mardi 16 août 2011

Gina On Tour...


Carnet de voyage : l'Islande

Cette terre des contrastes, façonnée par des volcans et des glaciers, qui semblait si lointaine, là-haut, accrochée au cercle polaire, n’est qu’à environ trois heures de Paris. On la savait dérangeante avec ses volcans et leurs poussières mais quand on côtoie de près sa géographie et sa géologie, qu’on sait sa position singulière sur la terre, entre deux plaques, l’eurasienne et la nord-américaine, qui s’écartent de deux centimètres par an, libérant entre d’épaisses murailles basaltiques, une immense faille très observable en divers endroits, on comprend mieux. Au magma échappé par la faille, s’ajoute une seconde source de magma due à un point chaud (ainsi s’expriment les spécialistes) si bien que l’Islande est un amas de montagnes constituées quand les volcans entraient en éruption sous les glaciers.

La lave basaltique s’est parfois épanchée par des fissures longues de plusieurs centaines de mètres où se sont constitués des alignements de cônes hauts et bien pointus. Mais les sommets peuvent être arrondis, voire aplatis quand un glacier les recouvrait avant l’éruption, ou les recouvre encore, ou alors, escarpés selon que le volcan a été égueulé et érodé. Alors, là-haut sous le couvercle des nuages, c’est blanc de névés et de glaciers. dont quatre principaux persistent sur l’île (dont un plus étendu que la Corse) avec le paysage glaciaire qui accompagne : vallées en auge, roches striées par les frottements du glacier, chutes d’eau puissantes et bruyantes de torrents dévalant les marches formées par les coulées de basalte des falaises volcaniques. Les glaciers s’écoulaient jusqu’à la mer en belles langues blanches avant que le réchauffement climatique ne les raccourcisse. Les séracs de l’un d’eux flottent en icebergs, hauts, grands, blancs, bleus ou noirs de poussière sur un lac. On les visite en bateau, les cinéastes les utilisent.

La lave peut présenter une surface rugueuse de scories, ou au contraire être lisse et disposée en cordages, en tuyaux d’orgue ou en gerbes. Parfois, à mille degrés, elle sort de dessous la mer ou dessous un glacier en explosant et formant de petits grains qui s’agglomèrent et durcissent ensuite.

Du matériel chaud remonte constamment des profondeurs avant de fondre près de la surface et. on rencontre des coulées de lave sortie depuis peu des entrailles de la terre. Il y a à faible profondeur des massifs de roche très chaude que les eaux de pluie ou de fonte des glaces atteignent facilement en descendant par des fissures dans le sous-sol. Les fumées en grand panache qu’on aperçoit de très loin comme autant de locomotives silencieuses et lointaines ou les fumeroles au-dessus des ruisseaux, des torrents ou des flaques surgies là, comme ça, sur un chemin en sont la brûlante preuve. Cette eau se charge en minéraux comme le soufre et la silice puis remonte à la surface par des geysers ou des sources chaudes (auxquelles on accède souvent par forage). Elle est souvent chargée en sulfures qui se déposent au niveau du sol ou alors, le soufre forme également de l’acide sulfurique au contact de l’eau et au fil du temps, la roche devient friable, jaune, bleue ou rouge comme rouillée. On ne quitte pas l’île sans avoir senti l’odeur sulfureuse des fumerolles, sans s’être baigné dans une source ou un lac chaud, dans le fameux « lagon bleu » de silice décomposée, sans avoir admiré les champs de lave, les régions dénudées où la terre est jaune et rouge, la boue des mares bouillonnantes bleue .

L’eau chaude est captée et utilisée en ville comme dans les coins les plus reculés, dans des campings et des piscines.

En bas, au niveau de la mer, le sol est rugueux de toute les aspérités des scories volcaniques, même quand les lichens blanchâtres ou jaunâtres – c’est selon – les ont adoucies, ou ils sont recouverts d’herbes et de lupins bleus (apportés par l’homme pour améliorer et fixer le sol). C’est à des points stratégiques que les Islandais vénèrent leurs génies (trolls surtout) et les héros de leurs sagas en érigeant des cairns très spéciaux, sacrés, aux formes fantasques en harmonie avec ces mêmes scories dressées et tourmentées. Les respecter, ne pas toucher. Ou alors , le sol est lisse des cendres volcaniques. La plaine côtière, verte, verte comme un trèfle irlandais peint sur un cendrier pour touristes, ou bleue, ou rouillée, ou blanc jaune, s’est plus ou moins allongée dans les fjords créés quand les glaciers descendant jusqu’à l’océan aidaient au transport des sables et des cendres, des sommets jusqu’à la mer en créant de superbes et uniques plages noires. Les prairies très vertes en été, sont le domaine des chevaux, ce cheval viking à cinq allures au lieu de trois et que possède chaque Islandais. Quelques élevages intensifs de vaches occupent les prairies riches, parsemées de blancs ballots de foin conservé dans de l’emballage en plastique. De loin, on arrive à les confondre avec des troupes d’oiseaux, la fameuse arctic tern, hirondelle de mer blanche qui plane en criaillant au-dessus des têtes qui l’importunent, ou avec les moutons qui sont partout dans la toundra, au pied des escaliers et des falaises basaltiques, domaine des macareux. Ils paissent ou dorment à l’abri du vent et de la pluie ou du froid, pas en troupeaux comme des dindons, non, par trois. Chaque mère avec ses deux (rarement trois) bébés. En s’approchant on distingue la laine à longs brins et les têtes cornues.

