jeudi 9 juin 2011

Nîmes deuxième corrida de la feria 2011



Le temps fuit. Je bosse pour vous nuit et jour... moi... je dis moi parce que sur la toile y'a pas bezef de resenas hein... pourtant ils sont nombreux au callejon... ah ça y est, j'ai compris : ceux qui y sont s'en foutent - puisqu'ils y sont- et ceux qui n'y sont pas, voudraient bien y entrer et fayotent pardi... ok, c'est pourtant simple...
Et vous, pour me remercier, kedale, presque pas un commentaire, ingrats que vous êtes. Merci chulo, toi t'es fidèle au moins. Les autres te croisent dans Nîmes et sourient... ils doivent penser "c'est l'aut fou là, cui qui délire sur la toile", il nous gonfle avec son prix Hugues Aufray...

Aujourd'hui, foule sur les tablettes à fesses : du taquillero ensable ses zapatillas. Joli Juli, Patriiiiiiiiick Oliver et un déjà vieux, "Castellasss" comme disait mon voisin. Celui-là quand il est venu asseoir son quintal et demi à babord, j'ai pris du gîte et la planche du banc, du ventre... J'ai attendu le fracas boisé quelques secondes mais il n'est pas venu. Il m'a suffit d'une légère attitude vicieuse - c'est comme ça qu'on nomme les scolioses, nous - pour compenser à tribord et hop, j'étais à nouveau droit.

Après les simagrées d'usage très étoffées en raison de l'alternative du jeunot, ce dernier reçut donc son premier adversaire : une grosse daube de chez mitonné... marinée, cuite, réchauffée, consommée, congelée, dégelée, réchauffée et servie pour le doctorant et nous. Que peina, gros, lourd, balourd, il a tiré la langue dès la première paire de banderille après un simulacre de pique en deux passes d'où il ressortit à plat ventre alors que le piquero avait bien pris grand soin de l'é-co-no-mi-ser.
Les banderilleros qu'il chassaient mollement avaient le temps de cueillir des pâquerettes entre deux sauts de biches et autres entrechats, persuadés que l'autre invalide ne pourrait les rattraper, avant de s'abriter au burladero, pour se les échanger dans une gestuelle à la Dubout. Les Pâquerettes. C'est dire. Sinon, face aux vieux aficionados de mon acabit, Oliver eut le tort de s'essayer à imiter ses aînés, au lieu de nous pondre un truc plus frais, plus jeune, un truc à lui, quoi, et même imparfait cela nous aurait alors séduit. On vous le dit tout de suite Oliver : imiter les tout grands avec des pendulaires en arrière du corps pour suggérer d'avoir subjugué un toro pas encore toréé, on s'en cague grave ! Faites-nous plutôt ce que vous avez au fond de vous, le reste on le voit chez ceux qui le font mieux et d'ailleurs ils sont là aujourd'hui. Capito ? Et demandez des toros surtout, pas des daubes recuites. Pour son second lui échut un beaucoup plus mobile et encasté qui alors le naufragea quelque peu. Et oui, entre obtenir son doctorat et guérir ses premiers patients, il faut un peu de temps, c'est bien normal. Et on le reverra avec plaisir (il faut toujours rester encourageant avec les jeunes ou les débutants...)
Bref, tout ça fit que pour le moment, dans la famille Oliver, c'est Raymond dont je garde les meilleurs souvenirs, lui avec lequel j'appris tout petit à préparer le lapin à la moutarde. Eh oui, même si mon humour juvénile ne le laisse pas à penser, j'étais déjà né !

Quand sortit le second toro, mon gros voisin lâcha laconique :

- Après le boeuf, le rat !

Un espoir naissait dans mon coeur : avais-je trouvé un aficionado plus "peine à jouir" que moi ???

Parce que le rat était encasté et mieux vaut un rat speedé en colère, qu'un auroch avec des problèmes de sustentation. Et pour soutenir l'intérêt d'un combat face au plus poderoso des toreros, il faut au moins ça. Le Juli a déroulé ce qui suscite les superlatifs journalistiques. Précis, puissant, autoritaire, ''Tiens petit, regarde comment on fait'', c'est la mention que sa muleta semblait arborer à l'intention de son filleul, inspiré, cadencé, imaginatif, puissant, j'lai déjà dit et alors ? Sa muleta est tout à la fois un pistolet-starter, un fanion d'arrivé, une barrière, un obstacle enfin bref, il "suffit" d'avoir une volonté de fer, une envie de faire, il lui suffit de penser très fort à ce qu'il veut en faire et la muleta le devient ! Fort, non ?
Il l'aura cité de très loin, de très près, stoppé net, redémarré au toque, inversé dans la muleta en des raccourcis improbables et.... pinché d'un mete y saca ce qui empêcha l'inflexible président Burgoa, à juste titre selon moa de sectionner le second pavillon pourtant prédécoupé.
Et ce n'est pas cette grosse buse du père du torero qui nous explique ce matin dans le journal que c'est scandaleux, que le président doit être aux ordres du torero et du public ignare. Enfin, "ignare" c'est moi qui le rajoute, hein. Non mais lui eh... tu vas remonter dans les tribunes et payer ta place comme tout le monde espèce de milliardaire raté, célèbre par procuration filiale. Pour une fois qu'on a un président qui applique des règles simples et saines comme : Pinché ? Pas coupé ! Tu vas pas nous le pourrir !?!

C'est à ce moment là que mon voisin consultant le sorteo a dit :

- Oh putain... presque six ans... il vont nous refiler une de ces rouzigues....!

Ca n'a pas raté, la rouzigue boitillait et fut changée par une autre qui elle, s'affaissait carrément. A nouveau, changement. C'est alors que j'entendis mon voisin persifler de plus belle ce qui me remplissait d'aise, constatant qu'il pouvait y avoir plus mauvais esprit que moi....

- Tu vas voir qu'il vont nous faire rerentrer la première bestiole, ces couns !

Jouissif, non ? Je peux vous dire que ça c'est du voisin idéal pour écrivain ; j'ai déjà eu le parisien à Panama - oui le parisien craint le moindre rayon de soleil - ben ça vaut pas tripette en comparaison du bon gros réboussié nimois. Mais non, c'est bien un troisième taurillon qui pénètre le ru-é-do comme disent les gens de la capitale. Un petit simulacre de pique plus loin et boum il devient un marbre aux banderilles, tellement le simulacre l'a traumatisé...

- C'est "Castellasss" maintenant ? me demande l'autre voisin, un pépé mal-voyant
- Oui, c'est marqué, d'ailleurs, là-bas...

Je lui refile l'info sinon je vais y avoir droit à chaque toro, voyez ? Or je me dévoue assez comme ça dans la semaine pour le troisième et quatrième âge. Bon alors après, Castellasss fait du Castella, plutôt mal d'ailleurs, puis le Juli réapparait :

- C'est lui Oliver me fait le pépé.... qui n'à rien capté du roulement imposé par l'alternative

Le Juli réapparait et l'usine à passes avec. vuelta de campana, ce qui déclenche le pépé :

- Oaaaaah....ça... ça risque de rendre le toro méchant...

Trop bon... Le tourniquet infernal a repris, le Juli est un axe doux pour toro qui s'affaisse mais il continue à centrifuger avec science. Le toro distrait fuit ? Juli va le chercher. Juli le ramène. Juli le torée. Juli le soumet, le coupe en tranches, le jokarise... il revient toujours au Juli maintenant, comme relié. "Indulto" crie le connard de service. Connard, parce que ça n'avait pas l'air d'être du second degré. Juli pinche puis saute comme pour s'installer aux premières pour passer par un chemin aérien qui le mène à son rincon d'estocade. Pas de deuxième oreille dit Burgoa et avec lui moa. Bronca. Les pigeons déboulent des arches chassés par les hurlements. Sont cons ces pigeons... on dirait des toros pour artistes.

2h45 après, le dernier toro foule enfin la piste. ''Castellasss'' sèche devant un os qui ne permet pas les redondos redondants qu'il avait programmé. C'est là que naissent de puissants doutes quant au soi-disant immense torero, car on se souvient du Tomas de Barcelona et comment il réduisit un os en deux coups de cuillères à pot, lui. Sur la fin, ça marche un peu mieux mais je ne me souviens plus bien... Pensez, ça fait trois heures que je compense à tribord maintenant, rappelez-vous... on a tout eu dans cette corrida-marathon, chaud, froid, soif, faim, ennui, intérêt.... Estocade. Le toro titube enfin.

- Elle est morte, fait le voisin.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J’espère que nous aurons toutes les resenas sur le même ton : un régal !
Merci kiné, vous m'avez souvent agacée mais j'ai appris à vous "aimer" !!
Victorina

Maja Lola a dit…

Ah ! Voilà du bon Delon ...
Il doit faire bon être ton voisin de gradin. Tu commentes aussi ou tu écoutes pour retranscrire ?

Marc Delon a dit…

Eh oui, d'écrivant énervé à écrivain énervant il n'y a qu'une phrase. Et je ne suis pas un garçon facile, Victorina, c'est pour ça... D'abord j'éveille l'attention, puis j'agace la tension, jusqu'au beau matin où rendue, on m'aime avec émotion ! Merci d'y prendre du plaisir ! (ahem...à la lecture je veux dire...)

Le plus souvent j'éponge, Maja Lola mais parfois, quand j'ai un champion je cite de loin...