samedi 28 février 2009

C'est le Printemps !

Pas encore celui du calendrier, non, mais le météorologique, oui. L'herbe repousse et avec elle la fierté entre les cornes. Bientôt les jupes vont sortir et les regards s'appesantir. Bientôt la sève va bouillonner, le sang couler, la vie tourbillonner et le désir de ne pas la gaspiller, s'enfler. Donc va se poser à nouveau la perpétuelle interrogation sur la mort et l'utilisation du temps qui fuit. Bientôt, quand le soleil réchauffera nos membres et leurs regards nos coeurs, bientôt. Quand les crépuscules de la Maestranza seront bleu marine et emporteront dans le même maelström les parfums des femmes et les volutes des havanes, chaque faena, chaque émotion, passe après passe, estocade après estocade, nous feront petit à petit admettre que bientôt ...

jeudi 26 février 2009

SOLARISATION



Il y a une jouissance photographique que j'ignorais. Pourtant cela fait longtemps que je pratique et je n'aurais jamais imaginé être passé à côté de ça ! Figurez-vous que la plus grande jouissance du photographe Chris mc Caw est de regarder son appareil prendre feu lors de la prise de vue ! Parce que par une nuit d'été en vacances en camping, le whisky l'ensuqua si fort, l'ensuqua si bien qu'il oublia d'aller fermer l'obturateur de sa chambre photographique, il fit une découverte qui le mena à penser la photographie autrement. Depuis, le résultat de ses recherches s'affiche dans les plus grands musées d'art au monde. Voyez ici l'histoire de son histoire et des "SunBurn Series" :
et au bas de la page allez sur le lien qui vous amène sur son site.

mercredi 25 février 2009

L'idée reçue du Darwinisme



L’effet Darwin :
Sélection naturelle et naissance de la civilisation, de Patrick Tort, édité chez Seuil en septembre 2008
Cet ouvrage est récent, facile d’accès et rappelle L’Origine des espèces de Darwin (1859) que nous avions peut-être oublié, dont beaucoup d’idées fausses, mal interprétées, mal lues ou mal enseignées, nous avaient été communiquées.
La Sélection Naturelle d’après Darwin, admettait pour conséquence que l’homme était un loup pour l’homme, les forts, les nantis sur le plan physique, moral, intellectuel, écrasant les faibles et cela fut politiquement utilisé pour justifier tous les excès que l’on a rencontrés dans l’Histoire des XIX et XX° siècles. Cette théorie réduisait l’homme à n’être qu’un animal parmi les autres. De même, elle mettait en péril les religions révélées, bien au-delà du Christianisme, de l’Islam… et ramenait au Créationnisme, que la presse éprise de sensationnel nous ressort de temps en temps pour satisfaire les Américanophobes...
L’Origine des espèces est l’histoire d’une rupture avec l’enseignement des textes révélés car elle introduit l’idée de Transformisme. Avant Lamarck, on en avait l’intuition mais ce-dernier, ne put jamais imposer son point de vue qu’on qualifiait de rêverie de poète. Dès 1831-32, on commence à expliquer la transformation des espèces à partir d’observations géologiques dans l’île du Calvaire : on combat l’idée que tout reste uniforme. Il y a toujours eu des cataclysmes, des phénomènes (marées, érosions) pour transformer un relief mais ils ne suffisent pas à expliquer les grandes formations géologiques étendues sur des ères beaucoup plus importantes par leur durée, ce qui exclut la géologie figée. De même, en 1798, au moment de la montée de la reine Victoria sur le trône, Malthus fait remarquer la croissance arithmétique des ressources d’un pays ou d’un continent par opposition à une croissance géométrique des populations, ce qui devrait impliquer l’idée de lutte pour la vie, dans un monde où chacun n’a pas sa place : ou on devrait se réduire, ou subir les conséquences de son imprévoyance.
Darwin va contrer cette théorie, prendre un modèle mathématique, l’appliquer au monde végétal ou animal et la récuser en 1870. Dans la nature, il montre qu’il y a une variation fortuite dont on ignore le déterminisme, une zone de non connaissance donc une variabilité naturelle, une sélection . Les horticulteurs, éleveurs, par exemple, choisissent les individus porteurs d’avantages pour eux. Les vivants ont un taux de reproduction élevé . Mais une espèce impose son hégémonie (ex. chez les éléphants). La surface n’augmente pas : il y a d’un côté tendance à la croissance géographique et de l’autre, un mécanisme régulateur à l’intérieur de chaque espèce, qui est la lutte pour l’existence, qui procède par élimination, le plus fort gagne (pouvant expliquer certaines disparitions massives d’individus). Les victorieux seront les mieux adaptés dans un milieu donné. Des fonctions, des désavantages ou des possibilités font accéder à des variations venues au hasard et dont on ignore le déterminisme. L’opérateur de sélection est le milieu qui lui aussi est susceptible de changer.
En 1871, paraît La Filiation de l’homme, traité de zoologie rattachant l’homme aux singes, - la continuité entre eux et nous, est passionnante - qui met en place une logique philogénique fort difficile à admettre à l’époque victorienne. Tous les partisans de Darwin sont satisfaits, mais lisent mal ou à-demi ce qui est dit de la Sélection appliquée à l’homme. Des partisans de l’eugénisme, (Galton, par ex. et d’autres de triste mémoire), pensent que la Civilisation et surtout la médecine empêche le fonctionnement améliorateur de la sélection naturelle qui devrait exclure certains. D’autres pensent que puisque l’homme d’après Darwin, descend du singe, la nature est transformiste, donc dans la société aussi (Spencer). La sélection sociale se fera seule. Cela, bien sûr, convenait parfaitement aux nantis !
En 1983, en lisant mieux Darwin, on a l’idée d’un renversement sans rupture du darwinisme. La sélection naturelle pour les Humains, est la sélection des instincts sociaux, des sentiments, de la sympathie et de l’intelligence rationnelle, donc de la Civilisation qui pousse les sociétés vers plus de sociabilité, secours, aide, réhabilitation, altruisme tout ce qui appartient à la notion de culture. Taylor, dans l’Ecole d’anthropologie évolutive, traite de sauvage, barbare, ce qui n’est pas civilisé ; il condamne la brutalité du conquérant, la réduction en esclavage, la violence comme des retours ataviques à des états antérieurs de barbarie. Et les femmes ? Leur inégalité statuaire était reconnue . On assiste alors à un rattrapage. Les races se divisant en espèces qui se divisent en sous-espèces, pareille classification intervient pour les hommes, on ne peut pas éliminer le mot "race" mais on reconnaît des différences et il y a des variétés qui plaisent dont les femmes font partie. On admet qu’elles sont les premières détentrices des instincts sociaux, amour, sympathie, qui favorisent l’extension des liens et ainsi, elles prouvent leur supériorité morale sur les hommes dont elles sont véritablement "l’avenir".
Donc, c’est un ouvrage rassurant que vient de publier Patrick Fort.
GINA

dimanche 22 février 2009

Nimes : Michel Gilles pour l'affiche 2009



C'est une oeuvre du peintre nimois, Michel Gilles, décédé il y a un an, qui a été choisie pour les ferias de la temporada 2009. Si l'hommage au peintre est justifié, souhaitons aussi que l'hommage rendu implicitement au tercio de pique ne soit pas seulement graphique. Car entre la dignité d'un combat extraordinaire et une imposture mondaine il y a la réalité révélée par le tercio de pique : que ceux qui ne sont pas d'accord, signent dans les commentaires, on relèvera les noms et on fera une liste rouge ! Tel que... Non mais...

samedi 21 février 2009

ANTIMANUEL DE LITTERATURE



Oui, le petit livre génial c'est bien lui. Un petit livre brillant, documenté, intelligent, spirituel, d'un homme talentueux (rare pour un enseignant, non ? ça va, je provoque...) qui se donne pour ambition avouée de définir la littérature. François Begaudeau l'auteur, est le prof de français, comme dans la vie, du film "Entre les Murs" palme d'or à Cannes dont il a co-écrit le scenario. Il est aussi journaliste et écrivain. Le fait de publier ici trois extraits de ce livre me dispense de facto d'expliquer pourquoi il est génial, n'est-ce pas ? J'y ai soudain vu apparaitre le mot taureau, c'est donc ce dernier extrait que je choisirai pour la route, celle qui vous mènera au libraire pour l'acquérir, bien sûr.

