dimanche 4 avril 2010

Ce que j'ai vu là-bas...

De ce que j'ai vu là-bas, de cette symphonie de roses, d'orange et de beiges, certains, j'en suis sûr, n'ont vu que du bleu. Celui de leur carrosserie, et aussi l'anthracite de leur moteur avec lequel ils sont affectivement reliés. Parfois, cela parlait tellement bielles, pistons et amortisseurs, que je me demandais s'ils se rendaient vraiment compte du lieu où ils étaient. La plupart, avaient toujours le nez sous le capot ou dans le coffre, où l'on venait comparer l'agencement astucieux des rangements et l'efficacité des équipements installés. Sûr, ça donne des idées et des astuces. Mais j'avais parfois envie de leur crier :
Oh ! Vous avez vu où on est ? Comme c'est beau ? Incroyable ? Quasi magique ? Là... regardez, sous vos yeux, cette lumière irréelle... levez votre nez du système intégré de chauffage de l'eau pour la douche et regardez cette lumière à couper le souffle avant que le soleil passe le sommet de la dune, vite ! Mais, non... heureux le nez dans le moteur... respect... du baroudeur pur sucre... Je ne voudrais pas tenter de me faire passer pour le poète de service, seul doué d'une sensibilité apte à cerner toutes les magies d'une telle expérience, non... je ne voudrais pas... mais pour certains j'ai des doutes profonds, quand même. Ils l'assumeraient, d'ailleurs, je suis sûr. Ils confirmeraient que le désert a pour eux, unique vocation de terrain de jeux, leur bac à sable à eux, seul capable de procurer du plaisir de pilotage en liberté avec petits copains ; qu'il ne réveille aucun imaginaire littéraire à la con style quête de soi, écoute du Moi, épanouissement du... enfin, tous ces trucs de tafioles, là. Ben pourquoi pas ?!
Pour l'amateur d'images, du moins celui que la photographie a assez motivé pour fréquenter cette cohorte de mécanos-bricolos ne voulant pas se mouler dans l'ambiance qu'insuffle le désert mais au contraire y transporter bières, blagues grasses et mode de vie européen, ces raids 4x4 sont à la fois bénis et maudits...
Bénis, car, s'ils n'y étaient pas ces bricoleurs passionnés, eh bien cela ne serait même pas la peine de projeter d'y aller. Ils y sont efficaces et on a sacrément plus besoin d'eux, qu'un handicapé de la clé à pipe de douze comme moi, qui sillonne les dunes un peu hagard, en bon contemplatif distrait par tous les détails à ne pas rater.
Maudits pour le photographe, car imaginez-vous être au milieu d'un extraordinaire matériau à immortaliser que vous traversez secoué comme une boule de loto dans un mélangeur, ratant une multitude d'occasions de shooter de dantesques paysages que vous ne reverrez plus de votre vie ! Il m'est aussi arrivé d'être bloqué trois heures dans un endroit sans intérêt - aucune photo à faire - pour attendre un groupe qui réparait une casse et puis, un kilomètre plus loin, de traverser à toute allure un paysage de rêve pour rattraper le retard : vous réalisez la frustration ? Elle est intense, je vous l'assure...
Parfois il faudrait pouvoir prendre son temps, sortir le trépied, composer son image avec soin, penser ses réglages, photographier, quoi... et horreur, on shoote à la volée en mode "P" alors que ce serait tellement mieux si on avait pu peaufiner la profondeur de champ !
Bon, enfin... c'est fait, c'est fait, allez voir, c'est par là. On fait défiler les noms des portfolios et quand on voit "Algérie" on clique dessus ! Et ensuite sur le symbole des quatre flèches en haut à droite pour le mode plein écran : Rhââââ... c BÔ...
http://marcdelon.darqroom.fr/gallery

12 commentaires:

el chulo a dit…

j'ai connu la même chose à madagascar, où la lumière incroyable de l'hémisphère sud baigne les ocres et les bleus.

chaque fois, depuis 4 ans plus de 3000 photos volées chaque année, stockées.

il aurait fallu s'arréter à chaque virage, à chaque variation de la lumière.

je confie au hasard l'espoir qu'une photo chante.

Marc Delon a dit…

J'aimerais trop aller photographier Madagascar. La nature y semble époustouflante d'après les reportages vus...

el chulo a dit…

la lumière, la nature incroyable, la varièté et la somptuosité des des paysages, et ce peuple si attachant.

Anonyme a dit…

Moi aussi, dans les pierres roses et les épines, à perte de vue, dans l’Ouest américain, j’ai mitraillé sans relâche ce qu’une seule vie ne permet pas forcément de revoir et que des gens que j’ aime n’ont pas vu avec moi, de grandioses beautés tristes, finalement.

Ces grandes étendues d’Afrique qu’on voit sur les photos, désolées sous leur vaste ciel bleu, je crois que ce n’est que dans un groupe rigolard que je pourrais les visiter et supporter l’angoisse.

Gina

Anonyme a dit…

C'est vraiment très très beau, ça me laisse sans voix...
Mais j'aurai aimé aussi des portraits de tes couillons de copains, le nez dans le moteur et les mains dans le cambouis...

isa du moun

Anonyme a dit…

Très sensuelles ces dunes fauves...Ces courbes alanguies...Je me demande si tes compagnons de voyage ont vu ces formes féminines en diable.Je comprends ta frustration,avec un décor et des couleurs pareilles tu pouvais nous ramener des photos cent fois plus belles...Il aurait fallu que tu partes avec des esthètes, détachés de tout problème mécanique, n'allant là-bas que pour la beauté des lieux,pas pour tracer la route dans des contrées hostiles aux véhicules à moteur. Quant à moi j'espère pouvoir aller en Algérie bientôt,mais sur la côte Est,à Annaba ma ville natale,que je ne connais qu'en photo.
isa

Anonyme a dit…

Patience, les séquences sont numérotées, on n'en est qu'à la première.

Gina

Maja Lola a dit…

Belle promenade dans ce désert. Ces rochers laiteux multiformes qui émergent des ocres du sable, tels des meringues sur un lit de caramel léger (hummm, gourmandise coupable !)
J'aime beaucoup les végétaux qui semblent posés là, perdus dans l'immensité, avec une préférence pour ces palmiers apparaîssant tout échevelés au détour d'une dune.
Quant aux formes évocatrices dont parle Isa, elles sont extraordinaires de réalisme et font penser à des corps aux teintes chaudes, des ocres les plus clairs aux plus foncés, acccentués par les frissons sculptés par le vent.
J'imagine que le silence absolu devait être la touche complémentaire à votre émotion. Où se situe l'Homme en ces instants ?
Maja Lola

el chulo a dit…

dios mio, tu attires les nanas, et pas les plus sottes, comme des mouches.

quel talent!

Marc Delon a dit…

Chulo.... c'est pas gentil de se moquer de moi... c'est le désert qui exerce son pouvoir d'attraction... mais maintenant on attend de publier les photos de Madagascar... Vu que tu n'as pas besoin d'un masseur personnel dans tes valises, si ? Il va falloir fournir en photos : fourbis tes appareils !

el chulo a dit…

j'ai dejà un stock, mais pas de qualité pro, moah, de l'abattage avec un dx80.

Marc Delon a dit…

et ben fais nous une petite sélection, draconienne bien sûr, qu'on voie ça...
Sinon, tu peux faire des fichiers Raw (Nef) avec ce boitier ?
je te vends mon D200 si tu veux...