Inoubliables sont le calme et la douceur de ces paysages occupés par les chevaux et les moutons où les chemins de randonnée très nombreux vous assurent la solitude face à vous-même et au vent sous le fréquent gris du ciel. Par bonheur l’Islandais a pointillé sa terre rude et brute de couleurs vives, le jaune orangé des piquets au bord des routes, le rouge, le vert, le bleu des façades ou des toits des petites fermes ou des bateaux dans les ports de pêche animant chaque fjord.

L’église aussi, pas très catholique mais luthérienne, on la remarque isolée qu’elle est, parfois loin des habitations, quand ce n’est pas au milieu d’un terrain de golf ou qu’elle est posée à côté des croix blanches de son petit cimetière, modeste ou colorée, ou bariolée ou audacieuse dans son architecture moderne. Car dans cette terre de vacances où se côtoient tous les extrêmes, se combinent le luxe moderne, les techniques les plus avancées dans un développement intensifié de la géothermie et du tourisme, l’architecture la plus recherchée partout dans le moindre hameau, avec une nature primitive, sauvage dans ses forces actives et ses exceptionnelles merveilles.

Gina
crédit photos : www.diapo.ch et Patrick Pichard

19 commentaires:

Marc Delon a dit…

Soucieux de ne pas accroître la charge du compte rendu de Gina, je n'ai pas utilisé ses propres photos... ;-)

el Chulo a dit…

enhorabuena gina!

Anonyme a dit…

Marc, les mensonges de délicatesse, on accepte.
Merci pour le choix des photos.
Je ne tiens pas d'agence de voyage, mais à ceux qui aiment la nature sauvage, la géologie, les vacances pas snobs, pas trop chères (Air-France est descendu de ses hauteurs pour proposer avec KLM des prix bas), ceux qui redoutent la foule de juillet chez nous, qui ne redoutent pas le froid (pas plus de 8 à 9°C de moyenne) ou l'éruption annoncée depuis longtemps du volcan Hekla, qui aiment les jours sans nuit (extraordinaire !), je dirai d'aller voir.
Gina

Marc Delon a dit…

Ouais ! En tous cas, bravo, c'est pas du compte rendu de pedzouille ! D'ailleurs on ira pas voir, vu l'exhaustivité du résumé, on peut économiser le voyage. ah si p'têtre, pour la photo...

Anonyme a dit…

La nature sauvage, la géologie, les vacances pas snobs, pas chères, on a ça aussi en France.
Qu'est ce que ça a l'air chiant l'Islande !
Mais évidemment, si les canassons ont quatre allures...
Pêcheur de Torrent et non Pêcheur d'Islande...

Elixirman a dit…

Quelques photos pour les plus desesérés:
http://www.fubiz.net/2011/08/10/astronaut-suicides/

Anonyme a dit…

Pardon pour cet enthousiasme en éruption qui s'étale trop longuement car ces curiosités islandaises sont nombreuses et contrastées.
Les retombées sont grandes : on n'en finit plus – et Chulo doit me comprendre - de rechercher des lectures et de classer des photos même ratées. Marc, on sait bien en voyant celles des marais salants que vous seriez au paradis dans cet enfer.
Gina

Marc Delon a dit…

Chiant l'Islande ? Chiantissime ! 8° au plus fort de la "canicule" locale, un paysage de genèse de la terre ou de fin du monde, comme vous voulez, bref de désolation, pas une jolie brune à l'horizon, de danseuse de flamenco n'en parlons pas, pas une gambas à sucer ni un calamar à rôtir à la plancha, rien... que des rivières chaudes, des déserts froids, des tempêtes et cinq allures pour les chevaux, cinq.

Anonyme a dit…

Exact, ça ne ressemble pas à la France sinon je serais restée chez moi.
Marc, les gens y sont fadasses, tous blonds aux yeux bleus. Une brune bien pi-g-mentée y serait une perle rare, une star dans un pays qui n'a pas d'étoiles en été ! Quant aux fruits de mer, chaque port a sa spécialité.
Gina

el Chulo a dit…

moi j'aimerais voir les photos de gina, je suis sûr que je les aimerais.
bravo encore gina. pour ma part, je garde un souvenir ému d'une nuit fin juin à stokholm,dans le splendide opéra de mon cher bjoerling, avec ce jour qui n'en finissait pas, et l'avouerais je pas mal d'alcool de là bas. ces suédois ne suçaient pas réellement des glaçons.
je comprends en tous cas ce que vous dites.