VERS TON RISQUE

Moraliste se réservant la primeur de sa vigilance morale, Michel Leiris s'inquiète de la souveraineté absolue de l'écrivain en son oeuvre et médite de lui donner des contre-pouvoirs. Trop facile sinon. Emerge alors le rêve d'une littérature aussi périlleuse qu'une corrida. Qu'elle aille vers son risque, comme disent, citant rené Char, les traités de management ou François Bayrou. Mais de quel risque parle-t-on quand on ne parle que de phrases, couchées dans l'intimité protectrice d'une chambre, qu'elle soit de bonne ou d'hôte ? Le taureau susceptible d'éviscérer l'écrivain ne sera jamais qu'en papier. Du temps où les Ubu de tous les pays n'avaient pas encore compris qu'un chef gagne toujours à laisser dire, une émoustillante menace de censure, de poursuites ou de mort pesait encore sur le littérateur, et Beaumarchais pouvait à bon droit déployer sa verve pour revendiquer la liberté d'écrire. Aujourd'hui plus un nazi pour brûler en place publique un pamphlet humaniste, presque plus d'associations bigotes pour porter plainte contre une apologie versifiée de la double pénétration.

L'écrivain regrette les siècles prédémocratiques pour cette raison aussi. Il aimerait tant qu'on le punisse d'une activité qu'il aime à croire sulfureuse, c'en serait fini avec sa mauvaise conscience d'intellectuel improductif et limite pédéraste. Or il a beau lancer des dizaines de pavés dans autant de mares, la mare reste d'huile et les canards s'en foutent. Il y aurait, bien sûr, l'admirable témérité de balancer des révélations concernant des personnes susceptibles de prendre la mouche et un revolver. Mais, pour un Alexandre Jardin emmerdé par ses cousins après avoir exhumé des secrets de famille, pour un Pierre Jourde bastonné par les hommes du village dont il avait compté les sourdes mesquineries, combien d'écrivains épargnés par le boomerang ? A la publication de ''Belle du Seigneur'', Ariane ne s'abaissa même pas à poursuivre Solal en justice pour faits de misogynie avérés -qu'il se mange la bite et s'étouffe avec !- se contenta-t-elle de confier à une amie. Peut-être la révélation sur soi est-elle seule susceptible de faire trembler la main qui forme les mots. Ainsi philippe Forest inscrit sa prose dans le plus rien à perdre après la mort de sa petite fille. Mais on le sait bien, l'audace de se montrer sous un jour peu reluisant gomme en partie la honte afférente. Vous dites que vous êtes un salaud, tout de suite vous l'êtes moins. Vous dites j'ai vu Cali en concert, on se fout moins de vous qu'on admire le courage de l'aveu. Vous dites j'ai tué ma soeur, elle vous pardonne. Selon la loi de la faute avouée diminuée de moitié, la littérature sort toujours vainqueur de son combat contre le taureau fumant, même et surtout quand elle se réserve les plus profondes banderilles.

Reste la possibilité de raconter ce combat, en espérant qu'il ébranle, sinon, l'auteur, du moins sa prose soumise au chaos d'une réalité non littéraire. les taureaux d'Hemingway ne sont pas métaphoriques, on le sait. Ni le gros poisson qu'il place au bout de la ligne de son vieil homme seul en mer, gageant qu'il secoue l'embarcation et le livre avec. Ni le monstre à mille têtes de la guerre d'espagne à la rudesse de laquelle il éprouva son courage puis sa plume, préférant la peur du combat à celle de n'être qu'écrivain, d'écrire des livres qui ne soient que des livres.

Importe alors que la littérature s'écrive sous la dictée du non-familier. Qu'elle s'approche de la bête. Qu'elle aille voir de l'autre côté.

jeudi 19 février 2009

CARNET DE RUEDOS



L'oeil de Miguel



Miguel Rodriguez a quasiment disparu de la circulation. Il n’imbibe plus le sable des ruedos, du sang des toros. Il était torero pourtant, mais comment dire… si vous êtes un mauvais commerçant vous pouvez continuer à mal vendre jusqu’à la retraite. Un torero médiocre qui n’aurait pas le feu sacré au point de démontrer tous les dimanches qu’il accepte le choix total de triompher ou mourir, à quoi peut-il servir, sinon à ennuyer les publics ?
A rien, a-t-il dû se répondre avant de ‘’disparaître’’. D'autant plus que dans ce cas, la disette de contrat aide au choix. S’il le faut, l’on se trompe, et il sillonne toujours les routes du toro, de pueblo en pueblo, son manque de notoriété l’ayant fait choir de l’autoroute qui mène aux grandes places glorieuses, vers l’anonymat des départementales qui mènent aux placitas pittoresques. Ce qui serait plus pathétique encore. Nous avions croisé sa route dans cette ferme du Gers où il faisait étape accompagné de sa cuadrilla avec laquelle je partageais une salle de bains des plus spartiates. Cela ne donnait pas grand genre au gîte rural que tous ces types s’apostrophant de chambre en chambre, portes grandes ouvertes, à poil sur leur lit et cigarette au bec comme s'ils étaient seuls. Si l’allemand est une langue réputée gutturale, l’espagnol est volontiers rocailleux et tonitruant… Enfin, le lendemain, au déjeuner d’avant la course, nous avions pris notre revanche, mangeant le ''grand repas'' sous leurs yeux, alors qu’ils étaient contraints à avaler la soupe claire, éventuelle anesthésie générale oblige : pour nous, Garbure en entrée , à elle seule un repas complet, foies gras en tranches paysannes de quatre centimètres d’épaisseur, pintades fermières, devant nous attrapées la veille, et dures comme des pierres, servies avec un accompagnement varié du potager, plateau de fromages et enfin croustade, le tout copieusement arrosé de crus locaux : Floc en apéritif, Tariquet gouleyant et Madiran boisé pour faire glisser les volailles granitiques. On avait même subi le coup de grâce avec la boisson concoctée par le patron : le pousse-râpière, une sorte de cocktail atomique et gazeux, Armagnac et Champagne je crois, enfin un truc traître, apte à vous faire basculer dans un autre monde en moins de temps qu’il n’en faut à un toro pour vous encorner, à cause de cette action oxygénante des bulles qui favorisait le passage rapide de l'Armagnac dans le sang ! C’est dire si on avait des chances d'ignorer l'impudeur de notre conduite auprès de gens qui allaient risquer leur vie dans l’après-midi. Mais après tout, à chacun son rôle, eux, acteurs, nous spectateurs. Miguel Rodriguez nous avait signé une photo que personne ne lui avait demandée, peut-être histoire de se conforter dans son statut. Remerciements polis et barrière de la langue… aficionados de Nimès... suerte y olé, maestro !
IL était pâle, il savait qu’il devrait prendre dans le ruedo vicois, ce grand toro à la tête noire et au corps blanc. Ce contraste d’ascèse et de ripaille expliquait qu’il lance à nous autres, admirateurs de son art, des regards mauvais, tenaillé qu’il était par la peur et la faim. D’ailleurs, regardez-le cet œil noir qui ne quitte pas la tête du grand toro. Comment réussir à devenir un grand torero quand vous restez suspicieux, incapable de vous oublier, de vous confier, relâché et indifférent à ce qui peut faire basculer une vie en destin ?

mardi 17 février 2009

Un Petit Livre Génial... : 2 ième extrait

L'écrivain peut-il être une femme ?

