mardi 25 septembre 2012

Sans Titre

''Taquilla'' Photo Photosmotstoros
Très symptomatique est le déchaînement de violence qui a suivi la prestation de José Tomas de la part de ceux qui ne l'ont pas vu. C'est souvent par dogme qu'ils ne se sont pas déplacés et par dogme qu'ils se plaisent à créer ce climat délétère entre aficionados soudain devenus aussi amis que les Hutus et les Tutsis au seul prétexte qu'ils ont aimé une course vue comme l'aboutissement du système honni. Mais alors qu'on aurait pensé que cela advienne par dogme pro sauvagerie, pro encaste rare ou pro indiscutable vérité du combat avec cette quasi allergie à un sang plus suave, on s'aperçoit de par le fiel déversé et les conclusions attendues, que la sentence dépasse le cadre de l'aficion et s'épanouit dans la politique. José Tomas, en ayant déplacé les mordus de la planète et triomphé de toros qui n'étaient pas les plus agressifs bisons de la cabana brava - la belle affaire alors que tout le monde sait qu'il tord n'importe quoi et mieux que les autres - a d'un seul coup été promu ennemi public numéro 1 ; le chantre de la dénaturation du combat authentique, c'est lui ; la jurisprudence fossoyeuse de la Corrida, c'est lui. Rendre compte de ce qu'il nous a fait, de l'écho produit dans notre for intérieur est une faiblesse coupable, devenue d'une vulgarité de groupie hypnotisée par le star système, alors que courent par les chemins tant de petits gars honnêtes et accessibles qui sont les héros ordinaires et chaleureux à admirer tous les jours pour la disponibilité de leur fémorale. Comme si reconnaître en Marlon Brando un charisme et un talent supérieur empêchait d'apprécier Bacri, Marielle ou Garcia. Le Tomas d'il y a quelques années était ce même petit gars et les petits gars d'aujourd'hui ne rêvent que d'arriver au stade où leur art et leur courage seront si prouvés et éprouvés qu'ils pourront toucher enfin ces toros assez clairs dans leurs charges pour exprimer leur art. La nature humaine, ça s'appelle, ce genre d'ambition... Mais le plus souvent d'ailleurs, au lieu d'exprimer leur art, c'est leur carence d'art qui est cruellement démontrée. Parce que si l'inspiration artistique était inversement proportionnelle à l'innocuité des toros qu'est-ce qu'on se régalerait quatre-vingt dix-neuf pour cent du temps ! Or, dans cette même proportion, on s'emmerde ! 
 

On en a vu souvent, des belluaires en fin de carrière – Meca, Fundi dernièrement - entrés dans de doux cartels, feindre de transformer ces rencontres en combat de rue parce qu'ils étaient bien incapables de montrer autre chose. Je veux bien considérer que ce dimanche matin-là, l'arène a été victime d'une hallucination collective, après tout... Ce qui au passage continuerait d'en dire long sur la capacité à subjuguer des gens pas forcément moins conscients que les ''connoisseurs'' infaillibles qui assènent toujours plus fort, avec morgue et mépris, leurs certitudes inébranlables aux pauvres benêts victimes du système. Quelle prétention... Et pour les préliminaires avec madame, c'est pareil aussi ? On doit faire comme-ci et non pas comme ça ? Et pour l'assaisonnement de la salade, balsamique ou de Xerès le vinaigre, et à vie le choix immuable ? Une posture qui confine au ridicule quand on lit les tauromaches vraiment cultivés et sensibles qui au terme de leur vie arrivent à n'être sûr que de d'un ou deux principes parmi lesquels celui-ci : qu'un abord péremptoire mène toujours dans l'impasse en la matière. C'est dire le flou dans lequel il faut accepter d'évoluer pour parfois se rapprocher d'une justesse relative et parfois prendre le coup de corne inattendu. Des toreros ont même tenté de le leur expliquer : 
 

« Je ne supporte pas les idées reçues des taurins, ils me font fuir. J’aime l’intellectuel qui se rapproche vierge de concepts, qui élabore des théories et voit des différences qui nous échappent. Les intellectuels m’ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses et c’est malheureux de voir comment les traitent les taurins primaires, prisonniers de leur bêtise. Ils les désenchantent et leur font perdre cette vision utopique des toros, qui est certainement la plus vraie »

et ce n'est pas Javier Conde qui parle, non, mais une de leur idole, Espla... quel retour de manivelle torista ! Ils font tous comme s'il n'avaient pas lu... et s'accrochent désespérément à la technique et au bétail, seuls paramètres froids dont la jauge ne coûte rien au psychisme, incapables qu'ils sont d'entrevoir un autre niveau vite qualifié de masturbatoire, histoire de se rassurer. Je l'avais déjà remarqué à l'époque où je cherchais à recruter large en diffusant ma circulaire enjoignant les gens à pisser copie sur le thème ''Pourquoi allez-vous voir les corridas ?''. Les spécialistes sollicités, les exégètes, les taurins, quand ils ne refusaient pas carrément leur participation, s'avéraient les moins loquaces. Parfois même, la question leur paraissait irritante, agaçante. Ils y allaient parce que cela allait de soi mais sans jamais être capables d'analyser quoi que ce soit. Mansos perdidos, cortos, voire secs, les taurins, face à l'introspection personnelle.
 
