J’aime la corrida avec passion. J’aime écouter sa musique entraînante, ces roulements de trompettes et ces accords qui me transportent si loin.
J’aime ce combat entre la vie et la mort, ces regards échangés entre l’homme et la bête, ces regards méfiants, ces regards pleins de confiance, ces regards tendres et sévères, ces regards complices et ennemis qui opposent sans cesse l’ombre et la lumière.
J’aime le mouvement régulier des capes, l’ondoiement du tissu et la corne qui frôle la flanelle garance. J’aime les cris de la foule qui ponctuent chaque action et les chuchotements critiques qui commentent les actions des personnages de cette tragédie en trois actes.
Je me fonds dans le décor mystique de ce spectacle, je m’enfonce dans les profondeur de ce tableau. Je respire avec discrétion pour ne troubler personne, je suis le geste doux et lent du poignet, le rythme calme des passes, j’écoute d’une oreille attentive le froissement délicat de la cape, la déchirure brutale des airs par l’épée et l’agitation irrégulière des mouchoirs blancs à la fin de l’étrange ballet.
Les contrastes extrêmes de cette nature, ce mélange d’amour et de peur, de raison et de folie, de rêve et de réalité, s’expriment dans le partage même de ces arènes en ombre et soleil. Alors, ces mondes opposés remplissent mon cœur d’une joie ardente et d’une sourde tristesse, inébranlables et sincères. Emeline LAURENS 13ans
7 commentaires:
Voilà un beau texte, sincère, bien senti et bien écrit pour illustrer la photo ombre-lumière d’hier.La photo d'aujourd'hui n'en est pas moins très belle
Gina
Remarquable ,il ne manque quasi rien ,c'est profond et sincère ,les jeunes ont du talent!!!!
A Emeline,
Superbe!... Et à 13 ans...
Sais-tu qu'à la relecture, tes phrases - cadencées par la ponctuation - se respirent dans un rythme qui évoque des séries de passes dont l'enchaînement conduirait à une sorte d'apnée, avant reprise de souffle et changement de "terrain" - et de paragraphe ?...
Suerte - Bernard
Emeline nous l’a dit « je me fonds… » et la forme et le sens de quelques phrases ne font qu’un. En écrivant elle se retrouvait en osmose avec les acteurs de l’arène… avec un art dont elle n’avait sûrement pas conscience et qui s’appelle savoir écrire : la valeur n’attend pas…
Gina
Merci. Ce texte remonte à loin mais il m'est cher. Je suis touchée qu'il fasse encore un peu d'effet avec les quelques maladresses de mes 13 ans. Je n'y changerais toutefois pas un seul mot aujourd'hui.
Emeline (21 ans)
Et derrière toutes ces "jolies choses", est ce que vous savez vraiment ce qu'il y a? Du sang, de la barbarie, de la lâcheté et de la souffrance. Rien de plus!
Du sang : oui, comme dans tous les abattoirs même si celui-ci, l'arène, choisit de magnifier l'animal avant de le tuer pour le manger... soit le destin de tous les bovins.
la barbarie : même si on n'excuse pas une chose en en citant une autre, il y a je crois moins de barbarie à vivre cinq ans puis à combattre, qu'à être abattu, soumis, au bout d'un couloir lugubre, au bout de dix huit mois d'étable.
la lâcheté ? Cela s'appelle la fête du courage... car cette race de taureaux comme les hommes qui les affrontent en ont plus que le commun des mortels.
La souffrance : la vie n'est que souffrance, Anna... entre deux joies, le chagrin, la maladie...
Sans doute as-tu autour du même âge qu'Emeline quand elle a écrit ceci ?
je conçois donc que tu sois plus proche de ''l'idéal vétérinaire'' , soigner les animaux que te réjouir de voir une corrida. Je le comprends et ne chercherais pas à te convaincre d'aimer la corrida ce qui nécessite souvent une initiation. Mais bon, le débat est très complexe...
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