lundi 16 février 2009

Un Petit Livre Génial...



Tous ceux qui écrivent ou que la posture et le statut de l'écrivain intéressent, auront un grand intérêt à se procurer ce petit livre génial. Pourtant, aux fins d'aviver votre désir je ne vous en donnerai le titre qu'après vous en avoir soumis trois extraits. Le premier s'intitule :

L'écrivain est-il sympa ?

Un nombre non négligeable de connards peuplent la sphère écrivaine. C'est d'autant plus frappant que pour la plupart ils ne sont pas nés connards et ne l'étaient pas vraiment avant publication. On se souvient notamment d'un qui, ça parait si étrange maintenant, trouvait les filles intelligentes et drôles. Il y a donc un devenir connard de l'écrivain, voyons pourquoi.
Acitivité solitaire, la pratique littéraire vous assigne à une sorte de misanthropie malgré vous. Rivé à la feuille six étages au-dessus des piétons, vous êtes objectivement seul contre tous. Peu à peu vous prenez goût au confort du soliloque, au silence de la chambre, à la souveraine liberté du conteur et bientôt vous ne supporterez plus les contrariétés inhérentes à la fréquentation d'autrui. Autrui demande qu'on se taise pour l'écouter, autrui objecte à vos arguments, autrui prendrait bien un dessert alors que vous non, autrui a un bouton à la commissure qui agace votre vue, bref, autrui vous fait désirer retouver tôt l'ordi tout docile comparé au monde qui fait rien que vous embêter. La douceur de vos lettres muettes vous rend insupportable le bruit que fait autrui avec sa bouche, avec ses clés quand il les tripote dans sa poche, vous rend insupportable le bruit tout court et encore plus sa promotion, comme joy Sorman put s'en rendre compte lors de la publication de son deuxième roman.
Autrui est un époux ou une épouse que ses manies vous ont rendu détestable, avec un peu de courage vous l'étoufferiez sous un oreiller préalablement imbibé d'urine. Vous êtes devenus subjectivement misanthrope. Souvent cela se ressent dans vos livres.
Il faut dire que votre vocation trahissait d'emblée un gène misanthrope. Sinon, pourquoi se parer ainsi du soleil et passer des heures à se péter le dos sur un siège de bureau Ikéa ? C'est bien que déjà le monde vous emmerdait, que déjà vous n'arriviez pas à y briller autant que votre orgueil l'eût souhaité. C'est au retour d'une soirée où le haut niveau sophistique ambiant vous avait pris de vitesse et laissé coi, que vous avez rédigé votre première nouvelle. Une réécriture de la conversation qui vous attribuait des réparties restées sur le moment collées à votre larynx. Puis de nouvelle en poème et de poème en Confessions d'un paria, premier roman, vous êtes devenu un misanthrope catégorie A. Avec les stigmates collatéraux : aigreur, élitisme, prosélyte, rhétorique pincée....

4 commentaires:

Marc Delon a dit…

isa, tu n'as rien gagné... mais, oui. C'que t'es forte !

Anonyme a dit…

Suis assez con comme cela ,je vais pas m'essayer à devenir écrivain!!!!!
Le connard dechainé et puis pour Isa ,gina et les autres la femme est l'avenir de l'homme(ref Brel)

Anonyme a dit…

Je réponds à Bruno que de toute façon, à tour de rôle, on est con, et quand on ne l’est pas, il y a toujours quelqu’un qui nous juge tel.
Que les écrivains se rassurent. S’ils en sont devenus, ils ne sont pas seuls. Il y a plein de gens tellement imbus d’eux-mêmes qu’ils se situent toujours, une cinquantaine d’étages au-dessus des autres, ou même Là-haut, comme Dieu le Père : il suffit parfois, que leur emploi les oblige à être de l’autre côté d’un bureau, d’un comptoir par rapport à un public. Ils affichent leur puissance à vos dépens et c’est leur triste façon d’exister.
L’écrivain, on lui pardonnerait. Qu’il soit imbuvable par son entourage, déprimé à vie, fatigué, misanthrope on comprend. Mais quelle paix pour les autres quand il passe sa vie dans son bureau, et quel bonheur pour les lecteurs ensuite !
Gina

Anonyme a dit…

On n’oublie pas quand même que beaucoup d’écrivains quittent leur bureau, sont ouverts sur le monde et sur les gens, qu’ils voyagent, multiplient les rencontres, observent, enrichissent leur réflexion et nous transmettent ensuite avec art, le résultat.
Quand on les rencontre comme c’est le cas, par exemple au festival de biographie de Nîmes, ils sont on ne peut plus amicaux : fiers de leurs écrits, désireux de plaire, de vendre, c’est sûr, mais amicaux voire chaleureux.
gina