mardi 14 juin 2011

Le Coup du Bourdon Japonais


Avant de vous relater Vic et puisque j’avais choisi de revenir à Nîmes pour la corrida de clôture, je vais commencer par ''resener'' celle-ci. Première conclusion aussi hâtive qu’évidente : si c’est ça le point culminant de la feria, il n’y a plus qu’à remonter le boulevard Jean-Jaurès déguisé en Minotaure, en essayant de s’accoupler aux micocouliers et de sodomiser les pigeons, gambadant de mamies en jeunes primipares à poussette, pour les encorner, avant d’aller s’empaler sur la grille d’entrée du Jardin de la Fontaine, puis se finir en se jetant dans l’eau verdâtre du canal essayant de l’assécher en s’y désaltérant. Pas moins.

Je n’évoque pas ici la part aléatoire du toro et de son combat, toujours présente malgré les efforts ''artistiques'' de l’empresa pour l’éradiquer. Je parle au contraire de cette volonté de mise en scène trahie hier, où d’évidence tout était organisé pour faciliter l’éclosion du triomphe historico-comique. Hier à Nîmes, on a franchi un nouveau cap dans la provocation, quittant le monde d’une tauromachie déjà arrangée mais qui même précieuse et édulcorée, restait encore, une tauromachie, à celui d’un show, d’une exhibition honteuse. Pas moins.

Car il faut bien le dire en préambule, excepté le premier qui poussa au cheval avec race et montra un tel piquant que Morante le scandaleux (dixit jacques Durand) qui n’était pas venu en mode ''Madrid'' mais en mode ''enculette à la brandade'', le dédaigna, nous vîmes défiler un cortège de toros plus invalidos qu’indignados. Quasiment ce qui se fait de pire en production de toros censés combattre. Encore qu’il arrive des miracles à certains invalides mais là nous étions loin de la grotte de Soubirou, plutôt dans l’abîme des critères lourdés.
Le sixième se confondant même si bien avec une vache que nous partîmes, mon voisin de tendido et moi, à la recherche d’attributs virils irréfutables que nous finîmes par trouver à notre grand étonnement. Pas moins.

Même le plus grand extracteur de jus taurin – Juli le poderoso – le centrifugeur suprême, ne parvint pas à grand-chose sinon à rien, devant les asthéniques du jour. Par réflexe de survie d’une intelligence basique, quel crédit apporter à la valeur de ce que proposa Luque à cette dégénérescence aboulique ? Pas moins… que rien !

Mais il faut maintenant en venir au clou de la tarde, à l’organisation programmée de cette ''enculette à la brandade'', vous pardonnerez – ou pas, c’est égal – la crudité du propos mais faut ce qu’il faut en réponse à telle entourloupe. L’événement devait avoir lieu sur le deuxième toro de Morante venu sans chaise mais avec une volonté intacte d’asseoir sa notoriété. Le tapis rouge était déroulé, le président dûment choisi et briffé, dégoulinant de « sensibilité ». Le maestro s’avança, l’étoffe rouge-passion dans la main droite, d’une démarche pleine de toreria avec son costume de lumière couleur ''petit vomi de framboises de la forêt de Mercoire altérées par la chaleur'' comme seuls les Andalous (et Jol aussi…en moins pire vu qu’il n’a pas le pantalon de pyjama assorti) savent en dégoter dans les arrière-boutiques de tailleurs ayant passé tous leurs diplômes de mauvais goût interplanétaire.




C’est alors qu’elles retentirent : trois notes trois, basses, profondes, funèbres, surgies de profondeurs insondables, inédites, d’un autre genre musical que le Paso Doble. Et là, je jure ne rien inventer, j’entendis mon voisin du jour s’écrier :

- Boudiouuuuuuuu….. ! C’est le bourdon japonais qui s’est coincé dans le tuba…

Un autre demanda au vendeur de boissons s’il n’avait pas des Kleenex parce qu’on allait bientôt chialer, de ce drame qui sourdait en ces notes belles et solennelles du concerto D’Aranjuez… des rumeurs d’étonnement parcouraient les gradins… et c’est alors que j’ai regardé son poste d’affût et que j’ai aperçu sa mine réjouie.




