jeudi 13 janvier 2011

Cuba et Degas au coude à coude


Longiligne, gracile, altière, hiératique, danseuse assurément, elle s'arrêtait longuement devant chaque bronze du maître. Je sentais qu'ils lui parlaient bien plus qu'à moi. Elle contemplait chacun d'eux avec une fascination studieuse et pour qui était observateur, il était évident que s'installait une syncinésie d'imitation. Peu à peu, imperceptiblement, par de petits ajustements progressifs, son corps intégrait la posture statufiée. Cette chair palpitante, soumise à l'émotion fusionnelle qu'elle seule éprouvait, devenait le bronze qu'elle regardait. Que n'étiez-vous plus là, monsieur Degas, pour admirer ce moment fascinant. Danseuse assurément. L'avez-vous vue de l'au-delà ?

17 commentaires:

Maja Lola a dit…

Photo à l'esthétisme indéniable.
L'élégance domine sur tous les plans : sujet, photo et texte.
J'adore quand l'acuité de ton oeil donne un écho aussi équilibré et harmonieux entre image et écriture. Emotion transmise en cinq lignes ...
Du Delon que j'aime.

Maja Lola a dit…

Décidément, je devrais me relire avant de poster ....
"Du Delon COMME j'aime".
(C'est fou comme chaque mot a son importance)

el chulo a dit…

je suis déolé mon Marcos, mais "syncinésie", j'avais pas trouvé sur sur mon grand petit Robert, j'ai trouvé sur un grand Larousse: "trouble de l'éxécution des mouvements, dans lequel le sujet ne peut faire un geste volontaire sans en exécuter simultanément un autre, qu'il ne peut contrôler (par ex lever les deux bras alors qu'il ne peut en lever qu'un seul) . on rencontre les syncinésies dans les atteintes de la voie pyramidale (hémipléges), ainsi que dans celles des noyaux centraux.
Maintenant que j'ai compris, je suis un peu moins con.
Merci!

Marc Delon a dit…

Bôaaah j'ai dû encore vouloir faire savant... pas très bien employé ici d'ailleurs. C'est plutôt quelqu'un qui en vissant un bouchon d'une main, ne peut s'empêcher d'esquisser le geste de l'autre côté. Un batteur (musicien) qui a besoin d'une indépendance totale des quatre membres, ne doit pas en être affublé pour bien jouer...

Mais, Maja Lola, aimons-nous les uns les autres... et puis tant qu'il n'y a pas une virgule après "delon"... ça passe.

el chulo a dit…

voilà, je pensais que celà avait à voir avec le syndrome de l'amputation.mais je ne suis ni medecin ni kine!
ceci le texte et l'image sont très bien, effectivement!

Marc Delon a dit…

mais non ! rien à voir avec l'amputation puisque un côté imite l'autre ! or, s'il te manque un bout tu ne peux l'imiter !
l'amputation c'est la douleur du membre fantôme : l'amputé de la jambe que son gros orteil démange encore par exemple. Parce que le nerf responsable de ce territoire est programmé pour tout le trajet et prenant sa source bien plus haut, en conserve la mémoire.
ça te fera 15,30 euros, tarif pas augmenté depuis huit, neuf ans...

el chulo a dit…

ah bon! pas plus cher qu'un pv!

Anonyme a dit…

Docteur, un jour, au cours d'un déjeuner à la maison, je tenais un verre de vin de ma main gauche et de la droite une bombe de chantilly. Dès que je me suis mis à agiter la bombe, ma main gauche est partie dans le même mouvement et j'ai aspergé de pinard toute la tablée.
C'est ça la syncinésie ?
Si vous me dites que c'est un syndrome de la connerie je ne paie pas les quinze euros trente.
JLB

Anonyme a dit…

Au lieu de raconter n'importe quoi, j'aurais mieux fait de commencer par approuver le premier commentaire de Maja Lola : c'est exactement ce qu'il fallait dire.
C'est superbe en effet, Marc.
JLB

Marc Delon a dit…

je ne suis pas docteur mais, non, ce n'est pas ça. Il doit simplement s'agir d'une transmission intempestive de secousse incontrôlée (sous cette appelation parfois naissent aussi des bébés non désirés...).

Bonne nouvelle : il y a deux traitements :

1)finir le verre avant de branler la bombinette.

2) ne plus acheter de la mauvaise chantilly mais aller chez le crémier des halles de Nîmes acheter de la bonne sin bomba

3) rajout : pour le bébé de la bombasse citée plus haut : s'abstenir de la secouer. Ce qui demande certes une maîtrise totale.


La sincinésie serait "facilitée par la difficulté" : quand par un handicap on a du mal à faire quelques chose au point qu'on éprouve le besoin de recruter tout son corps pour y parvenir, eh ben c'est souvent là qu'elle survient...
Tiens pas exemple : quand un président de corrida accusant un "manque de sensibilité" tarde à sortir un mouchoir blanc et qu'alors on lui fait subir une bronca mémorable, ben, souvent le type, avant que d'être lynché, fais la même chose de l'autre main... !
maintenant je suis sûr que tout le monde à compris... quoique ce serait plutôt une syncinésie d'intimidation dans ce cas.

el chulo a dit…

c'est très clair en effet!

Anonyme a dit…

C'est quel jour de l'année la Saint Sinésitérapeute ?
Moi j'ai rien pigé et Marc a beau dire que c'est pas ça, hé bé je suis persuadé que mon histoire du pinard et de ma bombe c'est de la syncinésie.
Je signale à Marc que je vais aux halles très souvent : je hais les grandes surfaces.
Bonne nuit je décanille ...
JLB

arbifo a dit…

devant de telles courbes, saint cinésie délivrez moi pas de la tentation.
magnifique cliché. en feras-tu de même avec belen lopez ?
abrazo.

ludo

Marc Delon a dit…

Eh ben non Ludo, vu que je suis "interdit de photographier" au théâtre (ça leur ferait trop de pub avec tous ces lecteurs du blog passionnés d'Espagne...) et cette année j'avais pas envie de jouer à la chatte et au souriceau. Devais même pas y aller... et puis une bonne âme m'invite, finalement... c'est ballot.

Benjamin a dit…

J'aime beaucoup cette photo, contre-jour comme je les adore, subtil certes mais pas trop, avec juste un peu plus que les (très beaux) contours...
Abrazo

Marc Delon a dit…

Allons, allons Benjamin, ose ton coming-out : ce sont les femmes que tu adores, pas les contre-jours ! ;-)

Benjamin a dit…

Les deux Monseigneur, les deux !