lundi 27 février 2012

Le Fouzytou Edito

Ce qui est bien c'est que « The Artist » a obtenu ses Oscars. Parce que depuis un mois que l'angoissante question occupait toute la scène culturelle française, ça au moins, c'est fait. L'acteur, nain Dujardin cinématographique Brice de Nice et OSS 117 oscarisé, fallait le faire. C'est vrai qu'ils l'ont fait en mettant les formes : en le tournant là-bas, avec des employés ricains et un chef de campagne roi du lobbying. Ça aide. Bref, on va pouvoir se recentrer sur la campagne minable initiée pour notre République, volontiers empreinte de simplisme. Nous les avons tous caricaturés : le nain fou, le consensuel mou, la xénophobe semi-démente, le Béarnais balbutiant, la grande gueule rougeoyante, qui d'autre, ah oui, la verte de rage qui t'emmerde, au fait, graciosa Lepage. Et Poutou aussi qui embrassera peut-être la carrière de candidat, s'il a ses signatures, parce qu'il faut bien plaindre un mec. Pour toucher le fond on est paré, quoi. En tête, Sarko-le-fou et Flamby-le-mou caracolent en prenant bien soin de lâcher Hun à Hun de dessous leur selle, quelques steaks pourris pour contaminer l'autre dans le plus grand mépris réciproque. Cinq ans après qu'il ait fêté sa victoire au Fouquets avec ce grand intellectuel qu'est Johnny Halliday, Sarkosy a cru bon de faire amende honorable publiquement. Sûr, le détail était important. Venant d'une bonne famille de Neuilly il eût peut-être été plus judicieux d'aller griller avec hypocrisie quelques merguez sur un feu de palettes devant une baraque de chantier avec le noyau dur de la CGT locale. Je crois que même à l'école primaire, les enfants n'en sont plus là. Nous avons aussi en magasin un récent sondage chez les socialistes encartés qui montre que 20% d'entre eux trouvent que Marine Le Pen a bien identifié et depuis longtemps, les problèmes que traverse la société française. Si. Les 80% restant peuvent toujours essayer de se consoler en espérant que chez les Bleus le chiffre aurait peut-être doublé, qui sait ? Les USA n'en finissent plus de s'excuser parce qu'un caporal-chef aurait brûlé des exemplaires du Coran, ignorant la portée de son geste ou avouant son imbécillité en le l'ignorant pas, on ne sait. Grosse enquête en cours. Bien sûr, qu'on brûle en face depuis lurette des Saintes Bibles, des drapeaux nationaux, des effigies et même tout récemment des pancartes ''Saint-Valentin'' juste pour le plaisir, si l'on ose le dire ainsi, ne suscite aucun reproche, aucune demande d'excuse, aucune indignation. On s'étonnera ensuite que chacun veuille rester chez soi entre soi. C'est qu'on doit montrer l'exemple de la tolérance, nous. Pire, signaler la différence est raciste.

Un autre sondage montre qu'une majorité de Français trouve que Sarkosy mène une politique trop à droite. Si, aussi. Cruel reproche il est vrai au cas où il aurait été élu pour faire une politique de gauche... Bref, le pays est peut-être centriste... Las, Bayrou ne décolle pas. Il malmène peut-être moins notre langue mais il est trop lent. Les journalistes à la logorrhée ''fogielisée'' ont horreur des pauses et des silences et coupent l'ex-agriculteur à tout bout de champ.

C'est dommage, plus je réfléchis, plus j'aime la lenteur. Celle avec laquelle on espère les faveurs d'une femme en décodant ses délicats et progressifs signaux et non pas la crudité d'un marché sexuel vulgairement mis sur la table, la lenteur d'un capote dans l'arène traînant en rond sur son erre alors que défile le navire amiral du danger autour de l'axe sublime, la lenteur des projets photographiques pensés, plus que le mitraillage aussitôt Kleenexifié par le bouton ''poubelle'' de boîtiers très sophistiqués. Bayrou semble avoir un bon diagnostic, le premier avancé sur la crise de la dette, il n'est pas vendu au Cac 40 et à la finance comme l'immigré slave, il se dit prêt à piocher sans dogmes, dans les compétences de droite et de gauche pour s'entourer. Trop beau pour être possible. Je respecte la gauche, la vraie, inadaptée au monde cruel qu'il est naïf de feindre d'ignorer mais avec des convictions peut-être capables de changer quelque chose et/ou de nous ruiner aussi sec. Ruinés et heureux ? A voir. Sauf qu'ailleurs on a déjà vu qu'ils devenaient les riches et opprimaient plus sûrement encore, l'espoir de s'en sortir individuellement en moins. Peut-être serait-ce différent en France ? Mais moi j'ai horreur de la réglementation à outrance, je suis un ultra-libéral forcené, sauf qu'il n'est pas économique mais psychique, comme tout bon français je crois. ''Bon'' n'étant pas ici un jugement de valeur ou un critère de pureté, mais rien que le sentiment prégnant de liberté auquel l'esprit frondeur de notre pays nous habitue depuis tout petit. Qui dans ce pays aime qu'on pense, décide ou agisse à sa place, bien endoctriné dans les rangs de tel ou tel appareil ? Vous ? Ça m'étonnerait ! Le pire pour moi, c'est le rose embourgeoisé, plus préoccupé de ne déplaire à personne qu'à teinter la société dans la masse de ses convictions d'ailleurs absentes, floues, toujours inabouties pour reculer aussi sec ou avancer prudemment en se recommandant fils spirituel d'un Machiavel qui le fut assez pour baiser deux fois son propre pays. Scusez m'sieurs-dames c'est ce que je pense que vous êtes venus lire, non ? ''Rapport'' à ma sensibilité à moi, c'est comme ça...

