vendredi 31 octobre 2008

BATACAZO

Avoir pitié d’un toro ? Et rester là, assis sur son tendido, attendant que finisse son supplice ? S’ennuyer dans le rôle du voyeur de ce contre-sens majeur de la tauromachie où un pornographe de la mort ''se la pète'' devant l’invalide de service offert (merci…!) par l’organisateur ? Non... Si l’on était un tantinet rustre de la classification et que l’on veuille compartimenter sommairement on risquerait l’aphorisme simpliste. On affirmerait, péremptoire, et l’on sait qu’en tauromachie être péremptoire crée des déboires, qu’il y a deux sortes de toros : ceux qui s’appuient au caparaçon du picador pour ne pas tomber et ceux qui font valdinguer le groupe, négligemment parfois, comme qui rigole, d’une seule corne. Autant dire le déséquilibre de la multitude face à l’exception. Dans cette rare occurrence, à notre grande satisfaction, il est très émouvant de voir qu’existe encore toute la force, la brutalité et la sauvagerie mêlée pour cristalliser le cocktail explosif de la caste. Et un moral indéfectible aussi, car il faut être très en colère pour réussir ce démontage. Lui, va le faire d’une seule corne dans le ruedo de Céret. Sur cette corne il a quelques centaines de kilos, peut-être quatre ou cinq cents, peu importe, il est en colère. Un colère pure, racée, noire évidemment. Rien ne la dissipera. Quatre ou six cents kilos sur une corne c’est quand même pas ça qui va lui infléchir le cou, toujours d’une parfaite horizontalité. Il y a du muscle pour compenser et puis les quintaux il ne les subit pas, il les mobilise à sa guise, jusqu’à la chute. Dans ''batacazo'' même prononcé par un Français, on entend le fracas. Par deux fois il fracassera le groupe avant de rejoindre, forfait accompli, le centre de l’arène pour attendre la suite, en brave. Maintenant, la faena peut commencer. Après tout ce n’est pas lui qui avait décidé de venir.

Aucun commentaire: