L'OGRE BARCA

Evidemment il faut aller voir José Tomas toréer à Barcelone devant vingt mille personnes. Mais plus je regarde jouer le Barca, plus le spectacle d' Henry toréant ses adversaires dans la deuxième plus grande cathédrale du monde -après le gigantesque Maracana brésilien de cent trente-cinq mille places-, me tente. Ce soir, moins de quarante-trois minutes ont suffi pour que le trou noir d'anti-matière bavarois soit traversé - Umpapa pousse toi de là - par le criblage des météorites catalanes.

Du grand, du beau, du décoiffant espectaculo ! Il y a dans cette équipe une détermination sans faille ; on sent que l'éventualité de la défaite n'est pas envisagée. L'esprit est au beau jeu, à l'offensive et non au calcul. Pas de catenaccio, on peut bien prendre des buts si l'on en marque plus. Mais ce soir, on n'en a pas pris. Quatre buts à zéro face à un Bayern ridiculisé, dépassé par la vitesse, la technique et l'abnégation. Pour cette cavalcade chevaleresque, il faut évidemment des individualités extraordinaires comme Messi au pied-Jokari, et donc du budget, donc de la ferveur. En ce moment, le Nou Camp n'admet "que" 98 772 spectateurs, mais compte 80 000 socios. Un sacré fond de caisse. Avant le drame du Heysel, sa capacité était de 120 000 et bientôt, quand l'architecte Norman Foster l'aura rechapé, 110 000. Le Barca continuera par son réalisme de provoquer des secousses telluriques dans les clubs qu'il terrasse, les renvoyant à leur ambition strictement nationale. L'ogre Barca, la référence européenne, une sorte de bête noire dans l'arène du Nou Camp, à laquelle tous les autres viendront s'étalonner.

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Photo empruntée à Maxifoot