Au fait, elle vaut combien la salade de mâche au Fouquets ? Parce qu'aujourd'hui on apprend que le repas pris par Hollande "Chez Laurent" a coûté 262 euros : salade de mâche 140 euros (elle est hallucinogène ou quoi ?) carré d'agneau 92 euros et ananas rôti 30 euros... Vous savez quoi ? Je suis sûr que vous et moi, même riche, une salade à 140 euros on prend pas : on a trop les pieds sur terre... D'autant qu'en Catalogne, pour 90 euros, tu as le menu d'un deux étoiles Michelin qui t'es servi avec sympathie, tandis qu'à Paris, non seulement on est fier de t'entuber, mais en plus on te méprise ouvertement. Mais les très riches ont toujours eu besoin de ces lieux sélectifs par le tarif pratiqué où, entre soi, on est servi avec morgue par des connards aguerris qui te facturent la bouteille d'eau plus cher qu'un Château La Tour des Côtes du Rhône.

Enfin, parfois quand même, le politique montre l'exemple de la prévoyance, en se prémunissant avec responsabilité des menaces de la crise : les députés se sont votés (à l'unanimité ?) une augmentation de leur indemnité de départ. Elle était égale à six mois, elle sera désormais de soixante mois. Tel que, les gens... Dépités ? Sûr que trois cent mille euros c'est mieux que trente mille, pour voir venir. L'heure étant à la précarité. C'est nous qui casquons, les ultra-libéraux comme les communistes. Ça débecte bien, hein... ? Parfois nous souffrons de trop ''d'adaptabilité'', faudrait tout péter... (ça y est, je suis fiché aux RG...) Certains, toutefois, sont partis pour. Comme me le disait mon carrossier arabe à mon grand ahurissement en me raccompagnant :

- j'vous jure M. Delon, moi et tous les arabes de souche que je connais, on vote Le Pen !

- Oh... ? Nooon...

- Si ! J'te jure !

- Bande de racistes ! (je jure, je lui ai dit ça et ça m'a bien fait rire !)

- J'y m'en fous, j'y vote Le Pen !

- Maaaais les arabes n'aiment pas Le Pen, voyons... !?!

- Les Algériens, cy tout ! Mais les Tinisiens comme moi et les Marocains, si !

- Je le crois pas... déjà nous les ''français tête de mort'' si on dit ça, on est des salauds...

- Vous les français, scusi-moi, hein, M. Delon, mais vous les français, on vous chie sur la gueule, jamais vous vous révoltez !!! Ti comprends ?

- Bôôaa on est magnanimes et tolérants, on essaye de montrer l'exemple...

- Voilà, c'est c'que j'te dis, vous êtes trop cons !

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Sur la carte de Chez Laurent, la salade de mache est annoncée Truffe noire en premier.
Si c'est comme la composition des biscuits, l'ordre d'énumération est une question de quantité.
Mais pour un corrézien aimer les truffes, c'est pardonnable.
Qui a payé le repas, Bergé, comme du temps de Miterrand ?

Marc Delon a dit…

Ah ok, salade de truffe à la mâche, alors, plutôt...

el Chulo a dit…

Tu as vraiment de la chance de tomber sur de si contondants et illustratifs "arabes". ce doit être la différence entre le bon journalisme et la fiction.Chacun a son "on" qui dit, en fait!

Anonyme a dit…

Houla ! Il a morflé David Douillet, qui va entrer incognito dans la boutique "Bocadillos Entrepans Sandwiches", parce qu'il n'a plus les moyens, lui, de se payer le Laurent de Cadaques !
JLB

Marc Delon a dit…

Même à l'envers il lit JLB !


A moins que ce que l'on prend pour du "bon journalisme" soit du journalisme orienté (on fait dire ce qu'on veut à un reportage, à charge ou à décharge...) et que ma ''fiction'' soit la vie de tous les jours ? Parles-en au gardien d'immeuble agressé qu'on a vu hier au journal télévisé ...

Cette fois-ci, dans mon texte, l'anecdote est vraie. Parce que moi chulo, je leur parle tous les jours, je les "idéologise" pas... Aujourd'hui par exemple, j'en reçois onze, de 9 à 80 ans.
Je tiens à ta disposition sur mail privé ses nom adresse et qualités si tu veux investiguer plus avant. Il est très gentil comme tous les pas contondants : d'autres par contre, que je connais aussi, ont souvent un couteau à la main. Lundi dernier le magasin Aldi à vingt mètres de mon cabinet y est passé. Quant aux trois encapuchonnés qui ont débarqués chez moi ils sont restés inédits quand je leur ai précisé que c'était par carte vitale que je me faisais payer...
Cette même carte que sortent leurs victimes pour se soigner des agressions sportivement exercées à quinze contre un sur un gardien ou seul à seul face... à une mamie.

Anonyme a dit…

Mais non couillon ! Il m'a suffi de regarder la face arrière de mon écran.
C'est comme quand tu écris en vrac, je regarde de l'autre côté du miroir.
JLB

Anonyme a dit…

Entre les Hauts Prometteurs à poches distendues, les Célèbres Bobos moralisateurs et les populations qui imposent leurs nuisances, le Fouzytou contient tout. Intéressants sont les propos du Tunisien qui nous invitent à ne pas ne pas confondre tous les jetons du même sac.

Gina

Anonyme a dit…

la photo : une belle femme pour un bel instantané