je reconnais qu'il est
assez difficile de le savoir et aurais-je seulement pensé qu'elle
évoquait la guerre d'Espagne si je n'avais pas lu un article de
présentation ? Se dévêt-elle de cette hispanité de danseuse
qui lui colle au corps, quand elle quitte ses robes pour n'être plus
que dans le simple appareil d'une femme révoltée, triste, d'où
sourt l'incompréhension face à tant de violence ?
On
l'imagine sous la douche pour la récupération d'un aspect moins
badigeonné d'argile quand apparaît le gominé de service au
physique d'étalon fougueux, aussi pimenté qu'un chorizo fuerte,
apte à faire frémir la ménagère de plus de cinquante ans d'un
seul coup de talon rageur, venu crânement centrifuger son Pento sur
son copain chanteur... Nature oblige, et fervent du mariage pour
personne, j'ai plus goûté la fantaisie de sa partenaire, menue
ingénue, ses exquises mimiques espiègles et ses postures
''craquantes''.
J'ai
goûté aussi le combat de coqs de ces danseurs revenus torses nus et
bermudas zoulous emplu-déplumés, grelots aux chevilles ou poignets,
qui s'affrontèrent stylistiquement, si cambrés que tous les kinés
de la salle avaient mal en L4-L5 et rétroversaient machinalement le
bassin sur leur fauteuil, tandis que les ménagères en surchauffe
déglutissaient de plus belle. (l'aile ou la cuisse?)
La
prestation de la Yerbabuena ne m'a par contre pas paru spécialement
ébouriffante même si elle esquissa avec son châle, une
''Serpentina'' digne des plus belles heures de Paco Ojeda... Mais
j'avoue là mes limites, le spectaculaire n'étant pas toujours gage
de supériorité... Un spectacle très applaudi au final qui ne
restera toutefois pas dans mes personnelles annales, avec une
danseuse moyennement tellurique et pas assez saignante pour
l'évocation d'une telle guerre. Je rappelle pour la troisième année
consécutive qu'il ne s'agit là que de l'avis d'un spectateur et pas
d'un connaisseur. Mais quand je l'aurai dit dix fois je le serai peut-être devenu ? La Maja Lola qui complète habituellement la pareja de choc, improbable, viendra-t-elle à la rescousse ?
Vous le saurez dans les prochaines heures... PHOTO DUZERT
Pas
de « trip» avec la Yerbabuena
Le
sujet, ambitieux, d’évoquer la guerre n’a pas été une
réussite. Une scène plongée dans l’ombre où la lumière se
brise sur les dos de trois hommes à genoux, deux femmes en pleurs et
souffrance traversant la scène puis le claquement des fusils et la
chute des corps ….
Voilà
pour une entrée en matière tout à fait cohérente.
Malheureusement, la suite du spectacle tombe dans un curieux mélange
de styles.
Seule
la Feria donne une jolie touche colorée avec notamment un
Eduardo Guerrero et un Moisés Navarro époustouflants de force, de
virtuosité et d’émotion, bien servis par une Mercedes de Cordoba
en charmante « aguicheuse » courtement volantée fuschia
almodovaresque qui ne démérite pas dans le zapateo et la grâce
flamenca.
Le
combat à mort entre les deux danseurs est sans nul doute le point
culminant de ce spectacle. Toute mon émotion s’est cristallisée
là.
Mais
la grande désillusion de la soirée est …. La Yerbabuena. Si son
zapateo est sans faute, sa danse est loin de donner le « pellizco »
et encore moins l’émotion. Une gestuelle pauvre où un entêtant
moulinet du poignet droit répétitif devient vite désagréable, un
lever de bras asynchrone, sec et métronomique , et un vestuario
morne et triste (elle avait même emprunté le fond de robe de sa
grand’mère) ne sont pas à la hauteur des espérances de
virtuosité.
Reste
que certains tableaux rappelaient d’autres tableaux …. ceux de
Goya et la guerre napoléonienne : le « Tres de Mayo »,
le Carnaval avec ses danseurs fous, un san-benito et des
« peleles » au bout de piques guerrières qui ont
dû certainement inspirer la mise en scène.
Quant
à la musique, l’éclectisme était aussi de mise : j’ai
reconnu un fond de comptine enfantine chantée souvent par les tunas,
il y avait de la copla période franquiste costa del sol, de
la rumba catalane ….
Restera
de la soirée l’originalité du bain de boue de la Yerba qui m’a
donné beaucoup d’inquiétudes quant aux moyens mis en œuvre par
le technicien de surface pour le nettoyage des projections terreuses
….
Maja Lola
Libellés :
Cuando yo era,
la Yerbabuena,
Nîmes Flamenco Festival
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