En France, les femmes deviendront bientôt majoritaires dans l'exercice de la littérature. C'est un trait capital de la modernité, déploré en tant que tel par certains occidentaux issus de la gent masculine et porteurs d'une vision épique, héroïque, spermatique de l'écriture. Quand ils évoquent le déclin de la littérature, c'est à cela qu'ils pensent, consciemment ou non. Elle n'est plus ce qu'elle était=elle n'est plus un sport d'hommes, elle n'est plus la guerre continuée par les moyens de la plume. L'écrivain pénidé ne peut plus se vivre en Ulysse moderne et pénélope tricote en snobant les prétendants qui friment sous sa fenêtre...

... La présence des femmes a tout changé, comme quand une cousine s'invite à un regardage de porno en groupe, tout de suite c'est plus les mêmes blagues. On polit la langue, on rigole moins gras. les bonnes femmes ont transformé le champ (de bataille) littéraire en salon de thé, bientôt vous verrez que les éditeurs auront transhumé vers le Marais. Emmasculés se sentent les écrivains mâles. Si d'aventure ce n'est pas déjà fait, ils contractent une misogynite aiguë qui bien sûr se métastase en racisme...

...Souci coextensif : le temps que passent les femmes à écrire, elles ne le passent plus à lire. Avant régnait une délicieuse anomalie... longtemps ce truc de bonnes femmes qu'est la littérature a dû l'essentiel de ses productions à des hommes. En résumé : les hommes écrivent, les femmes lisent. Ainsi se reconstituait, via les livres, un dispositif donjuanique débarrassé des inconvénients du genre, l'homme pouvant conquérir 1003 femmes sans endurer l'embarras des pannes d'érection. Il n'avait qu'à répandre dans les librairies sa semence de papier et attendre que pousse en ses lectrices un amour aussi platonique que totalement libidineux, aussi spirituel que totalement assouvi par des masturbations impulsées par la relecture de Madame Bovary, où se jouait en abyme le drame d'une névrose de lectrice.

Heureusement nous avons encore devant nous quelques années de bonne vieille sexuation. Pour la plupart les lecteurs sont des lectrices, il suffit de prendre le métro (mais pas la ligne 6, surtout pas). les hommes ne lisent pas, ils se contentent de rêver qu'ils publient et qu'on les lit. Tous les jours, des femmes tombent amoureuses sur la seule foi de livres que parfois l'auteur dédicace dans une librairie, et alors la lectrice rejoint la queue. Queue parfois longue, parfois moins, et quand arrive son tour elle bégaie trois mots, parmi lesquels son prénom s'il lui revient à temps-en général elle s'appelle Anne-Sophie. L'écrivain feint de ne pas voir le trouble qu'il a éveillé rien qu'avec ses doigts ; il griffe une dédicace ambiguë en laissant tomber un trait d'humour d'une voix de cow-boy assagi, puis donne congé d'un "merci Anne-Sophie" posant une fausse réciprocité, car plein d'autres Anne et plein d'autres Sophie ont rejoint la queue, dont une seule aura assez foi en son charme pour tenter le coup à la fin de la signature. Si les circonstances le permettent, le coup aura lieu.

Il est possible qu'après le sexe où par définition l'auteur se sera révélé moins performant qu'en fantasme, la lectrice lui confie écrire à ses heures perdues. Très possible, même, puisque tout le monde écrit. L'EM (écrivain mâle) a l'habitude. Avec un soupçon de condescendance, il laisse son adresse pour recevoir un recueil de poèmes qu'il ne parcourra que d'un oeil, préférant relire la lettre qu'Anne-Sophie aura jointe pour y traquer des allusions sexuelles. Tout est normal.

Ca se complique si AS informe EM qu'elle écrit des livres publiés, risque de plus en plus grand comme on l'a dit. Là, le type ne peut plus vraiment faire le beau... ...A partir du moment où Amélie Nothomb fait s'étirer des queues, l'exercice de la célébrité littéraire n'est plus attaché à la virilité. Le mot écrivaine commence à entrer dans les moeurs lexicales, bientôt il sera accepté et fera subir à la figure de l'écrivain ce que l'élection de Ségolène ou Martine en 2012 fera subir au poste suprême....

...Se sentant dépérir, l'EM a un dernier soubresaut de la couille gauche. Ok les bonnes femmes écrivent, mais elles n'écrivent que des histoires de bonnes femmes ! Episodes menstruels douloureux, déliquescence conjugale, viols traumatisants, deuil inachevé d'un père incestueux, petites confessions riquiqui quand les vrais livres traitent de la guerre, du combat de coqs planétaire qui s'appelle l'Histoire avec un H comme Hommes....

... Qu'une femme parle de sa vie sexuelle, et on lui reproche d'évacuer la littérature par le bidet. C'est quand même étrange. le supposé mystère féminin est la passion centrale de la littérature, laquelle cependant ne trouve pas son compte lorsque les premières intéressées livrent des infos pour le percer.... ....Précisément c'était le mystère en tant que mystère qui les excitait... ...Dans A une passante, Baudelaire feint de regretter que la passante ne fasse que passer. Au contraire, qu'elle passe vite son chemin et n'encombre pas le poète de sa présence réelle. Que le commerce avec les femmes se limite à une passe. Or elle s'arrête cette pute...

Brèves de Comptoir : deuxième extrait

Faire des gosses, c'est le pire trafic d'organes que je connaisse !
Deux mille ans que Jésus n'est pas revenu, ça commence à être louche...
La musique est une langue universelle, on peut faire chier la terre entière en jouant mal !
Un film français, un film pas français, du moment que le cinéma est à côté...
Tout les épate, les intellos !

lundi 16 février 2009

BATACAZO : "La" photographie...

Je ne suis certes pas mécontent de cet instantané Vicois qui ressemblerait presque, s'il n'y avait la chute de la pique, à un groupe statuaire soudé, à trois éléments. Mais caparaçon oblige, le cheval en a été quitte pour une simple chute. La plus spectaculaire photographie de batacazo que j'aie jamais vue, c'est TOREROS ANTIGUOS qui vient de la publier. L'auteur c'est Manuel Vaquero! Le cheval y est comme foudroyé, vraisemblablement électrocuté par la mort qui l'investit. Peut-être a-t-il dans le coeur l'autre corne jusqu'au frontal, c'est en tout cas l'impression donnée par son attitude. N'oubliez pas de cliquer dessus, vous la verrez plus saisissante encore. C'est là :

Un Petit Livre Génial...



