lundi 20 mai 2013

Des Miuras pour le Show Effroi




Samedi, tout était tombé à l'eau, corridas annulées. J'ai quand même vu deux toros et demi sur un coin de téléviseur au travers d'une foule dense dans un petit bar bien connu. Talavante y recevait le tout Madrid pour une épreuve trop dure pour lui m'a-t-il semblé. On l'apercevait dans les starting-blocks, prêt à sprinter vers la barrière. Les toros aux encornures très larges n'inclinaient pas à l'insouciance et semblaient n'avoir pas souffert de la pique tant ils rentraient forts dans la muleta, du coup plus contenus défensivement que conduits et dominés par un Talavante blême.

J'ai donc dû abandonner la retransmission pour aller faire semblant d'ouïr les nombreuses allocutions de la remise du prix Hemingway : ils n'avaient pas prévu de micro ! En plein brouhaha festif des jardins de l'impé... Dans les rangs, les gens s'entre-regardaient consternés. On a bien vu bouger les bouches. Ils ont donc parlé entre-eux un bon moment, ils avaient l'air contents de ce qu'ils se disaient, avant qu'à la sortie de la casita, au moment où on aurait enfin pu se parler un peu pour savoir ce qui s'était dit, une Tzigane qui avait dû réussir à en voler un quelque part y tonitrue d'importance pour nous empêcher de communiquer. Donc, blanc total pour la cérémonie... incroyable mais vrai. Non, soyons juste, le seul qui comprit et haussa le ton fut le représentant de Bourquin. Qui c'est Bourquin ? Je sais pas, un type de la région...

Le lendemain, reprise des affaires taurines avec Castella et Juan Leal. Soit l'original et la photocopie. Je n'ai pas vraiment envie de vous raconter ça d'autant que j'ai apparemment raté the triomphe du sixième toro d'un melting-pot ganadero plutôt faible, because je devais me rendre chemin de la guinguette pour ma paella annuelle et qu'à 14 heures le bicho dormait encore en chiquero.

La paella : il s'agit d'une confrérie de cheminots tous mélenchonnistes si ce n'est besanceniens qui m’accueillent de raccroc suite à une ancienne alliance, ce qui leur permet d'avoir un mec de droite à table sur qui taper... moi, j'adore... Marc m'accueille en me disant que rien qu'à mes vêtements on voit que je suis de droite ! Et pourtant je n'ai pas de chemise Ralph Lauren dans mes armoires... Un autre me dit que si je suis de droite je suis socialiste, alors ! Ambiance. Faut dire que Marc arbore une ma-gni-fi-que chemise dont le dos est brodé d'un ''Desperados'' du plus bel effet... c'est une bière, non ? Moi, je ne bois pas l'amertume... je lui suggère de la remplacer par un ''Despedida'' afin qu'on ne le revoie plus... (pas Marc, le ''Desperados''...) Ici le champagne ne coule pas à flot, et il n'y a pas de toasts au foie gras, c'est le pastaga, les cahouettes et les picholines, plutôt. Et ça sent bon la garrigue. Ça change de la ville bruyante, pisseuse et poisseuse. A table, ça parle volontiers carbu et injection et on mange dans le plastique. Ça, c'est dommage, elle serait meilleure dans de la faïence Ikea où même des mecs de gauche achètent des assiettes pas chères... y'a pas de lave-vaisselle ou quoi ? Je n'ose même pas suggérer de la faire cuire au feu de bois, le lieu s'y prêterait tellement bien et elle serait tellement meilleure mais bon, c'est sûr faudrait mouiller la ''Desperados'' un peu plus, mais allez savoir maintenant qu'il est devenu un héros du blog, il va peut-être s'y mettre... enfin aider sa femme... sinon je donne son nom et son adresse complète, et même le photographie de face, l'année prochaine... ! Sûr que si toutes les économies passent dans les broderies (putain sur terres taurines dans une resena ils parlent de ''brodures'', ça fout la trouille...) de ses chemises...


Deux assiettes bombées de paella et autres mignardises roboratives plus tard, retour à l'arène en fin d'après-midi pour les Miuras devant Castano et Ferrera. Aucun doute possible la corrida est bien un spectacle. Elle réunit toutes les conditions qui fondent le mot jusqu'à ses différentes nuances : de tous les sens, c'est bien d'abord au regard qu'elle se donne, en étant capable d'éveiller un sentiment, par sa représentation à la mise en scène luxueuse et elle s'affiche en public. Elle est donc spectacle mais pas seulement. Elle est beaucoup plus pour quelques-uns d'entre nous et l'on peut alors se demander pour quelles autres raisons nous allons la voir et qu'est-ce que nous y trouvons (ben, tiens le livre va bientôt sortir chez Atlantica... la promo commence, ébruitez autour de vous)



Disons-le tout net, alors que la foule parut quitter l'amphithéâtre heureuse et comblée comme une vieille fille boutonneuse ayant signé par contrat une promesse de nuit de noces initiatrice et débridée , Marcus 1er, votre serviteur, réboussié congénital originaire de la placette par son père et de la forêt noire par sa mère, n'a pas vraiment marché dans la combine !