Anonyme a dit…

J'ai oublié qu'en effet, Marc, certaines parties de l'Islande sont lunaires à tel point que dans les années soixante, des cosmonautes s'y sont rendus pour s'accoutumer à la lune. Ce sont les photos recommandées par Elixirman qui m'y ont fait penser.
Gina

Elixirman a dit…

Le voyage initiatique ?
ou le "Arena tour" ...De Nîmes à Bayonne en passant par Dax.

Voila donc les congés qui ont débuté...!
1ére étape Nîmes: Pour les "aficio-nados et nadas nîmois et nîmoises", j'espère bien que vous fréquentez tous la pharmacie du taureau. Hummm... Quel beau nom pour une pharmacie dans une ville ou l'on dézingue le taureau, quelle est la spécialité du taulier ? Du sang séché à la corne râpée ? C'est aphrodisiaque ou bien ? Il doit falloir ça quand il fait chaud... Gina qu'est ce t'en dit?

Sinon, pour la visite des arènes, c'est raté. Quand il fait 35°C à l'ombre et que la file d'attente avec 50 personnes est en plein soleil, c'est même pas la peine d'y penser ! En plus, pour visiter des arènes goudronnées, quel sacrilège scandaleux ! Non merci...
Au fait, pour les spécialistes, on massacre les TOROS sur du goudron maintenant? Bientôt, les corridas sur les parkings des grandes surfaces, sponsorisées par Leclerc ?
La corrida discount, une idée à creuser (des TOROS chinois, et des toreros roumains...)

Idem pour la maison carrée, 2 colonies de vacances dans la file d'attente et c'est direct la fin de la visite.
Dommage qu'un bâtiment neuf et propre soit tellement abimé ! Je comprends pas pourquoi tout y est écrit en latin!...

Quand on habite Nîmes, on doit être "con...tent" des travaux effectués par la municipalité pour fluidifier la circulation ? Faire un transport en commun écologique en abattant des centaines d'arbres centenaires, en voilà une belle idée d'une municipalité de droite...Le soleil doit taper trop fort sur les boyaux de la tête de certains, non ?

Un bon point, tout de même pour le "jeudivin" (mettre les espaces où bon vous semble).

A bientôt pour d'autres posts si Internet passe dans les autres villes de Corridas...?

Olé...

Anonyme a dit…

Chulo, je crois que l'Islandais non plus n'attend pas la longue nuit d'hiver pour ses célèbres agapes du vendredi soir.
Quant à mes photos, elles seraient polluantes là, dans le blog de Marc et ne supporteraient pas la comparaison ; mais en privé, quand le grand ménage sera terminé, pourquoi pas!
Gina

Anonyme a dit…

Comme quoi, Elixirman tous les voyages sont initiatiques.
Trois souris dans une cage dorée sont au paradis. Vingt souris s'en moquent que la cage soit dorée, elles deviennent folles. Cette jolie ville « d' arbres » n'a jusqu'alors résolu ses problèmes qu'avec des parkings bien chers, des policiers gabelous et l'encouragement à acheter des voitures ! Et rien contre la chaleur.
Gina

el Chulo a dit…

entre mathilde et moi, gina, 3000 photos, le ménage est loin d'être fait, de plus j'ai toujours des difficultés à virer des photos, alors je vais me taper un répertoire "trié"
en tous cas je retiens l'invitation!

Marc Delon a dit…

3000 photos ? Alors c'est simple :
trois cents de regardables, trente de bonnes et trois de très bonnes.
Il faut en jeter 2700.

En Argentique ce serait l'inverse, vu le caractère non jetable, tu en aurais 70% de bonnes vu qu'à chaque hésitation, car là, tu te poserais la question, tu te serais abstenu...

Elixirman a dit…

Gina, il manque un élément essentiel à ta description idéalisée de l'Islande façon magazine Géo, une caractéristique que jamais tu ne dois oublier dans un récit de voyage...!

Cet élément est le HAKARL, La spécialité culinaire du pays. Si tu ne connais pas ça, c'est que tu n'est jamais allée en Islande...!

Et le HAKARL, késako ? C'est tout simplement du requin faisandé dans le sable pendant 2 à 3 mois puis séché à l'air libre pendant 6 mois environ.
L'odeur de l'ammoniac est tellement marquée, qu'il est préférable de boire un verre de vodka en le dégustant, sauf si tu es un viking pur jus...!

Ça vaut largement du steak de TOROS ...

Marc Delon a dit…

Non seulement Gina ne mange rien mais la gastronomie ne fait pas partie de ses "référentiels" ce qui est effectivement une lacune insondable pour qui se prétend française...

Anonyme a dit…

Gina mange. Elle a aimé l'agneau et le saumon d'Islande présentés en sauces bien fines ainsi que leur pain cuit dans le sol chaud. Requin faisandé, non, mais pourquoi pas à l'occasion ; en attendant on se contentera de la paella géante de Marc accompagnée de gros gâteaux bien dégoulinants de crême et de chantilly.
Gina