Tous ceux qui écrivent ou que la posture et le statut de l'écrivain intéressent, auront un grand intérêt à se procurer ce petit livre génial. Pourtant, aux fins d'aviver votre désir je ne vous en donnerai le titre qu'après vous en avoir soumis trois extraits. Le premier s'intitule :

L'écrivain est-il sympa ?

Un nombre non négligeable de connards peuplent la sphère écrivaine. C'est d'autant plus frappant que pour la plupart ils ne sont pas nés connards et ne l'étaient pas vraiment avant publication. On se souvient notamment d'un qui, ça parait si étrange maintenant, trouvait les filles intelligentes et drôles. Il y a donc un devenir connard de l'écrivain, voyons pourquoi.
Acitivité solitaire, la pratique littéraire vous assigne à une sorte de misanthropie malgré vous. Rivé à la feuille six étages au-dessus des piétons, vous êtes objectivement seul contre tous. Peu à peu vous prenez goût au confort du soliloque, au silence de la chambre, à la souveraine liberté du conteur et bientôt vous ne supporterez plus les contrariétés inhérentes à la fréquentation d'autrui. Autrui demande qu'on se taise pour l'écouter, autrui objecte à vos arguments, autrui prendrait bien un dessert alors que vous non, autrui a un bouton à la commissure qui agace votre vue, bref, autrui vous fait désirer retouver tôt l'ordi tout docile comparé au monde qui fait rien que vous embêter. La douceur de vos lettres muettes vous rend insupportable le bruit que fait autrui avec sa bouche, avec ses clés quand il les tripote dans sa poche, vous rend insupportable le bruit tout court et encore plus sa promotion, comme joy Sorman put s'en rendre compte lors de la publication de son deuxième roman.
Autrui est un époux ou une épouse que ses manies vous ont rendu détestable, avec un peu de courage vous l'étoufferiez sous un oreiller préalablement imbibé d'urine. Vous êtes devenus subjectivement misanthrope. Souvent cela se ressent dans vos livres.
Il faut dire que votre vocation trahissait d'emblée un gène misanthrope. Sinon, pourquoi se parer ainsi du soleil et passer des heures à se péter le dos sur un siège de bureau Ikéa ? C'est bien que déjà le monde vous emmerdait, que déjà vous n'arriviez pas à y briller autant que votre orgueil l'eût souhaité. C'est au retour d'une soirée où le haut niveau sophistique ambiant vous avait pris de vitesse et laissé coi, que vous avez rédigé votre première nouvelle. Une réécriture de la conversation qui vous attribuait des réparties restées sur le moment collées à votre larynx. Puis de nouvelle en poème et de poème en Confessions d'un paria, premier roman, vous êtes devenu un misanthrope catégorie A. Avec les stigmates collatéraux : aigreur, élitisme, prosélyte, rhétorique pincée....

samedi 14 février 2009

Brèves de Comptoir : les vingt ans !



Jean-Marie Gourio l'auteur, dans son introduction :

Ces petites phrases entendues aux comptoirs des cafés, cette petite musique si particulière des gens accoudés, ces avis sur le monde, sur tout, sur rien, sur la vie, je saisissais ces petites phrases comme une nouvelle fréquence de la parole, une onde chaude, amusante, véhémente, poétique, absurde, dont je tombais follement amoureux ! je passais des années à les glaner, en sécurité dans les bars enfumés, dans les odeurs de café et d'alccol, dans les odeurs des gens, dans la bousculade, dans l'immobilité magnifique des après-midi vaseux, bien planqué dans les recoins des grandes villes, et paumé aussi, sur les places vides des petits villages plantés au milieu des champs... Vingt ans ! ...

...au café de la place, au marigny, au Balto... Tic...tac...vingt ans... Eux, les parleurs, et moi, silencieux, nous tous accoudés, l'épaule contre l'épaule, verre à la main et nos coeurs contre les mots... tic...tac... patron ! le dernier pour la route !

A la Régence, aux Trois Frères, aux Pêcheurs... Eux qui parlaient pour dire qu'ils étaient vivants, je les écoutais, avec ferveur, pour mettre dans des livres ce qu'ils disaient, secrètement, par devers eux qui semblaient d'ailleurs vouloir ne rien garder...

...une littérature drôle et poétique. Une fumée de langage, quand la langue sous les alcools s'est enflammée...

...chez Monique, au Clovis, Chez Puce, aux Remparts... Amour de petite phrase... Brèves d'après marché. Brèves d'avant travail. Brèves des jours de chômage. Remettez-nous ça.

...au café Pistache, à l'Horloge, Chez Fred, au Café des Sports...

J'ai voulu pour l'anniversaire de leurs vingt ans extraire de ces milliers de brèves, les phrases les plus étonnantes, les plus poétiques, les plus idiotes, les plus folles, la crème des Brèves, la crème des comptoirs !

...rééclairées, réexposées, concomitantes aux mots de Jarry, Queneau, Alphone Allais, Topor, Tristan Bernard, Sternberg, Bernad Shaw, dans leur forme et leur esprit, soeurettes des mots de ces magnifiques auteurs, Courteline aussi et Capus ! qui n'étaient pas les derniers à fréquenter les bars, je crois, grands beaux écrivains pris de vertiges qui aimaient écouter tous ces gens accoudés pour surprendre le moment où, entre deux verres vidés, par miracle, les buveurs accoudés se mettaient à postillonner des fleurs !

Avant, à tous les carrefours, t'avais des putes ! Maintenant, t'as plus que des rond-points !

Un train qui roule à six cents à l'heure, si tu le rates, je vois pas le progrès.

Si t'es debout au pôle Nord avec ta femme, ça fait comme des mariés posés sur un gâteau.

Le type qui fait de la spéléo pendant ses vacances, il aime pas beaucoup les gonzesses en maillot de bain !

vendredi 13 février 2009

PRINTEMPS DES NIMOISERIES ?