Sous la présidence, par cette fenêtre horizontale découpée dans la porte en bois, par cette sorte de meurtrière panoramique d’où il affectionne tant d’espincher les courses, il était là le Simon, qui jouissait du coup orchestré par le Casas. Et d’un seul coup d’un seul, le coup du bourdon japonais tueur d’abeilles honnêtes et laborieuses, j’ai compris que tout avait été planifié pour créer de toutes pièces un vrai faux événement.

Aaaaah bien sûr… je ne peux vous le prouver scientifiquement, mais qu’est-ce qu’une resena sinon le compte rendu subjectif d’un homme ? Un preuve supplémentaire a été la malencontreuse sortie du deuxième mouchoir pour une faena parait-il émaillée de « détails torerissimes » formule particulièrement commode pour vous donner l’impression de n’avoir pas su les voir, inculte que vous êtes…
Un deuxième trophée qui chez ce public complètement ''fin de race'', incapable d’élever une seule voix criant ''cambio'' au sujet d’invalides creusant des sillons d’affalement dans le sable, un public qui se leva pour ovationner la musique comme s’il était au théâtre, ce même public trouva quand même la lucidité d’élever une bronca à l’encontre de ce président aux ordres. Pas moins. Fou, non ? Parce que ce que j'ai vu moi, c'est un Morante dépourvu de temple et de ligazon qui se faisait toucher la muleta, jusqu'à la désunion voire le désarmé. Maintenant, que sa façon de bouger soit stylée et empreinte de toreria n'est à mon sens pas suffisant à créer une oeuvre à chacune de ses faenas.

J’aurais peut-être pu vous faire rire un peu plus avec cette histoire en forme de farce mais j’arrivais de Vic et le contraste comme le traumatisme causé était grand car figurez-vous que j’aime ma ville et lui souhaite tout autre chose. Voyez, le texte devient tout de suite chiant dès que je suis sérieux. Mais c’était bien la rage et le dépit écoeuré qui m’envahirent. Monsieur Casas, je vous annonce qu’autour de moi, quelques abonnés à 1600 euros iront à Vic l’année prochaine. Trop c’est trop. Ce qui évidemment vous fait plaisir, libère les tendidos des quelques rares à garder quelque référence en mémoire à opposer.

7 commentaires:

Maja Lola a dit…

Contente de lire ta reseña Marc.
J'ai vu cette corrida et, aficionada néophite que je suis, je m'étais fait un petit scénario (que j'ai partagé avec mon voisin de gradin drômois) : le premier toro de Morante avec trois passes distraites, chiffonade de muleta et mise à mort brouillonne sous les huées et sifflets me paraissait douteux ... pourquoi sacrifier ce toro, le "gâcher" (après tout le toro n'était pas pire que les autres).
Puis à son second j'ai compris qu'il voulait faire son petit effet. Se peut-il qu'il ait "commandé" le Concerto d'Aranjuez pour faire un "coup" ... que tout ce cinéma du premier toro soit une préparation de mise en scène ?
Bref, du théâtre sur ruedo.

Marc Delon a dit…

Ce premier toro était bien meilleur que les autres, mais il n'a pas tardé à l'avertir par deux fois au capote, ce qui a forcément déplu à cet artiste qui espérait la suavité promise. Il fallait lidier et quand il a vu qu'il n'arriverait pas à lier à la muleta, il l'a abrégé. Il n'était pas ici pour combattre mais pour étaler du sirop... amha...

el Chulo a dit…

belle resrena qui traduit bien le désarroi de l'aficion. enhorabuena. s'gissant d'un spectacle il suffit de faire le plrein de "nouveaux aficionados" et q<u'ils soient contents.

Benjamin a dit…

L'introduction est dantesque et le coup du bourdon japonais... vibrant ! Olé tus reseñas Marc !

Marc Delon a dit…

Ben alors Benji, on t'a pas vu à Vic !?!

Marc Delon a dit…

et pour l'intro j'aurais pu faire pire : sodomiser les mamies et encorner les pigeons par exemple.... oups, vite je cours à confesse...

Gérard BAEZA a dit…

OLé ! Vaya texto ! Asi te amo, te quiero, Marco,. Sigue con tus palabras y por suerte "El Simon" se pondra verde ! Lo deseo ! No me reconcozco en esta Fiesta (??) en francès : Un opera-bouffe !! No iré màs en esa comarca " simonesca"- Vic me està llamando, ya. Suerte