lundi 15 août 2011

Hypertension 3


Quand j'étais petit, je n'étais pas grand, j'allais à l'école de Mr legrand, non, je m'égare, j'allais à l'école de peinture de jean-pierre Formica dans une ruelle perpendiculaire au boulevard Victor-Hugo entre les arènes et la maison carrée. Mes parents m'y envoyaient pour "développer mon sens artistique" ...

Je me souviens de l'atelier de Formica comme d'un lieu assez inamical et moqueur, dénué de la moindre pédagogie où des barbouilleurs en herbe salissaient de grandes feuilles de papier gris. Ah ça, il n'était pas directif, le professeur... je n'ai jamais entendu qui que ce soit bénéficier du moindre conseil. Peut-être était-ce d'ailleurs l'attitude à avoir, vu notre jeune âge. Laisser s'exprimer le démon intérieur de la création débridée... Moi, c'était de l'abstrait que je commettais, de fait... vu que personne ne pouvait reconnaître ce que j'avais tenté de représenter fidèlement... C'est l'avantage de la peinture moderne : on peut toujours s'en sortir en invoquant un discours vaguement conceptuel... Je ramenais à la maison d'infâmes gribouillis que seule ma mère saluait de dithyrambes enthousiastes, avant de les collecter soigneusement dans une sorte de fond muséographique familial au cas où la célébrité viendrait un jour frapper l'un de ses rejetons. On aurait alors eu là, le cheminement du génie...

Bien des années après, non loin de cet endroit, je l'ai croisé dans la rue, l'abordant pour lui demander s'il ne pourrait pas accoucher de sa copie à l'irritante et fameuse question : "Pourquoi allez-vous voir les corridas ?"

Une mauvaise idée. Dès le premier tiers de la logorrhée qui s'ensuivit, toute dévolue à la satisfaction d'être reconnu dans la rue comme un personnage important dont la contribution était attendue, je ressentis mon erreur. J'allais devoir patienter poliment, l'entendre discourir jusqu'à extinction de considérations satisfaites n'ayant que peu de rapport avec la question initiale. Je vous fais grâce des deuxième et troisième tiers avant qu'il ne donne la media-vuelta sans dire au revoir. Je crois bien qu'il est avec Gérard Jugnot qui, de la terreur dans les yeux, fit un bond spectaculaire sur le côté quand je fondis sur lui dans un couloir sombre de l'arène - je n'étais pourtant armé que d'une feuille de papier à la main - celui avec qui le plus d'incompréhension s'installa.

Eh bien figurez-vous que Formica hante les marais salants où il immerge des formes diverses, mannequins-présentoirs de magasins, crânes, etc avant de laisser le temps faire son oeuvre puis de vendre, bien sûr très cher, ces sculptures à quelques collectionneurs toujours en quête de nouveautés. Une bonne idée, ma foi. Voici le lien de son site où vous pourrez prendre connaissance de son travail :

http://formica.typepad.fr/jeanpierre_formica/sculptures_de_sel/

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah oui, toi tu abordes les peintres dans la rue, moi ce sont les photographes...

et ses sculptures salées,il les signe avec du piment d'Espelette?

isa du moun

el Chulo a dit…

rien compris, isa del moun!

Anonyme a dit…

Chulo, tu veux dire que je n'ai rien compris, ou c'est toi qui ne comprends pas ce que j'écris?
(normal après les fêtes de Dax, mais ça va passer...)

isa du moun