Aaaaaah tiens, ça fait du bien.... Il y avait longtemps qu'on n'en avait pas eu.... (six mois tout au plus) on commençait à s'ennuyer ferme sur le boulevard Victor-Hugo... ou au bosquet, entre deux parties de pétanque. Je veux parler de la nimoiserie...
La nimoiserie est un concept loco-local circonscrit à l'écusson (le tour des boulevards du centre ville) mais peut-être bientôt -qui sait- exportée à Mont- de-Marsan (pas de raison que vous ne vous marriez pas non plus dans le Sud-Ouest) et qui met en scène une joute verbale récurrente entre ceux qui sont aux affaires taurines et ceux qui voudraient y être un peu plus et dont le thème principal est à peu près celui-ci : qui a la plus longue ? Quéquette s'entend. Résumé qui, bien que lapidaire, ne doit pas susciter vos jets de pierres car je vous promets qu'avec un minimum de recul, ces historiettes sont, au plus haut point, risibles à souhait. La nimoiserie est tout le sel de la vie taurine nimoise, elle est à la tauromachie locale ce qu'est l'aïoli à la morue, elle lui donne toute sa saveur. On en consomme jusqu'à l'outrance, jusqu'à en éructer l'effluve aillée pour jouir encore de la rétro-olfaction du suc des gousses. Cela permet de ne pas se demander pourquoi les toros ici, sortent comme abasourdis, au ralenti, et, ailleurs, mais pas partout, fusent comme des bouchons de champagne, allez savoir. (non, non, quieto... pas de procès... Georgina Dufoix revendiqua le "responsable mais pas coupable", Clinton le "sucer n'est pas tromper" et moi le "constater n'est pas insinuer" ; libres aux lecteurs d'en faire la déduction qu'il leur plaira).
Midi-Libre relate aujourd'hui, la nimoiserie en gestation, ce nouveau combat d'ego à égal dont va bruisser le mundillo local sur fond de suppression du "Printemps des Aficionados" une sympathique et populaire manifestation gratuite (ce qui n'est peut-être pas sans importance) qui se tenait au coeur de la ville, dans les arènes. Joe Gabourdès (qui n'est pas le Président des Amis de pablo-Romero comme le dit le quotidien) médecin, aficionado réboussié et raciste notoire (je plaisante hein, pas de procès non plus svp...) aurait traité Simon Casas de "Juif"! Quelle brandade, mesdames et messieurs ! "Juif" C'est une insulte ça ? Parce que plainte est déposée pour diffamation à connotation raciste, quand même... ça ne rigole plus sur les quais de la Fontaine !
Outre que les juges nimois doivent commencer à être légèrement gonflés d'avoir à s'occuper de ces meurtrissures egotiques itératives alors qu'ils ont bien d'autres criminels à fouetter, "juif", que je sache, n'est pas une insulte ou une injure raciste, si ? "Sale juif" l'aurait été, mais "juif" ? C'est ça qui est bon dans les nimoiseries, ces affaires ne sont le plus souvent redevables que de la remontrance paternelle à son gamin, tout au plus du dommage et intérêt limité à l'euro symbolique. Car enfin, réfléchissons deux secondes, si l'on en croit les places occupées par les Juifs dans la société, que ce soit dans le monde des affaires ou du spectacle, on en déduit qu'ils sont assez talentueux et j'aimerais bien parfois pouvoir me parer du qualificatif de "juif", moi...
Or, si "juif" est employé seul, tout le monde entend la connotation de radinerie (et je n'ai pas dit qu'elle était justifiée) plutôt que de racisme. C'est quand même beaucoup moins grave puisque ne relevant pas d'antisémitisme avéré, et "juif" peut alors se remplacer par "écossais" ou "Harpagon" sans déchaîner les foudres de l'Ecosse ou des héritiers de Molière ! Ce n'est donc pas très intellectuellement honnête d'y entendre de la xénophobie. Logique élémentaire.
Mais tout se complique, car toute nimoiserie est un dossier truffé de complications inextricables, lorsque la partie se plaint de ladite locution entendue, alors qu'affirme ne l'avoir jamais prononcée, la partie attaquée ! Ma quéquette contre la tienne, enfin ma parole contre la tienne. Je ne suis pas juge et ne possède donc pas toutes les subtilités des articles du Dalloz au cas où il serait retenu que la parole a bien été prononcée, et je n'étais pas présent lors de ce gravissime conflit pour savoir si oui ou non, elle l'a été.
Vous avouerai-je que je m'en tamponne abondamment le coquillard ?
Oui, parfois s'exprimer en argot soulage. Pour que la nimoiserie prenne toute l'ampleur nécessaire, il fallait bien que Monsieur le Maire s'en mêle (s'emmêle ?). Il déclare, juge avant les juges :
"Ces propos sont diffamants, graves et indignes d'un homme qui doit tout de même avoir le sens de la maîtrise et de la mesure. C'est scandaleux et cela rappelle une période sombre de notre histoire". On se marre, non ? Tant de solennité pour ça ! Lui aussi prétend donc croire à la connotation raciste, ce qui est simplement ridicule et injuste quand on connait "l'accusé". Cela me rappelle les procès en sorcellerie intentés contre George Frêches -démagogie oblige- alors qu'une simple lecture de ses déclarations n'y avait décelé rien d'infâmant, et le tribunal l'avait confirmé.
Il semble donc, que dans le mortier judiciaire, tous les ingrédients sont en place pour que le grand aïoli du ridicule, prenne encore une fois sous le pilon moqueur de la populace joyeuse. Nul doute que "Joe-le toubib" qui, depuis trente ans, a consciencieusement introduit son medius dans les anus de la moitié de la ville (ce n'est pas une image, mais la réalité du dépistage du cancer de la prostate!) aura à coeur de faire défiler à la barre, la cohorte de blacks, blancs, beurs, gauchistes, frontistes, toristas et toreristas, juifs, arabes, obèses, anorexiques, j'en passe et non les plus amoindris, tous pénétrés du même indéfectible et non discriminatoire entrain zélé pour qu'elle en témoigne ! Si ça n'est pas une preuve, ça y ressemble !
Tout le monde connait la blague du vieux Juif agonisant qui, d'une voix faiblarde, articule péniblement :
-Rachel, ma femme tu es là...?
-Oui, Achab...
-Et toi, Simon, mon fils, tu es là...?
-Oui, papa...
-Et ma chère fille ? Myriam, tu...
-Oui papa, je suis là, moi aussi...
et là, le vieux se redresse prestement et hurle :
Mais putain si tout le monde est-là, qui garde le magasin alors ???!
Eh oui, amateurs de brandade, de picholines dénoyautées et d'aïoli, amateurs de nimoiseries, le noeud de la petite dernière est comparable à cette bonne blague :
Qui a les clefs des arènes ? Qui en est le seul patron ? A qui doit-on demander poliment, en humiliant, couché sur le dos, pattes repliées et gorge offerte au dominant ?
En attendant la "victime" officielle, des victimes immédiates, par milliers, à cause de cette histoire de quéquette-étalon, seront privées de cette manifestation. Il n'est pas sûr que cela confortera la popularité du grand Manitou de l'arène. Mais il n'est jamais aussi charmeur et habile que lorsqu'il est controversé.
La coordination des clubs taurins va se fendre d'un communiqué : si le nouveau feuilleton m'amuse encore, je ne manquerai pas d'en rendre compte, quoique des enfants continuent à sauter sur des mines et des familles à sauter des repas, futile que je suis.

OXYMORE PHOTOGRAPHIQUE


mercredi 11 février 2009

La Pensée du Jour

Le courage est presque une contradiction dans les termes. Il signifie un puissant désir de vivre prenant la forme d'un empressement à mourir.

Gilbert Keith Chesterton

1874-1936

Sera difficil aguantar la emocion...






J'ai lu la bêtise pure, j'ai lu la cruauté nue de ceux qui se congratulaient devant le diagnostic de tétraplégie du banderillero d'El Fundi, Adrian Gomez Gil. J'ai lu qu'ils se réjouissaient de sa survie lui permettant de "profiter" de son triste sort. Je suis navré pour eux. Il me semble que lorsque votre pire ennemi est à terre, hors d'état de nuire, vous lui tendez la main avec ce minimum d'humanité qui, à cet instant, vous anime.
J'ai vu ces patients en centre de rééducation, la tête équipée d'un cerceau muni d'une touche pour qu'ils s'essayent à taper à la machine. De nos jours peut-être commandent-ils des ordinateurs de la voix... Adrian lui, se définit comme un banderillero modeste, el tercero, dans la cuadrilla d'un grand matador qui, dit-il, est grand aussi dans la vie. Grâce à lui, il a parfois tutoyé les nuages du bonheur de vivre si intensément ; mais un jour, alors qu'il exécutait un extra pour un novillero, le cinquième novillo de San Roman l'a catapulté dans le ciel de Torrejon de Ardoz. C'est le jeu. Et Adrian est retombé sur la tête, droit comme un pylône. Histoire connue. Trois vertèbres cervicales fracturées, lésion médullaire et encéphalique. Exactement comme si un doigt maléfique avait appuyé sur le disjoncteur de son névraxe.
Alors "Todos Somos Adrian" s'est inscrit sur l'affiche d'un festival à son bénéfice.
Dans le regard de Joselito, on a lu la consternation et dans celui du Fundi, l'effroi. Et puis la dignité aussi chez eux tous. Le risque, c'est le jeu. Le malheur qui rôde, c'est leur vie, et l'on voit alors chez l'autre comme une terrifiante mise en abyme de soi-même, expression d'un possible avenir. Adrian Gomez Gil, lui, se prépare aussi pour ce festival de Carabanchel, un lieu-dit sinistre, historiquement célèbre pour l'abominable prison éponyme où torturait le régime franquiste. Il ne s'agit pas de s'apitoyer, juste de constater : de la torture de sa prison à vie, Adrian se prépare à voir tous ces prestigieux toreros qui toréeront pour lui et il le dit "ce sera difficile de résister à l'émotion". Ne résiste plus Adrian, pleure un grand coup, pour une fois, même si cela n'est pas très torero. Car si on admire les toreros, c'est aussi parce qu'ils sont humains. Oui, le 1er Mars, à midi, quelqu'un sèchera tes larmes puisque tu ne peux plus bouger un doigt.

