Jean-Marie Gourio l'auteur, dans son introduction :
Ces petites phrases entendues aux comptoirs des cafés, cette petite musique si particulière des gens accoudés, ces avis sur le monde, sur tout, sur rien, sur la vie, je saisissais ces petites phrases comme une nouvelle fréquence de la parole, une onde chaude, amusante, véhémente, poétique, absurde, dont je tombais follement amoureux ! je passais des années à les glaner, en sécurité dans les bars enfumés, dans les odeurs de café et d'alccol, dans les odeurs des gens, dans la bousculade, dans l'immobilité magnifique des après-midi vaseux, bien planqué dans les recoins des grandes villes, et paumé aussi, sur les places vides des petits villages plantés au milieu des champs... Vingt ans ! ...
...au café de la place, au marigny, au Balto... Tic...tac...vingt ans... Eux, les parleurs, et moi, silencieux, nous tous accoudés, l'épaule contre l'épaule, verre à la main et nos coeurs contre les mots... tic...tac... patron ! le dernier pour la route !
A la Régence, aux Trois Frères, aux Pêcheurs... Eux qui parlaient pour dire qu'ils étaient vivants, je les écoutais, avec ferveur, pour mettre dans des livres ce qu'ils disaient, secrètement, par devers eux qui semblaient d'ailleurs vouloir ne rien garder...
...une littérature drôle et poétique. Une fumée de langage, quand la langue sous les alcools s'est enflammée...
...chez Monique, au Clovis, Chez Puce, aux Remparts... Amour de petite phrase... Brèves d'après marché. Brèves d'avant travail. Brèves des jours de chômage. Remettez-nous ça.
...au café Pistache, à l'Horloge, Chez Fred, au Café des Sports...
J'ai voulu pour l'anniversaire de leurs vingt ans extraire de ces milliers de brèves, les phrases les plus étonnantes, les plus poétiques, les plus idiotes, les plus folles, la crème des Brèves, la crème des comptoirs !
...rééclairées, réexposées, concomitantes aux mots de Jarry, Queneau, Alphone Allais, Topor, Tristan Bernard, Sternberg, Bernad Shaw, dans leur forme et leur esprit, soeurettes des mots de ces magnifiques auteurs, Courteline aussi et Capus ! qui n'étaient pas les derniers à fréquenter les bars, je crois, grands beaux écrivains pris de vertiges qui aimaient écouter tous ces gens accoudés pour surprendre le moment où, entre deux verres vidés, par miracle, les buveurs accoudés se mettaient à postillonner des fleurs !
Avant, à tous les carrefours, t'avais des putes ! Maintenant, t'as plus que des rond-points !
Un train qui roule à six cents à l'heure, si tu le rates, je vois pas le progrès.
Si t'es debout au pôle Nord avec ta femme, ça fait comme des mariés posés sur un gâteau.
Le type qui fait de la spéléo pendant ses vacances, il aime pas beaucoup les gonzesses en maillot de bain !
4 commentaires:
Bonne idée la présentation de cet ouvrage, Marc.
Ce doit être amusant et intéressant ce qui sort de la France profonde un peu imbibée et désinhibée. Les exemples cités reflètent en gauloiserie et en bon sens ce qu’on n’a pas l’habitude d’entendre et le bar, c’est un pôle d’observation bien choisi pour qui se promène, mine de rien avec son carnet de notes.
Tous les écrivains, à l'exemple de Gourio, devraient en avoir un.
La couverture du livre est particulièrement attirante par son contenu et son contenant, et ses couleurs ; (la photo, aussi).
Gina
Sans me faire mousser d'autant plus que je suis maintenant rinçé à l'eau claire ces bistrots sont des mines d'or , les unes à grands coups de rouge ,les autres au petit noir d'autres à quelque breuvage scientifique ou médicamenteux,Fernebranca ou Suze mais j'ai rarement vu des endroits aussi propices pour entendre tout et son contraire,les pires conneries..... en fait ce que nous sommes au quotidien mais que nous exhumons dans ces lieux mythiques ou le zinc a vu moulte libations excessives ou pas ,car la fierte et la verite ne sont jamais aussi présentes apres une bonne vingtaine de verres......
C'est de la pub pour les bistrots. On se sent pris d’une envie terrible de les fréquenter et de siroter longuement une grenadine pendant que les conversations spontanées - sûrement plus masculines que féminines -, exploseront.
Ce livre de Gourio il serait à emporter dans les salles d'attente pour sourire à notre praticien quand il tarde à nous recevoir. Ou alors, à ranger dans la salle de bains. Ou à lire si la douleur et la fièvre, la grippe ou une entorse nous clouent à la maison, ou avant que notre film du soir ne commence, quand on a arrêté le son pour ne plus entendre les publicités.
Gina
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