Des explications ? J'arrive. La faute, je pense, à … mon grand âge : trente ans déjà que je pris la claque de cette Miurada de Béziers où Milian, Mendes et Nimeno II, jouèrent authentiquement leur vie face à leurs ancêtres auxquels je ne peux m'empêcher de me référer pour savoir de quoi l'on parle. Il y avait, jeunes gens, de cette époque que vous ne pûtes connaître, voire vieilles gens au cerveau oublieux, autant de différence entre eux et ceux de la tarde, qu'entre Chantal Goya gambadant parmi ses lapins roses et Sterling Von Scarborough des Morbid Angel, un groupe de Satanic Métal. 

Ces Miuras modernes ont des allures juvéniles pour la plupart et présentaient tous, deux caractéristiques anti-Miuras au possible : ils étaient très toréables et faibles. En veux-tu des génuflexions, en voilà. Le clou du spectacle qui déchaîna la foule enfin comblée par ce sixième toro de 645 Kg fut qu'il alla quatre fois à la pique. Seulement, entre y aller et les prendre, il y a un fossé. Celui de l'apparence et de la modernité. Il y alla comme un gros tio qu'il était, qu'on appelait et qui n'avait rien de plus à faire que de venir, pourquoi pas, même de loin... mais ni dans un style remarquable ni vraiment très concerné : des trois premières il sortit seul sans jamais s'être employé à pousser et prit la quatrième au regaton... voilà ce qui fit se pâmer l'arène. Un beau spectacle pour incultes de la caste. 
Il faut dire ici que sous des dehors ternes et modestes, Castano et sa cuadrilla ont un concept bien à eux, ils forment une troupe et vendent un spectacle de faena ''banderilles en main''. Castano a quelque chose d'exceptionnel : sa cuadrilla ! Elle comporte deux banderilleros de génie qui saluent à chaque pose : David Adalid alias ''lame de couteau effilée'' et un ''spécial rouflaquettes'' du XVIIIè - le siècle, pas l'arrondissement - dont j'ignore le nom, qui s'est fait pour spécialité de partir à la tête du toro en marchant comme un forcados arthrosique que sa femme aurait envoyé vite fait au marché chercher une livre de bacalao car les invités n'allaient pas tarder. Sauf que nous, on était déjà assis, mais qu'on n'a rien bouffé, claro ! Le tout complété par Tito Sandoval alias ''Mets dans le mille'', le roi de la pique à bascule. Ils officient sous l'oeil morne de Castano torero corto, en réservant leurs effets et furent tout à leur joie quand Ferrera bousculant tous les codes de la hiérarchie s'y associa en compétencia amicale pour mater ''rouflaquettes'' sur le terrain même de la déambulation dite – sur ce blog seulement – de la ''Coxarthrose du Forcados''. Olé ! Clama la foule ce qui est somme toute, assez logique bien qu'imprévisible.


7 commentaires:

Anonyme a dit…

Superbe photo Marc
Merci
Victorina

Anonyme a dit…

Relater c'est tout dire (ou presque)... Si les "diables" n'ont pas pu donner de la voix amplifiée c'est peut-être dû aux aléas de la technique ? A une réorganisation précipitée improvisée due aux conditions climatiques (arènes initialement prévues impratiquables) ? Aux tziganes qui avaient chouravé le seul micro disponible dans l'hôtel ?

L'enquête est en cours ...

Inspecteur gadget

Marc Delon a dit…

l'inspecteur gadget ayant trop bu n'a pas posté son comment au bon endroit on dirait...

Anonyme a dit…

L'abus de boisson (?) serait plutôt à imputer à Marc Delon
car le comment est bien au bon endroit ... (L'escapade "populaire" sans doute ;-)

L'inspecteur Gadget

Anonyme a dit…

Ce dernier commentaire, M. Delon, signifierait-il un manque de sommeil, un excès de fiesta, d'alcool ou de froid neuronal ?
Il me semble que l'inspecteur Gadget a raison.

Quoi qu'il en soit on apprécie le compte rendu et même on aime se situer dans "ces incultes de la caste" qui apprécient une corrida avec des toros différents de ceux de la veille sinon de leurs ancêtres.
Gina

Marc Delon a dit…

mea coupette

Anonyme a dit…

Joshpsi ²kxhPU221., 02U
Pardonnez moi, j'avais oublié d'ôter mes moufles enfilées sur mes mimines depuis samedi matin à Vic.
Voilà qui est fait.
Une Pentecôtavic à chier, à tous les points de vue.
Mais que les gens qui rendent compte de ces corridas sont trompeurs !
Le "spécial rouflaquettes" de Castaño s'appelle F. Sanchez Martin. C'est vrai qu'il a, par moments, la démarche d'un forcado.
Qu'était-il arrivé aux Adelaïde Rodriguez pour qu'ils sortent aussi faibles ? Il a peut être trop plu ces derniers temps, leur dehesa est entre deux rivières et au milieu, en tout cas, coulent des toros.
Sale temps pour les mouches.
JLB