dimanche 8 février 2009

LAPIN A LA CEVENOLE : MIAM




Deuxième temps : la cuisson


On va partir du principe que, nostalgique des plats de votre grand-mère, vous avez un jour enfin réalisé qu'il vous fallait absolument investir dans une cocotte en fonte, non, pas celle, légère, qu'on vend chez Ikea à 26 euros, mais une autre, bien chère et bien lourde, dont vous n'aviez pas envie de vous encombrer. Et bien c'est celle-là qu'il faut, une Staub, en fonte épaisse, de plusieurs kilos avec son couvercle à picots auto-arroseurs. Ca rigole pas en Alsace ! Elle coûte 5x26 euros mais votre arrière-petite-fille s'en servira encore. Il n'y a pas à tortiller, le secret de la fonte c'est son inertie. La recette n'est qu'une suite d'évidences : après avoir fait revenir les morceaux dans de l'huile d'olive, on les sort pour mettre les oignons, les olives et les cèpes, deux feuilles de laurier, des branches de thym, des gousses d'ail en chemise, et on repose les morceaux par-dessus. Salez, poivrez et poivrez encore. Ne laissez pas votre compagne, si vous en avez une, régler l'assaisonnement, les femmes étant modérées en tout et obsédées par votre santé, elle salerait peu pour votre tension et ne poivrerait pas assez pour ménager les papilles infantiles... Couvrez, laissez mijoter deux heures durant - vos invités seront KO debout dès la porte d'entrée franchie, en respirant ces effluves - donnez un tour de cuillère en bois tous les quarts d'heure. Vous pouvez garder le quart des olives et le quart des cèpes que vous ne rajouterez qu'à un quart d'heure de la fin pour qu'ils aient meilleure figure. Hachez le coeur, les rognons et le foie et incorporez une demi-heure avant la fin de la cuisson, cela épaissira la sauce. Coupez des tranches épaisses d'un bon pain au levain, bien croûteux, débouchez un château La Louvière "frais de cave" et festoyez. En entrée, j'aime bien les assiettes colorées. Aujourd'hui c'était brandade de morue, tomates confites et olives aux piments. Nadège finalement n'est pas venue, dommage, je lui aurais dit combien j'avais apprécié son pastiche "Hemingwayen" d'hier sur son blog "Autour des taureaux".

samedi 7 février 2009

DEMAIN MIDI : LAPIN A LA CEVENOLE



Premier temps : les courses.

Gagnez votre hypermarché de prédilection, cherchez une place pendant un quart d'heure, cherchez en vain l'euro qui vous aurait permis d'emprunter un caddy puisque vous ne faites évidemment pas partie des organisés du jeton inclus au porte-clefs, heurtez-vous à la foule du samedi, longez le rayon volaille et arrêtez-vous net, tel un setter anglais, devant les lapins industriels cellophanés insipides et gras. Et là, courage, prenez une résolution simple : abstenez-vous. Félicitez-vous plutôt de connaître des gens comme cette petite dame, Thérèse, vous vous souvenez d'elle ? (voir "Tranche de vie Nimoise" d'octobre 2008) Grâce à elle, j'ai commandé un lapin fermier à un éleveur des Cévennes. Un vrai lapin fermier, pas un lapin industriel avec marqué "fermier" sur le râble pour faire le quèque... Ressortez de l'hyper, de ce monde agressif où le bruit et la fureur de la foule vous stressaient, où les néons vous aveuglaient et où vous avez évité de justesse, au prix d'un immense effort de self-control, l'emplâtrage du Gueulard au micro, qui vous bassinait de ses promotions, emplâtrage dont vous sentiez pourtant déjà, l'imminence du bienfait pour le week-end. Un monde où les lapins n'ont jamais su que les lapines aimaient les galipettes, ni que (si l'on peut se permettre la phonétique ad'hoc...) l'herbe était verte, ni que le bonheur c'était de "rouziguer" les fruits goûteux des chataîgners accrochés aux pentes du versant sud des Cévennes méditerranéennes. Sortez ! Allez sur un marché Bio de petits producteurs y trouver les oignons doux, cultivés en terrasse sur ces mêmes versants, dégelez les cèpes, cueillis l'automne dernier à peine nés, en Lozère, dans la forêt de ... (vous voulez le point GPS aussi ??? ) et enfin pensez aux olives vertes du coin, et là, vous avez tout bon, 100% terroir. Vous voilà fin prêts pour passer à l'action. A demain.

vendredi 6 février 2009

POUR GINA EMMA KATIA ISA NADIA ETC...


Qui ne cessent de le demander à propos de cette rubrique "Le Nu", ce joli bouquet d'Anturium. Merci à jean-Yves PITON de m'avoir permis cet emprunt. Vous pourrez voir son travail ici :

Lever du Jour sur la Baie de Cadaques

Photo panoramique (vues assemblées) de la baie de Cadaques. Le plus difficile ? Se lever très tôt ce dimanche-là (octobre) pour jouer avec la chance de ne pas rater cette lumière. On clique sur le clocher de l'église...

jeudi 5 février 2009

RECOMMANDATION MERDIQUE








C'est dans une ruelle catalane que j'ai photographié ce mur. Où ? A Cadaques bien sûr... Je n'ai réalisé que bien plus tard qu'il y avait peut-être un rapport entre la figurine au pochoir qui semble représenter Dali (identification par les moustaches...à moins que ce ne soient les jambes surréalistes puisque résultant des coulures de la peinture...) et l'affichette du compteur ci-dessus agrandie. ( éduque ton chien, ne reste pas comme une merde) En effet, le théâtre-musée Dali, "le plus grand des objets surréalistes au monde" est affublé sur sa façade d'une multitude de pièces rapportées qui seraient des couronnes de pain (d'un modèle que personne n'a jamais vu chez son boulanger...) et que tout le monde prend pour des étrons de chien errant (dans lesquels tout le monde a mis un jour le pied...)

