mercredi 26 janvier 2011

Torero : La Super Planque...

C’est vrai quoi. Que risque un torero ? D’être adulé par les foules ? D’être caressé par de belles femmes ? De devenir une légende dont vont s’emparer les écrivains ? D’avoir sa biographie et sa statue de son vivant ? De faire la une des magazines ? De constater sa célébrité passer en boucle à la télé ? De devenir richissime ?

Vous dites ?

Le coup de corne ? Il risque un coup de corne ? De nos tristes jours, avec 80% des toros qui s’affalent, il risque plutôt un écrasement du métatarse, oui…

Et l’automobiliste ? Il ne risque rien, lui, peut-être ? Et le passager de l’avion ? Vous l’imaginez, dépressurisé, déchiqueté, congelé, carbonisé au Kérosène, ravagé menu. Et le pire, le pire… : l’époux d’une femme jalouse, non, mieux, l'amant d’une Espagnole jalouse ! Fatche de con… là je le plains, le type. Il préfère être seul devant un manso con caste de De Doña Dolores Aguirre je vous l’assure, plutôt que devant ce petit bout de femme qui souffle sa colère, sa mauvaise foi et sa suspicion ! Sacré mauvais quart d’heure, c’est indomptable. Ça fait longtemps que les peons se sont éclipsés sur la pointe des pieds, laissant le combat se dérouler à cuerpo limpio. Tandis qu’un torero… si, bon…, admettons, s’il est allergique au pollen et que les élégantes des premières font rien qu’à lui jeter des œillets, c’est sûr, il peut éternuer. Ou recevoir un cigare sur le pied… Nîmes, c’est plus dangereux : y’a un excité qui balance des CD sur les toreros en vuelta. Un jour de mistral, il a frôlé une tempe, j’vous dis pas… Je rêve d’un torero qui interdise à ses peons de le ramasser ou qui marcherait dessus avec mépris. A la Curro Romero. Ou tiens, qui s’essuie avec, et le lui rebalance, ça ce serait bien. Un CD de plastoc qui gît sur le sable d’une arène, visuellement, ça jure, je trouve. Ce truc froid, sur le sable chaud, à angles droits dans les courbes du cirque, au reflet métallique high-tech dans les ors et rouges des couleurs chaudes, berk ! C’est à peu près tout ce que risque un torero, non ? Vous ne trouvez pas ? Combien de toreros sont morts de leur art en 2010 ? Zéro. En 2009 ? Zéro. Et comme le compte à rebours serait fastidieux, en quelle année a-t-on déploré la dernière mort d’un torero suite à la rencontre brutale avec un tio ? Mmmm ? J’ai ma collection de la revue ''TOROS'' derrière moi quand j’écris, mais j’ai la flemme de la compulser pour vous donner la réponse. Pourtant, en la feuilletant, quand je tombe par hasard sur un des articles signés par ma plume, je suis assez content… C’est vous dire si j’ai mal tourné : je ne pourrais plus rien écrire chez eux maintenant, je suis devenu trop déconneur… trop dégagé de tout ça… « Give me a reason to love me » que je suis en train d’écouter, d’ailleurs, sur Deezer.fr… essayez, c'est la playlist ''Top 250 Solo Guitar''. Whouaw, ça arrache ! Jimmy Hendrix, là il y avait un torero...

Chaque année, entre vingt et trente marins pêcheurs périssent en mer rien que pour la France. Voilà un vrai métier dangereux. C’est autrement plus périlleux d’aller chaluter le maquereau que d’aller chahuter le toro. Ils meurent seuls, sans pépites de lumière sur leurs habits, dans le froid et la tempête, personne pour applaudir, crier ou se pâmer d’effroi. Plouf, glou-glou, et c’est tout. Funérailles dans la plus stricte intimité. Et travailler chez France-Telecom ? C’est pas dangereux peut-être ? Combien en sont morts l’année dernière ?! Toute une encierro… Et que je sache, on n’ouvre pas des cliniques psy pour consoler les toreros, pour les enseignants, si.

Hier au JT, j’ai appris qu’en 2010, quatre cents agriculteurs s’étaient donnés la mort. Vous imaginez ? Rapporté aux toreros, ça nous ferait cent trente-trois corridas - virgule trente-trois - dans l’année, d’où aucun torero ne serait revenu : ça en bouche un coin, non ? Le pauvre agriculteur qui n’a jamais entendu Arlette Laguiller parler de lui quand elle commençait ses discours avec son fameux : « Travailleuses, travailleurs… » s’appuie soixante-dix heures de travail hebdomadaire, ne prend jamais de vacances et cumule les rôles dans la paperasserie où on le noie. Etonnez-vous après ça, de constater dans l’émission ''L’amour est dans le pré'' que le pauvre type ne cherche pas la minette de base qui dilapide le budget chez les coiffeuses et autres ''prothésistes ongulaires'' mais une bonne grosse bien serviable et solidaire capable de traire dès potron-minet tandis que la daube est déjà sur le feu. Ben tiens…

Alors torero… c’est la super planque, je vous dis ! Bon, il est vrai que ça ouvre sur une autre question : ce blog à la con est-il vraiment destiné à l’aficionado de base ?