Pour ma part, intransigeance torista ou dégénérescence torerista, je choisis... mes cartels avec soin, et j'ai besoin du silence, de l'impavide maîtrise, de ce si volatile art du toreo, comme de la fureur et de la peur. L'une me fait apprécier l'autre, elles se complètent. Dans les deux cas, les enjeux sont énormes et le danger présent. La ligne rouge est que jamais je ne dois sentir qu'il s'agit plus d'une collaboration imbécile que d'un combat. Cette condition ayant été remplie par le lot de Tomas, on pouvait sans retenue jouir du spectacle pourvu qu'intellectuellement l'on soit honnête.
J'ai besoin de l'arène de Céret pour ce qu'elle me donne à voir qui est rare et presque expérimental et j'ai besoin des grandes arènes où un événement quand il survient, résonne d'une ampleur inégalée. Je trouve naïves et puériles ces professions de foi toristas réitérées année après année sur le petit bulletin cérétan et prétentieuses et ridicules les bouffissures nîmoises s'auto-comparant à Madrid ou Séville....

En lisant certaines lignes on a vraiment l'impression que la démonstration Tomasienne résonne comme un énorme camouflet à la saine vision d'un préalable taurin éthique intègre et fort. On y lit le « danger » que cela représenterait par l'influence néfaste vers laquelle pencherait la programmation taurine, réduisant à néant tous les efforts pour proclamer l'évangile taurin. N'importe quoi... Quelle prétention de croire que parce que quelques centaines de lecteurs surfent rapidement sur nos sites, on aurait sur eux et sur le marché le moindre début de l'ombre d'une influence... La vérité est plus simple, la majorité fainéante a toujours préféré se divertir sans pousser la réflexion, recevant l'impact de la prestation des génies qui transmettent les émotions primaires, universelles avec l'évidence du soleil qui se lève au matin. Le reste nécessite une approche, un parcours, une réflexion, du temps donc et des efforts de compréhension d'une démarche qui va au-delà du divertissement et qui finalement ne concerne que très très peu de gens.
Les autres, visitant ces sites, se sentiront exclus par le jargon, la raillerie et le mépris qui suinte de chaque phrase comme si l'affirmation permanente du ''à moi on ne la fait pas'' était le primordial message à rabâcher sans cesse plutôt que de prendre les gens par la main et les éduquer doucement à quelques considérations basiques. Mais non, grandiloquence et mégalomanie... pétage de plombs et bouffissure d'ego irréaliste dont on accuse l'autre pour tenter de le salir et de l'affaiblir dès qu'il ne s'avère plus en phase totale avec la doctrine, censurant tous ses commentaires soudain jugés « fouteurs de merde », comprenez, qui ne sont pas dans le sens exact de leur poil. On ne saurait trop enfin conseiller ce qui pourrait constituer l'étape ultime de tout discours s'affranchissant du principe de réalité : organisez des corridas, il y a des arènes à louer, mettez en avant vos principes, appliquez-les, mais sur vos deniers personnels par sur l'argent public d'une municipalité qui éponge les déficits et constatez ce qui arrive... que c'est moins simple de remplir une arène de dix mille places que d'aligner quatre ''vérités aléatoires''.

Alors qu'on comprenne bien, je ne suis l'ennemi de personne, je n'ai aucun intérêt dans le commerce des toros, duquel je ne tire aucun avantage, je suis juste un libre commentateur, inaliénable et hors chapelle, tenant un blog par distraction, qui ne représente que lui, ne dit que ce qu'il ressent et dont le discours se verra toujours stimulé par le rigorisme et les tentatives grossières de le juguler.

8 commentaires:

el Chulo a dit…

Excellent texte!

Anonyme a dit…

Moi, les préliminaires avec Manzannares, la stimulation clitoridienne avec Juli et l'orgasme profond avec Tomas, je veux bien...
Cokine 13 (voudrais pas que ma mère me reconnaisse...)

Anonyme a dit…

Excusez-moi mais c'est quoi " la masse fainéante"...
Michel

Marc Delon a dit…

les adipocytes ? les médias tire-au -flanc ? Non, la majorité fainéante, j'ai corrigé pour effectivement une meilleure compréhension.

Maja Lola a dit…

Bravo Marc. Clair, précis, bien analysé, direct et .... tellement vrai !

Pedroplan a dit…

Entièrement d'accord avec ce texte. Et j'ajoure ceci : finalement, si JT nous l'avait fait à la Morante,ça nous aurait évité bien des ennuis (en plus nous aurions été à l'heure à table). Et à Marc des engueulades.

Anonyme a dit…

Espla dit aussi::" Pour moi, un toro manso est extrèmement gratifiant. C'est un toro aux réactions imprévisibles."
" Quand on torée un toro de peu de race, on torée obligatoirement de profil. Par contre, face à un toro de grande race , un toro qui donne de l'ampleur à la faena, on peut mettre la jambe et toréer de face."Signé Luis Francisco Espla en février 1994. Alors que les connaisseurs que nous connaissons tous vont crier "croises toi, mets la jambe" !!! Décidément il n'y a rien a faire pour eux surtout pas s'y intéresser.

Victorina

Pedroplan a dit…

C'est peut-être qu'Espla ne s'y connaissait pas ?