D'ailleurs, même si cela n'avait aucun rapport, le maître ne disait-il pas :
"Chacun doit tirer de ce qu'il voit des conclusions qui sont plus liées consubstantiellement à sa psychologie et à sa cosmogonie" ?
Ben...si !

mercredi 4 février 2009

La Pensée du Jour

Je souhaite plus que toute autre chose au monde pouvoir de nouveau remplir une page blanche et sentir arriver cette chose étrange, cet accouchement au bout de mes doigts. Quand on se sent incapable d'écrire, on se sent exilé de soi-même.
Harold PINTER
1930

mardi 3 février 2009

POURQUOI ALLEZ-VOUS VOIR LES CORRIDAS ?


J’aime la corrida avec passion. J’aime écouter sa musique entraînante, ces roulements de trompettes et ces accords qui me transportent si loin.
J’aime ce combat entre la vie et la mort, ces regards échangés entre l’homme et la bête, ces regards méfiants, ces regards pleins de confiance, ces regards tendres et sévères, ces regards complices et ennemis qui opposent sans cesse l’ombre et la lumière.
J’aime le mouvement régulier des capes, l’ondoiement du tissu et la corne qui frôle la flanelle garance. J’aime les cris de la foule qui ponctuent chaque action et les chuchotements critiques qui commentent les actions des personnages de cette tragédie en trois actes.
Je me fonds dans le décor mystique de ce spectacle, je m’enfonce dans les profondeur de ce tableau. Je respire avec discrétion pour ne troubler personne, je suis le geste doux et lent du poignet, le rythme calme des passes, j’écoute d’une oreille attentive le froissement délicat de la cape, la déchirure brutale des airs par l’épée et l’agitation irrégulière des mouchoirs blancs à la fin de l’étrange ballet.
Les contrastes extrêmes de cette nature, ce mélange d’amour et de peur, de raison et de folie, de rêve et de réalité, s’expriment dans le partage même de ces arènes en ombre et soleil. Alors, ces mondes opposés remplissent mon cœur d’une joie ardente et d’une sourde tristesse, inébranlables et sincères.
Emeline LAURENS 13ans


La Pensée du Jour

J'ai toujours une citation sur tout - ça économise les pensées originales.
Dorothy L. SAYERS

lundi 2 février 2009

SOL Y SOMBRA

Au fait, un idée qui me vient comme ça : et si c'était vous qui deveniez "légendeur" de photos ? je veux dire là, sous la photo, pas dans les commentaires. Si quelqu'un me faisait un petit texte d'accompagnement pour présenter cette photo ? Je sais pas moi, elle pourrait vous inspirer quelque chose, non ? Ce toro noir du côté de l'ombre, des forces obscures de la mort et ce héros solaire qui le tire à l'orée de la lumière, stoïque sur la ligne de partage. Seul sur sa ligne de crête attendant que le destin lui dise de quel côté pencher. On tomberait tout de suite dans le pathos, le lieu commun , le cliché poet-poétique comme je viens de le faire ? Oui, c'est probable... comme il est possible aussi qu'un talent nous soit révélé. Alors si ça vous chante, proposez...

La Vie, une grande tache de lumière, des ombres qui s'allongent et une forme noire au milieu, une Faucheuse qui joue avec l'homme au rythme imposé comme si de rien n'était, puis à l'occasion foncera sur lui. ANONYME

La Pensée du Jour

La différence entre littérature et journalisme, c'est que le journalisme est illisible et que la littérature n'est pas lue.
Oscar WILDE
1856-1900

dimanche 1 février 2009

POMME DE DISCORDE



A chaque mort d’homme accidentelle ou criminelle, on n’entend pas le Président de la République s’émouvoir sur les ondes. Il n’aurait pas assez de souffle. Aussi convient-il d’analyser pourquoi il intervient parfois. Quand meurt un soldat, l’affaire est solennelle car c’est la France que l’on attaque. Quand meurent plus de mille vieux (la sensibilité étant le thème de cet article, je rappelle aux jeunes, aux fragiles et aux hypocrites qu’il n’y a pas si longtemps le mot ‘’vieux’’ n’était pas outrageant…) cela pose le problème d’une organisation de santé publique défaillante et met en lumière les carences de la famille nouvelle.

Mais quand meurt une ourse, pourquoi intervient-il ? Faut-il réellement croire à la peine éprouvée devant l’irréparable perte subie par la bio-diversité ? Peut-être… Mais il faut aussi considérer désormais la frange de plus en plus importante de la population qui verse dans la sensiblerie anthropomorphique comme la rivière dans la mer, la mer d’une majorité qui aurait vraisemblablement pensé, si l'ourse avait tué le chasseur : "Bien fait !" Aucun Officiel ne s'en serait ému.

Comment auraient réagi les écologistes et autre zoolâtres s’ils avaient été confrontés à la situation ? Si, fusil en main, ils avaient vu une ourse qui croyait son petit en danger, fondre sur eux ? Je le sais, ils me rétorqueront qu’ils n’auraient pas été assez stupides pour s’encombrer d’un fusil en promenade… Mais se seraient-ils laissés dévorer au lieu de lui tirer une balle ? Sûrement pas tous ! Il ne faut pas écarter l’hypothèse que certains auraient assumé le sacrifice suprême, comme ce jeune homme mort d’avoir mis la jambe sur le rail, préférant que le train la lui ôte ainsi que la vie, alors qu’à tout moment il pouvait l’éviter. Est-il meilleur que nous pour être capable d’une telle abnégation ? Il est à craindre qu’il ait été endoctriné au point d’en perdre son libre arbitre et la possibilité d’envisager qu’à l’endroit où il allait se coucher, il était tout simplement impossible au train de stopper à temps. Jusqu’à l’ultime seconde, il a dû rester persuadé, offrande de sa jambe à l’appui du rail et de sa thèse, que le chauffeur du train, que le moindre des wagons de ce train, que ce train tout entier, de la locomotive à l’extrémité du butoir du dernier wagon, que ce train "hors tout" était aussi roide dans son acier que dogmatiquement opposé à sa cause : il transportait des matières radio-actives. A quand le premier anti-corrida déchiré par la corne pour avoir voulu prouver qu’un toro c’est gentil ?
Alors voilà, le chasseur a tort parce qu’il entre dans la forêt comme le torero dans l’arène : armé. Le chasseur a tort parce qu’il a tué non pas "Brutus" mais, doux prénom anthropomorphique oblige, "Cannelle" qui épiçait de sa présence la vie de la forêt. Une spice girl qui avait un ourson. Le chasseur a tort parce qu’il a tué une maman et que c’est insupportable pour l’imaginaire collectif qui de plus, a choisi l’espèce comme doudou de sa progéniture.