11 commentaires:

Anonyme a dit…

"Fait on un blog pour faire plaisir aux autres ou pour se faire plaisir soi-même?"
isa, 10 ans de Chroniques du Moun...

Marc Delon a dit…

M'enfin isa... c'est comme dans l'amour : son propre plaisir est plus intense quand on sait qu'on en donne...!

Anonyme a dit…

Comme me disait un jour à Vic un copain de tendido à propos d'un torero voleur qui donnait des passes, le cul en arrière, alors que le public s'enthousiasmait (mais oui... à Vic !) : " plus leur plaisir s'accroit plus les fesses reculent".
Tout ça pour rejoindre Marc dans sa posologie-prescription du plaisir. Donc, plus le torero prend son pied (et moins il l'avance par conséquent), plus il communique ce plaisir au public. Ce qui explique les Cordobes (Diaz), les Fandi et les Diego Ventura. Et moins ils meurent.
C'est ça Marc ?
Bonne journée
JLB

Marc Delon a dit…

"Plus le plaisir s'accroit, plus les fesses reculent"


proverbe du jour ... à méditer !
On ne cherchera pas de rime.

Anonyme a dit…

les toros, là, on dirait des vaisseaux...

Maja Lola a dit…

Olé, Marcos.... "son propre plaisir est plus intense quand on sait qu'on en donne".
Et pourquoi pas, pour rester dans la même veine, lire : "Plaisir d'offrir joie de recevoir" (Anna Rozen).
Sinon, pour la photo, très jolies les "moumoutes" sur les Pablo-Romero.

Anonyme a dit…

Intéressantes ces remarques qui, à première vue me semblaient correspondre à une petite « panne de blog ».
Finalement, c’est vrai, les risques du métier ne sont pas forcément là où l’on croit : affronter une jalouse, tous les jours, une classe de chahuteurs, cruels ou cyniques et fainéants, tous les jours, un public ingrat, impatient et insolent ou les aléas du climat et des prix, tous les jours, des tâches domestiques barbantes et aussi répétitives que les complaintes d’un mari, en voilà des occasions de se souhaiter torero. Lui, au moins, son travail impressionne qui est inutile et au service de son narcissisme pour notre plaisir. Et les beaux toros, sur la photo, on dirait qu’ils acquiescent;
Gina

Marc Delon a dit…

Ah parce que vous avez tout pris au premier degré ...???
Il y a quand même une différence essentielle que je n'avais pas cru bon de préciser sinon comment justifier cette provocation latente dans mon texte :

Le postier, le marin, ils font cela par obligation, c'est leur travail ! Mais le torero... qui l'oblige à tant souffrir de faire une chose si difficile ?

Anonyme a dit…

Mais non. Le torero, il fait de l'inutile, comme les aristes, les écrivains, et Marc dans son blog, et, on y revient, pour son plaisir et le nôtre.
Et votre proverbe, Marc ! Corneille ne se doutait pas que sa tragédie allait faire rigoler tant de garçons, et d’hommes, - qui ne sont plus des ados - avec ces "fesses" qui produisent tant d’effet encore quatre siècles plus tard!
Gina

Anonyme a dit…

El gusanillo de la raza ?
Autrefois, c'était la misère.
Je me rappelle : Miguel, patron d'un bar improbable à Séville, qui s'énervait un soir contre les figuras gavées d'aujourd'hui et qui gueulait par dessus les fèves et les pipas "Falta hambre ! Falta hambre !"
Pour ce qui concerne "le proverbe du jour", du fond de la classe j'ose lever le doigt et préciser qu'il est une adaptation très libre du vers de Corneille (Polyeucte - Acte I - scène 1): "Et le désir s'accroît quand l'effet se recule". Un marrant ce Corneille !
JLB

Anonyme a dit…

Non non on a pas tout pris au premier degré, la preuve: personne ne t'a accusé de misogynie alors tu as classé les femmes en deux catégories, en oubliant la troisième: la belle infirmière dévouée qui te supporte...

isa du moun, tient je vais me repeindre les ongles!