lundi 3 septembre 2012

Stupide, Sordide, Morbide : Visa pour l'horreur.

Mettons que vous soyez d'un naturel gai. Vous vous dites, optimiste, tiens... je vais aller passer le week-end à Perpignan me détendre un peu. Justement, y'a ''Visa pour l'Image'' qui démarre, de chouettes expos photo partout dans la ville et gratuites en plus... cool. Il ne fait pas trop chaud, vous êtes en forme et vous déambulez, guilleret, une brindille à la bouche, d'humeur festivalière quoi... Eh bien, non, il ne faut pas.

Deux jours après, vous ressortez les yeux rougis, l'âme en peine et le cœur fragmenté de voir sur les cinq continents les exactions de votre race, l'humaine. Toutes fraîches en plus, les horreurs, actuelles. Ah que l'homme s'en donne à cœur joie... et particulièrement le musulman, lecteur compatissant ou alors ils n'exposent que des photographes racistes, je ne sais pas... Alors on y va ? On démarre ? Vous êtes prêts ? Allez : mariages forcés de petites filles – autant dire viols organisés en série, c'est plus clair- assassinats, mutilations, attentats, guerre, catastrophes en tout genre, vraiment, y'a le choix, ''Visa pour l'image'', c'est ''Vas-y pour l'horreur''... Eh bien crois-le ou non lecteur, si tu arrives à garder un œil de spécialiste en photographie, tu arrives à en trouver de bonnes, de photos, qui te plaisent... malgré ce qu'elles montrent ! C'est horrible, non ???

Le créneau de ''Visa pour l'image'', c'est le reportage, le photo-journalisme, et ils te rapportent toute l'abjection du monde... c'est affreux... mais faut le voir... le savoir... et ce sont eux, qui meurent en bien plus grand nombre que ces marionnettes apprêtées du toreo que tu aimes tant (oh putain...même des aficionadeaux je me fais haïr maintenant...) comme Rémi Ochlik, 28 ans, tout récemment disparu et dont il est évident qu'il était un photographe de talent. Alors du coup, ton énergie, insensiblement, ta déambulation, de couvent en palais, ton insouciance, de salles en châteaux, tout ça, tout toi, s'étiole, ralentit, décroît, se meurt et d'un coup tu sais que STOP, trop c'est trop, il te faut t'arrêter, ça suffit, tu en as assez vu.

Mais tu t'arrêtes là, devant cette petite fille en vert, indignée et révoltée par la mort et la bêtise humaine, cette photo avec cette petite fille, avec laquelle Houssaini a remporté le prix Pullitzer. Elle est là, au milieu des morts et des blessés, mutilés, ensanglantés, surtout des enfants, dérisoires, anodins et morts. Trop tôt, pour rien, si ce n'est faire souffrir, encore et encore. Alors, pleurer ? Vomir ? Rester là comme un con, inutile et malheureux de ne pouvoir la prendre dans tes bras pour tenter de mettre des mots sur les morts, calmer sa révolte, son incompréhension, elle qui n'était qu'amour et insouciance ? C'est extrêmement dérangeant de regarder cette photo, c'est là toute sa force et sa valeur, qui met face à face toute la folie haineuse et le désespoir qu'il y a à la constater.

Tu sors de là un peu plus persuadé s'il en était besoin, qu'il te faut haïr toujours plus la religion et leurs adeptes, tous, sans exception, pour tous les morts qu'ils ont fais au nom de ''l'esprit supérieur et de sa bonté suprême'' cette merdique entourloupe intellectuelle écoeurante, au nom de laquelle on saigne tant et plus au fil des siècles. Amen, connard. Et là, devenu rageur, ton esprit tempétueux bouillonnant de violence, tu marches vite à nouveau, jusqu'à sentir soudain que toi aussi, si tu les tenais ceux qui ont fait ça, tu pourrais tuer, et cette saleté de monde continuer, intacte, à louvoyer dans les rivières de sang promises au nom de tous ces endoctrinements qui ôtent aux hommes le pouvoir d'une intime conviction mesurée, la sagesse d'une conscience éclairée.