Bref, il y a un pépin psycho-socio-politico-sociétal de taille, et la mort de "Cannelle", ce sera pour sa pomme. L’erreur n’est pas d’avoir tiré, c’est d’être allé chasser là-bas, malgré la présence signalée de l’ourse. Ici est la clé car cela traduit vraisemblablement le différend des prédateurs entre eux, tous confondus : les politiques, les écologistes, les chasseurs, les ours, les hommes, les loups, les bergers, les randonneurs, etc. Le différend, c’est la notion de territoire que chacun veut investir à sa façon, prônant la légitimité de son motif. L’homme veut savoir à qui appartient ce territoire, il est dans sa nature de le conquérir. Le fauve réintroduit, attend. Si l’homme passe au loin, il s’en va. S’il passe plus près, une inhibition anxieuse l’immobilise sur place. Si l’homme passe trop près, dans un terrain que le fauve juge sien, l’attaque fusera. C’est vrai pour les félins, les ours comme pour les toros bravos. (Seul le politique aura un comportement moins codifié car il est plus pervers)
Face à une espèce réimplantée, l’homme se voit contester le territoire où il avait historiquement (et souvent bêtement) exercé sa suprématie et l’homme-chasseur (Celui qu’il est de bon ton de décrire partout comme le beauf aviné qui vote Front National) se perçoit comme un danger face à la noble et fragile expérience qu’il compromet. De son côté, il ne peut plus circuler l’esprit tranquille car plus fort que lui est déjà dans la place. L’abattre, c’est donc affirmer sa prédominance, dire je veux chasser tranquille sans risquer de devenir gibier, je veux pouvoir élever mes moutons, ramasser mes châtaignes, faire mon miel, camper, randonner, bref je veux rester en haut de la pyramide de l’Evolution sans que l’Adam que je suis, ait sa petite pomme qui s’emballe d’angoisse en de petits allers-retours rapides au moindre craquement de branche. ( voir le film "A couteaux tirés" pour ceux qui ne se représentent pas l’horreur d’être chassé par un ours…). Il y a quelques jours ce crime de lèse-ursidé a eu son pendant atroce : un loup des montagnes turques a dévoré un enfant de dix ans. Ce fait divers, nous ne l’avons entendu qu’une seule fois, de bon matin et puis plus rien. L’histoire ne dira jamais si, par exemple, le loup dévorait une extrémité pendant que le cerveau de l’enfant fonctionnait encore… Parce qu’un loup qui a faim au cœur de l’hiver, n’est rien d’autre qu’un fauve d’une implacable sauvagerie. On nous expliquait pourtant depuis des décennies que cela n’était possible que dans les contes, on nous trouvait même ridicules de croire plausible la peur ancestrale. Ma compagne m’a raconté que sa "mère-grand" lorsqu’elle traversait la forêt de Mercoire de sa Lozère natale pour aller à l’école, devait parfois se déchausser pour entamer de conserve avec ses petits camarades, l’allegro vivace en sabot majeur afin d’éloigner les grandes dents… Il n’y a donc pas si longtemps, les enfants de chez nous avaient une bonne raison au cœur de l’hiver et du sous-bois, de ne pas rechigner à se geler les pieds. Le tribut payé ne fut certes pas tel qu’il justifiât l’éradication systématique de l’espèce, mais avec ces enfants chétifs avançant déchaussés dans la neige, peur au ventre, au rythme des sabots cognant, on était loin du petit plaisir solitaire de l’écologiste citadin qui "débilise" le débat ( il pourrait l’appeler "Myrtille" la louve…) en savourant le concept intellectuel de croire sa planète plus saine grâce à la présence lupine. C’est à hurler par les nuits de pleine lune, car si "l’homme est un loup pour l’homme", le loup est un loup pour l’enfant !

De même que les histoires de monstres du fond des puits empêchaient les enfants d’y tomber, les "promenons nous dans les bois tant que le loup n’y est pas" avaient vraisemblablement une fonction : l’emploi du pluriel dissuadait d’y aller seul et le vacarme de la chanson éloignait les crocs avides.

"Loup y es-tu ?" Pour ce malheureux enfant turc, il y était et personne pour compatir. Pas de rouleau compresseur médiatique pour relayer. Comme s’il y avait un consensus d’Omerta, le non-dit d’un prix sacrificiel à payer de temps en temps pour cette présence animale au cœur du monde moderne. Comme la tacite et couarde acceptation d’une fatalité dont on essaierait de se prémunir soi-même en n’énonçant que de gentils principes. L’instinct primaire de l’animal échappe à toute idéologie, à tout concept ou raisonnement. On le prend juste en pleine face, atterré, un temps soulagé que cela n’ait pas été pour sa pomme, avant de refouler puissamment ce qu’une sensiblerie ambiante, se croyant en communion avec la nature, n’arrive plus à trouver naturelle, la prédation - qui pourtant l'a toujours été -. Une sorte de comble pour un "animalitaire": considérer la nature au travers du kaléidoscope déformant de son anthropomorphisme jusqu’à ne plus la reconnaître !
Un des paradoxes de la tauromachie qui doit révolter plus d’un écologiste qui se respecte un tant soit peu, c’est que plus on tue de toros plus on pérennise leur race. Fatal, puisqu’on entretient ainsi le plus basique des principes d’élevage sur lequel tout repose, la Sélection. Que la pyramide de celle-ci ait une large base pour n’offrir à son sommet qu’un petit groupe à la corrida, est impossible à nier. Ceci, qui devrait être élémentaire à plus d’un Watson zoolâtre, conduirait même à penser, si une naturelle bienveillance pour son prochain ne balayait d’un revers élégant ce funeste pronostic, qu’il doit se trouver chez les "anti" une écrasante majorité de gens stupides qui n’a pas compris que l’objet de sa lutte tend vers l’extinction de la race qu’elle prétend sauvegarder. Pourvu que les toros ne souffrent plus éventuellement au moyen de leur éradication complète ! Le problème, à prendre le chemin de ladite bienveillante élégance, à les considérer conscients de ce qu’ils poursuivent, étant que cela les dirige à nouveau instantanément et avec toute la force d’une compromettante évidence entre les rails de leur dogmatisme rigide sans qu’ils puissent sortir des tunnels de leurs impasses philosophiques. Car jamais personne ne les a entendus plaindre les animaux du cheptel recalés en tienta et illico presto orientés vers la boucherie ; tout se ramène finalement à une affaire de sensiblerie liée au fait que la corrida est un spectacle quasi impénétrable voire trop dérangeant.
Avoir tué Cannelle n’est pas excusable, c’est juste profondément humain et pas au meilleur sens du mot. Cannelle était un véritable animal sauvage en charge d’un petit et elle appartenait à une espèce protégée. Nous autres aficionados, nous pouvons nous payer le luxe, au sujet de la corrida, d’abattre tout complexe de bêtise ou d’irresponsabilité car par notre simple regard, nous fortifions l’élevage d’un animal qui pourra mourir dignement en pleine conscience de la fin de toute vie. Se dire plus choqué par la mort d’un bravo dans l’arène après ses cinq années de liberté, que par la fin sournoise d’un bovin de dix-huit mois dans un abattoir lugubre et nauséabond, c'est finir par avouer son hypocrisie, son manque de clairvoyance et de sensibilité. Une carence doublée d’une sorte de totalitarisme qui tend à instaurer - ce qui désole tant l’anthropologue Claude Lévi-Strauss - la tendance du monde à se précipiter dans ce qu’il définit comme une "volonté de monoculture universelle".
Quand sur la soie des canapés, ne survivront que des caniches dominants, quand toute la planète mangera, boira, chantera et dansera la même chose, vénèrera un seul et même Dieu (l'argent ?), quand toutes les richesses culturelles auront été fondues dans leurs particularités par le grand chaudron de l’Ordre mondial, sans doute, ces gens-là se sentiront-ils enfin rassurés de n’avoir jamais eu l’envie de croquer la pomme. Peut-être s'approcheront-ils de la sagesse, d’autres plus sages encore vivront de magnifiques émotions : c’est tout ce que l’on souhaite à nos enfants.

La Pensée du Jour

C'est écrire qui est le véritable plaisir ; être lu n'est qu'un plaisir superficiel.
Virginia Woolf
1882-1941

Le Nu

Pour en terminer avec la découverte de Waclaw Wantuch, cette série sur le thème qui attire un maximum d'aficionados a los toros soudain passionnés par l'art photographique... Pour le découvrir mieux encore, n'hésitez pas à consulter son site, là :