Sachant mon inculture crasse dans le domaine et pressentant être largement passé au travers de cette représentation, j'appelle depuis, Maja Lola à la rescousse, insistant auprès d'elle pour l'obtention d'un BAP - bon à publier - concernant un message loin d'être à mon avantage. Ce sera ma pénitence pour le bachouchage méthodique des cathos - ce qui m'évitera d'aller à confesse et de fréquenter un de ces curés...-
Et ce n'est pas pour essayer de me ''rattraper'' à ses yeux que je poursuis en disant que je trouve sa contribution instructive et belle, empreinte de cette émotion directement instillée dans le coeur d'un de ses enfants éloigné, par son pays d'origine. A la réflexion, je balaie même sa réserve qu'elle me servait pourtant en circonstance atténuante dans sa grande bienveillance : comme pour la corrida, c'est à celui qui s'y intéresse de cheminer en aficion jusqu'à en comprendre les arcanes et à en percevoir l'âme. Pour le flamenco je suis au début du chemin et grâce à quelques passeurs comme toi, Lola qu'est Maja, je progresse... Mais à toi maintenant de faire saigner ton coeur :
Maja Lola est en retraite spirituelle. Elle panse les irritations que tu lui infliges par tes écrits qui virent à la fixette maniaco-catholique qu'elle finit par trouver indigeste.
Elle se oint d'huile de rose musquée de Damas qui lui fait oublier que les hommes sont capables d'être blessants avec peu de mots et de la rendre triste malgré son légendaire optimisme. Et elle se console dans ce festival de flamenco si varié dans son expression artistique, ce qui prouve que c'est bien un art vivant en perpétuelle création.
R. Carrasco n'était pas abordable par le non hispanisant que tu es. Tout le spectacle était bâti sur Garcia Lorca : les chants sont ses poèmes qu'il avait mis en musique pour faire vibrer les chants populaires avec le lyrisme musical de l'époque. Nombreux sont cités par les connaisseurs sur ton blog ... Il y avait même une allusion au café Chinitas qui, dans les années 20, était mythique : "cafés cantantes" (cafés chantants), un peu l'équivalent du Flore pour les écrivains existentialistes : chanson "El café Chinitas". Et que dire de ce chant "Tres morillas des Jaen" dansé magistralement avec des arabesques gestuelles d'un orientalisme envoûtant .....
Quant aux tableaux, ils rappelaient des chromos des vieilles revues des années vingt, trente. Cette chanteuse appuyée au piano, "manton" richement brodé, hiératique et belle, arrachant son chant des entrailles, était émotion pure.
La berceuse si belle mimée par R.C. toute de blanc vêtue ("Este galapaguito no tiene mare ....." - Nana de Sevilla-). Même dans les costumes apparaîssait cette époque bénie de créativité que l'on a appelée "generacion 27" : groupement de poètes (GL, Alberti et tant d'autres) qui formaient un courant créatif dans la poésie comparable aux cubistes parisiens dans la peinture. Le "costume" final de RC (si décrié par mes voisines de fauteuil habituées à los volantes y lunares) m'a rappelé d'ailleurs la combinaison que portait souvent FGL dans des photos le présentant dans son atelier de création.
Ce spectacle, à mes yeux, était un vrai bijou d'une finesse et d'une rareté confondantes.
Le seul reproche que je lui ferai est qu'il méritait une explication préablable et qu'il était peu accessible pour ceux qui ne connaissaient pas cette période historique sur le plan artistique en Espagne.
Le public flamenco nîmois étant plus habitué à des figuras plus courantes, typiques et abordables où de nombreux spectateurs ne voient qu'un folklore. Ce qui n'enlève rien à l'émotion que peuvent engendrer ces dernières.
Enfin, pour finir, je suis certaine que Chulo et Ludo seraient "entrés" dans ce spectacle. Un moment de grâce .... et je rajoute, ne t'en déplaise, de grâce divine.
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