PS : le photographe, Massoud Houssaini : << J'étais juste en train de regarder mon appareil quand il y a eu une grosse explosion. Je me suis tourné vers la droite et j'ai vu la petite fille. Lorsque Tarana a découvert ce qui était arrivé à son frère, ses cousins, sa grand-mère, ses oncles et les gens autour d'elle, elle s'est mise à hurler >>

8 commentaires:

Marc Delon a dit…

Avis aux grenouilles de bénitier :

Bigots et bigotes sont censurés d'avance... vous commenterez autre chose !

el Chulo a dit…

obscurantisme, intégrisme, analphabétisme, extrèmisme cruauté et connerie.

"Jiès Arles" a dit…

Et bien mon cher Marc, pour ta "reprise" tu fait "fort" ... et tu fais bien surtout ... et comme tu l'écris bien, pas au sens littéraire mais au sens du "juste" ... ça va mal dans notre monde, très mal et tout est fait, semble-t-il (!), pour nous le cacher, le nier, nous endormir, nous aseptiser ... Démocratie ? on n'y est plus à partir du moment ou ce sont les minorités qui influencent les décisions de ceux qui nous gouvernent ou sont sensés nous gouverner ... alors, au final, qui est raciste ? qui est extrémiste ? Quant à la "religion" il suffit de lire le texte de Thierry Desjardins DGA au Figaro (Prix Albert Londres en 1975 entre autres) pour être édifié et ... inquiet pour l'avenir de nos enfants et petits-enfants. SUR CE .... bonne et belle journée !

Anonyme a dit…

Photo noir et blanc : paseo maritimo muy bueno ! on dirait des fourmis... mais bon trop de quiétude et d'harmonie, cependant... y'aurait quelques membres épars et quelques ailerons de requins dans une mer devenue rouge, ce serait plus fun... la prochaine fois sur la plage du prado à Marseille, avant de déclencher, demande à un ''sauvageon'' des quartiers nord une petite rafale de AK 47...
Pull...
...itzer ne sera plus très loin.

Marc Delon a dit…

L'élue socialiste de terrain a horrifié (je jouis...) ses petits camarades en demandant l'intervention de l'armée ;-)

En même temps ce n'était pas très irréaliste comme demande : il n'y a qu'en faisant le siège rigoureux d'un quartier entier qu'on pourrait purger les centaines de Kalachnikov qui s'y planquent dans les caves, garages, souterrains et tunnels divers où même un socialiste bien intentionné ne pourrait déambuler en paix.

J'espère naïvement qu'au fil des faits divers, la grosse moitié de notre pays qui n'a absolument aucune conscience de la violence ordinaire de notre quart sud-est (et s'en accomode très bien) se met à jour...

el Chulo a dit…

bon, marcos, pour tout dire, il me semble que cette photo a été prise au travers d'une vitre ou d'un pare brise, ce qui lui donne son émotion supplémentaire.
pour le reste, ne voulant pas entrer dans un débat sur le rôle d'un photographe, surtout s'il en rajoute dans le dramatique: " je me suis retourné etc....."
de plus certains encore adulés de nos jours ont fait leurs triomphes sur des photos totalement bidonnées.
en plus, ilconnaissait son nom, me cago!

Marc Delon a dit…

non, c'est la vitre du cadre, j'y ai même effacé mon reflet...

el Chulo a dit…

Bon, j'imagine, parmi les morts et probablement les blessés agonisants, il s'est approché d'elle et lui a demandé son nom.
je pense que le rôle du photographe, déontologique, je parle du rôle, mériterait une réflexion.
en plus, maintenant, tout le monde se trimbale avec son portable pour immortaliser une saloperie et la vendre.
même si celà a un rôle salutaire, tout en étant des photos, pour moi, ce n'est pas de la photographie, et le voyeurisme n'est pas loin, comme ces photos si admirées de toreros et torera, exhibant leurs blessures.
je ne suis pas le seul à trouver celà honteux, ou tout du moins contestable.
les blessures du torero font partie de son secret, de son mystère et, au fond de notre inconscient de sa gloire; et quand je vois les opérations du nouveau borgne mises en ligne, je me dis que décidément, on est bien devenus fous!